En rupture avec son prédécesseur, le Mate 9, le Huawei Mate 10 Pro bénéficie d’un écran Amoled de six pouces au format 18:9. La marque revoit le design de son smartphone en l’agrémentant d’ un boîtier en verre. L’offre photo est proche de celle du P10 : le double module est composé d’un capteur monochrome de 20 Mpix et d’un capteur RGB de 12 Mpix. Le Mate 10 Pro embarque le nouveau processeur Kirin 970 qui profite d’une puce dédiée à l’intelligence artificielle. Le smartphone est lancé à 799 euros.
L’un des plus beaux smartphones du marché
Comme Samsung, LG et Apple, Huawei se met au format panoramique. La firme en profite pour réduire au maximum la largeur des bords verticaux (1 mm) et horizontaux (8 mm). Présent sur le P10, le bouton Home physique disparaît, laissant la place au logo de la marque. Durant sa conférence de presse (pleine de comparaisons), Huawei a vanté le ratio d’occupation d’espace de l’écran du Mate 10 Pro : 81,61%, contre 81,36% pour l’iPhone X. Un écart… abyssal.
Etrangement, le service marketing du Chinois s’est bien gardé de se soumettre au même exercice face aux produits Samsung. Et pour cause, l’écran du Galaxy Note 8 occupe 84% de sa façade. Pour les Galaxy S8 et S8+, c’est 85%. Cependant, nous apprécions l’excellente optimisation autour de la dalle. Comme chez Samsung, les dimensions allongées permettent une excellente prise en main, même pour une dalle de 6 pouces.
Huawei profite de ce changement de format pour revoir le design de la gamme. A l’arrière, le verre remplace le métal. En l’absence de recharge par induction, le choix est purement esthétique. Une bande horizontale se plaque sur le double module photo. Très discrète, elle apparaît plus ou moins selon l’orientation de l’appareil. L’effet est réussi. En France, l’appareil est disponible en bleu, argent et moka. Nous avons reçu cette dernière déclinaison, pour notre plus grand plaisir. Le smartphone grand format de Huawei est à nos yeux l’un des plus beaux du marché.
A l’instar de nombreux appareils en verre, le Mate 10 Pro accueille volontiers les traces de doigts. Elles sont toutefois moins nombreuses que sur un Galaxy S8. Sur la tranche droite, les boutons d’alimentation et de volume sont placés à bonne hauteur. Faute de prise jack, seul le connecteur USB Type-C et un haut-parleur se placent sur la tranche inférieure. Au dos, le capteur d’empreintes digitales se glisse sous la partie photo. Il tombe parfaitement sous l’index et permet de profiter du savoir-faire de la marque dans le domaine : déverrouiller son smartphone est presque instantané. L’ergonomie compte donc parmi les points forts du Mate 10 Pro.
L’Amoled réussit à Huawei
Editions spéciales mises à part, il faut remonter au P9 Plus pour retrouver la trace d’un écran Amoled chez Huawei. Cette technologie fait son retour sur le Mate 10 Pro. L’entreprise mise sur une définition Full HD+ (2160 x 1080 pixels). L’écran affiche donc une résolution honorable de 402 ppp. Il se distingue surtout par son excellente luminosité de 570 cd/m². C’est mieux que les trois modèles haut de gamme sortis par Samsung cette année, déjà excellents. Comme toujours avec l’Amoled, le taux de contraste approche l’infini.
Pour aller plus loin dans la personnalisation de l’affichage, Huawei permet de régler la température des couleurs. Plusieurs modes sont proposés par défaut, mais l’utilisateur peut choisir n’importe quelle couleur dominante. Un degré de liberté que nous apprécions beaucoup, surtout lorsqu’il est associé à une dalle d’aussi bonne qualité. Nous avons regretté que ce magnifique écran ne puisse être exploité au mieux. Sur YouTube, il est impossible d’adapter le format des vidéos au ratio 18:9, alors que le Galaxy S8 le permet. Nul doute que Huawei ou les développeurs corrigeront rapidement le tir.
Un OS sans grande nouveauté
Pour coller avec la numérotation d’Android (8.0 Oreo), Huawei passe d’EMUI 5.1 à EMUI 8.0. Malgré ce bond en avant, l’expérience reste très proche de celle à laquelle nous avons été habitués. Nous déplorons toujours le trop grand nombre d’applications préinstallées, que l’on s’empresse de supprimer / dissimuler dans un dossier. EMUI permet également de faire apparaître un tiroir d’applications, pour basculer vers un système où l’on peut facilement épurer son écran d’accueil.
Le bouton Home physique étant absent et, par là même, la fonction intelligente qui y était associée et qui nous avait tant séduits sur les P10 et P10 Plus, on retombe sur le triptyque virtuel de l’OS de Google : bouton retour, bouton multitâche, bouton principal, avec, en plus, la présence d’un dock de navigation virtuel. Il s’agit d’une touche flottante, que l’on peut déplacer sur n’importe quelle zone de l’écran. Elle reprend les mêmes raccourcis gestuels que le bouton intelligent du P10 : un appui court pour revenir en arrière, un appui long pour retourner à l’écran d’accueil, un « swipe » pour ouvrir le menu multitâche.
