En 2008, alors que la planète PC vibrait aux rythmes des Eee PC et autres netbooks, tous d’assez mauvaise facture ou à l’ergonomie discutable, Steve Jobs introduisait un nouveau format de PC portable, si fin qu’il tenait dans une enveloppe : le MacBook Air était né, imparfait, mais impressionnant. Il inaugurait aussi le règne des ultraportables.
Depuis, le plus léger des portables d’Apple a connu la gloire, la déchéance et l’oubli, avant de revenir sur le devant de la scène avec un écran Retina et des processeurs Intel bien trop légers, au départ, pour être totalement satisfaisants. Heureusement, les dernières générations ont un peu corrigé le tir, en conservant malgré tout quelques défauts, notamment une propension à beaucoup ventiler.
Dès lors, l’arrivée d’un modèle doté d’une puce Apple Silicon s’accompagne d’autant de promesses que de questions. Parmi lesquelles on retiendra les deux plus importantes : fait-il vraiment mieux que le MacBook Air Intel sorti au printemps ? Et que cède-t-il au MacBook Pro M1, annoncé en même temps que lui ?
Une puissance folle…
Au regard des PC tournant sous Windows ARM, la transition des Mac des processeurs Intel vers les SoC Apple Silicon avait de quoi inquiéter, tant d’un point de vue des performances des puces ARM maison que de celui de la partie logicielle. Après tout, le passage des PowerPC aux Core d’Intel ne s’est pas fait sans heurt au mitan des années 2000.
En l’occurrence, la puce M1 embarquée dans notre ultra-portable de test s’est montrée aussi inébranlable et performante que sur le MacBook Pro 13 pouces M1, que nous avons testé il y a quelques semaines.
Elle semble identique dans ce modèle, puisqu’elle embarque huit cœurs CPU et huit cœurs GPU, cadencés à 3,2 GHz (sans oublier les 16 cœurs du Neural engine intégré au SoC, évidemment). Dans les faits, seuls les 8 Go de mémoire vive unifiée et l’absence d’un ventilateur paraissent devoir distinguer ce MacBook Air du MacBook Pro.
Deux points qui ne semblent pas peser quand on jette un œil aux résultats obtenus avec Geekbench 5. On constate que les scores affichés pour les deux ultra-portables Apple animés par la première puce Apple Silicon pour Mac sont quasiment identiques. Les légères différences enregistrées en Single Core et Multi Core ne sont pas significatives. Pour le troisième résultat, Compute, qui prend en compte les performances graphiques, notamment, le MacBook Pro prend le meilleur, mais sans écraser son petit frère. La différence n’est que 4,2%.
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En revanche, quand on compare le MacBook Air M1 au MacBook Air Core i5 à 1,1 GHz, sorti en mars dernier, la domination de la puce Apple Silicon est sans équivoque. En single core, le M1 (à 3,2 GHz) est 56% plus performant que le Core i5 1,1 GHz, et c’est là où la différence est la plus faible. Quand on se tourne vers le score multicoeur, la domination tourne à la déculottée, le score du MacBook Air M1 est plus de trois fois plus élevé… Et la partie Compute, qui prend en compte autant les performances graphiques que les capacités en calcul parallèle, affiche un x2,5 en faveur du nouveau MacBook Air.
Si on se tourne vers un outil de bench synthétique comme GFXBench Metal, qui se concentre sur le GPU, on constate que ces chiffres ne sont pas exagérés. Dans une certaine mesure, ce serait même plutôt l’inverse.
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Une fois encore, le MacBook Pro 13 pouces M1 et le MacBook Air M1 marchent main dans la main, à égalité, les différences s’inscrivant dans les variations normales entre deux exécutions de tests et n’étant donc pas significatives.
En revanche, il apparaît très clairement que le chipset Intel Iris Plus Graphics du Core i5 ne peut pas lutter face aux huit cœurs graphiques du M1. Quelle que soit l’exigence du bench auquel les MacBook Air ont été soumis, le modèle Apple Silicon est entre cinq fois et presque six fois plus performant. La messe est dite.
Le MacBook Air M1 est un monstre dans le petit monde des ultraportables Apple et même dans le monde PC. Une preuve ? Vous souhaitez jouer ? Il arrivera à faire tourner des jeux assez récents en adaptant un peu le rendu graphique, évidemment. Nous avons joué à Rocket League sans ralentissement, arpenté à nouveau Gotham City toute en fluidité et en beauté, bref, redécouvert notre bibliothèque Steam, même si certains titres manque à l’appel, comme Hitman, par exemple.
Evidemment, ne comptez pas pousser tous les réglages à fond sur un titre très récent, mais sur un jeu comme Rise of the Tomb Raider, on arrive à tenir les 37 images par seconde en 1920×1200 avec les réglages poussés quasiment au maximum. C’est suffisamment remarquable pour être souligné, d’autant que le MacBook Air Intel sorti ce printemps tenait difficilement les 7,3 images par seconde avec les mêmes réglages et le même jeu.
