Google est de retour sur le marché des tablettes. Le géant américain vient d’entamer la commercialisation en France de sa Pixel Tablet. Un produit atypique, avec lequel il espère enfin percer sur un secteur ultra dominé par Apple et ses iPad. Un produit cher, aussi, proposé à pas moins de 679 euros pour la version de base (128 Go).
Pourquoi atypique ? Parce que la Pixel Tablet tente quelque chose d’inédit : faire à la fois office de tablette, mais aussi de « hub » domestique, un peu à la manière d’un Echo Show ou d’un Nest Hub. La Pixel Tablet est donc livrée avec un dock faisant office d’enceinte et de base de recharge. De quoi, selon Google, en faire un produit « utile tout le temps ». Quand on ne l’utilise pas, il suffit de la poser sur son dock pour la recharger (doucement, voir plus bas) et profiter d’un « écran intelligent » afin d’afficher vos plus belles photos, servir d’écran d’appoint ou contrôler votre maison connectée. On en reparlera.
Evoquons d’abord l’objet, qui répond parfaitement aux canons du design « utilitariste » de Google. Il n’y a rien de clinquant dans ce produit, simple et fonctionnel, sans fioritures. Le dos en aluminium doublé d’un revêtement en nano-céramique (ici couleur « vert sauge ») a beau être « unique » selon Google, il a de faux airs de plastique. C’est moins luxueux qu’un dos d’iPad… Mais la Pixel Tablet est en revanche très confortable, rassurante, presque douce au toucher.
En face avant, on remarque d’épaisses bordures autour de la dalle de 11 pouces. On aurait aimé que Google grappille quelques millimètres sur les côtés de la dalle, mais la concurrence ne fait généralement pas beaucoup mieux, y compris Apple, sur des ardoises de cette taille. On regrette en revanche le choix d’une dalle au format 16:10, un peu trop étriquée à notre goût. Un tel ratio est certes pratique pour regarder des vidéos, mais s’avère bien moins plaisant lorsqu’il s’agit de surfer, regarder des photos, ou d’utiliser le produit en mode « portrait ». Tant pis.
Un écran de bonne facture
Evoquons d’abord l’écran, une dalle LCD traditionnelle (IPS) qui, sans être exceptionnelle, tire son épingle du jeu sur plusieurs points. Certes, la Pixel Tablet ne dispose pas, comme certaines de ses concurrentes haut de gamme, d’un écran Amoled. On doit donc se contenter d’un taux de contraste de 1773:1, ce qui est déjà très bon, en tout cas supérieur à bon nombre de tablettes concurrentes, notamment l’iPad 10. On regrette aussi que la dalle se cantonne à 60 Hz.
La luminosité de l’écran, mesurée par nos soins à 497 cd/m2 est dans la moyenne des tablettes que nous avons testées récemment. Attention tout de même : on est loin d’atteindre les plafonds de luminosité auxquels parviennent les smartphones modernes. En plein soleil, l’écran de la Pixel Tablet demeure lisible, mais n’est pas des plus confortables.
Un mot enfin sur la fidélité des couleurs : avec un Delta E 2000 mesuré à 2.57, l’appareil de Google fait partie des excellents élèves en la matière. D’autant qu’un mode « naturel » permet encore d’améliorer ce score (à 1,62 – ce qui est tout bonnement exceptionnel !).
Des performances dignes de la gamme Pixel…
Aux commandes de la Pixel Tablet, on trouve le SoC Tensor G2, la puce « maison » de Google, qui équipe déjà les excellents Pixel 7 et Pixel 7 Pro, ici associée à 8 Go de RAM. Un SoC qui présente des performances solides, comme le montrent nos différents benchmarks synthétiques… même s’il ne parvient pas à atteindre les performances de la puce A14 Bionic d’Apple, qui équipe la version la plus récente de l’iPad d’Apple, que ce soit en matière de CPU ou de GPU.