Un ordinateur dans la poche ? Pas vraiment
L’astuce logicielle n’est pas aussi convaincante que le système basé sur le bouton physique. Placé au bas de l’écran, le dock de navigation peut faire illusion la plupart du temps. Mais il vient parfois se superposer à des contenus utiles, obligeant l’utilisateur à le déplacer. Par ailleurs, le raccourci vers l’écran multitâche est peu intuitif puisqu’il faut effleurer le bouton latéralement après avoir effectué une pression d’une seconde. Il faut être précis pour éviter de déplacer le bouton par erreur. Ces limites concernent moins de 1% des usages, mais dans un monde où l’on sollicite son smartphone plusieurs dizaines de fois par jour, elles ont suffi à nous convaincre de désactiver l’option.
Faire de votre smartphone votre nouvel ordinateur : Huawei n’est pas le premier à avancer une telle promesse. Il y a quelques mois, Samsung s’y est essayé avec le DeX, un dock permettant d’accueillir ses nouveaux Galaxy S pour les lier à un écran, un clavier et une souris. Avec à la clef une version « desktop » d’Android pas vraiment à la hauteur. Huawei ne s’embarrasse pas d’un tel accessoire. Un câble USB Type-C vers HDMI permet de faire fonctionner le Mate 10 Pro sur la majorité des moniteurs.
Nous avons testé la fonction sur un téléviseur. Utilisé sans clavier ni souris, le mobile peut se transformer en trackpad pour contrôler ses actions sur grand écran. Le câble impose de se tenir près de la TV ou du moniteur, ce qui peut limiter le confort d’utilisation. Le système souffre surtout de quelques millisecondes de latence entre le mouvement du doigt et celui du curseur. Si la fonction est largement insuffisante pour remplacer un ordinateur, elle a le mérite d’exister. Pour quelques euros, un câble pourra remplacer une Chromecast ou une Apple TV, par exemple dans un hôtel au réseau Wi-Fi trop limité.
Une intelligence artificielle un peu superficielle
En présentant sa nouvelle puce maison, Huawei a promis des merveilles en termes d’intelligence artificielle, grâce à l’intégration d’une puce dédiée (NPU). Elle permet de décharger le processeur principal de plusieurs tâches, comme la reconnaissance d’image. Nul doute que de nombreux développeurs trouveront le moyen d’en faire quelque chose de formidable dans les mois ou les années à venir. Mais notre travail est aussi de dissocier ce qui relève de la communication de ce qui relève du service rendu à l’utilisateur.
Pour le moment, celui-ci est très restreint. Oui, l’application photo du Mate 10 Pro est capable de reconnaître un visage ou du texte pour adapter, par exemple, les réglages de prise de vue – nous en reparlerons par la suite. Oui, le smartphone permet de traduire du texte à la volée – via l’application Microsoft Translate. Mais beaucoup d’autres appareils sont capables de la même chose. Pour le moment, il est donc impossible de quantifier le moindre apport du NPU sur l’expérience utilisateur. Au mieux, le composant peut être considéré que comme un pari sur l’avenir.
Kirin 970, pas encore au niveau du Snapdragon 835
Pour des tâches plus habituelles – celles qui occupent 99,99% de notre quotidien, le Kirin 970 est censé assurer de meilleures performances que le Kirin 960. Le fabricant avance des progrès de l’ordre de 20%. C’est effectivement le cas. Nous avons installé le jeu Riptide GP : Renegade pour tester les limites du Mate 10 Pro. Après vingt minutes de jeu, les performances de l’appareil déclinent, mais dans des proportions très limitées. Et le confort de jeu est en amélioration par rapport à celui proposé par le P10.
Ces impressions sont confortées par nos tests de benchmarks. Sous AnTuTu 6, le Mate 10 Pro dépasse de peu les 180 000 points. Même après l’enchaînement de plusieurs benchmarks, le smartphone se stabilise autour des 175 000 points. Il faut attendre le septième essai pour le voir légèrement s’essouffler à 160 000 points.
Malgré de meilleurs résultats sous AnTuTu 6, le Kirin 970 reste moins confortable que le Snapdragon 835 à l’usage. La différence se fait à la marge et l’immense majorité des utilisateurs ne verront pas la différence. Après de longues parties, le Mate 10 Pro a souffert de quelques saccades que nous n’avions pas connues sur les Nokia 8 et OnePlus 5. En termes de puissance, la puce de Huawei est comparable à celle de Samsung – Exynos 8895, qui équipe le Galaxy S8.
