Huawei multiplie les MateBook plus vite que nous avons de temps pour les tester. Après le MateBook X Pro ce printemps, et le récent MateBook 14 2020, c’est maintenant le MateBook X, la déclinaison non pro du PC portable haut de gamme à écran 13,9 pouces, que Huawei nous envoie. Pour faire simple, le Chinois ne le propose qu’équipé d’une seule configuration Intel mais en deux couleurs : argenté ou vert.
Quel que soit le choix, le prix est le même : 1 500 euros environ annoncé sur le site Web de la marque, là où vous aurez le plus de chances de le trouver. Huawei et ses partenaires du e-commerce ont parfois tendance à faire des promotions coup de poing, il est donc fort probable que ce petit 13,9 pouces voie son étiquette afficher quelques euros dans les prochaines semaines, sous de l’après-fêtes de fin d’année et des soldes d’hiver.
Les MateBook se ressemblent tous beaucoup. Aussi, nous vous laisserons parcourir les articles de test précédemment pour avoir une idée globale du niveau de finition et du type de matériaux qui compose cette jolie bestiole, nous ne nous étendrons pas trop sur ces points.
Il a comme un petit goût de pomme
Et si vous trouvez que ce MateBook X ressemble furieusement à un MacBook Pro ou à un MacBook Air, c’est normal. Huawei n’a qu’Apple dans son collimateur depuis des années. Il rêve de devenir son pendant asiatique, ce n’est donc pas étonnant que lui aussi ce soit mis à élaborer des PC (de bureau) à base de puce ARM. Dès qu’il peut s’inspirer de ses réussites, il le fait avec joie et, parfois, avec talent.
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C’est notamment le cas avec le MateBook X. La finition métallique est irréprochable, la finesse de la machine est enviable par la concurrence (1,65 cm au plus haut) et son poids, aussi : à peine plus d’un kilo. Un vrai poids plume qui vient marcher, sans vergogne, sur les plates-bandes des Swift d’Acer. Vous le posez sur vos genoux, il tient en place, pas de souci. Vous pourrez travailler dans cette position, entre deux réunions ou deux TD, sans ressentir de gêne : la machine semble même taillée pour être utilisée comme ça.
En misant sur un boîtier si fin, Huawei n’a pas eu d’autres choix que de sacrifier la connectique (comme Apple). Deux prises USB Type-C sont réparties sur chaque côté de l’appareil, toutes deux peuvent servir à recharger la batterie ou de sortie vidéo DisplayPort au cas où.
Pour écouter de la musique au casque, une prise jack 3,5 mm est aussi de la partie. Si vous êtes plutôt un audiophile sans attache, un module Bluetooth 5 est logé sous le clavier, sur le même morceau de circuit que le module Wi-Fi 6 (qui manquait cruellement à la version X Pro).
Le tour de toute la connectique embarquée de l’appareil se termine ici. Précisons toutefois que Huawei a le bon goût de livrer un concentrateur USB Type-C vers HDMI/VGA et USB-C à relier à la machine pour en étoffer un peu les possibilités de connexion.
N’oublions pas, enfin, de mentionner le support la technologie sans-fil Huawei Share qui, on le rappelle, permet d’associer votre smartphone Honor ou Huawei à la machine et de pouvoir le piloter directement au touchpad ou au clavier, voire depuis l’écran tactile de 13,9 pouces.
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Un grand clavier agréable, un touchpad… trop massif
Puisqu’on parle du clavier et du touchpad, attardons-nous sur leurs cas. Comme le montre la photo ci-dessous, le clavier occupe bien toute la largeur du plateau intérieur. C’est un bon point, le gabarit et la surface des touches rétroéclairées convient parfaitement aux doigts les plus fins comme aux plus épais. La frappe est agréable, les touches émettent un bruit feutré mais pas aussi doux que sur un Dell XPS 13 par exemple ou même… que sur l’un des derniers MacBook.
Comme sur la plupart des MateBook, la Webcam se cache entre les touches F6 et F7 du clavier. Il suffit d’y imprimer une légère pression pour l’activer. On note, enfin, que le bouton de mise sous tension sert également de capteurs d’empreintes digitales.
Le touchpad, maintenant. Sa surface ne devient cliquable qu’une fois que le MateBook est allumé. Pas avant. La zone de glisse est très grande (trop grande même), il n’est pas rare de l’effleurer avec la paume ou la tranche inférieure du pouce lorsqu’on tape un document. Et c’est encore plus vrai lorsqu’on laisse les mains se reposer entre deux saisies de documents.
