Début 2018, Huawei surprenait tout le monde avec son P20 Pro, un excellent smartphone, apportant son lot d’innovations. Premier appareil au monde équipé d’un triple module caméra, il venait flirter dangereusement avec le niveau d’excellence de Samsung et Apple, les deux leaders du marché.
Quelques mois plus tard, Huawei semble encore avoir progressé. Avec son Mate 20 Pro, la marque chinoise multiplie les innovations technologiques et propose un design à la fois moderne et sophistiqué. Cet appareil dispose-t-il enfin des armes pour écraser la concurrence ? Nous avons testé ce smartphone star que Huawei rêve sans doute de voir sacré meilleur mobile de l’année.
Un Galaxy S9 amélioré
Le Mate 20 Pro est un smartphone superbe. Son dos et sa façade en verre bénéficient de bords latéraux légèrement incurvés, ce qui rappelle évidemment l’iconique design de Samsung. L’imitation va tellement loin qu’il est impossible de distinguer les deux smartphones si on les compare de profil. Le message que Huawei adresse à Samsung est clair : le Coréen n’est plus le seul capable d’un tel niveau de finition.
À l’avant, le Mate 20 Pro reprend, là encore, les codes des Galaxy. Avec ses bordures à peine visibles, l’écran incurvé en jette vraiment en main, d’autant plus que Huawei a fait, lui aussi, le choix de l’OLED. En haut, notons tout de même la présence d’une encoche, particularité que Samsung s’est toujours refusé à adopter. Nous reviendrons sur son rôle plus tard.
D’une diagonale de 6,39 pouces, l’écran du Huawei Mate 20 Pro est vraiment de bonne facture. Sa définition Quad HD+ le place parmi les smartphones dotés de la meilleure résolution (sans pour autant détrôner les dalles 4K des derniers Xperia de Sony). Elle est alliée à une très haute luminosité de 629 cd/m2 qui lui confère une excellente lisibilité en extérieur. Les reflets sur la dalle générés par le soleil ne seront pas à redouter. Le laboratoire de 01net.com a aussi mis en évidence une bonne fidélité des couleurs (dès lors que l’on opte pour le mode normal à la place du mode par défaut). Le Delta E mesuré, de 2.81, ne détrône pas encore les excellentes dalles de Samsung et Apple, mais aide Huawei à se rapprocher un peu plus de ses deux principaux compétiteurs.
Choix esthétique étonnant, Huawei cache le haut-parleur de son Mate 20 Pro dans… le port USB-C. Avec pour avantage une partie inférieure de l’appareil magnifique de sobriété et pour inconvénient un son moins bon dès que le smartphone est en charge. Précisons que les haut-parleurs du Mate 20 Pro sont stéréo.
Capteur d’empreintes sous l’écran et reconnaissance faciale 3D
Apple a choisi la reconnaissance faciale 3D. Des constructeurs chinois comme Vivo ont choisi le capteur d’empreintes digitales sous l’écran. Huawei a choisi les deux. Là encore, la marque réalise une belle démonstration de force. C’est certainement la première fois qu’un smartphone de grande marque intègre autant de technologies biométriques en France.
Le capteur sous l’écran est-il à la hauteur ? Nous sommes obligés de nous montrer critiques… D’abord, l’enregistrement de son empreinte met plus d’une minute à se faire contre quelques secondes sur un capteur classique, la preuve de la difficulté qu’a ce dernier à obtenir une image fiable. Au quotidien, cela se constate ponctuellement par quelques ratés. Parfois, le déverrouillage est presque instantané, parfois il faut s’y reprendre à deux ou trois fois avant d’être reconnu. Notons aussi qu’une pression vraiment forte sur l’écran est requise et qu’il ne suffit pas de poser son doigt sur la surface. Bref, nous sommes contents de voir cette technologie enfin déployée, mais nous admettons que nous sommes un peu déçus par ses limitations.
Parfois très efficace, le lecteur d’empreintes sous le verre est souvent capricieux.
