Sur le secteur des smartphones Android haut de gamme, deux géants s’affrontent. Huawei rêve de la place de numéro 1 de Samsung et, comme l’an passé, tente de lui voler la vedette en lançant son nouveau flagship quelques jours après le lancement du S10.
Il faut dire que le Huawei P30 Pro a de quoi plaire. Avec son zoom sans équivalent, son design somptueux et ses caractéristiques dernier cri, le nouveau mobile de Huawei est un vrai titan. Son prix est à la hauteur de ses prétentions d’ailleurs. Le P30 Pro est commercialisé 999 euros en 128 Go de stockage ou 1099 euros en 256 Go. Est-ce justifié ? Pour répondre à cette question, nous l’avons testé pendant une dizaine de jours
Design : somptueux mais imparfait
Minimes sont les différences entre le Huawei P30 Pro et le Mate 20 Pro sorti en fin d’année dernière. Le nouveau mobile du Chinois est un magnifique appareil qui reprend, une nouvelle fois, les codes des smartphones Samsung. Son écran bord à bord tout en longueur est incurvé sur les côtés, un choix esthétique qui permet au P30 Pro d’être suffisamment étroit pour assurer une bonne prise en main. Cela peut toutefois être contraignant du fait d’une mauvaise optimisation logicielle. On le sollicite parfois par erreur avec la paume de sa main. Après un petit temps d’adaptation, on finit par moins se laisser piéger.
En main, le P30 Pro n’a qu’un seul défaut, son poids de 192 grammes, plus élevé que celui de ses compétiteurs haut de gamme à format équivalent. À côté d’un iPhone XS Max (177 g) ou d’un Galaxy S10+ (175 g), le dernier Huawei semble vraiment lourd en main. Il s’agit encore une fois d’une question d’habitude. Au bout de plusieurs jours passés avec le smartphone, on finit par oublier. Ce sont les autres mobiles qui semblent alors légers.
Le dos du P30 Pro, tout en verre, arbore un quadruple module caméra. Le capteur ToF (situé sous le flash) ne dépasse pas du boîtier mais les trois autres appareils photo, regroupés dans un bloc vertical de quatre centimètres en haut à gauche, créent une belle protubérance. Résultat, posé sur une table, le Huawei P30 Pro est un peu déséquilibré. Il bouge dès que l’on appuie sur l’un de ses coins, ce qui peut être agaçant. Le Mate 20 Pro et le Galaxy S10 n’ont pas ce défaut. En revanche, les derniers iPhone l’ont.
Le P30 Pro marque aussi le retour d’une ancienne mode, les tranches plates en haut et en bas. Comme les iPhone 4 et les iPhone 5, le P30 Pro peut (presque) tenir debout tout seul. Un brin de nostalgie dans un smartphone très moderne, ce que l’on apprécie particulièrement. Le smartphone dispose d’un port USB Type-C et d’un émetteur infrarouge (pour piloter les téléviseurs) mais n’a pas de prise jack.
Écran : le P30 Pro parmi les géants
Le Huawei P30 Pro dispose d’un très grand écran Full HD+ de 6,47 pouces. Ce dernier arbore une encoche en forme de goutte d’eau, assez discrète, même si on lui préfère le poinçon des Galaxy S10, capable de mieux se faire oublier. En bas de l’écran, il y a toujours une petite bordure, plus épaisse que celle du Galaxy S10 et de l’iPhone XS.
Que vaut la dalle choisie par Huawei ? Comme avec le Mate 20 Pro, la marque chinoise a fait le choix de la qualité. Selon notre laboratoire, le P30 Pro bénéficie de la troisième meilleure luminosité maximale du marché (697 cd/m2) pour un écran OLED, derrière les Galaxy S10 (749 cd/m2) et S10+ (733 cd/m2) mais devant l’iPhone XS (672 cd/m2). Une jolie prouesse.
Il n’y a pas qu’en luminosité que l’écran du P30 Pro excelle. OLED oblige, il bénéficie évidemment d’un contraste infini. La fidélité des couleurs du smartphone est également remarquable (Delta E = 3,1). Bref, pour ce qui concerne la qualité d’affichage, le Huawei P30 Pro ne vole pas son statut de mobile haut de gamme.
