Dans l’ombre du Pixel 6 Pro, il y a le Pixel 6. Moins séduisant que son grand frère au premier regard, ce smartphone ne nous avait pas vraiment tapé à l’œil lors de notre première prise en main. Nous lui reprochions notamment ses bordures d’écran trop épaisses, son gabarit plus encombrant que celui des précédents Pixel (6,4 pouces) ainsi que ses dimensions (9 mm d’épaisseur, 206 grammes). Nous pensions assez bêtement, reconnaissons-le, que ce produit était surtout conçu pour vous donner envie de vous intéresser au Pixel 6 Pro, logiquement vendu plus cher.
Après plus de deux semaines d’utilisation, le Pixel 6 nous fait dire que nous avions tort sur toute la ligne. S’il n’est pas un successeur direct du Pixel 5 et de son format mini, ce smartphone coche quasiment toutes les cases. À 649 euros, il pourrait bel et bien devenir une des références du marché.
Quelles différences entre le Pixel 6 et le Pixel 6 Pro ?
Première chose, ce test n’est sans doute pas le plus exhaustif. Pour éviter de nous répéter et être les plus pertinents possibles, nous préférons vous conseiller de lire/regarder notre test du Pixel 6 Pro avant, ou après celui-ci.
Ces deux smartphones partagent énormément de choses et il nous semble, par exemple, inutile de tester les mêmes fonctions logicielles deux fois. Certains éléments mentionnés ici ne sont développés que dans le test du modèle Pro, comme les fonctions photo « gomme magique » et « mouvement ».
Maintenant que vous êtes avertis, passons aux différences entre le Pixel 6 et le Pixel 6 Pro. Si l’on pouvait penser qu’il s’agit avant tout d’une question de taille, ce n’est pas ce que nous avons noté. La dalle OLED utilisée par le Pixel 6 est plus petite que celle du Pixel 6 Pro (6,4 et 6,7 pouces), mais, à la différence de ce dernier, le Pixel 6 n’est pas incurvé.
À quelques millimètres près, les Pixel 6 et Pixel 6 Pro font donc la même taille. Ne vous faites pas avoir sur ce point, Google semble définitivement avoir tourné le dos aux formats compacts historiquement utilisés par les Pixel. Une décision qui en décevra sans doute, mais qui, stratégiquement, a du sens. Le marché des petits téléphones est ridicule à côté de celui des grands formats. D’un point de vue seulement esthétique, on choisira donc le Pixel 6, si on ne veut pas d’un écran incurvé.
Parmi les autres différences entre le Pixel 6 et le Pixel 6 Pro, on note l’absence d’un téléobjectif dédié au zoom optique. Les deux smartphones disposent des deux mêmes appareils photo principaux (grand-angle 50 Mpix + ultra grand-angle 12 Mpix), mais seul le modèle le plus cher bénéficie d’un vrai zoom. Pour la grande majorité des utilisateurs, il s’agit pour le coup d’un détail. Le zoom numérique leur suffira.
Enfin, et cette différence penche pour le coup du côté du « petit » Pixel 6, ce modèle se décline en deux couleurs. On peut acheter un Pixel 6 en noir (carbone) ou en vert (gris océan) alors que le Pixel 6 Pro n’existe qu’en noir.
C’est bête, mais, selon nous, ça change beaucoup de choses. Le modèle vert marque moins les traces de doigts, est plus original et pourrait convaincre certains consommateurs en quête d’un produit plus fun. En revanche, on déplore une nouvelle fois l’absence d’une option 256 Go. Avec Google, c’est 128 Go pour tout le monde !
Un écran pas « mini », mais presque parfait
L’écran est sans doute la plus grosse concession réalisée par Google avec son Pixel 6. Celui du Pixel 6 Pro était parfait (Quad HD+, LTPO 10-120 Hz, bordures minuscules), celui du Pixel 6 classique l’est moins (Full HD+, LTPS 60-90 Hz, bordures de 4 millimètres). S’agit-il pour autant d’un défaut ?
Très sincèrement, on ne voit pas pourquoi. Certes, nous n’aurions pas été contre un taux de rafraîchissement de 120 Hz sur cet appareil, mais il s’agit vraiment du seul manquement de Google. Le laboratoire de 01net.com confirme cette impression, et a mesuré une luminosité maximale de 858 cd/m2, ce qui est légèrement mieux que sur le Pixel 6 Pro (845 cd/m2). Même la fidélité des couleurs est satisfaisante sur le Pixel 6 (Delta E = 2,96 par défaut, 1,48 en mode naturel), ce qui veut dire que Google propose un vrai écran haut de gamme sur son smartphone à 649 euros. Il n’est certes pas le plus complet du marché, mais il est impossible de le voir avec un œil humain. Espérons que son successeur réduise la taille de ses bordures, histoire d’avoir un produit moins imposant.
