Le Mac mini a été un des premiers porte-étendards de la petite révolution que sont les puces Apple Silicon pour Mac. Embarquant un M1, la toute première puce maison d’entrée de gamme conçue par les équipes de Johnny Srouji, le Mac mini conservait toutefois pour son modèle haut de gamme un processeur Intel Core de huitième génération. Au point qu’à l’introduction du M1 Pro et du M1 Max en octobre 2021, on se demandait où était le Mac mini M1 Pro. Il aura fallu attendre presque 15 mois de plus pour que la grande transhumance du Mac mini loin des terres Intel soit terminée.
Car, en ce début d’année 2023, non seulement Apple a remplacé le M1 par un M2 dans son modèle d’entrée de gamme, mais il a glissé un M2 Pro dans son modèle plus haut de gamme. Le géant de Cupertino dessine ainsi de nouveaux contours plus précis à sa gamme de mini PC. Ils sont d’autant plus clairs qu’Apple les souligne grâce à une nouvelle politique tarifaire. Le modèle M2, pour tout le monde, est vendu à partir de 699 euros, tandis que celui qui embarque un M2 Pro, affiche un prix de 1 549 euros.
C’est ce modèle que nous avons testé, avec son M2 Pro à 10 cœurs CPU, 16 coeurs GPU, 16 Go de mémoire vive unifiée et 512 Go de stockage. Prometteur, à tout le moins.
Nous n’opposerons pas trop frontalement le Mac mini M1 au Mac mini M2 Pro, même s’il y aura comparaison car le second n’est pas destiné à remplacer le premier. Toutefois, une question se pose : et si ce Mac mini était en fait… un Mac Studio mini ?
Un boîtier inchangé, une évolution limitée
Circulez, il n’y a rien de nouveau à voir. Le Mac mini 2023 a emprunté ses habits à son frère aîné, ils lui vont comme un gant. Dépouillé, mélange réussi d’arrêtes franches et de bords arrondis, le boîtier en aluminium 100% recyclé continue d’afficher ses dimensions compactes qui lui garantissent presque à coup sûr de trouver un coin de bureau où se poser.
Large et profond de 19,7 cm, épais de 3,58 cm, il affiche un minimalisme assumé. Comprenez qu’il ne s’offre aucune fioriture, à part le logo Apple sur sa partie supérieure, qui servira éventuellement de miroir de courtoisie aux plus coquets. Comprenez également par là que la connectique – plus riche que sur le modèle d’entrée de gamme – est toute entière ramenée à l’arrière. On n’y trouve une belle variété de connecteurs. On a ainsi droit à quatre ports Thunderbolt 4 (il n’y en a que deux sur la version M2), deux ports USB-A, un port Gigabit Ethernet et un port HDMI. Belle évolution de ce côté-ci d’ailleurs, là où le Mac mini M1 gérait au maximum un écran 4K 60 Hz, le modèle M2 Pro peut piloter une dalle 8K à 60 Hz ou 4K à 240 Hz. D’ailleurs, côté affichage, en général, il y a des progrès. Le Mac mini M2 Pro peut gérer jusqu’à trois moniteurs (deux en Thunderbolt et un en HDMI) contre deux précédemment. Ajoutez à tout cela une prise mini-jack et vous aurez fait le tour. Oui, pas la peine de chercher, on l’a fait pour vous, il n’y a pas de lecteur de carte SDXC.
Enfin, pour conclure sur ce point, vous êtes autorisés à vous plaindre qu’il n’y a pas de connectique à l’avant, mais pas plus de trente secondes. Oui, ce serait pratique, mais il est temps d’en faire son deuil.
A l’intérieur, la magie Apple Silicon opère, mais réduit également les capacités d’évolution du Mac mini. La mémoire est soudée et le stockage également – pensez donc à choisir la capacité qu’il vous faut d’emblée. On pourra en revanche se réjouir de voir le Mac mini 2023 être compatible avec le Wi-Fi 6E. Si vous avez un routeur compatible qui n’est pas trop loin de votre Mac mini, cela pourrait bien vous permettre d’éviter de connecter un câble Ethernet à l’arrière de votre unité. On parle bien entendu ici des usages normaux, les débits assurés flirtant avec le Gigabit par seconde sans trop de souci selon nos mesures. Évidemment, si vous avez besoin de débits plus solides – pour des raisons professionnelles par exemple, comme de vous connecter à une baie de stockage, l’option 10 Gbit Ethernet est toujours là, moyennant 115 euros.