Finalement, la vraie star de ce Mate 20 Pro, c’est la reconnaissance faciale 3D, qui explique la large encoche du smartphone. Huawei ne s’en cache pas : il a délibérément reproduit le système utilisé sur les iPhone X d’Apple. 30.000 points sont projetés sur le visage de l’utilisateur tandis qu’un capteur infrarouge crée un masque 3D. À chaque identification, ce dernier est comparé à la tête de l’utilisateur. Ce système a pour avantage d’être extrêmement fiable et de fonctionner dans une obscurité totale.
Chaque fois que nous avons saisi le smartphone et posé notre doigt sur l’écran pour qu’il soit reconnu par le capteur d’empreintes, la reconnaissance faciale a presque systématiquement doublé ce dernier et a déverrouillé l’appareil avant même qu’il ne s’initie. Finalement, n’avoir que la reconnaissance faciale aurait largement suffi.
Petite précision qui a son importance, le Face Unlock de Huawei ne permet pas le paiement sans contact contrairement au Face ID d’Apple. Le système a beau être aussi fiable selon la marque, les banques européennes n’en sont pas encore convaincues.
NM Card plutôt que microSD
Huawei avait abandonné la microSD avec les P20 et P20 Pro et fait (presque) marche arrière avec son Mate 20 Pro. Presque, parce que le stockage extensible est de retour… mais passe désormais par un nouveau format de carte appelé NM Card (Nano Memory). Inventée par Huawei, cette carte pour principal avantage de faire la même taille qu’une carte Nano SIM et donc de pouvoir s’insérer dans le même emplacement.
On a donc le choix entre SIM+SIM ou SIM+NM. Pas bête, mais pas forcément sans coût pour le consommateur. Seul Huawei commercialise les cartes NM et leur tarif est de 79 euros minimum pour 128 Go, c’est deux fois plus cher que celui d’une microSD. Nous n’avons pas encore pu tester ce nouveau format.
Kirin 980, au niveau du Snapdragon 845
Le Mate 20 Pro est le premier smartphone à inaugurer le nouveau processeur Kirin 980 de Huawei, son premier gravé en 7 nm. La marque promet d’ailleurs des performances supérieures au Snapdragon 845 de Qualcomm et à l’A12 Bionic d’Apple, ce qui aurait fait du Mate 20 Pro le smartphone le plus performant du marché. On arrête le suspens tout de suite, la promesse n’est pas tenue. Apple est encore loin devant la concurrence et le Kirin 980 dépasse de peu le processeur de Qualcomm sans le distancer, ce qui est déjà un immense progrès.
A l’utilisation, le Kirin 980 n’a beau pas être le meilleur du marché, il offre des performances exceptionnelles au Huawei Mate 20 Pro. Tout va très vite, les jeux les plus gourmands en ressources semblent s’exécuter sans la moindre difficulté et le smartphone gère très bien la consommation d’énergie. Pour ouvrir un jeu comme Real Racing 3, on met moins de 10 secondes. Un vrai régal.
La nouveauté de ce Kirin 980, c’est aussi la présence d’un Dual NPU, deux puces dédiées à l’intelligence artificielle contre une avec le Kirin 970. Exemple concret de leur utilité, on peut désormais filmer une personne en couleur et avoir tout le reste de la vidéo en noir et blanc. Pas nouveau ? La particularité du Mate 20 Pro est que le filtre IA s’applique en temps réel et non pas a posteriori. Autre nouveauté, le modem du Kirin 980 est le premier à supporter la 4G de catégorie 21, ce qui porte le débit maximum à 1,4 Gbps. Aucun opérateur français ne propose pour l’instant de si hauts débits.
La meilleure autonomie sur du haut de gamme
Extrêmement endurant, le Huawei P20 Pro nous avait déjà beaucoup séduit en mars. Le Mate 20 Pro fait encore mieux, réalisant une autonomie polyvalente de 14h58, un record pour un smartphone haut de gamme. En communication, nous avons mesuré une autonomie de 26h24, de quoi largement obtenir la note maximale selon notre barème de test. Huawei peut dire merci à sa généreuse batterie de 4200 mAh et à l’excellente optimisation de son processeur Kirin 980.