Le roi incontesté du logiciel (et du filtrage d’appel)
Entre le premier Pixel et le Pixel 6, Google a changé de philosophie. Autrefois attaché à une expérience que l’on pourrait qualifier de « pure », le constructeur dote désormais ses smartphones d’exclusivités logicielles, dont ne bénéficient pas les autres mobiles sous Android. Ainsi, il est complètement faux de penser qu’un Pixel propose une expérience Android basique. L’interface de Google est spéciale, avec ses propres spécificités.
Comme dit plus haut, nous n’allons pas revenir sur certaines des fonctionnalités logicielles que nous vous avons déjà présentées dans notre test du Pixel 6 Pro. L’interface Material You, le sous-titrage instantané, le dictaphone intelligent, la traduction en temps réel et toutes les nouveautés photo de la génération Pixel 6 (gomme magique, mouvements, face unblur) vous sont présentés beaucoup plus exhaustivement dans notre autre test.
Cliquez ici pour consulter notre test des fonctions logicielles du Pixel 6 Pro
Cependant, il y a une fonction dont nous ne vous avions pas parlé dans notre précédent test et qui, pourtant, mérite le détour. Il s’agit de « Call Screen » ou « Filtrer l’appel » en français. À chaque appel, vous avez avec un Pixel 6 la possibilité de demander à un robot de répondre à votre place.
Il demandera à votre interlocuteur d’énoncer la raison de son appel. Ses mots seront retranscrits textuellement et, si vous le souhaitez, vous pourrez décrocher. C’est tout bête, mais terriblement efficace. Nous avons fait fuir beaucoup de démarcheurs téléphoniques avec cette fonction. Seul bémol, certaines personnes sérieuses fuient aussi par manque d’habitude…
La seule chose que nous regrettons avec « Call Screen » est que les phrases de l’assistant vocal sont pré-choisies par Google, qui ne permet pas à l’utilisateur d’un Pixel 6 d’écrire ce qu’il veut. On doit choisir entre quelques options présélectionnées, ce qui est assez dommage. La phrase d’accroche est aussi très longue et donne envie à votre correspondant de raccrocher.
Enfin, au niveau des mises à jour logicielles, on peut difficilement faire mieux dans l’univers Android. Trois mises à jour majeures et cinq années de mises à jour de sécurité devraient être proposées au fil du temps sur le Pixel 6.
Une puce Tensor qui chauffe beaucoup moins
Comme le Pixel 6 Pro, le Pixel 6 est un smartphone équipé d’une puce Google. Adieu les processeurs Snapdragon, de Qualcomm, Google veut maintenant fabriquer ses propres puces ARM personnalisées (CPU avec deux Cortex-X1, deux Cortex-A76, quatre Cortex-A55 + GPU Mali-G78 MP20), avec quelques spécificités liées à la sécurité des données, ou au traitement des photos. Nos tests de benchmarks montrent que la puce Google Tensor appartient à la catégorie haut de gamme, mais rivalise plus avec les SoC de 2020 que de 2021.
Si les performances du Pixel 6 Pro avaient su nous séduire, nous avions déploré ses problèmes de surchauffe qui, parfois, rendaient son utilisation difficile ou affaiblissaient son autonomie. Étrangement, le Pixel 6 n’en souffre pas. Tiède en permanence, le smartphone réussit logiquement de meilleurs tests de performance, et nous semble beaucoup plus pratique à manipuler. C’est une excellente nouvelle, un des plus gros défauts du Pixel 6 Pro n’est plus. Comment expliquer une telle différence ? C’est sans doute une question d’agencement. La présence d’une batterie plus petite joue sans doute un rôle.
Côté connectivité, le Pixel 6 embarque un modem Samsung compatible 5G et Wi-Fi 6E. Il est évidemment compatible avec toutes les fréquences en activité en France.
Autonomie vraiment satisfaisante
Enchaînons sur l’autonomie qui est un des points forts de ce Pixel 6. Si sa batterie n’est « que » de 4614 mAh (contre 5 003 mAh sur le modèle Pro), l’absence de Quad HD+ ou de 120 Hz permettent au Pixel 6 de clairement surpasser son grand frère.