Les 4000 mAh ne sont pas là pour rien
Ce Huawei Mate 10 Pro revient de loin. Nous avons reçu deux exemplaires à la rédaction, que nous avons soumis à nos tests habituels. La mesure d’autonomie polyvalente est l’une des plus importantes. Elle mélange plusieurs types d’usages, dont la vidéo et la navigation sur le Web. Les premiers tests ont été mauvais, avec un résultat dépassant à peine les 7 heures, contre 10 à 14 heures pour la plupart des concurrents – iPhone 8 et HTC U11 mis à part. Puis la marque nous a informés de l’arrivée d’une mise à jour majeure.
Après l’avoir installée, nous avons soumis le Mate 10 Pro aux mêmes tests. L’impact du nouveau firmware démontre à quel point l’optimisation logicielle est essentielle : de 7 heures, le smartphone est passé à 14h22 heures. Soit l’une des meilleures performances parmi les appareils haut de gamme !
Avec une utilisation quotidienne, la différence est aussi impressionnante. Durant les trois premiers jours de test, la jauge du Mate 10 Pro passait sous la barre des 25% en fin d’après-midi. Après mise à jour, nous sommes chaque soir rentrés dîner avec un smartphone chargé à plus de 50%. Notons que cette évolution logicielle a eu d’autres conséquences positives, notamment sur des problèmes de chauffe, disparus depuis. Le fabricant nous confirme que les produits mis sur le marché profiteront au minimum de cette dernière version d’EMUI.
D’importants progrès en photo
Peu avare, comme nous le disions, en comparaisons lors de la présentation du Mate 10 Pro, Huawei a diffusé un cliché pris par son smartphone aux côtés d’une autre image, capturée par un Samsung Galaxy Note 8. Sur scène, les deux photos prises en basses lumières donnaient logiquement l’avantage à l’appareil chinois. Un affront plutôt osé dans la mesure où le Note 8 est l’un des meilleurs smartphones dans le domaine.
Voir les photos prises avec le Huawei Mate 10 Pro en haute définition
Pour vérifier les dires de Huawei, nous avons pris deux clichés en intérieur, avec une quantité de lumière limitée. L’exemple ci-dessous montre que le capteur principal du Note 8 laisse entrer davantage de lumière que celui du Mate 10 Pro – tous deux de 12 Mpix. Mais l’image fournie par le Mate 10 Pro est globalement meilleure. Le niveau d’exposition est mieux géré, avec un meilleur piqué. Malgré une accentuation des détails trop artificielle, l’image fournie par Huawei est plus équilibrée. L’agrégation des données fournies par les deux capteurs semble porter ses fruits.
Nous avons effectué le même exercice en extérieur. Là encore, la photo du Mate 10 Pro ne souffre pas de la comparaison avec celle du Note 8, ce qui en dit déjà long sur les progrès de Huawei en photo. Nous préférons cependant l’image produite par le mobile de Samsung. Ci-dessous, le grain de la peau est plus détaillé sur l’image de droite. Sur l’image de gauche, la texture de la chemise est moins riche que sur celle de droite.
Ces différences marginales – et totalement imperceptibles sur un écran de smartphone – n’empêchent pas le Mate 10 Pro d’être équipé d’un excellent appareil photo. Le capteur photo secondaire monochrome de 20 Mpix permet, quant à lui, d’obtenir de très beaux clichés en noir et blanc.
> If « Portrait » Then « netteté »
Grâce à l’intelligence artificielle, le smartphone est capable de détecter – entre autres – des fleurs, de la nourriture ou encore vos amis et animaux de compagnie. Le but étant d’adapter les paramètres de prise de vue à la situation. Comme nous l’avons expliqué plus haut, il est impossible de quantifier l’impact de la NPU du Kirin 970 sur la reconnaissance d’image en temps réel. Le choix étant réduit à une quinzaine de scènes, on suppose que les limites techniques sont loin d’être atteintes et que n’importe quel smartphone pourrait en faire autant.
Mais le plus important n’est-il pas la finalité de cette fonction, à savoir l’amélioration des clichés ? En prenant des photos avec et sans la reconnaissance automatique de sujet, nous remarquons quelques différences, à la marge. En portrait, l’apport de cette intelligence artificielle se résume souvent à une hausse du niveau de netteté, pour mieux distinguer les traits et les éventuels poils de barbe. Efficace, mais pas encore vraiment révolutionnaire.
Malgré la portée limitée des fonctions de reconnaissance d’image, le Mate 10 Pro ne progresse pas seulement au niveau de la qualité d’image. Il surprend aussi par la vitesse de prise de vue, plus importante que celle du P10. Sans atteindre celle des smartphones de Samsung – hors-catégorie, elle permet de dégainer rapidement pour ne pas passer à côté d’un cliché. La qualité vidéo, de son côté, s’avère satisfaisante, avec des séquences fluides et peu déformées, qui ne pèchent que par un léger manque de détails en Full HD.
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