Capteur d’empreintes : plus efficace que celui du S10
Le Mate 20 Pro mettait en avant son système de reconnaissance faciale 3D, le P30 Pro n’en bénéficie pas. En effet, pour distinguer les deux gammes, la marque ne laisse à son dernier-né qu’une reconnaissance faciale 2D classique, peu sécurisée.
Heureusement, le P30 Pro dispose aussi d’un dispositif sécurisé : un capteur d’empreintes sous l’écran. Placé plus bas que sur le Mate 20 Pro, il est mieux situé pour l’atteindre du doigt et il se montre extrêmement efficace. Il suffit de le toucher une petite seconde, sans nécessairement appuyer fort, pour être reconnu. Il est surtout suffisamment sécurisé pour autoriser le paiement sans contact.
Contrairement au Galaxy S10 qui bénéficie d’un capteur ultrasonique, le P30 Pro dispose d’un lecteur d’empreintes optique. Une lumière franche éclaire votre doigt lorsque vous le posez sur l’écran, ce qui permet à une caméra cachée en dessous de photographier votre empreinte. Cette technologie ne marche peut-être pas avec les doigts mouillés, mais elle est bien plus rapide que l’ultrasonique à l’heure actuelle. Le P30 Pro dispose d’un bel avantage sur son rival coréen.
Performances : un smartphone à la navigation fluide
Sous le capot du P30 Pro, on trouve le processeur Kirin 980 de Huawei, 8 Go de RAM et 128 ou 256 Go de stockage interne, extensible par carte NM (Nano Memory). Une belle configuration qui offre au P30 Pro une incroyable fluidité en toutes circonstances. La navigation est agréable, les applications s’ouvrent vite et même les jeux les plus gourmands en ressources comme PUBG ou Oceanhorn tournent à la perfection. Dans les benchmarks, le processeur Kirin 980 reste néanmoins en dessous des puces concurrentes, comme le Snapdragon 845 ou l’Apple A12 Bionic. Une faute qui incombe à son GPU MALI-G76 moins puissant. Rien de rédhibitoire à l’usage toutefois.
Pour autant, le P30 Pro n’est pas totalement parfait. Il se contente d’un haut-parleur mono un peu faiblard situé à droite du port USB-C et n’est pas compatible Wi-Fi 6. Rien de bien grave mais on aurait aimé avoir la stéréo et cette nouvelle norme sans-fil sur un smartphone de son envergure.
Fonctionnant avec Android Pie, le P30 Pro s’appuie sur la surcouche EMUI de Huawei dans sa version 9.1. Pas de grands bouleversements ici, la marque chinoise se contente de redesigner quelques icônes. Nous sommes toujours aussi partagés sur EMUI. Si cet environnement est indéniablement efficace et complet, l’interface nous semble parfois avoir pris un coup de vieux et ne pas être en phase avec un mobile de cette qualité. La navigation gestuelle provoque parfois de curieux bugs dans les animations. Certaines applications comme l’Appareil photo conservent une touche de skeuomorphisme trop prononcée (comme par exemple des arrière-plans qui imitent le cuir). Certaines icônes, enfin, comme celles du volet de raccourci, séduisent difficilement… Huawei pourrait tellement mieux faire.
Autonomie et recharge : encore un record
À notre test d’autonomie polyvalente, le Huawei P30 Pro n’est pas loin de battre un record. On pensait que le constructeur chinois aurait du mal à faire mieux qu’avec son Mate 20 Pro (14h58), il tient deux heures de plus ! En effet, il nous a fallu attendre 17h26 pour vider entièrement la batterie de l’appareil. De quoi largement tenir deux jours dans la vraie vie. D’ailleurs, durant nos 10 jours avec le smartphone, nous n’avons eu à le recharger que 4 ou 5 fois. C’est très agréable.
Encore plus impressionnant, le Huawei P30 Pro bénéficie d’une technologie de recharge ultra-rapide baptisée « SuperCharge 40W ». Le chargeur fourni d’origine peut faire passer la batterie de 4200 mAh de 0 à 100% en seulement… 53 minutes. Sans égaler les 33 minutes du Oppo Find X -équipé, il est vrai, d’une batterie de seulement 3400 mAh-, le P30 Pro nous a tout simplement bluffés.
