Les vraies montres ont une trotteuse. Il est fascinant de voir comment cette minuscule aiguille égraine le temps qui passe, à petits sauts, réguliers, indifférente à tout, presque immuable. Depuis un moment maintenant, mais encore plus depuis 2020 et la Series 6, les Watch suivent une trotteuse invisible pour donner le La de leurs mises à jour. Apple semble se satisfaire de petits à coups, de progrès mesurés, discrets, jamais inutiles, mais toujours à deux doigts de faire se demander si l’entreprise ne devrait pas attendre deux ans avant de sortir une nouvelle montre connectée.
Cette année, la Series 8 continue de suivre ce rythme, mais est en plus confrontée à un petit coup de tonnerre, l’introduction de la Watch Ultra. Une Watch à part entière, mais croisée avec une montre pour sportif, qui semble devoir corriger le tir dans un domaine essentiel où les Watch pèchent : l’autonomie.
Bref, la Series 8 est une Series 7 avec un rien de plus, qui joue à la fois le rôle de haut de gamme pour tous et se retrouve dans une position ambiguë, où elle n’est plus la meilleure montre d’Apple du point de vue de la fiche technique et des promesses…
Un écran impeccable, mais inchangé
Elle est toujours déclinée en deux tailles : 41 mm (253 x 430 pixels) et 45 mm (396 x 484 pixels), soit ce qui se fait de plus grand pour la Watch – à l’exception de la Watch Ultra et de ses 49 mm. Les boîtiers sont disponibles en deux matériaux : aluminium (100% recyclé) et acier inoxydable. Bien entendu, les Watch Series 8 sont toujours déclinées en fonction de deux options majeures : GPS seul et GPS + 4G. La connexion cellulaire coûte entre 50 et 120 euros selon le modèle choisi au départ. Sachant que la Watch avec un boîtier aluminium 41 mm ouvre le bal à partir de 499 euros.
On retrouve le design rafraîchi l’an dernier, avec un écran qui occupe la vaste majorité de la façade supérieure de la montre. Et comme il se doit, Apple a introduit de nouveaux cadrans qui mettent bien en valeur la dalle OLED (LTPO) toujours éclairée. Mégalopole donne l’impression d’un écran plus grand avec son fond circulaire large, tandis qu’Astronomie utilise tout l’écran pour vous montrer votre localisation sur Terre comme rarement.
En plein jour comme de nuit, la luminosité s’adapte pour que l’écran reste lisible ou ne vous éblouisse pas. Les mesures du 01Lab lui allouent une luminosité de 637 cd/m2 quand l’écran est allumé mais inactif, avec un maximum à 907 cd/m2 quand on l’active vraiment. Dans les deux cas, on est proche des chiffres annoncés par Apple.
Un processeur identique, mais un SiP enrichi…
A l’intérieur de la Watch, du changement, mais dans la continuité. La Watch Series 7 embarquait un SiP (Silicon in Package) 7, la Series 8 a droit à son SiP… 8. Pourtant, à l’intérieur, il semblerait qu’on retrouve le même processeur bi-cœur que dans la Series 7… et même que dans la Series 6. Il faut dire que le niveau de puissance nécessaire est atteint depuis lors, et que l’enjeu est davantage l’économie d’énergie que des performances augmentées. Qu’est-ce qui justifie alors le changement de SiP ? L’introduction de nouveaux capteurs.
Ainsi, Apple a intégré un nouvel accéléromètre capable de résister à de fortes et violentes accélérations (256 G, tout de même) et un nouveau gyroscope. Ils sont à eux deux à la base de la nouvelle fonction de détection d’accident de voiture. Une fonction que nous n’avons pas eu l’occasion de tester, et nous vous souhaitons évidemment la même chose. Mais savoir que sa montre peut appeler les secours et ses proches en cas d’accident grave peut être rassurant.
L’autre nouveauté, c’est un duo de capteurs de température. Il se trouve pour le premier sous la montre au niveau du poignet, tandis que le second est sur le côté de la montre. L’un prend la température et l’autre permet d’évaluer la chaleur ambiante pour expliquer les éventuelles variations thermiques enregistrées – par exemple si vous dormez avec la main sous la couette, ou au contraire au-dessus de la couette, les deux capteurs fourniront des données différentes.
Ils servent à assurer le suivi de la température corporelle de l’utilisateur, ou plutôt de l’utilisatrice, puisque l’usage principal vise à aider à suivre le cycle menstruel et à établir les périodes d’ovulation en fonction des variations de température. Nous n’avons pas pu tester cette fonctionnalité. Mais les personnes réglées qui souhaitent gérer leur cycle par ce biais pourraient y trouver un intérêt.
Comme pour le suivi du sommeil, le suivi de la température se fait en tâche de fond, c’est tout l’intérêt. Libre à vous de consulter les résultats dans l’application Santé. Avant de pouvoir vous en servir vraiment, il faut toutefois accepter de porter la Watch quand vous dormez et ce pendant cinq nuits pour que les algorithmes développés par Apple prennent leurs marques et établissent une courbe de base. Il faudra ensuite attendre deux mois (ou plutôt deux cycles) pour que les estimations d’ovulation a posteriori soient consultables et vous donnent ainsi une idée de quand sera votre prochaine période fertile. Apple ne vous donnera pas une période précise, ce n’est pas l’ambition de la fonction, qui, on le rappelle, n’est pas un outil médical.
