Mission accomplie. Tous les Mac mini battent désormais au rythme des puces Apple Silicon. Le mini PC de bureau du géant californien a été parmi les premiers à amorcer sa transition loin des processeurs Intel. Pourtant, seule l’entrée de gamme s’était équipée du M1, tandis que le haut de gamme – qui ne le restait que par la connectique et quelques fonctions précises – s’entêtait à s’accrocher à un Intel Core de 8e génération.
L’arrivée de la génération M2 a permis à Apple de boucler ce qu’il avait entrepris fin 2020. Le M2 Pro est venu chapeauter la gamme, ouvrant à nouveau le Mac mini à des usages professionnels. C’est maintenant au tour de la configuration d’entrée de gamme de passer entre nos mains. Nous avons déjà vu ce que pouvait donner le M2 dans les MacBook Air nouvelle génération et dans les MacBook Pro 13 pouces. Il est intéressant de voir ce que la puce peut donner dans un ordinateur de bureau. D’autant que le prix affiché, 699 euros (599 dollars) pointe dans la bonne direction, celle d’un tarif plus abordable. La génération précédente, en M1 donc, était en effet vendu à partir de 799 euros. Alors que tous les voyants semblent au vert, que faut-il penser de ce modèle de tout entrée de gamme ?
Le tour de la mini tour
On ne présente plus le Mac mini et son boîtier en aluminium recyclé (à 100%, tout comme l’étain utilisé pour les soudures sur la carte mère, tandis que 35% du plastique qu’il contient est recyclé lui aussi). D’un seul tenant, il occupe posément l’espace sans trop en occuper. Il est facile de trouver un petit bout de place sur son bureau pour l’accueillir, ses 19,7 cm de côté pour 3,58 cm d’épaisseur en font une machine passe-partout qu’il est même envisageable de glisser dans un sac à dos, de manière ponctuelle. Ce n’est pas son poids qui le trahira, on l’oublie vite, il ne pèse que 1,18 kg. C’est d’autant plus impressionnant qu’il intègre évidemment toujours son alimentation. Bref, le Mac mini est le minimalisme fait PC.
Outre le logo Apple sur sa surface supérieure, une fois posée sur un bureau, rien n’attire l’œil. Et pour cause, la connectique est toujours groupée à l’arrière de l’appareil. On y trouve une jolie variété de connecteurs, qui couvrent la plupart des usages. On débusque donc, de gauche à droite, une prise Ethernet Gigabit – qu’on peut passer à 10 Gbit/s en option, 115 euros de plus. Même si, sauf usage particulier, on devrait pouvoir largement se satisfaire du Wi-Fi 6E, qui est une nouveauté de cette génération, et s’accompagne par ailleurs de la compatibilité avec le Bluetooth 5.3. Avec une bonne connexion à Internet couplée à un bon routeur, les débits que vous atteindrez seront astronomiques. Nous avons atteint et tenu des débits de 1,5 Gbit/s à condition de poser le mini assez proche du routeur. Si ce n’est pas le cas, il aura tendance à rebasculer sur la fréquence, plus classique, des 5 GHz.
Pour en revenir à la connectique filaire, et un peu plus à droite, on remarque deux ports Thunderbolt/USB4, autorisant des vitesses de transfert allant jusqu’à 40 Gbit/s en théorie. On trouve ensuite un port HDMI, et, enfin, deux ports USB-A 3.1 Gen 2 (jusqu’à 10 Gbit/s). Cela permet au Mac mini M2 de gérer un maximum de deux écrans simultanément. Vous pourrez panacher les connexions comme suit : soit l’un en Thunderbolt jusqu’à 6K et 60 Hz, et l’autre en Thunderbolt jusqu’à 5K 60 Hz, soit opter pour connecter le deuxième moniteur sur le port HDMI, qui gère la 4K à 60 Hz. Enfin, on trouve toujours une sortie casque mini-jack. Si vous cherchiez un lecteur de carte SDXC, ne perdez pas votre temps, il n’y en a pas.
Une configuration de base, qui a ses limites
On a failli oublier, à l’arrière droit, le bouton d’alimentation du Mac mini. On le trouve toujours facilement du bout du doigt, le presse en douceur, et la bête s’éveille, sans bruit, si ce n’est la fanfare discrète, habituelle de macOS. Intéressons-nous à la configuration à l’intérieur de ce premier modèle à 699 euros. On trouve un M2, doté de huit cœurs CPU (quatre haute performance, et quatre basse consommation) et 10 cœurs GPU. L’ensemble du SoC s’appuie sur 8 Go de mémoire unifiée – c’est-à-dire qu’elle est partagée entre la partie CPU et GPU. Une répartition qui a certes quelques limites, mais a fait ses preuves. Enfin, on trouve 256 Go de stockage. Un point qui demande une double attention. D’une part parce que c’est sans doute un peu court, d’autre part parce que les vitesses de lecture et écriture relevées avec des supports de faible capacité ont tendance à être bien moins bonnes que sur des capacités plus élevées, depuis qu’Apple a décidé d’utiliser un seul module de stockage de 256 Go au lieu de deux modules de 128 Go.