Appareil photo : le P30 Pro bouscule la concurrence
Au dos du P30 Pro, on trouve un quadruple module caméra créé en collaboration avec Leica. Un partenariat avec Huawei qui remonte au lancement du P9 en 2016. Ce dispositif rassemble un grand angle, un ultra grand angle, un zoom périscopique et un capteur ToF.
Pour tout savoir de l’appareil photo du P30 Pro, reportez-vous à notre test photo complet.
Le capteur principal de 40 Mpix (f/1,6) est un équivalent 27 mm spécialement taillé pour les photos de nuit. Grâce à une technologie dite « Super Spectrum », le Chinois propose une étonnante évolution de la matrice de Bayer. Les filtres de couleurs placés entre la lentille et le capteur photo sont RYYB et non pas RVB. Autrement dit, adieu le rouge/vert/bleu, bonjour le rouge/jaune/bleu. Tout cela permet à la lumière de pénétrer de façon plus importante dans le capteur, ce qui améliore la qualité des photos de nuit.
Et il faut dire que les photos de nuit du Huawei P30 Pro sont vraiment superbes. Le smartphone gère magnifiquement bien les variations de lumière et offre un résultat très équilibré. Encore plus fou, dans le noir complet, il réussit à reconstituer l’image. C’est un comportement similaire au mode Night Sight des Pixel 3 sauf que, cette fois-ci, le mode de Huawei est actif par défaut. Il existe aussi un mode Nuit à activer manuellement. Ce dernier améliore encore la qualité des photos basses lumières.
L’appareil photo le plus insolite du P30 Pro est un zoom périscopique de 8 Mpix (f/3.4), équivalent à un 125 mm. Si sa forme intrigue (il est carré), ses aptitudes sont tout à fait hallucinantes. Le P30 Pro dispose grâce à lui d’un zoom optique x5, sans aucune perte de qualité, du jamais vu pour un smartphone. La marque propose aussi un zoom hybride x10 qui, s’il s’avère impressionnant le jour, lisse un peu trop les clichés la nuit. C’est encore une fois du jamais vu.
Déplacez le bouton, placé sur les photos vers la gauche ou la droite, pour voir le cadre de base ou l’image obtenue avec le zoom x5 ou x10.
En zoom numérique, le Huawei P30 Pro peut monter jusqu’à du… x50. Là encore, nous n’avions jamais expérimenté un tel niveau d’agrandissement. La photo est alors très floue mais reste à des années lumières de ce que propose la concurrence. Jamais un smartphone n’a été capable de telles prouesses. On regrette juste de ne pas disposer d’un zoom optique intermédiaire x2 ou x3. L’utilisateur n’a que le choix de passer du x1 directement au x5 pour ne pas perdre en qualité. Très souvent, on aimerait zoomer sans aller aussi loin que le x5.
Le troisième capteur 20 Mpix du P30 Pro est un objectif ultra-grand angle (f/2.4). Son champ de vision est de 107 degrés, ce qui est moins que les 123 degrés du Galaxy S10. Il présente néanmoins l’avantage de moins déformer l’image et d’offrir un meilleur piqué.
Enfin, le quatrième et dernier capteur est un ToF (Time of Flight). Ce dernier mesure la distance entre le smartphone et le sujet afin, par exemple, d’évaluer le volume d’un objet ou d’améliorer la réalité augmentée. Il sert aussi à parfaire la qualité du détourage du mode portrait, particulièrement réussi sur le P30 Pro.
En vidéo, le P30 Pro peut filmer en 4K jusqu’à 30 images par seconde seulement et pas 60. C’est dommage mais cela ne décevra pas la plupart des utilisateurs. Sa stabilisation optique est vraiment admirable et permet de filmer en zoom x5 ou x10 sans pied (gare cependant aux tremblements). Sans zoomer, la stabilisation est en revanche parfaite. Aucun doute, le Huawei P30 Pro est le nouveau champion de la photo et il ne lui manque guère qu’un téléobjectif x2 ou x3 pour être parfait.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