Oui, il faut qu’un touchpad offre une bonne aire de glisse pour, premièrement, faire passer le curseur d’un bord à l’autre de l’écran sans avoir à décoller le doigt. Surtout quand la définition de la dalle est de 3000 par 2000 pixels. Et, deuxièmement, il doit aussi permettre de tirer parti de la gestuelle à plusieurs doigts appliqués pour lancer des actions sur Windows 10 (agrandir les images, passer d’une fenêtre à l’autre). Mais là, c’est trop, messieurs les ingénieurs de chez Huawei.
Surtout que, comme la dalle de l’écran 13,9 pouces est tactile, il y a plus de chances que l’on ait tendance à y appliquer les doigts pour faire pivoter une image ou naviguer rapidement entre deux pages que de se servir de la gestuelle, pas toujours très intuitive, à plusieurs doigts, que Microsoft à implanter dans Windows 10.
Le MateBook X, comme son grand frère le Pro, a un bien bel écran
L’écran d’un ultraportable est primordial pour assurer un confort d’utilisation au top. Il se doit d’être à la foi lumineux et de bonne taille. C’est le cas ici. Nous le disions plus haut, il propose une diagonale de 13,9 pouces, est encadré par trois bords fins sur quatre et est tactile.
La surface brillante de la dalle adore les empreintes de doigts et les reflets, attendez-vous à jouer du chiffon pour effacer les premières et à faire jouer la charnière pour chasser les seconds. Charnière qui, au passage, manque un peu de résistance. Si vous bougez la machine avec un peu d’élan vers l’avant ou l’arrière, vous avez une chance que l’écran suive aussi le mouvement.
À l’utilisation, le format 3:2 se prête tout à fait à la bureautique, que ce soit pour afficher deux fenêtres côté à côte ou un tableau de chiffre de manière lisible. La définition de 3000 par 2000 pixels est toutefois un peu trop importante pour une telle diagonale. Windows aura donc à coeur de grossir l’interface à 125% minimum pour que vous ne vous fatiguiez pas les yeux. Vous pouvez toutefois revenir à un rendu à 100% pour profiter pleinement de tous les pixels.
Sur le plan technique, la dalle LTPS – technologie aussi utilisée sur le MateBook X Pro – fait presque carton plein.
La luminosité est bonne : nous l’avons mesurée à 412 cd/m2 en moyenne maximale avec un pic à 434 cd/m2 en bas à droite de l’écran. Son intensité est assez progressive, c’est bien pour contrer les reflets ou adapter le rétroéclairage en fonction de la luminosité de la pièce dans laquelle vous vous trouvez. À moins que vous ne laissiez le capteur intégré s’en charger pour vous.
Le taux de contraste grimpe aussi rapidement pour dépasser la barre des 1600:1 (1636:1) afin de produire des zones sombres profondes et des couleurs éclatantes. D’ailleurs, puisqu’on parle colorimétrie, précisons que le Delta E est vraiment bon : 2,38 (contre 1,16 sur le Pro) dans le mode par défaut. Si vous jouez avec les autres profils colorimétriques – chaud et froid – vous déformerez les teintes et dans ces conditions, le Delta E flirte avec un indice de 4 ce qui commence à être vraiment moyen. On vous les déconseille pour la retouche photo mais, pour regarder certaines séries, cela peut ajouter un petit quelque chose.
Un moteur d’ultraportable milieu de gamme avec Turbo
Pour les 1500 euros demandés, Huawei ne peut pas vous proposer un super boîtier, un écran au top et une configuration de compétition. Il faut faire des choix. Et surtout composer avec la finesse de l’ensemble. De fait, loger trop de puissance dans 1,6 cm d’épaisseur, c’est la chauffe assurée. Le throttling pointe le bout de son nez, grève les performances de la machine et la ventilation s’égosille pour que tout le monde garde son calme… bref, c’est une catastrophe en perspective. Pas le choix, il faut réduire la voilure sous le clavier quand on veut la « jouer fine ».