A l’utilisation, on retrouve cependant le savoir-faire de Google. Android répond ici parfaitement à vos sollicitations, la navigation est fluide, agréable, même si on ressent vite les limitations techniques de la dalle 60 Hz, lorsqu’on fait défiler une page Web ou qu’on se balade dans les menus.
On retrouve sur la Pixel Tablet ce qui fait l’intérêt des smartphones de Google : une interface épurée, aisée à prendre en main, qui va à l’essentiel.
… mais Android sur tablette, ce n’est pas encore ça
Le géant américain a toutefois opéré quelques changements dans Android pour profiter du vaste écran de l’appareil. D’abord, la Pixel Tablet profite d’une fonction qui manque désespérément aux iPad : la possibilité d’y configurer plusieurs comptes, y compris pour enfants. Chaque membre du foyer peut ainsi l’utiliser avec ses propres applications et préférences. Très pratique.
Un ersatz de « dock » fait aussi son apparition dans l’interface : il se montre non seulement sur l’écran d’accueil, mais aussi après un très léger glissement de doigt depuis le bas de l’écran. Et affiche les six dernières applications lancées, ainsi qu’un accès rapide à l’ensemble des programmes installés.
Ce « dock » permet aussi d’afficher deux applications côte à côte, en glissant-déposant l’icône de l’app que l’on désire voir apparaître aux côtés de celle qui est active. Une bonne idée… un peu frustrante ! Le geste étant quasi-identique à celui qu’il faut effectuer pour passer en vue multitâche ou pour revenir au bureau, les fausses manipulations sont nombreuses, du moins dans les premiers temps.
Google a par ailleurs fait l’effort d’adapter l’ensemble de ses applications à cet écran plus grand. Gmail, par exemple, profite d’une vue pratique à deux panneaux. Il est également possible, lorsque deux applis Google sont affichées côte à côte, de glisser déposer un contenu aisément d’un programme à un autre, comme un classeur Sheets dans un mail, par exemple. Des améliorations bienvenues, mais insuffisantes. Car on perd tous ces avantages sur une immense majorité des applications du Play Store, y compris les plus populaires au monde (comme Twitter, Facebook, TikTok…), qui n’ont pas été optimisées pour Android sur grand écran. Ce n’est certes pas un problème nouveau, mais il est toujours aussi frustrant, surtout sur une tablette à ce prix. Utiliser Facebook ou Twitter sur la Pixel Tablet oblige, par exemple, à passer en mode portrait… ou à se contenter d’une petite fenêtre centrée au milieu de l’écran ! On est très loin de l’expérience d’iPadOS, et ses dizaines de milliers d’applications adaptées au grand écran des tablettes Apple.
Un « mode hub » qui ne remplit pas toutes ses promesses
Posée sur son dock et branchée au secteur, la Pixel Tablet fait donc aussi office d’écran connecté. Après une étape de configuration initiale, ce « mode hub » va, lorsque vous n’utilisez pas votre tablette, vous permettre d’accéder à diverses fonctions rapidement, en conservant son écran constamment allumé.
La première, incontournable, consiste à aller piocher dans votre bibliothèque Google Photos pour afficher une sélection de vos clichés. Une fonction « cadre photo » qui ressemble fort à celle du Nest Hub, et qui a de quoi séduire – si vous stockez toutes vos photos sur le service de Google, évidemment. Il faudra cependant composer avec le ratio d’écran de la tablette, qui tronquera forcément une partie de vos clichés, même si l’OS offre un travail de cadrage honnête.
Autre service utile si votre maison regorge d’objets connectés, ce mode veille offre un accès direct à l’application Home, afin de piloter tous vos appareils intelligents : activer ou éteindre vos lumières, accéder à vos caméras, lancer votre robot aspirateur, etc.
Enfin, la Pixel Tablet dispose de l’oreille de Google Assistant, que l’on peut interpeller pour accéder à la météo, lancer une musique ou une chaîne de TV en streaming. On n’en attendait pas moins, mais il semble toutefois qu’Assistant soit ici un peu dur de la feuille : il nous a fallu parfois nous reprendre deux fois avant que l’IA daigne nous prêter attention.
