Quand vous en avez assez de fraguer à la chaîne des joueurs inconnus, vous allez sans doute parfois faire un tour sur les configurateurs de machines gaming. Choisir le processeur le plus puissant, opter pour l’écran le plus vaste, ajouter le plus de mémoire possible, cocher la case de la carte graphique la plus inaccessible du moment, et puis, enfin, le stockage, au top, forcément, parce que pourquoi désinstaller des jeux auxquels on ne joue pas/plus…
Un géant, vraiment géant…
Avoir cet Alienware M18 2023 entre les mains, coût 4 350 euros environ, pour un premier prix à 2 300 euros, c’est un peu avoir tout mis à fond sur le configurateur en ligne du fabricant. Tout est au max (ou presque), c’en est presque trop, presque drôle tant ça n’a plus de sens !
Ses dimensions tout d’abord, en font un PC à peine transportable. Sa dalle de 18 pouces ne laissait pas présager un ultraportable, certes. Mais avec son boîtier de 41,03 cm de large, de 31,99 cm de profondeur et de pas moins de 3,09 cm d’épaisseur, il ne tiendra pas dans tous les sacs, c’est entendu. Le nôtre n’a pas su l’accueillir, même en diagonale, et pourtant il en a vu de toutes les couleurs…
Ajoutez à cela qu’il pèse 3,912 kg – il est 65,7% plus lourd que la moyenne des PC portables de joueurs, passés entre nos mains depuis 24 mois, et vous pourrez revendre vos haltères… Le M18 est donc lourd et encombrant et se transporte à deux mains, si vous le voulez bien.
Fidèle au design de la famille, le M18 affiche une finition très soignée, très qualitative. Le boîtier donne une impression de solidité, de rigidité bienvenue. Les repose-poignets sont larges, confortables, n’émettent pas le moindre grincement ou claquement quand on les presse. Ils assurent une position plutôt confortable pour la saisie de texte long ou les sessions de jeu, qui le sont encore plus.
Dominé par des évents, le clavier est complet, puisqu’il s’accompagne d’un pavé numérique. Si vous aimez les tableaux Excel, ou jouer de la main droite, souris dans la gauche, vous devriez être aux anges. La course des touches est assez souple, et plutôt longue, sans l’être trop. Les touches sont bien équilibrées et stables, ce qui est agréable pour saisir du texte ou jouer, bien entendu. Le rétroéclairage est comme il se doit discret ou carrément excentrique, avec des explosions RGB du plus bel effet. Amis de l’ascèse, préparez vos rétines ! En tout cas, la lisibilité dans un environnement sombre est bonne et permet de facilement continuer à jouer ou travailler, ou plutôt jouer… Oui, voilà.
Le pavé tactile est vaste lui aussi, agréable tout autant, même si on n’apprécie pas toujours son extrême sensibilité. Mais, bien entendu, vous ne l’utiliserez pas pour jouer.
Pour repérer la connectique, on doit se pencher non pas sur deux mais trois côtés. Alienware a réparti les connecteurs comme suit. A gauche : un port Ethernet (2,5 Gbit/s) avec un petit capot basculant, une prise jack, et deux ports USB-A 3.2 Gen 1, dont un PowerShare
A l’arrière, on trouve l’alimentation, deux ports USB-C/Thunderbolt 4, un port USB-A 3.2 Gen 1, un port HDMI 2.1, un port mini-DisplayPort, et un emplacement SD. Enfin, bouclons notre rotation, sur la droite, sur le tier avant de ce côté, on trouve un port USB-C 3.2 Gen 1. Voilà qui laisse de quoi voir venir, et offre à la main droite libre de s’ébattre le long du PC portable sans heurter de câble.
