De toute la gamme actuelle de mini PC Intel, c’est le NUC 9 Extreme Kit, jugé prometteur en mars dernier par 01net, qui jongle le plus facilement avec les textures et les polygones des derniers AAA. C’est ce qui explique qu’il soit plus grand que les autres modèles ! Mais pourquoi « Kit » ? Tout simplement parce qu’il n’est pas vendu complet. Comprenez qu’il faut ajouter de la mémoire vive, du SSD et… une carte graphique AMD ou Nvidia – une susceptible de rentrer dans le petit boîtier – pour le transformer en véritable machine à jouer.
Il y a – en tout – 3 modèles de NUC 9 Extreme Kit et nous avons reçu pour ce test le plus puissant, le NUC9i9QNX de son nom de guerre. Nous vous l’avions déjà largement présenté lorsqu’il est arrivé à la rédaction. Aussi, nous passerons très vite sur son principe de fonctionnement ou encore son encombrement. Rappelons tout de même son prix : 1450 euros environ.
Pour cette somme, soyons clairs, vous n’aurez pas un PC fonctionnel. La boîte contient le boîtier doté d’un système de refroidissement, une alimentation et la plus puissante des Compute Element d’Intel. C’est elle le cerveau du dispositif et sur laquelle est monté le processeur Intel Core i9-9980HK, l’une des meilleures puces pour PC portables du cheptel Intel. Ah oui, nous allions oublier : ce modèle prestigieux de NUC 9 Extreme est livré dans un étui bien rigide pour le ranger et l’emporter avec vous.
Pour tester le NUC dans les meilleures conditions possibles, Intel nous a fait parvenir tout un arsenal de composants à connecter à l’intérieur.
- 16 Go de mémoire DDR4 à 3200 MHz
- 1 To de SSD Kingston M.2 branché à la Compute Element
- 380 Go de SSD Intel Optane 908P M.2 connecté à la Base Board
- Une Asus GeForce RTX 2070 Mini
- Une licence W10 64 bits Pro
Après une rapide addition, notre configuration de test avoisine le prix final de… 3200 euros ! Quand même. Si vous ôtez l’Optane, plus à sa place sur un PC bureautique selon nous, c’est déjà 500 euros de gagné et à investir en partie dans un autre SSD, de plus grosse capacité par exemple.
Anatomie du NUC 9 Extreme Kit
Comme nous l’avions expliqué dans nos articles précédents, le principe de fonctionnement de ce NUC est simple et deux éléments forment la colonne vertébrale de la machine : le boîtier et la carte Compute Element.
- Le boîtier
Le boitier est de petite taille (23,8 x 21,6 x 9,6 cm) et offre à peu près le même gabarit qu’une boîte à chaussures de type Doc Marten’s. Il s’ouvre par le haut, après avoir ôté deux petites vis. Simple.
Ses panneaux latéraux, amovibles, sont parsemés de petits trous pour laisser passer l’air chaud/froid. Dans le boîtier se trouve une carte appelée Base Board. A sa surface se trouvent quatre connecteurs, visibles sur la photo ci-dessous.
En partant du fond, le grand emplacement noir accueille la Compute Element. Sous le radiateur noir se cache l’un des trois slots M.2, occupé ici par notre module Optane. L’emplacement bleu – un PCI-Express 16x 3.0 – sera occupé par la carte graphique, comme dans n’importe quel PC de bureau classique.
Enfin, le dernier emplacement, noir et de petite taille, est au format PCI-E 4x. Il peut accueillir n’importe quelle carte SSD (ou autre) compatible avec cette interface. Il ne sera toutefois accessible qu’à la condition de ne pas utiliser de carte graphique dédiée ou, à défaut, que celle-ci soit au format simple slot et avec un ventilateur pas trop gros.
En dessous de la carte Base Board, au fond du boîtier, on aperçoit l’alimentation de 500 watts (485 watts 80 Plus Platinum).