…servie par un logiciel au top
Penchons-nous maintenant sur le cas des « vraies applications », celles du quotidien. Car elles nous permettent à la fois de prendre la mesure de la puce d’Apple mais aussi du travail réalisé par ses équipes pour préparer la transition d’un point de vue logiciel.
Rappelons-le, pendant quinze ans, les Mac ont tourné avec des processeurs Intel. En conséquence de quoi, les développeurs ont conçu leurs programmes pour cette plate-forme. Il a donc fallu faire en sorte que les Mac M1 ne se retrouvent pas sans aucune application.
Pour éviter ce problème, Apple compte sur plusieurs solutions. La première : les applications universelles. Comme du temps du passage des PowerPC aux Core d’Intel, les développeurs peuvent reprendre le code de leur programme, le modifier de manière plus ou moins importante en fonction des cas, puis recompiler le tout pour que l’exécutable tourne nativement sur les puces Intel et Apple Silicon.
Evidemment, cette solution demande du temps, du travail et, alors que nous sommes au tout début de la migration matérielle, il est logique que la majeure partie des logiciels pour macOS soient conçus pour les processeurs Intel x86, même si de plus en plus d’applications tournent nativement sur le M1.
Dès lors, Apple a prévu une seconde solution : Rosetta 2. Il s’agit d’un système d’émulation qui va adapter le code à la volée lors de l’exécution et faire en sorte que tout se passe bien. Evidemment, qui dit émulation dit logiquement performances moindres, c’est ce qu’on avait connu avec le premier Rosetta.
Cependant, avec Rosetta 2, cette logique n’est pas respectée, et c’est tant mieux. Il arrive souvent qu’une application Intel tourne plus rapidement sur le MacBook Air M1 que sur le MacBook Air Core i5. Ou, et c’est la majorité des cas, que la différence de performances ne soit pas du tout handicapante, à peine perceptible.
C’est par exemple le cas avec des applications du quotidien comme Word, et Excel, qui n’étaient pas pas encore universelles quand nous avons réalisé nos tests, mais viennent de le devenir. Passée la première exécution, les deux programmes se lancent rapidement et tournent ensuite sans lenteur particulière.
Nous avons également retenu iMovie, pour l’édition de films maison, en 4K tout de même, puisque les iPhone tournent dans ce format depuis bien longtemps désormais. Le programme d’Apple est universel, évidemment. Enfin, nous avons ajouté Handbrake à notre petit série de tests d’applis du quotidien.
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Avec Word et Excel, le MacBook Air M1 se montre aussi rapide que son aîné Intel. Avec iMovie, l’exportation de notre film en 4K est 3,4 fois plus rapide sur le MacBook Air M1, tandis que le codage de notre fichier dans Handbrake est deux fois plus rapide.
Avant d’aller plus loin, et pour éclairer les faibles différences de performances entre le MacBook Pro et le MacBook Air M1, rappelons qu’outre le design, les deux ultraportables d’Apple que nous avons testé se distinguent seulement par moins de RAM pour le MacBook Air (ce qui n’est pas forcément le cas pour tous les modèles), et surtout l’absence de ventilateur. Le MacBook Air est donc silencieux, mais ne peut pas dissiper la chaleur produite par le M1 aussi efficacement que le MacBook Pro, ce qui peut le « brider » parfois quand on lui soumet des tâches vraiment lourdes et gourmandes.
Voilà pourquoi nous allons jeter un œil aux comportements de quelques applications professionnelles.
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Nous avons retenu trois applications, deux sont issues de la Creative Suite, d’Adobe, à savoir Photoshop et After Effects. Ces deux-ci sont, pour l’heure, émulées par Rosetta 2. La troisième est Final Cut Pro, une application emblématique d’Apple, qui est compatible Apple Silicon.
Il ressort au moins quatre observations de ces tests. La première, de manière assez surprenante, le MacBook Air M1 est rapide. Au point d’ailleurs qu’il est plus véloce que le MacBook Pro M1 avec les deux outils d’Adobe.
La deuxième, le MacBook Air de cette fin 2020 écrase son aîné doté d’une puce Intel. Presque deux fois plus rapide avec Photoshop, quasi 3,4 fois plus performant pour le calcul de rendu d’une séquence dans After Effects et enfin plus de 5,5 fois plus véloce pour appliquer des corrections de couleur et effets et coder un fichier 4K dans Final Cut Pro.
La troisième, le MacBook Air M1 domine largement également l’actuel MacBook Pro haut de gamme, position toujours occupé par une machine à puce Intel. Photoshop et After Effects tournent donc nativement sur ce modèle…
Enfin, quatrième observation, on constate que le modèle Pro d’entrée de gamme prend légèrement le dessus lorsque les tâches sont effectivement lourdes et exigeantes dans le temps. C’est ainsi le cas de notre test avec Final Cut Pro. Ce qui veut dire que ceux qui ont des besoins ponctuels de puissance pourraient tout aussi bien adopter le MacBook Air, moins coûteux que son pendant professionnel. Pour 50 euros de moins, il offre deux fois plus de stockage et la même puce incroyable (avec 8 Go de RAM).
