Lorsque à l’orée de l’automne, Suunto a annoncé la commercialisation de sa montre de sport milieu de gamme, la Race, les regards se sont naturellement tournés vers… Garmin. Dotée d’un écran Amoled et de fonctionnalités poussées, la petite dernière du fabricant finlandais avait elle les arguments pour faire de l’ombre au géant américain et à sa suprématie sur le marché des montres de sport connectées.
Aussi complète en apparence qu’une Epix ou qu’un Forerunner 965, mais nettement moins chère, la Race tient-elle ses promesses ? C’est ce que nous avons souhaité vérifier au cours d’un test qui s’est étalé sur plus de deux mois. Une précision d’importance : ce test s’est effectué en deux temps, avant et après une mise à jour majeure qui a considérablement amélioré notre expérience de la montre. Si nous reviendrons sur ces quelques difficultés au fur et à mesure de notre article, il convient de préciser que la note obtenue par la Race repose sur nos dernières semaines d’expérience, lorsque ses performances étaient optimales. Bien entendu, notre démarche aurait été toute autre si cette mise à jour n’avait pas pu bénéficier à tous les propriétaires de la Suunto Race.
Un sacré bébé, à l’écran sublimé
S’il y a bien des adjectifs qui collent au design de la Race, discrète n’en est pas un. Comme bon nombre de ses concurrentes, la montre de sport de Suunto est volumineuse et particulièrement épaisse. Pas de quoi effrayer son constructeur qui semble même vouloir jouer de cette corpulence en soulignant le contour d’une couronne métallique, qui a surtout pour effet de mettre en évidence des bordures d’écran particulièrement épaisses. Idem du côté des boutons. Ils sont visibles et imposants, pour une meilleure accessibilité en course certainement, mais peu discrets. Le bouton central rotatif suit la même logique, mais cette proéminence à la mérite de le rendre plus facile à utiliser, du moins à l’arrêt. Nous y reviendrons.
Globalement, la Race n’a pas à rougir de son design. Son esthétique divisera sans doute, mais elle ne sera en aucun cas un motif pour s’en détourner.
L’écran AMOLED : l’arme fatale ?
Impossible d’évoquer le design de la Race sans s’arrêter sur ce qui fait sa différence avec un grand nombre de montres connectées pour le sport : son écran AMOLED. Nous l’avons dit, Suunto n’est pas le premier à s’embarquer sur son chemin, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une très bonne idée. L’écran de la Race est réussi, il est lisible, même au soleil et permet d’avoir un aperçu rapide et clair des informations affichées. La luminosité de 1 000 nits n’est évidemment pas étrangère à ces performances.
L’autre intérêt de ce passage à l’OLED, c’est évidemment pour l’usage quotidien de la montre. Les sportifs se sont habitués depuis longtemps à ne pas pouvoir profiter de beaux écrans faute de devoir passer d’une montre à l’autre entre leur tocante de ville et leur compagnon de sport. L’arrivée d’écrans de qualité sur les seconds facilité grandement cet aspect. Désormais, sa montre de sport peut également se révéler être un objet connecté intéressant et agréable à consulter. Certes, cela se fait au détriment de l’autonomie, mais celle de la Race reste conséquente et suffira dans la très grande majorité des cas.
Ergonomie et utilisation : des progrès à faire
Comme la plupart des montres de sport récentes, la Race mélange commandes tactiles et boutons physiques, avec un succès mitigé. L’intégration d’un bouton rotatif facilite, en apparence, la navigation dans les menus. En apparence seulement car en pleine course à pied ou sur son vélo, il sera nettement plus facile d’utiliser l’interface tactile que ce bouton situé sur la tranche de la montre. C’est là sa principale limitation.
On s’en remettra donc en priorité à l’écran tactile ou à une utilisation mixte, l’écran pour faire défiler les menus, les boutons pour valider ses choix ou revenir en arrière. Mais là encore Suunto manque de cohérence. À titre d’exemple : ce n’est pas le même bouton qui permet de démarrer et d’arrêter une activité. Cela peut sembler être un détail, mais c’est sur ce genre de critères que la différence peut se faire que ce soit avec Garmin et à fortiori une Apple Watch à l’ergonomie exemplaire.