En façade se trouvent un lecteur de carte SD, deux prises USB et une prise casque.
Enfin, la partie supérieure du boîtier est ajourée. Sur sa face cachée, deux ventilateurs sont vissés et se chargent d’extraire l’air chaud de l’habitacle.
- La carte Compute Element
C’est une sorte de mini carte mère qui ressemble à une carte graphique. Comme le montre la photo ci-dessous, elle en a presque les mêmes dimensions (la carte d’en bas). C’est sur elle qu’est greffé le processeur – ici le Core i9 – et elle accueille aussi deux barrettes DDR4 de PC portables uniquement (format SO-DIMM).
On peut aussi y visser deux SSD au format M.2 (SATA ou PCIe NVMe). Intel a tout prévu, les pads de dissipation thermique sont en place, il n’y a plus qu’à ôter la protection adhésive pour qu’ils remplissent leur office.
Le tout est protégé de la poussière par un carter en plastique équipé d’un ventilateur qui va se charger de pousser les calories vers l’arrière du boîtier.
Comme sur une carte mère classique, toute la connectique se trouve sur l’extrémité gauche de la Compute Element. Et, il y a de quoi faire. Entre les prises USB 3, les deux connecteurs Thunderbolt et les deux modules réseaux filaires, vous pourrez brancher tout ce que vous voulez. Sans oublier une sortie HDMI au cas où vous n’auriez pas prévu d’utiliser une carte graphique dédiée et de mettre le contrôleur graphique du processeur Intel au travail.
Du Wi-Fi ? Mais bien sûr ! Et du 6 en plus, compatible Bluetooth évidemment. Le module est soudé à l’arrière de la Compute Element. D’ailleurs, les petites antennes sont très fragiles donc prudence lorsque vous démontez la machine.
Une fois que la carte est positionnée dans le boîtier, il suffit de brancher un connecteur PCI-Express 8 broches pour l’alimenter.
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Une réussite ergonomique ? Presque. On aurait adoré trouver quelques filtres à poussière amovibles au niveau des ventilateurs supérieurs et sur les panneaux latéraux du boîtier. En outre, vu le peu d’espace à disposition pour glisser les doigts, en cas de démontage et remontage, mieux vaut avoir un peu de temps devant soi pour réfléchir au positionnement des câbles. Et ne pas oublier de raccorder toutes les petites nappes et antennes Wi-Fi. Prenez quelques photos avant de tout démonter si vous n’êtes pas sûr de votre coup. On ne sait jamais.
Sur le Compute Element, Intel aurait tout intérêt à regrouper tous les petits connecteurs en une seule et même interface, facile à relier au boîtier. Cela limiterait le nombre de petits câbles et nappes un peu fragiles que nous mentionnions plus haut.
Avec ou sans GPU ? on a essayé les deux !
Nous avons réalisé toute notre batterie de tests en double. Une fois avec la RTX 2070 fournie et une fois sans. Pourquoi ? Afin de mesurer l’impact que peut avoir une carte graphique dédiée sur la consommation, la thermie mais aussi le bruit du NUC 9 Extreme.
D’ailleurs, sans attendre, voici les mesures effectuées :
- Bruit avec et sans carte graphique en surf sur Internet : 29,4 dB / 28,9 dB
- Bruit avec et sans carte graphique en stress maximal : 43,7 dB / 34,6 dB
- Consommation avec et sans carte graphique en surf : 31,1 W / 18,9 W
- Consommation avec et sans carte graphique stress maximal : 285 W / 128,8 W
- Chaleur max. relevée à la surface du boîtier avec et sans CG : 46°C / 39,4°C
Nous avons aussi observé le comportement du processeur en phase de stress. Qu’il y ait ou non une carte graphique dans l’habitacle, le throttling ne s’invite pas à la fête. C’est bien ! Le Core i9 fonctionne au moins à sa vitesse annoncée dans tous les cas. Et se paie même le luxe d’enclencher le Turbo assez souvent, surtout quand il n’y a pas de GPU à bord. Le mode Turbo reste enclenché et stable, tout du long de notre session de stress (20 minutes à saturer le CPU et le contrôleur graphique intégré) pour porter la fréquence de tous les coeurs à 3,17 GHz au lieu de 2,4 GHz en temps normal.