Huawei jette son dévolu sur un Core i5-10210U, un processeur Intel de 10e génération sorti l’année dernière. Doté de quatre coeurs (huit threads), il peut monter jusqu’à 4,2 GHz lorsqu’il met le mode Turbo. Sinon, le Core i5 plafonne à 1,6 GHz selon sa fiche technique. Sauf qu’ici, pour que le MateBook X puisse rivaliser avec la concurrence, Huawei a dopé la consommation électrique du processeur. Il la passe de 15 à 25 watts et la puce peut donc monter dans les tours.
Le Core i5 atteint 2,1 GHz sur ces quatre coeurs en mode classique tout en conservant un fort potentiel de montée en fréquences lorsque le mode Turbo s’enclenche. Cela a des conséquences positives et d’autres… franchement négatives.
Ce dopage ne profite pas à la partie graphique du processeur. C’est à elle que Huawei confie l’affichage des images sur le bel écran de la machine. Pas de folie, ce contrôleur se contentera d’afficher vos applications classiques et des jeux vraiment peu gourmands comme HearthStone, Stardew Valley ou encore Hotline Miami 2.
Le processeur Intel est épaulé de 16 Go de mémoire LPDDR3, soudés à la carte mère. Impossible donc d’étendre cette capacité dans le futur. Il en va de même pour le SSD, lui aussi, solidaire de la carte principale. Ce sera 512 Go en tout et pour tout.
Pour maintenir toute la mécanique à jour, Huawei a conçu un petit outil vraiment très simple à utiliser. Ce dernier peut à la fois vérifier la présence de nouveaux pilotes mais, aussi, faire un check-up de la machine pour être sûr que tout va bien.
Dans le feu de l’action, le MateBook X remplit correctement les missions qu’on lui assigne. Il se paie même le luxe d’être un peu plus véloce que le MateBook X Pro sur les évaluations de PC Mark, bien aidé par le gain en fréquence que nous mentionnions plus haut. C’est un bon travailleur, pas de doute.
C’est aussi un piètre joueur, nous nous y attendions : entre 5 et 12 images par seconde mesurées dans des jeux 3D en définition native, et moins de 25 en Full HD. Non, pour le Fortnite à la cafétéria de la faculté, ce n’est pas lui qu’il vous faut.
Du silence et de la chauffe, beaucoup de chauffe
Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous, il n’y a aucun ventilateur dans les entrailles de la machine. C’est l’énorme plaque dorée qui se charge de conduire les calories vers les ouvertures situées près de la charnière et elle se sert, aussi, du boîtier pour diffuser la chaleur émise par les composants. Ainsi, lorsque le MateBook X fonctionne, il ne fait aucun bruit. Génial.
En revanche, côté température, ça l’est déjà beaucoup moins. Nous avons fait nos contrôles d’usage et le mercure s’affole un peu partout sur le boîtier. Sur le plateau intérieur, les reposes-paumes restent à 30°C, ça va. Sur les touches, ça se gâte – entre 35 et 40°C relevés – et juste au-dessus des touches “F”, on culmine à plus de 45,2°C.
En dessous du MateBook X, le thermomètre oscille entre 23 et 39,5°C sur tout sur le sur le côté supérieur gauche.
Que les calories puissent autant grimper à l’intérieur du boîtier ne réussit pas au processeur. Si vous le stressez sur tous les fronts, il chauffe et les fréquences s’effondrent. Sacrément. Au bout de seulement une minute de charge intense, le throttling sévit et les coeurs ne tournent plus qu’à 1 GHz. Et après 5 minutes, on atteint même des valeurs comprises entre 380 et 600 MHz. Et le Core i5 ne parvient pas à redresser la barre.
L’autonomie, ce n’est pas vraiment son truc
Un ultraportable peu endurant, nous en avons souvent croisé. Mais là, Huawei fait fort. Alors que les MateBook classiques et le MateBook X Pro sont plutôt bons en endurance, le MateBook X, pour sa part est plutôt un sprinteur. Et au bout de seulement quelques heures, il est épuisé.
Sa large batterie ne tient que 4h52 en lecture vidéo streamée en ligne, avec la luminosité de l’écran réduite, c’est peu ; le X Pro tenait 6h33 ce qui n’était pas incroyable non plus mais déjà mieux.
En scénario d’utilisation variée sur batterie (autonomie polyvalente), c’est un peu mieux : on atteint presque 6 heures (contre 10 heures sur le Pro). Mais ça reste tout de même très insuffisant pour un PC ultraportable ultrafin vendu 1500 euros.
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