Enfin, toujours côté navigation, nous avons particulièrement apprécié la possibilité de créer des raccourcis pour les fonctionnalités les plus utilisées. Ce mode de fonctionnement s’adresse aux widgets aux fonctions les plus utiles (lampe de poche, réveil, carte ou chrono, par exemple). Il permet de réorganiser quelque peu sa montre en attribuant des tâches spécifiques aux « raccourci supérieur » et au « raccourci inférieur », traduisez les boutons haut et bas, mais également un troisième raccourci via un appui sur la couronne rotative.
Enfin, il est impossible de prétendre juger la dernière montre de Suunto sans évoquer la fluidité de sa navigation. Pour le dire clairement, avant la mise à jour déployée en fin d’année dernière celle-ci était rédhibitoire et nous aurait sans doute amené à déconseillé l’achat de cette montre. Mais Suunto a fait des progrès considérables sur cet aspect et bien qu’il subsiste quelques ralentissements ici et là et qu’elle ne soit pas un modèle de fluidité, notre Race est devenue bien plus agréable à utiliser. Il faut donc espérer que le fabricant continue sur cette voie et qu’il parvienne à gommer complètement ce défaut qui à presque 500 euros est difficilement acceptable.
Performances : solide et précise
Venons en à l’essentiel, c’est à dire les capacités de la Race à accompagner son porteur dans ses exercices et autres activités sportives en tout genre. En matière de diversité, Suunto fait d’ailleurs dans le très complet avec un nombre incalculable d’activités physiques répertoriés. Mais là n’est pas l’essentiel. La dernière montre du Finlandais s’avère surtout très efficace dans le suivi de ces activités. Que ce soit en course à pied, trail ou en vélo, soit les sports sur lesquels nous l’avons le plus mis à l’épreuve, la Race s’est avérée juste dans son analyse et précise dans ses relevés.
En matière de GPS, par exemple, elle n’a rien à envier à notre montre de référence, la Garmin Epix, que ce soit sur une trace de trail de 10 km en forêt où sur un parcours urbain en vélo de 38 km. Sur nos deux trajets de test la montre finlandaise a toujours collé aux données réelles des deux parcours, à quelques mètres près. Idem sur la partie dénivelé pour laquelle la Race nous a donné des valeurs très précises sur notre parcours de référence en trail. Il n’y a guère que sur la mesure de FC où nous avons constaté quelques anomalies. En effet, la montre connectée de Suunto a eu régulièrement tendance à exagéré notre rythme cardiaque, sans raison apparente.
La Race s’avère donc performante dans la mesure des activités sportives, mais elle présente tout de même quelques limites qui limiteront son intérêt pour les sportifs les plus exigeants. On note entre autres l’absence de certaines métriques désormais répandues chez les concurrents à l’image de l’oscillation verticale ou du temps de contact au sol pour la course à pied. Nous regretterons également qu’il ne soit pas possible de personnaliser complètement les profils d’activité. Sur ce point, la Race se contente du minimum et se prive de fait d’une utilisation poussée. C’est également ce type de limitations qui la rendra, par exemple, difficilement compatible avec la pratique du triathlon. Pour le dire autrement, elle sera capable de mesurer les performances en course à pied, vélo ou natation, mais n’offre pas de mode permettant d’enchainer les trois exercices, ni même de personnaliser leur affichage. Sur ce point, Garmin garde une bonne longueur d’avance.
Enfin, de manière générale, nous regretterons certains choix de Suunto, dans le paramétrage même de la montre. Ainsi, lorsqu’on allume la montre pour la première fois, toutes ses fonctions ne sont pas activées par défaut. C’est à l’utilisateur d’aller lui-même fouiller dans les menus pour déclencher certaines mesures et non des moindres. C’est le cas, notamment de la VFC (variation de la fréquence cardiaque), une métrique qui prend un importance considérable dans l’entrainement des sportifs depuis quelques années. Sur la Race, elle est bien disponible, mais elle ne sera mesuré que si le porteur de la montre s’en rend compte et se décide à y remédier.
Cette approche pourrait d’ailleurs ne pas être reprochée à Suunto tant elle en dit long sur la façon dont la marque envisage la Race. Le fabricant estime, en effet, que c’est à l’utilisateur de faire ce chemin vers l’apprentissage de sa montre et que c’est par cette découverte progressive qu’il saura non seulement l’exploiter davantage, mais aussi qu’il progressera dans la pratique de son sport. C’est fort louable, mais tous les acheteurs d’une montre de sport à 500 euros ne demandent pas nécessairement d’être pris par la main.