Quand la RTX 2070 est dans le boîtier, comme le montre la photo ci-dessous, la distanciation sociale en vigueur à l’heure actuelle n’est pas du tout respectée ! La proximité de tout ce petit monde ne facilite pas l’extraction des calories et la chaleur ambiante s’avère donc plus importante. Cela a une incidence sur la température interne et donc, indirectement, sur le comportement du CPU.
Mais, qu’à cela ne tienne, celui-ci parvient tout de même à conserver son mode Turbo opérationnel la plupart du temps. Le Core i9 oscille davantage entre sa vitesse d’origine de 2,4 GHz et 3,6 GHz en moyenne. Quoi qu’il en soit, dans l’ensemble, c’est très impressionnant.
Intel a sérieusement travaillé sa copie sur les points qui peuvent poser le plus de soucis ou être de vrais freins à l’adoption d’une machine de ce format. Ca ne chauffe pas, le bruit est audible mais supportable, surtout si la carte graphique possède des ventilateurs dignes de ce nom. Enfin, la consommation est très raisonnable pour un mini-PC de cette catégorie: elle est d’ailleurs identique à celle de certains PC portables gamers très haut de gamme.
Notre configuration flirte avec la vitesse lumière !
Avant d’entrer dans le vif du sujet, voici une précision importante : si vous deviez utiliser l’outil de comparaison de 01net.com pour évaluer les prestations du NUC 9 Extreme Kit à celle d’un autre mini PC, attention ! Les scores renseignés dans notre base de données et utilisés pour attribuer des notes sont ceux obtenus SANS la carte graphique Nvidia RTX mais en conservant la mémoire et les deux SSD.
La machine complète fournie par Intel ressemble à celle que nous aurions pu imaginer pour éprouver le NUC 9 Extreme Kit. À y réfléchir, nous aurions toutefois fait l’impasse sur le SSD Optane, comme nous le mentionnions plus haut. Il alourdit sacrément (et inutilement ?) l’addition. Nous l’aurions remplacé par un M.2 Samsung ou Seagate par exemple qui, pour la moitié du prix, nous aurait octroyé au moins 1 To supplémentaire pour stocker nos jeux.
Avec un Core i9-9980HK, équipé de 8 cœurs et 16 threads dont les fréquences varient entre 2,4 et 5 GHz suivant les demandes en ressources des jeux et des applis, la mise de départ est excellente. Associez cela à une GeForce RTX 2070 et vous avez un couple d’enfer. Lancez un AAA et vous verrez, c’est un régal. Les polygones s’affichent sans avoir le temps de traîner des pixels, à toute vitesse, aussi bien en Full HD qu’en 1440p. Evitez la 4K, c’est tout. Faut-il aussi éviter de jouer sans GPU dédié ? Oui, comme comme vous le verrez ci-dessous.