Pour conclure sur ce double point, il faut le dire haut et fort, le couple matériel et logiciel que forme le M1 et macOS Big Sur (avec Rosetta 2) est une véritable réussite. Grâce à lui, le MacBook Air M1 assure parfaitement son rôle de machine à écrire 2.0 – au détail près que sa Webcam 720p n’est clairement pas au niveau d’une machine de 2020 qui doit affronter la pandémie et la nuée de réunions à distance qu’elle impose. Le surf sur le Web est ultra rapide et souple – merci le Wi-Fi 6 enfin intégré, les tâches de bureautique s’empilent sans jamais ralentir. Et, évidemment, vous l’aurez compris, il est possible de demander encore plus au nouvel ultra-portable d’Apple. Même avec des applications professionnelles exigeantes, qu’on s’interdisait d’utiliser sérieusement sur un MacBook Air précédemment, ou même pour des jeux. Le MacBook Air M1 redistribue les cartes.
Une autonomie en forte progression
Apple vante les performances par watt de sa première puce pensée pour les Mac. On a vu que le M1 ne manque pas de puissance, c’est certain, voyons donc maintenant ce qu’il vaut dans le MacBook Air sorti en cette fin d’année.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le MacBook Air, lancé au printemps et équipé d’un Core i5 à 1,1 GHz, n’offre pas une forte résistance. Pourtant, son autonomie n’était pas mauvaise pour un ultraportable à processeur Intel.
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Que ce soit en autonomie polyvalente, qui simule des usages quotidiens de manière consécutive et un peu intense, ou en streaming vidéo, le MacBook Air M1 domine largement son aîné.
Il offre ainsi quasiment quatre heures de plus pour le premier test et 3h45 pour le second. Il réalise toutefois une moins bonne performance que le MacBook Pro 13 pouces M1, qui bénéficie d’une plus grosse batterie et donc logiquement d’une meilleure autonomie.
Dans les faits, le MacBook Air M1 2020 vous permet de tenir une bonne journée de travail sans avoir besoin d’être rechargé. Il est tout à fait envisageable de laisser son chargeur à la maison quand on part pour quelques rendez-vous ou même un passage prolongé au bureau ou en classe.
Sur ce point, il n’y a pas à hésiter non plus, le MacBook Air M1 enterre ses prédécesseurs !
Toujours l’excellence… et encore à améliorer
Opter pour ce nouveau modèle est d’autant plus évident que tous les points forts des générations précédentes sont là. Le design (qu’on aimerait bien voir évoluer) fin et solide, et la finition en aluminium impeccable sont toujours au rendez-vous. La dalle Retina de 2560 x 1600 pixels, pour une résolution de 227 pixels par pouce, conserve la technologie True Tone, qui adapte la luminosité et la tonalité de l’écran à la lumière ambiante. S’ajoute une nouveauté bienvenue : le support de la technologie P3 pour un plus large gamut de couleurs.
La dalle du modèle que nous avons testé affichait toutefois un delta E2000 (la différence entre la vraie valeur d’une couleur et celle affichée) moins bon que sur le modèle de mars 2020. Rien de grave. Son score de 1,52 le classe toujours parmi les meilleurs portables du moment. La dalle est en tout cas assez lumineuse et plutôt bien contrastée.
Profitons de ce point sur l’affichage pour constater qu’Apple utilise cet élément pour distinguer ses modèles d’ultraportables grand public et professionnel. Le MacBook Pro 13 pouces M1 d’entrée de gamme fait systématiquement mieux que le MacBook Air M1.
Au rang des acquis que l’on retrouve avec plaisir, on notera également le clavier. Apple a définitivement abandonné l’approche papillon que nous aimions tant, mais propose un Magic Keyboard confortable et agréable, bien qu’offrant une course un peu plus molle. Il est surtout bien plus durable, a priori, ce qui évitera les pannes indésirables et les passages obligatoires par le réparateur.
Pour en finir avec le clavier, précisons que le MacBook Air ne propose toujours pas de Touch Bar. Il nous est difficile de nous en plaindre. Si ce petit écran interactif et tactile facilite la vie, souvent, dans les applications, il la complique en revanche quand on interagit avec son Mac, que ce soit pour régler le son ou la luminosité du clavier rétroéclairé. Difficile donc de voir un manque dans cette absence.
Parlons aussi brièvement du trackpad géant des portables d’Apple, qui est également là. Nous avons l’habitude de penser qu’il compense largement l’absence d’un écran tactile. Toutefois, avec la possibilité d’exécuter les applications iPadOS sur ce Mac, on se surprend parfois à regretter que la dalle ne soit pas tactile.
Enfin, plaignons-nous, plus pour la forme que pour être entendu, du fait que le MacBook Air, comme le MacBook Pro 13 pouces d’entrée de gamme, n’offre que deux ports au format USB-C, placés sur son côté gauche. Rien de rédhibitoire, évidemment, mais c’est assez peu, surtout si on souhaite laisser brancher son Mac au secteur sans recourir à un adaptateur.
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