Le marché du cloud gaming est lancé depuis quelques années maintenant et a connu un gain d’intérêt phénoménal suite aux crises sanitaires à travers le monde. Les acteurs sont désormais bien connus : Xbox, qui avec son abonnement Game Pass Ultimate offre le streaming de ses jeux, Shadow, l’entreprise française rachetée par OVH qui offre une liberté d’usage presque totale pour un prix plus élevé que la moyenne, et NVIDIA avec son service GeForce Now.
À présent que ce dernier est passé en version Ultime et s’équipe d’un équivalent serveur de la GeForce RTX 4080, on a l’impression de voir l’apogée technologique du service. Il est donc temps de le passer au crible. Nouq avons pu en effet profiter de la version Ultime quelque peu en avance, avant la mise à jour des serveurs français au cours du mois de février. Notez de ce fait que nous avons utilisé un serveur basé à Francfort, qui offre naturellement une latence légèrement plus élevée que ceux basés à Paris.
L’Ultime technologie de NVIDIA
Pour rappel, GeForce Now Ultime est la mise à jour du plus haut abonnement proposé par le service de cloud gaming, qui est proposé à 19,99 €/mois. Cette plate-forme promet huit heures de jeu continu par session (déconnexion/reconnexion) et un accès exclusif aux serveurs les plus rapides (pour éviter les files d’attente). Surtout, grâce à aux nouveaux SuperPOD GeForce RTX 4080, elle promet un énorme gain de performances.
GeForce Now Ultime permet en effet de jouer soit en 4K jusqu’à 120 FPS, soit en 1080p jusqu’à 240 FPS désormais. Cette dernière possibilité est — au lancement — limitée aux PC et Mac avec un écran compatible VRR, mais de plus en plus de plates-formes en profiteront à l’avenir, le temps de mettre à jour les applications ou sites web dédiés. Cette version Ultime permet aussi à présent de profiter des écrans ultrawide, avec les définitions 3840 x 1600, 3440 x 1440 et 2560 x 1080 pixels supportées au lancement.
Qui dit génération 40 chez NVIDIA dit aussi support du DLSS 3 et des cœurs RT améliorés de l’architecture Ada Lovelace. C’est d’ailleurs principalement grâce au DLSS 3 que nous pouvons profiter de taux de rafraîchissement plus élevés. Mais la pièce maîtresse de cette nouvelle mise à jour est l’intégration de la technologie NVIDIA Reflex — qui permet de maîtriser et réduire la latence dans un PC — au sein-même du streaming vidéo. Ainsi, nous avons désormais le droit à une double synchronisation du rafraîchissement : du jeu vers le flux vidéo et du flux vidéo vers l’écran VRR.
C’est ainsi que NVIDIA peut mettre en avant ces mesures impressionnantes de clic à pixel, réalisées en 1080p à 244 Hz et sur une connexion subissant un ping de 13 ms.
Jeu | FPS du stream | Taux de rafraîchissement de l’écran | Latence clic>pixel |
Apex Legends | 240 FPS | 240 Hz | 28.5 ms |
Rainbow Six Siege | 240 FPS | 240 Hz | 35.3 ms |
Destiny 2 | 240 FPS | 240 Hz | 40.6 ms |
Dans le contexte du cloud gaming, il faut comprendre qu’un taux de rafraîchissement supérieur à 60 Hz est important. S’il est possible de réduire l’input lag — le temps entre un clic et l’action réelle — de base, ont dispose ainsi d’une marge que l’on peut utiliser ensuite pour cacher certaines latences dans un jeu dans le cloud, de manière à les rendre imperceptibles. On peut certes débattre de l’utilité des écrans 500 Hz (par exemple) dans le milieu de l’esport, puisque les limites des réflexes humains commencent franchement à être atteintes, mais il n’y a aucun débat dans le cadre du cloud computing : ces avancées sont majeures et importantes.
Par cette mise à jour, NVIDIA confirme qu’il est non seulement le seul acteur capable de suivre le rythme de sortie effréné des nouveaux GPU (normal pour un fabricant), mais qu’il jouit aussi d’une avance technologique impressionnante sur le cloud gaming. Du moins, si les résultats manette en main sont tangibles !