Sur la capacité, on grimacera donc un peu. Même dans le cadre de nos tests, il nous a fallu jongler entre installation et désinstallation d’applications pour ménager l’espace de stockage, tout en y allant doucement avec les fichiers nécessaires. Alors certes, certains fichiers et projets 4K ou 8K sont volumineux, mais être confronté à un problème d’espace de stockage dans le cadre d’un test au bout de seulement une semaine peut laisser penser qu’un usage au long cours vous mènera forcément au même problème. Or, il n’est pas possible de facilement ajouter du stockage interne au Mac mini – tout est soudé dans cette machine, et tant pis pour l’évolutivité et l’écologie… Nous ne pouvons dès lors que vous conseiller d’opter au moins pour 512 Go, soit 230 euros de plus, ce qui fait que le Mac mini coûte désormais 929 euros. Un disque dur externe est bien évidemment envisageable, mais au temps pour le minimalisme et l’esthétique dépouillée. D’autant plus que cela ne résoudra pas l’autre problème. Celui des vitesses de transfert.
Quand on compare les débits des Mac mini M1 et M2, tous deux équipés de 256 Go (l’un avec deux modules et l’autre avec un seul), on constate immédiatement une différence. Elle est de l’ordre de 670 Mo/s en lecture, et de 560 Mo/s en écriture. Tandis que le Mac mini M2 Pro que nous avons testé lui s’assure de bons débits, flirtant avec les 3 Go/s en lecture et en écriture. Le module 256 Go est donc vraiment moins performant. Il l’est encore plus quand on fait varier la taille du fichier, en la passant de 1 Go à 5 Go. On observe alors un véritable effondrement des vitesses de transfert avec 965,3 Mo/s en lecture et 758,2 Mo/s en écriture seulement.
Cette réduction imposante des débits se retrouve avec un autre outil de bench de support de stockage que nous utilisons pour nos tests, Aja System Test Lite. Il nous permet de constater que malgré la présence d’un M2 à l’aise avec la 4K et les gros fichiers vidéo, le SSD du Mac mini d’entrée de gamme 2023 n’est pas à son top. Avec des tests en écriture et lecture de fichiers de petite taille, les débits sont très honnêtes, pour ne pas dire bons. En revanche, quand la taille croît et atteint des volumes conséquents (ici, 16 Go), les débits chutent vertigineusement. Nous avons évidemment reproduit ses mesures à plusieurs reprises, après redémarrage, vérification de l’application des dernières mises à jour, etc. Mais avec des débits en écriture d’à peine 300 Mo/s et de tout juste 904 Mo/s en lecture, on est de retour aux heures sombres des stockages lents qu’Apple a trop longtemps conservés dans ses machines.
Le problème est bien que, sans être catastrophique, ces lenteurs se ressentent aussi dans certains usages du quotidien moins exigeants. C’est ici un peu plus de temps pour ouvrir un fichier Excel un peu volumineux ou une image dans Photoshop, c’est là une application qui met un peu plus de temps à se lancer.
Encore que sur ce dernier point, le SSD ne soit pas le seul responsable. Apple n’intègre que 8 Go de mémoire unifiée à sa configuration de base, et c’est juste. Si vous avez un usage modéré et basique, cela suffira. En revanche, si comme nous, vous multipliez les instances de navigateurs ouvertes et le nombre d’onglets actifs simultanément, tout en traitant des images ou maintenant beaucoup d’applications ouvertes, vous risquez d’être confronté à des ralentissements systèmes. Cela arrive moins souvent que sur les configurations M1, sans doute grâce au doublement de la bande passante mémoire, néanmoins, à la fois pour la pérennité de votre confort d’utilisation au long cours et pour répondre à des besoins parfois plus élevés dès aujourd’hui, nous vous conseillons de vous tourner vers 16 Go de mémoire. Comme il ne sera pas possible de le faire ultérieurement, mieux vaut y penser au moment de l’achat. Cela ajoutera 230 euros à la facture, qui atteindra 929 euros (et 1 159 euros si vous êtes également passé à 512 Go de stockage pour de meilleurs débits).
