Nous avons vu sur ces dernières années une nouvelle catégorie d’ultrabook se former. Une qui prend les grandes diagonales de 15 et 1- pouces de l’époque, mais leur donne enfin leurs lettres de noblesse. Des châssis toujours plus légers, des écrans toujours plus lumineux, et des performances qui ne font pas beaucoup de sacrifices. L’Acer Swift Edge est de ceux-là, mais face aux Galaxy Book 2 Pro 15,6 et aux LG gram 16 de ce monde, il a intérêt à s’être lourdement armé pour creuser son trou.
La légèreté est là
Métaphoriquement parlant, du moins, puisque l’Acer Swift Edge a déjà le bon goût de nous régaler avec un poids plume de 1,18 kilo qui se sent à peine une fois en main. Sur ce point, il est clairement au même niveau que le dernier LG Gram 1- à 1,2 kilo ou le Samsung Galaxy Book 2 Pro 15,6 de 1,11 kilo, ce qui n’est pas mince affaire. On peut voir que le constructeur taïwanais a bien observé ses rivaux et s’est parfaitement aligné sur l’argument le plus important de cette gamme : la légèreté. Il réussit cela grâce à un châssis intégralement en alliage d’aluminium, qui est étonnant de solidité : que ce soit au niveau de l’écran ou au niveau du clavier, il ne fléchit pas le moins du monde. Chapeau bas.
Ceci mis à part, nous sommes très franchement face à un ultrabook tout ce qu’il y a de plus convenu. Les lignes du Swift Edge rejoignent toujours le même langage de design utilisé depuis plusieurs années par l’entreprise, à savoir un corps qui s’affine à mesure que l’on s’approche de la face avant. Un design qui fonctionne toujours très bien, mais dont on regrettera une chose : malgré le fait qu’il ne soit pas unibody, le châssis du Swift Edge réclame un tournevis en étoile pour être ouvert. Quitte à être convenu, on aurait apprécié que ce design fasse la part belle à une réparation facilitée pour l’utilisateur final, d’autant plus que son stockage utilise un slot M.2 plein format et que sa carte Wi-Fi peut être facilement changée.
On ne boudera pas notre plaisir malgré tout, surtout face à cette large dalle qui occupe 92% de sa surface, pour des bordures très fines. Mais hélas, un châssis qui ne subit pas de fléchissement n’équivaut pas immédiatement à un bon clavier. Si la disposition des touches du Swift Edge est excellente, avec notamment une touche Entrée plein format qu’on aime toujours voir sur les ultrabook, la sensation de frappe laisse à désirer. Elles ont en effet une certaine rigidité et une distance d’activation assez courte qui les empêche d’avoir un bon rebond. Ce n’est pas un mauvais clavier, loin de là-même, mais on frappe plus qu’on ne danse, sur cette scène. Heureusement, le très large pavé tactile est un bonheur à utiliser, aussi bien pour ses sensations que sa précision.
La connectique disponible est plutôt bonne. L’Acer Swift Edge vous offre sur le côté gauche deux ports USB-C 4.0, un port USB A 3.2 Gen 1 et un port HDMI 2.1. À droite, nous avons un second port USB A 3.2 Gen 1 ainsi qu’un port combo jack. Difficile de ne pas noter l’absence d’un lecteur de cartes SD, ou au moins micro SD, qui est toujours pratique sur ce type d’appareils souvent dédiés à de la production légère en mobilité comme de la retouche photo par exemple.
Mais c’est surtout du côté du son que la déception se ressent le plus. Malgré le grand châssis de ce format 16 pouces, les haut-parleurs de l’ordinateur sont toujours situés en dessous de celui-ci, sur les deux côtés. Le son se doit donc toujours de rebondir sur une surface plane sous peine d’être étouffé, et est aussi très loin de ce qu’arrivent à proposer des marques comme Apple ou Dell aujourd’hui. Ici, nous revenons en arrière avec une expérience audio qui oublie intégralement les basses, se focalise sur les aigus et n’a aucune définition sur ces mediums. Dommage : c’est un point de différenciation important de nos jours. L’Acer Swift Edge garde de ce fait un côté « banal » malgré ses qualités.
Pour un peu plus de luminosité
Il sort du lot grâce à cette sublime dalle 10 bits OLED de 16 pouces qu’il intègre. Cette dernière est compatible avec une définition maximale de 3840 x 2400 pixels, soit 4K au ratio 16:10, pour un taux de rafraîchissement de 60 Hz. Elle est certifiée « DisplayHDR True Black 500 » pour des noirs extrêmement profonds, mais sa luminosité ne nous a pas forcément charmé.