La dernière claque technologique
Et ils le sont. Pour le contexte, nous sommes utilisateur de cloud gaming depuis que le cloud gaming a été rendu disponible au grand public. De ce fait, nous avons pu tester et utiliser quotidiennement l’intégralité des services disponibles, et particulièrement GeForce Now pour une raison simple : il a toujours eu une petite longueur d’avance sur ses concurrents en termes de latence ressentie à l’usage, et ce sans perdre en qualité de diffusion. C’est ce qui nous a conduit à utiliser régulièrement le service sur une Nvidia Shield TV, afin de retrouver nos jeux PC sur le plus grand écran de notre appartement, ou encore sur notre Galaxy Z Fold 4 pour profiter d’une sorte de console portable du futur.
En gardant en tête les limites technologiques inhérentes au cloud gaming, comme le simple fait que la stabilité de la connexion internet utilisée est primordiale, il nous paraissait difficile de faire mieux que la génération 3080 déjà en place. Et pourtant : après test sur un écran à haut taux de rafraîchissement et en utilisant le nouveau mode Compétitif débloquant le stream à 240 FPS, il a été bien difficile de constater souris en main la moindre différence entre Apex Legends lancé en local et Apex Legends lancé sur le cloud. Du moins lorsque nous ne parlons pas de définition, puisqu’un flux 1080p compressé sur un écran 4K pique toujours un peu les yeux.
Mais voilà : il est toujours possible de retrouver la définition 4K et profiter d’un taux de rafraîchissement de 120 FPS. Et dans ce cadre où les améliorations de latence sont existentes, mais moins importantes, il est encore compliqué de déterminer si le jeu est rendu localement ou dans le cloud. Une petite expérience réalisée auprès des collègues nous l’a prouvé : nous avons prétendu tester un nouvel écran, sur lequel nous n’étions pas sûr de ressentir une fluidité supérieure à la moyenne, pour observer si nos cobayes arrivaient à trouver le loup dans la bergerie. Des trois profils retenus, dont un joueur acharné habitué à son propre écran 165 Hz, personne n’a jamais ressenti la différence en complétant un défi de stand de tir sur Apex Legends.
Mieux, ce test est a été réalisé non pas sur une connexion filaire, mais sur une connexion Wi-Fi 5 GHz déjà occupée par une dizaine de journalistes en plein travail. Pourquoi préférer le Wi-Fi ? Habitués au service dans sa précédente version sur un réseau personnel et bien optimisé, nous avons surtout cherché à savoir si ces évolutions techniques permettaient d’améliorer la stabilité et la réactivité de l’ensemble : c’est bien le cas, et c’est bluffant.
Malgré cela, GeForce Now Ultimate n’est pas une solution miracle. Quelques pertes de paquets ont été notées çà et là, mais c’est lorsque le réseau a été beaucoup sollicité par nos camarades qu’une session a été troublée pour passer d’environ 12 ms de latence serveur à une oscillation gênante entre 24 et 40 ms. Cette latence plus élevée par rapport aux serveurs français — qui nous donnent 4 ms — aura pu jouer sur l’expérience, mais le fait est qu’il s’agit surtout d’un bon moyen de souligner une chose importante.
Les jeux, nerf de la guerre
Pour profiter du cloud gaming actuellement, il faut déjà être certain de votre configuration réseau. Si vous ne savez pas déterminer si vous vous connectez à un réseau Wi-Fi en 5 GHz et non 2.4 GHz, vous partez déjà avec un désavantage. Et pour utiliser GeForce Now au maximum de ses capacités, c’est encore plus vrai. On est loin de la propreté d’un Apple, ou même du Xbox Game Pass. Geforce Now réclame en effet de connecter ses librairies de jeux PC, de configurer soi-même les paramètres pour retrouver l’expérience promise par GeForce Now Ultime, de souvent se reconnecter à ses comptes en jeu… et présente toujours ses informations et menus dans une interface d’un pragmatisme typiquement “geek”.
Il en va de même pour le modèle économique choisi par NVIDIA. Le concept a toujours été de vous permettre de louer “une carte graphique dans le cloud”, et de vous laisser jouer aux jeux que vous possédez déjà sur PC. Mais après une bêta d’une liberté folle, il lui a fallu restreindre la taille de sa bibliothèque en validant auparavant avec les éditeurs quels titres ils souhaitaient rendre disponibles. D’un côté, vous n’avez pas à repayer vos jeux : il s’agira tout simplement de votre bibliothèque Steam, Epic Games ou encore GOG, qui se lancera simplement sur une machine virtuelle.