De la puissance à revendre malgré tout
Toutefois, malgré ses limites, qui concernent les usages les plus demandeurs de ressources, le Mac mini M2 assure un joli gain de performances par rapport au Mac mini M1 sorti à la fin 2020. Quand on compare les résultats obtenus par les Mac mini M1, M2 et M2 Pro, on constate que le modèle d’entrée de gamme représente un vrai bond en avant.
Avec Geekbench 5, on relève plus de 16% de performances en plus pour la partie multicoeur, tandis que le score Compute, qui prend surtout en compte la partie graphique, dépasse les 40% de puissance en plus. Dans les deux cas, on colle aux chiffres avancés par Apple, qui sont respectivement de jusqu’à 18% pour la partie CPU et jusqu’à 35% pour la partie graphique. Le Mac mini M2 Pro, qui bénéficie de plus de cœurs, affiche une domination logique, avec 36% de performances en plus en CPU multi cœur, et 56% pour le GPU.
Une base GPU plus solide encore sur le M2 que sur le Mac mini M1, qui confirme ses performances avec un autre outil de bench synthétique comme GFXBench Metal. Sur les trois tests que nous effectuons systématiquement, le M2 affiche entre 31 et 41% de performances en plus, ce qui est plutôt extraordinaire pour un saut de génération à une autre. On notera également, en passant, car ce n’est pas l’objet ici que le Mac mini équipé d’un M2 Pro prend le large (il est jusqu’à 89% plus performant), preuve que l’appellation Pro n’est pas un vain mot et que la gamme des petites stations de travail d’Apple est désormais bien assise et définie.
Quelques applis du quotidien
D’ailleurs, quand on confronte la plate-forme M2 à quelques applications plus ou moins grand public, de Handbrake à Photoshop en passant par iMovie ou After Effects, la montée en puissance portée par le M2 est indiscutable, tout est plus rapide. L’encodage d’un même fichier avec Handbrake prenait 128 secondes avec le M1, et n’en prend plus que 94 avec le M2. C’est 36% plus rapide. L’exportation d’un projet en 4K dans iMovie est 44% plus rapide, ce qui devrait vous permettre de monter et partager vos vidéos de vacances ou d’anniversaire encore plus vite. On peut dire merci au Media Engine.
Quand on se tourne vers deux applications un peu plus professionnelles, After Effects et Photoshop, on note un léger raté avec le logiciel de retouche et de création d’images. L’application de filtres, effets et corrections sur des images lourdes est néanmoins d’une grande rapidité. Pour After Effects, le rendu d’une même scène est 66% plus rapide, on ne va pas bouder notre plaisir.
Evidemment, les traitements de texte Word ou Pages tournent sans encombre, même chose avec les tableurs – modulo les remarques faites plus haut. Mais, le Mac mini M2 se positionne résolument en machine d’entrée de gamme, en machine grand public. Il est donc légitime de se demander ce que cela donne en jeu. Une fois, encore, le problème n’est pas tant la question de la puissance disponible que des jeux accessibles. Une des sources les plus adaptées est évidemment le Mac App Store. Si vous êtes abonnés à Apple Arcade, vous pourrez vous faire plaisir sur l’ensemble des jeux compatibles. Ils tourneront tous sans encombre, sur une dalle Full HD nous n’avons rencontré aucun ralentissement ou problème.
Il y a également quelques titres disponibles sur Steam, évidemment. La série des Tomb Raider (Rise of et Shadow of) trouvera de quoi s’exprimer avec le M2. Le premier affichera 52 images par seconde en poussant les réglages, tandis que le second sera davantage en retrait à 31 images par seconde, dans les mêmes conditions. Mais en ajustant un peu les réglettes et les ambitions, tout devient fluide sans que le titre ne devienne laid.
Pour les plus motivés, l’option Crossover est évidemment envisageable, toutefois attention les performances ne sont pas toujours au rendez-vous, même rarement. Mieux vaut s’essayer à des jeux où les effets et graphismes importent peu, comme un bon vieux Puzzle Quest. Quand c’est plus gourmand, cela risque d’être compliqué.
Précisons une dernière chose avant de tourner la page de ce test : le Mac mini M2 est d’une discrétion monacale. Silencieux, il ne fait pas entendre son ventilateur, il vient à bout de nombre d’épreuves sans hausser le ton. Et c’est tant mieux, parce que ce ne sont les haut-parleurs intégrés qui auraient pu couvrir un bruit soutenu. Ils sont toujours… décevants.
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