Nous avons aussi confronté certains des résultats du NUC 9 Extreme Kit à ceux du dernier mini PC Alienware Aurora R9 que nous avons eu en test il y a quelques semaines. Il est équipé d’un Core i7-9700K à 8 coeurs (à 3,6 GHz de base), d’une RTX 2070 Super et constitue un assez bon exemple de ce que peut être une machine de jeu haut de gamme actuelle et concurrente du NUC. Elle est vendue 2500 euros environ soit le prix du NUC, sans Optane, à quelques euros près…
En HD :
- Rise of the Tomb Raider à fond en DX12 avec RTX (NUC) : 166 ips
- Rise of the Tomb Raider à fond en DX12 sans RTX (NUC) : ne passe pas
- Rise of the Tomb Raider à fond en DX12 (Alienware) : 172,8 ips
- The Division Ultra Custom DX11 avec RTX (NUC) : 138,8 ips
- The Division Ultra Custom DX11 sans RTX (NUC) : 9,1 ips
- The Division Ultra Custom DX11 (Alienware) : 151,3 ips
- The Last Remnant DX9 avec RTX (NUC) : 455,2 ips
- The Last Remnant DX9 sans RTX (NUC) : 93,8 ips
En Full HD :
- Rise of the Tomb Raider à fond en DX12 avec RTX (NUC) : 125,2 ips
- Rise of the Tomb Raider à fond en DX12 sans RTX (NUC) : ne passe pas
- Rise of the Tomb Raider à fond en DX12 (Alienware) : 146,4 ips
- The Division Ultra Custom DX11 avec RTX (NUC) : 101,4 ips
- The Division Ultra Custom DX11 sans RTX (NUC) : 6,1 ips
- The Division Ultra Custom DX11 (Alienware) : 112,1 ips
- The Last Remnant DX9 avec RTX (NUC) : 428,7 ips
- The Last Remant DX9 sans RTX (NUC) : 39,6 ips
Vous vous attendiez à autre chose ? Rappelez-vous : le contrôleur Intel Graphic UHD est une véritable… limace. Il est tout juste bon à afficher des jeux très anciens comme The Last Remnant, des titres façonnés en pixel art ou des titres e-Sport récents mais à très basse définition.
Confronté à la machine de Dell, le NUC s’en tire plus qu’honorablement. Les différences sont imputables à la RTX 2070 classique et non SUPER dans la machine Intel. La fréquence de base du processeur Intel de l’Alienware est aussi bien plus élevée (+1,2 GHz) que celle du NUC, mais les modes Turbo sont quasiment équivalents.
Pensé pour évoluer longtemps… sauf si son créateur en décide autrement
Le NUC 9 Extreme Kit jette les bases d’une plate-forme évolutive dans l’écurie Intel. Imaginons que Santa Clara sorte des modules Compute Element mis à jour régulièrement, avec de nouvelles puces grand public, alors le NUC 9 pourra subir des évolutions de motorisation régulières. Et ce, tant que l’espace interne du boîtier et l’alimentation ne seront pas trop étriqués.
Et si le boîtier originel d’Intel n’était plus adapté aux besoins des joueurs, rien ne les empêcherait d’ôter la carte Compute Element et de la placer dans un autre boîtier, équipé d’une Base Board et offrant plus d’espace. Intel a tout intérêt à ce que cela soit possible (au travers des constructeurs et de ses partenaires), s’il souhaite augmenter le nombre d’utilisateurs de cette solution innovante.
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Preuve que d’autres que le père des Core y croient déjà : Cooler Master et Razer, pour ne citer qu’eux, ont déjà des boîtiers plus grands, avec des alimentations un peu plus musclées, prêts à prendre la relève si celui d’Intel commence à montrer des signes de faiblesse.
Dans le modèle Cooler Master (photo ci-dessous), faire entrer n’importe quelle carte RTX dont les dimensions sont classiques n’est pas un souci. Nous avons eu l’occasion d’y insérer une RTX 2080 Ti lors d’une présentation, ça passe et ça envoie ! Razer, de son côté, affirme également que son boîtier offre cette possibilité.
Si les dernières fuites à propos de la famille NUC sont avérées, Intel mise à long terme sur son projet de NUC évolutif avec Compute Element. Il prévoit de les maintenir en 2021 et, surtout, propose des versions professionnelles (Quartz Canyon) dont une, armée d’un Xeon (NUC9VXQNB). Elles sont taillées pour la production et les applications métiers lourdes. Si de grosses entreprises misent sur ce format pour renouveler leur parc et y trouvent leur compte, pourquoi pas le grand public exigeant ? Celui qui a les moyens, qui veut un tout petit PC évolutif qui déborde de gigahertz et à emmener partout.
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