Le M2 Pro, en guise de sommet
Le Mac mini M1 avait allègrement ripoliné l’attrait du plus petit des Mac de bureau. Prouvant au passage qu’une puce capable de tout faire en silence convenait parfaitement au boîtier compact. Après quelques atermoiements, le Mac mini a enfin décidé de prendre de l’ampleur en accueillant en son sein le M2 Pro – on se demande pourquoi le M1 Pro lui a été refusé et aimerait voir ce qu’un M2 Max donnerait en son sein. Mais sans doute serait-il en concurrence trop frontale avec le Mac Studio dans ce cas.
Le Mac mini a droit à deux modèles de ce SoC, le premier, celui que nous avons testé, et le second avec ses 12 cœurs CPU et 19 cœurs GPU (+ 345 euros). Les deux peuvent gérer de 16 à 32 Go (+ 460 euros) de mémoire vive unifiée, notre configuration en comptait 16 seulement. Il s’arrête là, et n’a pas d’accès au M2 Max. Pourquoi parler de ce SoC introduit dans les nouveaux MacBook Pro ? Parce qu’il prendra très vraisemblablement place dans la future mise à jour du Mac Studio. Or, en voyant le Mac mini monter en puissance, il est difficile de ne pas lui trouver des airs de mini Studio.
Voyons ce qu’il a dans le ventre. Passons rapidement sur la fluidité d’utilisation de macOS et de son interface au quotidien. Le M1 donnait déjà entière satisfaction, il n’y a donc rien à reprocher de ce côté. On notera même des améliorations dans certaines tâches récurrentes du côté du Finder comme la duplication de fichier ou même tout simplement la décompression de grosses archives. Des petits gains de vitesse qui peuvent aussi bien tenir de l’optimisation de macOS que du surcroît de puissance du M2 Pro, ou peut-être des deux. En tout cas, au quotidien, c’est un plaisir.
Pour mettre des chiffres sur ce ressenti, lançons d’abord Geekbench. Dans une optique de confrontation entre le Mac mini et le Mac Studio, nous avons décidé de les opposer. Nous avons également aligné le Mac mini M1, bien moins puissant, mais qui était jusqu’à il y a peu le seul représentant Apple Silicon de cette gamme. Enfin, nous avons également ajouter les MacBook Pro M1 Pro et M1 Max, à défaut d’avoir pu tester le M2 Max pour l’instant, que l’on retrouvera dans le Mac Studio. M1 Max et M1 Ultra donnent malgré tout un aperçu de ce que pourraient offrir le M2 Max et le M2 Ultra, au moins en matière de delta de performances.
Un des points intéressants à relever est de constater les progrès réalisés par Apple au niveau de la performance des cœurs en solo. Selon le SoC M1 auquel on le compare, le M2 Pro affiche entre 9 et 12% de gain. Apple a donc réussi à rendre plus puissant tous ses cœurs, aussi bien les cœurs hautes performances que les cœurs basse consommation. Pourquoi disons-nous cela, parce qu’à observer la consommation et l’activation des cœurs P (performants) et des cœurs E (économes en énergie), on constate que pour nombre d’opérations les energy cores sont les seuls à être systématiquement activés, tandis que les cœurs puissants ne s’activent soient que ponctuellement, soit quand la demande de puissance est réelle – et encore pas tous en même temps. Vu les performances obtenues, on peut en déduire que les e-cores sont plus performants, et vu l’autonomie observée sur le MacBook Pro M2 Pro, il est fort possible que la consommation électrique ait potentiellement encore été amélioré grâce à ces progrès.
Quand on passe au test multi cœur, on constate immédiatement que le nombre fait la différence. Les dix cœurs CPU du M2 Pro écrasent logiquement les huit cœurs du M1, font presque jeu égal avec les dix du M1 Max et rendent gentiment les armes devant les 20 cœurs du M1 Ultra, qui assurent un score 95% plus élevé.