Enfin, un mot tout de même de la partie planification d’entrainement et algorithme. Comme l’ensemble des produits Suunto depuis 2022, la Race n’utilise plus la science algorithmique de FirstBeat (passé sous le giron de Garmin). Pour la partie logicielle, analyse de données et programmation des séances, la Race s’en remet à deux autres spécialises, le chinois Haylou pour l’analyse et l’américain Training Peaks pour le suivi. Le premier se révèle plutôt approximatif sur la mesure de la Vo2 Max (peut-être aurait-il fallu porter la montre plus longtemps ou faire des séances spécifiques) ou sur les temps de récupération, mais tout de même utile. En revanche, pour les entrainement, l’évolution des métriques ou encore les propositions de séances, Training Peaks fait un travail remarquable et fort utile à la montre.
Application : la meilleure proposition du marché
S’il y a un point sur lequel Suunto nous a particulièrement convaincus, c’est l’application. Celle-ci n’est pas propre à la Race bien entendu, mais il n’en demeure pas moins que tous les futurs acheteurs de la dernière montre du Finlandais en bénéficieront.
La force de l’application Suunto, c’est d’avoir trouvé une présentation claire et une navigation intuitive entre les différents menus. Ainsi, en apparence, toutes les informations et tous les réglages sont répartis en cinq grandes catégories. C’est relativement peu et on pourrait penser à première vue que l’application fait l’impasse sur une partie des réglages de la montre. Il n’en est rien et à l’image du flux d’activité principal, toutes les informations sont visibles et simples d’accès.
Cartographie, sommeil… une montre à tout faire
Notre test ne saurait prétendre à l’exhaustivité tant les champs approchés par la Race sont nombreux. Il convient pourtant de s’attarder quelque peu sur quelques aspects essentiels, à commencer par la partie cartographie de la montre. Sur ce point, la Race se montre tout simplement exemplaire. Non seulement parce qu’elle profite de son écran AMOLED pour faciliter le suivi sur la carte, mais aussi parce qu’elle facilite la navigation dans les plans grâce au bouton rotatif qui lui sert à zoomer et dézoomer. Pour le reste, la cartographie est complète et la montre dispose de toutes les fonctions essentielles en la matière, mode de navigation compris.
Il en va de même pour l’analyse du sommeil. Sur ce point, Suunto ne réinvente pas la roue mais propose peu ou proue la même chose que la concurrence avec sensiblement les mêmes limites, c’est à dire une masse de données brutes dont il est difficile de savoir que faire une fois qu’elles nous sont présentées sous les yeux.
Autonomie : Garmin doit-il s’inquiéter ?
L’intégration d’un écran AMOLED ne peut se faire sans une garantie d’autonomie suffisante. Plusieurs montres connectées sous Android se sont cassé les dents en s’y essayant. Jusqu’à présent seul Garmin avec l’Epix Gen2 et la Forerunner 965 était parvenu à se montrer convaincant en affichant à la fois un bel écran et une autonomie dantesque.
Suunto ne fait pas aussi bien, certes, mais se montre tout de même très performant en la matière. En effet, avec deux ou trois séances de trail et quelques balades en vélo nous n’avons pas été loin de tenir 5 jours sans recharger notre montre. Garmin garde donc une certaine marge, mais jusqu’à présent personne n’avait été en mesure d’approcher l’américain sur son terrain de prédilection. Et si on prend un peu de recul, ces cinq jours d’autonomie réels suffisent amplement pour une utilisation classique de la montre. En d’autres termes, Suunto ne repousse pas les limites mais il offre ce qu’il faut pour exploiter sa montre au mieux, du moins pour les personnes à qui la Race s’adresse.
La Race est-elle une bonne montre connectée ?
Nous ne nous attarderons pas plus que de raison sur les fonctions connectées de la Race. Tout simplement, parce qu’en la matière la montre de Suunto présente les mêmes avantages et défauts que la majorité de ses concurrents. Elle reste avant tout une montre de sport. Certes, elle dispose de fonctions de connectivité (notifications, lecture audio, météo, etc.) mais celles-ci sont limitées. À ce jeu-là, elle ne tient pas la comparaison face à une Apple Watch ou toute montre connectée à peu près sérieuse. En revanche, elle offre le strict minimum, ce qui pourrait suffire si elle ne souffrait pas de ces petits ralentissements parasites qui frustrent l’utilisateur.
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