Mais de l’autre, la sélection de jeux peut paraître extrêmement limitée. Il y a de quoi faire si vous êtes un joueur de free-to-play : de grands titres comme Fortnite, Rocket League ou encore Genshin Impact sont disponibles. Les genres et licences historiques de l’univers PC sont également bien là, comme la série Metro, les Half Life ou encore quelques RTS. Mais de nombreux jeux manquent cruellement à l’appel, particulièrement si vous sortez de ce cadre. À titre d’exemple, le seul free-to-play auquel nous jouons vraiment n’est autre que Valorant, qui est absent de la plateforme. Notre MMORPG de cœur, Final Fantasy XIV, n’est pas non plus présent. Et pour ce qui est du genre favori de votre serviteur, le jeu de combat, la sélection est limitée à des licences relativement niches, quand un Street Fighter n’a jamais pointé le bout de son nez. C’est bien dommage, puisqu’ils sont bien présents dans notre bibliothèque PC.
NVIDIA annonce chaque jeudi de nouveaux titres intégrés, souvent des petits titres indépendants, et revendique avoir accueilli plus de 1500 jeux sur la plate-forme. Mais le fait est que de grands noms comme Rockstar Games sont toujours absents et qu’il manque encore des jeux importants de certains éditeurs pourtant présents, comme la série Final Fantasy pour Square Enix. Il y a fort à parier que ces derniers soient toujours frileux face au cloud gaming, ou s’imaginent monter leur propre infrastructure. Auquel cas, c’est une question de temps avant que la situation évolue, mais il n’empêche qu’à l’heure actuelle, cette problématique est bien réelle et primordiale pour l’avenir de GeForce Now.
Si plaisant à l’usage
C’est aussi une occasion de souligner quelque chose à l’usage : lancer un jeu sur GeForce Now donne envie que la plate-forme puisse accueillir l’intégralité des jeux du monde. La Nintendo Switch l’a prouvé : il n’y a rien de plus grisant que de pouvoir apporter avec soi des expériences vidéoludiques qui n’ont rien eu à détériorer (ou presque) pour être portables. Le service de cloud gaming fait la proposition honnête que vous pouvez sacrifier un peu de mobilité, en attendant du moins que la 5G réponde aux attentes, pour obtenir une fidélité graphique sans précédent.
C’est d’autant plus vrai que Geforce Now est le service qui supporte le plus de plates-formes différentes. Vous pouvez retrouver votre GeForce Now sur PC bien sûr, sur macOS aussi, sur Android via une application dédiée, sur iOS via le navigateur, sur Chromebook, sur Linux, sur les TV LG, les TV Samsung, les TV Sony, la Shield TV… Il en devient plus difficile de trouver une plate-forme sur laquelle une application officielle ou un navigateur n’est pas disponible. On regrette cependant que pour Android TV, seule la Shield TV y ait encore accès officiellement, même si Nvidia avait promis une mise à disposition sur le Play Store pour tous.
Dans notre cadre d’usage, pouvoir se poser devant notre TV pour profiter d’une 4K HDR de toute beauté, partir au boulot et profiter de notre ultrabook pour continuer la même partie, avant de partir en week-end en famille et sortir sa petite console Android de la poche pour toujours le même usage… Ça a comme un goût de paradis. De quoi nous faire redevenir joueur PC, si seulement la bibliothèque n’était pas remplie de titres… qui ne nous parlent pas vraiment.
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Je suis founder sur GFN, que j’avais pris pour le lancement de Cyberpunk.
Experience convainquante, le raytracing est la, aucune chance d’avoir une experience similaire sur mon i7/GTX970.
Le service est vraiment au point, mais les accord commerciaux bride l’expérience. Aucun jeux Bethesda par exemple, ni 2K. Les souls ne sont pas disponible non plus. Encore plus fort, Portal RTX n’est toujours pas dispo, plus d’un mois après sa sortie officielle…
Le déploiement des 4080 est bien en cours. On se retrouve pour le moment sur un serveur à Londres, donc on monte à 20ms au lieu de 10 (je suis en Wifi), avec quelques petits soucis de stabilité. Mais lorsque ce sera totalement déployé, je ne doute pas qu’ils offriront des performances de connexion encore meilleures ! (Pas besoin d’ajouter que les 4080 envoient comme il faut :P)
A noter aussi qu’il y a dorénavant la prise en charge des écran 21:9, un plus