Nos mesures en laboratoire en témoignent, le Pixel 6 est meilleur en autonomie polyvalente (13h32 contre 12h08) et réalise un résultat à peine inférieur en streaming vidéo, où les 120 Hz ne sont pas exploités (12h25 contre 12h45). Même chose en communication (20h56 contre 21h29), la plus petite batterie du Pixel 6 ne le pénalise pas.
Encore plus impressionnant, à l’utilisation, le Pixel 6 nous a semblé beaucoup plus endurant que le Pixel 6 Pro. Nous n’avons pas eu besoin de le recharger tous les soirs puisque son autonomie tient très bien. En veille particulièrement, là où un iPhone a tendance à s’effondrer avec l’écran éteint, le Pixel 6 ne consomme quasiment rien malgré son écran toujours allumé. L’optimisation d’Android 12 y est clairement pour quelque chose, tout comme sa capacité à moins chauffer. Le Pixel 6 nous a positivement surpris !
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de la recharge. Il faut 1h57 pour passer de 0 à 100% sur ce Pixel 6. C’est beaucoup trop face à la concurrence chinoise désormais sous les 40 minutes. Le smartphone est pourtant compatible avec une recharge rapide 30 W, même si certains spécialistes laissent entendre que Google la briderait à moins. Notons aussi que le chargeur n’est pas fourni dans la boîte.
Les critiques sur le capteur d’empreintes sont-elles vraies ?
En lisant les tests d’autres médias (particulièrement les sites spécialisés aux États-Unis), nous avons découvert l’existence d’un « fingerprint gate ». Beaucoup de journalistes disent du capteur d’empreintes du Pixel 6 qu’il souffre de problèmes de lenteurs et fonctionne mal, ce qui serait selon eux un défaut majeur. Tout ceci nous a d’autant plus étonnés que, au contraire, nous avions salué la qualité du capteur d’empreintes du Pixel 6 Pro dans notre test.
https://twitter.com/LelloucheNico/status/1461331437416857605
Change-t-on d’avis après ce second test ? Pas du tout. Nous l’affirmons une nouvelle fois : le capteur d’empreintes du Pixel 6 est performant, ne se rate que rarement et fonctionne sur une zone assez large. Nous ne comprenons vraiment pas ce qui pose des problèmes ailleurs. Est-ce une question d’exemplaires défectueux – il pourrait y avoir deux versions différentes du capteur ? De pays – les Américains s’en plaignent plus que nous ?
Une seule chose est sûre, le Pixel 6 n’a rien à envier à la plupart de ses rivaux. Certains produits vont plus vite, d’autres plus lentement. Google se situe dans la moyenne, avec un temps de déverrouillage à peine au-dessus de la seconde, qui ne nous pose pas problème. On ne peut que reprocher au Pixel 6 l’absence de système de reconnaissance faciale.
Un appareil photo d’exception… qu’on rêve de voir encore meilleur
Enfin, abordons la question de la photographie. Le Pixel 6 embarque un double module caméra avec un capteur principal de 50 Mpix relié à un module ouvrant à f/1.85 (une première pour Google jusque-là habitué aux petits capteurs de 12 Mpix), et un appareil photo ultra grand-angle relié à un capteur de 12 Mpix (f/2.2).
Si vous connaissez Google, vous savez probablement que la marque se repose aussi énormément sur ses algorithmes HDR+ capables de sublimer n’importe quelle photo, de jour comme de nuit. On vous laisse contempler quelques résultats, la qualité est une nouvelle fois au rendez-vous. Le Pixel 6 est un des meilleurs photophones du marché !
(Pour voir d’autres images prises avec les mêmes capteurs, nous vous invitions à aller consulter la partie photo de notre test du Pixel 6 Pro).
La seule chose que nous pourrions reprocher à Google est sa timidité envers son capteur de 50 Mpix. Malgré un changement colossal (on parle quand même de plusieurs années de progrès), le Pixel 6 ne réalise pas de photos foncièrement supérieures à celles du Pixel 5.
Google se cache une nouvelle fois derrière le génie de ses algorithmes et n’exploite pas (encore ?) la super définition de ses photos. Un mode « Super-Res », qui permettrait par exemple de prendre des photos 50 Mpix avec un super zoom numérique, aurait pu être une bonne idée. Avec les algorithmes de Google, on en salive d’avance.
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