Pour la partie Compute, on constate alors à quel point Apple a progressé dans ce domaine aussi, où les cœurs sont plus nombreux également. Le M2 Pro (16 cœurs GPU) est presque 120% plus performant que le M1 (8 cœurs GPU). En revanche, pas de mystère, les 32 cœurs du M1 Max batifolent gaiement en tête, et obtiennent un score 44% plus élevé.
Passer le Mac mini au crible d’un outil de bench graphique comme GFXBench Metal confirme ces tendances. On voit le M2 Pro plus que double les performances graphiques du M1 – normal. Par rapport au M1 Pro équivalent – c’est-à-dire le SoC d’entrée de gamme de la génération précédent, avec huit cœurs CPU et 10 GPU – il affiche entre 23 et 24% de performances supplémentaires.
Une fois encore -question de nombre de cœurs- il cède le pas à ses aînés M1 Max et M1 Ultra, la logique de gamme est respectée, et Apple n’a aucun intérêt à faire qu’un SoC de presque entrée de gamme – c’est le premier des M2 Pro – coiffe au poteau les plus puissants de ses processeurs de la génération précédente. D’autant qu’on sait pour l’avoir déjà rencontré dans deux machines en juin et juillet dernier, que le M2 satisfait déjà à tous les besoins du grand public – la question du jeu étant désormais plus un problème de disponibilités des jeux que de puissance.
Le Mac mini M2 Pro est donc, et ces résultats de benchs synthétiques le prouvent aussi, une machine destinée à ceux qui veulent plus de puissance encore qu’un M2. Autrement dit, des professionnels, ou des particuliers aux besoins… particuliers.
Voilà pourquoi, nous avons aussi fait tourner nos tests habituels sur le Mac mini M2 Pro. Une fois encore, on voit grâce à son SoC, le Mac mini haut de gamme domine le M1 Pro, flirte même avec le M1 Max à plusieurs occasions, notamment grâce à son media engine, qui lui permet de coder les vidéos plus rapidement et de manière plus efficace. On le voit ainsi dépasser de quelques secondes le M1 Max dans Handbrake.
Le rôle avantageux du moteur de codage vidéo du M2 Pro se manifeste également dans notre test avec Final Cut Pro. Outre l’application de corrections de couleur, balance des blancs, etc. à une vidéo, nous exportons ensuite le fichier et le codons grâce à Compressor. En l’espèce, le Mac mini M2 Pro est plus performant que les MacBook Pro M1 Pro et M1 Max que nous avons testé. La différence de facteur de forme n’ayant en l’occurrence pas un impact significatif sur les performances. En revanche, la logique veut que le M1 Ultra qui double le nombre de cœurs, la RAM et la bande passante mémoire, par rapport au M1 Max, soit hors de portée.
Un autre test réalisé avec Premiere, et des rushes 8K exportés ensuite en 4K ProRes, montre que le M2 Pro est environ 3 et 3,5 fois plus performant que les M1 Max et M1 Pro. Une fois encore, on peut remercier le media engine.
Dans After Effects, même chose, le M2 Pro arrive à faire mieux que tous ces aînés, à l’exception du monstre qu’est l’Ultra.
On notera la relative contre-performance du M2 Pro avec Logic Pro X où il arrive à gérer moins de piste que le M1 Pro. Nous ne nous l’expliquons pas réellement, mais avions déjà constaté une relative contre-performance avec le M2 lors de nos tests estivaux.
En définitive, on voit bien que le Mac mini n’est pas un Mac Studio-killer. Avec son savoir-faire dans la conception de gamme – épaulé par sa maîtrise absolue de ce qu’apportent ses puces – Apple propose un Mac compact dont les performances débordent légèrement sur celle du Mac Studio (avant sa mise à jour), sans le mettre en danger. Sans même parler de la différence de prix entre le Mac mini M2 Pro (1 549 euros) de base et celui du premier Mac Studio (2 299 euros). C’est là tout l’art du géant de Cupertino.
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