Bien entendu, la Series 8 embarque toujours les autres capteurs qui ont construit peu à peu le succès de la Watch, à savoir le capteur cardiaque (de troisième génération, en l’occurrence), le capteur, qui servira à réaliser un ECG en pressant la couronne digitale du doigt – ne nous voilons pas la face, quand tout va bien, on ne s’en sert pas souvent – et l’oxymètre, qui vous permet d’avoir une idée assez précise de la quantité d’oxygène véhiculée dans votre sang. L’altimètre est également de la partie et fonctionne toujours en tâche de fond. Enfin, du côté du GPS, si on n’a pas droit au module double bande, comme sur la Watch Ultra, on voit arriver la compatibilité avec le service russe, GLONASS, le service européen, Galileo, le Japonais, QZSS et, enfin, le Chinois, Beidou.
En pratique, nos tracés de course ne sont pas foncièrement différents. Une de nos sorties, qui nous mène au bord d’un canal, nous voit parfois empiéter sur l’eau pendant quelques mètres, rien de dramatique. L’ensemble est malgré tout précis.
watchOS 9, un grand cru
Et justement, puisque nous parlons exercice prenons le temps de nous pencher sur watchOS 9. Cette année encore, le système d’exploitation d’Apple est au cœur d’une grande partie des nouveautés introduites dans la Watch Series 8 – ce qui explique qu’on les trouve aussi dans la Watch SE.
Sans doute poussée en avant par l’arrivée de la Watch Ultra, l’application Exercice fait un grand pas en avant. Il est ainsi bien plus facile de personnaliser ses entraînements, soit avec une base prédéfinie, toujours, soit avec des critères que vous définirez vous-même. Il est en tout cas facile de choisir en début de course un objectif de temps, de distance ou de rythme.
Pendant la course (ou après dans l’appli Forme), vous pouvez aussi voir dans quelle zone cardiaque vous vous trouvez, un bon moyen de voir si l’effort que vous fournissez est un peu trop intensif et depuis combien temps.
La somme des informations mises à disposition est intéressante, mais Apple a encore des progrès à faire pour qu’elles prennent tout leur sens, que ce soit dans la mise en perspective ou dans les conseils pour s’améliorer. De même, il est pénible de devoir passer de l’application Forme à Santé pour obtenir le détail de certains éléments essentiels.
L’application de suivi du sommeil progresse également avec davantage d’informations disponibles. La présentation des analyses est également un peu plus claire mais on aimerait qu’il soit plus facile de comparer nos nuits entre elles et peut-être d’avoir des points de comparaison par tranche d’âge, par exemple, ou d’autres éléments pertinents. Un peu à la manière de ce que l’appli Santé propose pour la VO2Max, par exemple. Pourquoi ne pas proposer un système de retours rapides sur les nuits particulièrement bonnes ou mauvaises pour éventuellement trouver des points communs si cela se reproduit ?
Enfin, pour ceux qui ont adhéré au mode Concentration et aiment personnaliser leur page d’accueil d’iPhone selon qu’ils travaillent, sont en mode Repos ou prennent du temps pour eux, sachez qu’il est possible de faire en sorte d’attribuer un cadran à chaque mode Concentration que vous créez. Vous pourrez par exemple afficher en gros les anneaux d’activité et votre calendrier pour la Watch Face du Mode Travail, afin de ne pas être trop distrait et de ne pas oublier de vous lever et de faire un peu d’exercice…
L’autonomie, toujours aussi pâlotte
Finissons sur le point faible des Watch : leur autonomie. La Series 8 n’améliore pas les choses. Au cours d’un week-end particulièrement tranquille, vous arriverez à tenir 38h environ sans la rebrancher. Mais recevez beaucoup de notifications, passez des appels – dans ce cas, faites en sorte d’être dans un environnement pas trop bruyant, si vous n’avez pas le temps de mettre vos AirPods – ou pire lancez-vous dans un petit triathlon… et vous pourrez lui dire au revoir au milieu de l’après-midi. Le GPS, le capteur cardiaque et l’écran always-on ne sont clairement pas les amis de l’autonomie.
Apple a eu la bonne idée d’introduire un nouveau Mode d’économie d’énergie, qui éteint l’écran always-on, désactive certaines notifications, et économise au mieux la montre. C’est bien et cela marche parfaitement. ,Toutefois, ces limitations semblent davantage faire du Mode économie d’énergie une bouée de secours qu’autre chose. C’est pratique si vous savez que vous devez découcher un soir ou que la journée sera longue, mais pas vraiment la solution idéale.
Pour qui ?
Maintenant pour qui est-elle, cette Watch Series 8 ? Si vous êtes nouveaux dans le monde des Watch, elle est assurément celle qui vous donnera le plus de fonctions. En revanche, si vous être déjà propriétaire d’une Series 6 ou 7, sauter le pas semble un peu futile. Passer de la Series 5 à la Series 8 s’accompagnera de quelques améliorations, qui peuvent éventuellement valoir la peine – il suffit de penser au gain d’affichage… Cette litanie de modèles montre bien qu’au fil des ans, Apple fait avancer sa montre par itérations parfois un peu trop minimalistes… En revanche, si vous avez une Series 2, 3 ou 4, alors la Series 8 devrait vous donner entière satisfaction.
A moins que vous ne préféreriez la nouvelle SE, qui propose moins de fonctions « haut de gamme », comme l’écran always-on et bord à bord, et des capteurs un peu moins performants, mais apporte dans la balance la même puissance et une autonomie identique… Mieux encore, elle coûte au moins 200 euros de moins… A force de tirer sur la corde des innovations, l’entrée de gamme quand elle est mise à jour récemment a finalement presque autant d’attrait que le haut de gamme.
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