Le Mate 20 Pro est aussi le premier smartphone Huawei à introduire la SuperCharge 40W, une technologie de charge ultra rapide. Selon nos mesures, il faut 1 heure pile pour le recharger intégralement (de 0 à 100%) et 22 minutes pour le recharger de moitié (de 0 à 50%). C’est moins bien que ce que propose le Oppo Find X (100% en 31 minutes) mais bien mieux que tout le reste de la concurrence.
Un logiciel toujours pas au niveau
Livré avec EMUI 9.0 en surcouche d’Android Pie, le Mate 20 Pro vient avec son lot de défauts logiciels. Certes, le système de Huawei s’est bien amélioré. Mais il est encore loin d’offrir le niveau d’exigence que l’on s’attend à avoir sur un smartphone haut de gamme.
EMUI offre le choix entre une navigation traditionnelle (à trois boutons virtuels) ou une navigation gestuelle (calquée sur celle des iPhone). Que vous choisissiez l’une ou l’autre, on relève des bugs. La navigation à boutons gâche l’aspect des animations, qui semblent surgir de nulle part.. La navigation gestuelle est incompatible avec certaines applications, à cause de l’écran incurvé. Dans Instagram, revenir en arrière provoque un bug en permanence, l’application ne parvenant pas à savoir ce que vous voulez faire. Insupportable.
EMUI a aussi quelques progrès à faire au niveau de l’interface. Ses icônes, copiées sur celles d’iOS, mériteraient une retouche. Le centre de notification est encore très peu lisible et ne fait pas très moderne. Certaines applications, comme l’appareil photo, contiennent des traces de skeuomorphisme, un choix de design qui n’est plus vraiment à la mode. Ce n’est pas vraiment en phase avec le reste du système, Huawei pourrait faire beaucoup mieux.
Bref, Huawei embarque peut-être le meilleur hardware au monde, mais il peut encore faire beaucoup mieux en soignant son OS. EMUI n’est pas au niveau d’Android Stock, ni même de la surcouche Samsung.
Toujours excellent en photo
Le P20 Pro était excellent en photo, le Mate 20 Pro l’est tout autant. Désormais contenu dans un bloc carré, son triple module caméra se compose d’un capteur grand angle de 40 Mpix (f/1.8), d’un téléobjectif avec zoom x3 de 8 Mpix (f/2.4) et… d’un ultra grand angle de 20 Mpix (f/2.2), une nouveauté. Celui-ci vient remplacer le capteur monochrome du P20 Pro et permet de faire rentrer plus de personnes sur une photo, une très bonne idée. Sa qualité est très correcte, même si un effet fish eye a tendance à créer de la déformation dans les angles, et que la gestion de la lumière est moins bonne que sur l’appareil photo principal.
Cet ultra grand angle donne également accès à un mode macro. En s’approchant d’un petit sujet comme un insecte (jusqu’à 2,5 cm de distance), le smartphone propose de basculer dans un mode spécial pour obtenir une photo nette. Le résultat est tout simplement splendide. La photo est riche en détails et l’effet macro est réussi.
S’il n’évolue pas par rapport au P20 Pro, le téléobjectif est toujours aussi intéressant. Il offre un zoom optique x3, ce qui permet de prendre des photos sans dégradation de qualité, et s’accompagne d’un zoom « hybride » x5 pour aller encore plus loin. Dans un stade, là où n’importe quel smartphone aurait du mal à reconstituer l’apparence d’un joueur, le Mate 20 Pro permet de lire son nom sur le maillot. Vraiment impressionnant.
Sur le zoom x10, la différence est tout aussi flagrante. Le Mate 20 Pro n’est pas parfait, mais franchement un cran au-dessus de ses concurrents. Ci-dessous, une comparaison entre l’iPhone X à gauche, et le Mate 20 Pro à droite.
De façon plus générale, les couleurs sont riches, le niveau de détails est très bon et l’autofocus est vraiment rapide. En terme de qualité pure, c’est certainement l’un des meilleurs appareils du marché.
La nuit, le Mate 20 Pro nous a également blufflés. Il reconstitue à merveille les éléments les plus assombris et bénéficie d’une excellente gestion de la lumière.
Avec ce nouveau smartphone, Huawei confirme indubitablement son savoir-faire en matière de photographie.
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