Pour en finir avec la connectique au sens large, on trouve une Webcam, compatible avec Windows Hello. C’est-à-dire qu’elle vous permettra de déverrouiller votre ordinateur plus facilement sans saisir de mot de passe, et juste en positionnant votre minois de joueur face à la caméra. Cela marche plutôt bien, même s’il ne faut pas entrer dans le champ de manière trop exotique. Si vous décidez de vous filmer, un conseil, investissez dans des projecteurs de DCA, cela vous permettra d’être suffisamment bien exposé pour éviter le bruit numérique, autrement fort présent.
Ecran géant, mais pas exceptionnel
Pour son M18 2023, Alienware a donc vu grand. 18 pouces pour une dalle d’ordinateur portable, ce n’est clairement pas rien. Toutefois la définition n’est pas monstrueusement élevée. La division gaming de Dell n’a pas trop forcé son talent, avec 2 560 x 1 600 pixels, avec une résolution de 168 ppp. Autrement dit, les caractères sont lisibles mais pas aussi précis qu’ils pourraient l’être. On ne ressent aucune gêne, juste une légère impression de minuscule “flou”, de halo.
Quand on sollicite le 01Lab pour mesurer la luminosité de la dalle, on constate qu’elle plafonne à 314 cd/m2. C’est vraiment peu et 20% moins que la moyenne des PC portables de jeux que nous avons testés ces deux dernières années (Minecraft, etc). La malédiction des dalles gaming a encore frappé… Il vous faudra éviter de jouer dans des lieux trop lumineux, sous peine de ne pas voir grand-chose.
Le contraste de 1 181:1 est lui aussi loin d’être incroyable – il est plus de 27% moins élevé que la moyenne des PC concurrents. A l’oeil, cela se sent un peu quand la dalle est en charge d’afficher des environnements sombres, dans lesquels les ennemis se tapissent.
Pour la fidélité colorimétrique, il faudra repasser. Avec un Delta E 2000 de 4,67, ce n’est pas légèrement raté, c’est médiocre, tout simplement. On est loin de ce qui se fait de mieux, et on est même 55% moins juste que la moyenne des PC de joueurs testés par le 01lab ces deux dernières années.
L’expérience n’est évidemment pas catastrophique, on se laisse prendre au jeu, et le taux de rafraîchissement à 165 Hz apporte un joli confort, dans les titres qui requièrent le plus de fluidité et de précision. C’est juste que pour une machine à ce prix, on aurait apprécié une partition davantage à la hauteur.
Une configuration pour décrocher la Lune
Notre M18 affiche une palanquée de composants à faire rosir d’envie les joues d’un gamer. Le Core i9-13980HX (24 coeurs, huit coeurs haute performance et 16 coeurs basse consommation), capable de consommer jusqu’à 157 W n’est pas là pour plaisanter. Notons que la consommation maximale que nous avons relevée pour toute la configuration est de 180,2 W, le processeur d’Intel réduit donc forcément ses ambitions pour partager cette enveloppe avec la puce graphique. Précisons avant d’aller plus loin que ce joli CPU peut s’appuyer sur 32 Go de mémoire vive (deux modules de DDR5 à 4 800 MHz) – pour un maximum de 64 Go.
Pour la partie graphique, Alienware ne pouvait décemment pas mollir. Il est possible de faire son choix entre plusieurs modèles de GeForce, de Nvidia : une RTX 4060 (8 Go de GDDR6), une RTX 4070 (avec une même quantité de mémoire vidéo), une RTX 4080, avec 12 Go… et, enfin, c’est bien sûr, une RTX 4090, armée de 16 Go, que nous avons eu entre les mains. Pourquoi se priver quand on peut avoir un monstre de puissance à côté d’un autre monstre de puissance ?
Glissons au passage que le M18 embarque plusieurs emplacements pour des SSD M.2 PCIe NVMe. Il est possible d’intégrer jusqu’à quatre disques pour un total de 9 To de stockage… De quoi conserver quelques jeux sous la main…
Alienware M18 2023 : Geekbench 5 et la concurrence...