Certes, les pics lumineux peuvent atteindre les 599 cd/m², ce qui est excellent, mais la luminosité maximale mesurée par notre 01lab n’est que de 385 cd/m², ce qui place l’Acer Swift Edge dans la moyenne basse des appareils mesurés sur ces 12 derniers mois. C’est d’autant plus décevant que la brillance de l’écran à 165 GU est la pire mesurée sur la même période. Un écran peu lumineux et très brillant équivaudra forcément à des problèmes de lisibilité une fois le soleil d’été sur nos terres.
En mode par défaut, l’écran est également un peu moins bien calibré que ses frères avec un Delta E00 moyen mesuré à 3,47. C’est loin d’être mauvais, mais quand de nombreux concurrents sont autour des 2, voire des 1, et que la maximale mesurée sur 12 mois est de 4,32, on est en droit d’attendre mieux. Malgré tout, l’intégration de la dalle dans le châssis fait plaisir à voir, et l’Acer Swift Edge offre une superbe expérience visuelle. Mais cette catégorie est toujours plus disputée, et il faut mettre les petits plats dans les grands pour sortir du lot : l’Acer Swift Edge est en l’état « simplement » très bon, en l’absence d’une luminosité maximale supérieure ou d’un taux de rafraîchissement de 90 Hz (ou plus) qui se popularise progressivement sur la catégorie.
Ryzen, le bon choix
C’est vraiment sur les performances que l’Acer Swift Edge tire son épingle du lot. Il a en effet eu l’intelligence de se tourner vers la plateforme Ryzen en intégrant, dans notre modèle de test, le Ryzen 7 6800U. Il s’agit d’un processeur 8 cœurs et 16 threads cadencé à 2,7 GHz qui peut turbo jusqu’à 4,7 GHz. Mais ce n’est pas tout : il est couplé à une puce graphique Radeon 680M à 12 CU sous RDNA2, soit la même génération que le Steam Deck. Vous pouvez ajouter à cela 16 Go de RAM LPDDR5 et 1 To de stockage PCIe 4.0, pour une balance parfaite.
Sur cette génération, et face à ses compères qui privilégient les puces Intel U de 12e génération (les 1260P précisément), on peut voir l’avantage d’AMD sur Intel sur les opérations en multi cœur. À l’exception étonnante de GeekBench 5, le Ryzen 6800U est constamment en avance sur ses concurrents.
Il en va naturellement de même sur les performances 3D, puisque comme dit plus haut, le processeur profite des technologies RDNA 2 véritablement dédiées au jeu vidéo. Certes, le score Wild Life est une nouvelle fois étonnant, mais la stabilité est importante ici : c’est elle qui détermine les performances soutenues de la plate-forme, et donc sa viabilité à offrir une expérience de jeu consistante et stable de bout en bout. Ici, on ne doute pas qu’à l’image du Steam Deck, l’Acer Swift Edge sera capable de faire tourner une grande majorité des titres en mobilité. Moyennant quelques sacrifices graphiques bien sûr.
C’est d’autant plus impressionnant que l’ultrabook n’est pas le mieux équipé pour résister à la chauffe. Il n’a qu’un seul conducteur de chauffe vers son unique ventilateur, mais parvient malgré tout à garder son SoC plus froid que ses compétiteurs. Il fait un sacrifice pour cela, à savoir un ventilo plus bruyant, mais ce dernier ne passe pas non plus un débit sonore dérangeant et ne s’active pas dans un usage bureautique courant.
On peut donc le dire : l’Acer Swift Edge sait rester discret quand il le faut, mais sait aussi encaisser des tâches plus lourdes qu’on ne l’imaginerait. La diagonale 16 pouces étant très populaire dans les milieux familiaux, ce choix du Ryzen 6800U paraît d’autant plus cohérent auquel cas : les parents pourront consulter leurs sites en paix, quand les enfants pourront rejoindre les amis sur Fortnite et Minecraft au besoin. Tout ça sur un PC qui ne jurera dans aucun salon. Que demande le peuple ?
Avant l’heure, ce n’est pas l’heure
L’Acer Swift Edge est équipé d’une simple batterie 3 cellules de 54 Wh, qui se recharge en USB-C à 65 watts et fait appel à la norme Power Delivery. Vous pourrez de ce fait utiliser n’importe quel chargeur pour cela.
Hélas, il y a un prix à payer pour un peu plus de puissance que la moyenne, et celui-ci est à voir du côté de l’autonomie. On aurait pu accuser sa dalle OLED, mais le Galaxy Book 2 Pro le dément : c’est bien le Ryzen 7 6800U qui coûte à l’Acer Swift Edge une différence de bien quatre heures d’autonomie avec ses camarades de jeu. Ceci étant dit, on parle tout de même d’un ordinateur capable de tenir sur une journée de bureautique quasi complète à 8 heures et 43 minutes, ce qui reste très bon. Mais face à l’excellence et en considérant les promesses des ultrabooks, cela reste décevant.
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