Face à la montée en puissance des constructeurs chinois, Motorola fait de la résistance. Même s’il est, techniquement, lui aussi chinois (Lenovo est sa maison mère), le fabricant de smartphones mise sur son ancienneté et sa grande notoriété pour revenir en force sur le marché du smartphone, tout en jouant la carte de l’américanisation. Son siège est à Chicago et Motorola profite d’une belle popularité outre-Atlantique. Récemment, le constructeur a annoncé son intention de gagner des parts de marché en Europe en revenant sur le devant de la scène grâce à de nouvelles équipes et une gamme de produits plus complète.
Avec le Moto G100, Motorola nous offre un premier aperçu de ses nouvelles ambitions. Commercialisé au tarif de 549 euros, ce smartphone milieu de gamme a pour particularité d’être livré avec un support magnétique pour bureau et un câble HDMI vers USB Type-C. À l’heure du télétravail, Motorola tente de vous inciter à utiliser votre smartphone différemment.
Une expérience encore expérimentale
Si vous suivez l’actualité des nouvelles technologies, le concept de Motorola ne vous est probablement pas étranger. C’est normal, d’autres constructeurs comme Samsung et Huawei proposent eux aussi des modes spéciaux pour transformer leurs smartphones en mini PC lorsqu’on les connecte à un écran. La différence ici est que, chez Motorola, tout est inclus dans la boite. Samsung et Huawei proposent ces expériences aux utilisateurs les plus aguerris, Motorola souhaite que tout le monde les utilise.
Dans la boîte du G100, on trouve un dock encombrant que l’on doit monter soi-même. Surnommé « Ready For », il intègre un support magnétique conçu pour facilement détacher le téléphone si on le souhaite.
C’est malin, même si cette solution présente le principal défaut d’être lourde et donc, en cas de chute, de pouvoir tomber sur le smartphone et le casser. On vous conseille de toujours déplacer le dock à deux mains. Au dos du support, on trouve un port USB Type-C pour connecter le câble fourni dans la boîte qui, de l’autre côté, propose un port HDMI (et un port USB Type-C dédié à l’alimentation, qui n’est pas nécessaire pour que le tout fonctionne).
Lorsqu’on relie le Moto G100 à un écran, quatre modes sont proposés par Motorola. L’un permet de simuler l’OS d’un PC (mode bureau), les trois autres sont, selon nous, plus que dispensables puisqu’ils permettent de rapidement faire le tri entre ses applications de streaming, ses jeux et ses logiciels pour passer des appels vidéo. Le tout rend l’expérience utilisateur assez confuse, un mode bureau et un mode « applications favorites » nous auraient semblé beaucoup plus simples à appréhender.
Dans le mode bureau, on a la possibilité de connecter par Bluetooth un clavier ou une souris pour piloter l’écran comme un PC. Autrement, un trackpad virtuel est disponible sur l’écran du smartphone, mais rend le contrôle du pointeur très compliqué. Sur le bureau, on retrouve des icônes, son lanceur d’applications, le centre de notifications et on a la possibilité de lancer plusieurs applications simultanément sous la forme de fenêtres. Motorola réplique les modes DeX et EMUI Desktop de Samsung et Huawei.
Le tout a ses avantages et ses inconvénients, comme le comportement de certaines applications en grand écran pas du tout adapté à cet usage. Sur YouTube par exemple, la présentation des vidéos occupe tout l’écran. Il est impossible d’avoir plusieurs suggestions en même temps.
Finalement, nous devons nous avouer plutôt déçus par la proposition de Motorola. Nous nous sommes régulièrement demandé si un câble HDMI vers USB-C dans la boîte n’aurait pas été suffisant. L’utilisation du dock étant facultative (brancher le câble suffit), Motorola rend en quelque sorte l’obtention d’un gros accessoire obligatoire. Écologiquement (il y a trois boites dans une grosse boite), ce choix est assez discutable. On se demande aussi qui va réellement se balader avec ce gros dock.