Le Core i9-13980HX et ses 5,6 GHz de fréquence en Turbo n’a pas peur de secouer le cocotier et de frapper fort, c’est entendu. Dans cette configuration, il se donne autant à fond que dans les autres configurations qui l’embarquent et que nous avons testées, comme le ROG Strix Scar 18, d’Asus. On voit clairement que ce processeur d’Intel tient le haut du panier, avec un outil de tests synthétiques comme Geekbench. Très populaire dans les dernières configurations haut de gamme pour joueur, le Core i9-13980HX s’impose clairement comme une des références en cette année 2023.
Quand on se penche sur le berceau de tous les jolis polygones qui viennent s’égayer à l’écran, on constate que la RTX 4090 Laptop, de Nvidia, n’a pas décidé de subrepticement se rouler les pouces.
Un autre outil de benchs synthétiques, comme 3DMark Fire Strike Extreme, accorde au M18 un score de performances 83,2% plus élevé que celui de la moyenne de ses concurrents. Vous n’étiez pas sûr que la RTX 4090 arracherait tout, on vous ôte d’un doute, et ça nous fait plaisir.
Alienware M18 2023 : Des performances graphiques à tomber...
Et pour enfoncer le clou, jetons en pâture quelques résultats de benchs obtenus dans des jeux plus ou moins récents, mais en tout cas peu réputés pour économiser les configurations qui les font tourner.
En définition native, et poussant les réglages au mieux afin de voir ce que la bête a dans le ventre, on constate assez rapidement que la fluidité ne devrait pas être un souci, même en activant le ray tracing.
Bien entendu, il faut pour cela recourir au génial DLSS (dans sa version 3), qui utilise l’IA pour générer des images supplémentaires sans davantage solliciter le hardware.
Autrement dit, l’Alienware M18 2023 est une brute, un colosse qui avance et marche sur les jeux sans vraiment sans rendre compte. Mais vous, vous l’entendrez, car il se met alors à ventiler comme s’il cherchait à décoller – rassurez-vous, il est trop lourd pour ça. Comme quoi les choses sont bien faites. Avec un bruit maximal mesuré à 48 dB, il semble assez évident qu’il faudra aux joueurs nocturnes s’éloigner des dormeurs éventuels, sous peine d’entendre quelques grognements mécontents.
L’autonomie ? Pourquoi s’en soucier ?
Puisque le M18 est un PC portable, nous avons évidemment réalisé nos tests d’autonomie habituels : à savoir l’autonomie polyvalente, qui simule et enchaîne des usages quotidiens (Web, mail, vidéo, etc.), et l’autonomie en streaming vidéo.
Comme vous l’imaginez sans doute, le portable d’Alienware a une batterie de géant… qui l’empêche de marcher ? A 97 Wh, elle flirte avec le maximum légal autorisé par les autorités aériennes. Et pourtant, ce n’est pas suffisant pour en faire un semi-marathonien, et pour tout dire même un coureur du dimanche.
En autonomie polyvalente, ce monstre vidange sa batterie en l’espace de 4h49 minutes. C’est court, vraiment court… Quand on passe à l’autonomie en streaming vidéo, on aurait pu espérer du mieux, ce n’est pas le cas. Sans doute le prix à payer pour une dalle d’une telle taille. On voit le M18 s’éteindre au bout de seulement 4h16, dans ce cas. C’est peu, trop peu.
Alienware M18 2023 : Une autonomie à ras de terre...
Néanmoins, attention, les portables de gaming sont très rarement endurants, d’une part. Et, d’autre part, on les sollicite bien souvent uniquement branchés au secteur puisque c’est la condition sine qua non pour bénéficier de la pleine puissance de leur configuration.
Bref, l’autonomie est plutôt mauvaise, presque 13% moins bonne que la moyenne des PC gamers passés par le 01Lab au cours des 24 derniers mois pour la polyvalente (12,8%) et le streaming vidéo (12,6%). Mais ce n’est pas là qu’on l’attendait, d’autant plus que vous ne le transporterez pas sans risquer de vous déboîter l’épaule, si on doit vous le rappeler.
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