Le câble est plus pratique même si l’utilité d’un smartphone sur grand écran est encore très discutable, à part pour regarder des films. On regrette aussi l’absence d’un mode bureau sans-fil. Installer un petit utilitaire sur son PC ou son Mac pour permettre une connexion Wi-Fi aurait été intelligent, notamment pour transférer des fichiers de son smartphone à son ordinateur. Ce n’est pas possible aujourd’hui.
Un écran LCD plutôt qu’OLED
Au niveau du design aussi, le Moto G100 est assez original. Doté d’un écran de 6,7 pouces au ratio 21:9, ce smartphone est plutôt dépaysant et donne l’impression d’être étiré en longueur. Cela pourrait rendre sa prise en main assez compliquée, nous vous encourageons à l’essayer en magasin avant de l’acheter pour vous assurer qu’il vous convient.
Tout ceci est d’autant plus regrettable qu’avec une épaisseur de 9,8 mm et ses 207 grammes, le Moto G100 est assez encombrant. Son dos en verre coloré n’est pas très discret tandis que son capteur d’empreintes, situé sur le côté droit, n’est pas très facile à manier (le bouton s’enfonce bizarrement). Bref, il ne se destine pas à tous.
Ce qui nous dérange le plus avec ce smartphone est son écran. Si son format est plutôt pratique (notamment pour regarder des films en streaming ou pour consulter des applications sous la forme de listes), nous avons beaucoup de mal avec le choix de Motorola d’utiliser du LCD plutôt que de l’OLED.
Depuis quelques années, la quasi-totalité des smartphones à plus de 300 euros ont basculé vers de l’OLED. À 549 euros, Motorola propose un smartphone avec un taux de contraste de 1636:1 qui, logiquement, rend moins bien que la plupart de ses concurrents dès que l’on regarde un film ou que l’on joue.
La fidélité de ses couleurs (Delta E par défaut de 6,3, en mode naturel de 5,15) est aussi décevante. Heureusement, le Moto G100 est sauvé par sa luminosité maximale très satisfaisante de 713 cd/m2, selon les mesures de notre laboratoire. Toujours est-il que vous devriez trouver bien mieux au même prix chez les concurrents.
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Puissant mais peu endurant
Tout ceci est d’autant plus dommage que, sur le papier, la proposition de Motorola avec son Moto G100 est assez intéressante. Le smartphone utilise le processeur Snapdragon 870, une évolution du Snapdragon 865+ de l’année dernière. Ce SoC, qui appartient à la catégorie haut de gamme, offre à l’appareil des performances supérieures à la moyenne et lui permet de tout faire fonctionner sans problème, tout en étant compatible 5G. La présence d’une prise jack devrait aussi ravir les audiophiles.
Sur le papier toujours, la présence d’une batterie de 5 000 mAh à l’intérieur de l’appareil aurait dû lui procurer une excellente autonomie. Notre usage du conditionnel passé vous aide sans doute à deviner la suite, le Moto G100 n’est vraiment pas endurant.
L’appareil a résisté 12h26 à notre test d’autonomie polyvalente et 10h46 en streaming vidéo, ce qui est vraiment très peu pour un appareil équipé d’une aussi grosse batterie. Nous pensons que son écran LCD (90 Hz) est à l’origine de cette surconsommation, l’appareil tenant extrêmement longtemps en communication lorsque son écran est éteint (45h52). À l’utilisation, la batterie du Moto G100 se vice assez rapidement. On peut finir une journée entière avec l’appareil mais n’espérez pas aller au-delà.
Enfin, on trouve au dos du Moto G100 un triple module caméra (même si le module caméra a quatre trous). Le capteur principal du smartphone de 64 Mpix (f/1.7) dispose du renfort d’un module ultra grand-angle (capteur de 16 Mpix) capable de prendre des photos macro et d’un capteur de profondeur.
Sans être à la hauteur des meilleurs smartphones du marché, le Moto G100 s’en sort plutôt bien en photo. Il éprouve logiquement plus de difficultés la nuit mais devrait satisfaire les utilisateurs avec un usage modéré. Il n’est toutefois pas l’appareil que nous recommanderions aux photographes (le Pixel 4a 5G à 499 euros reste notre coup de cœur !)
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