Bizarre, toutefois, que Google ne soit pas allé au bout de sa démarche : le « mode Hub » est ainsi privé de certaines fonctions présentes sur les appareils de la gamme Nest, pourtant bien moins onéreux. La tablette n’affiche pas, par exemple, l’état du trafic pour rejoindre votre travail, ni vos rendez-vous de la journée notés sur Google Agenda. Les recettes de cuisine étape par étape sont passées à la trappe. Le capteur selfie n’est pas non plus en mesure, comme sur le Nest Hub Max, de faire office de caméra de sécurité d’appoint. Dommage, on perd ainsi une partie de l’intérêt de la Pixel Tablet en mode « écran connecté ». Peut-être, cependant, que Google comblera ces manques au fil des mises à jour.
Chromecast : on le veut sur toutes les tablettes !
La Pixel Tablet se rattrape, heureusement, avec le support de Chromecast. Une fois dockée, elle peut ainsi vous servir de téléviseur d’appoint. Il vous suffit, depuis votre smartphone, de choisir la vidéo ou le son que vous désirez, puis de sélectionner la Pixel Tablet via Chromecast pour que celle-ci entame la diffusion de votre contenu. C’est rapide, ça marche bien, et on se demande pourquoi cette fonction n’est pas disponible sur toutes les tablettes Android du marché !
Une partition audio qui ne tient pas la route
C’est peut-être le vrai point noir de la Pixel Tablet, un défaut qui passe mal à ce tarif : la qualité audio, non seulement des haut-parleurs intégrés, mais aussi du dock fourni.
Malgré ses quatre haut-parleurs, la Pixel Tablet n’a vraiment pas rendu hommage à la musique que nous lui avons fait jouer. Le son qu’elle produit manque clairement d’ampleur, de basses, paraît petit, étriqué. Oui, c’est amplement suffisant pour regarder une vidéo YouTube ou une émission de télé. Mais ne comptez pas vraiment profiter de votre musique ou d’un film à grand spectacle sans passer par un casque (Bluetooth, car il n’y a pas de prise jack).
Evidemment, dès que l’on connecte l’appareil au dock, les choses s’arrangent. Il suffit de poser la tablette dessus pour que le son passe des haut-parleurs internes à cette enceinte, qui propose un son bien plus ample et généreux, qui sera suffisant pour couvrir une petite pièce. Mais attention, on est tout de même très loin d’une bonne enceinte Bluetooth ! On constate alors une surreprésentation des basses au détriment des mediums, et on perd le peu de stéréo que l’on pouvait ressentir avec les haut-parleurs internes.
Un comble, le haut-parleur du dock offre un son clairement moins généreux que celui du Nest Hub Max – qui dispose, certes, d’une enceinte plus volumineuse – avec lequel nous nous sommes amusés à le comparer. Google aurait à notre avis bien fait d’utiliser le même matériel pour la Pixel Tablet. Car malgré son dock, elle ne peut que faire office de système audio d’appoint.
Autonomie : une bonne surprise
La Pixel Tablet a été conçue pour être rechargée via son dock. Google assume ce choix et ne livre même pas de câble pour la charger par son port USB-C. Au passage, on regrette que l’entreprise n’ait justement pas opté pour l’USB-C afin d’alimenter le dock, ce qui aurait simplifié les choses. Passons.
Une fois n’est pas coutume, commençons par la vitesse de charge. Forcément moins rapide qu’un chargement par câble, elle est loin d’être exceptionnelle : comptez 2 h 51 pour charger l’appareil de 0 à 100 %. Il vous faudra un peu plus d’une heure (69 minutes) pour atteindre les 50 %.
Heureusement, la Pixel Tablet assure du point de vue de l’autonomie. Sans battre des records, elle offre, d’après le 01Lab, 12 h 04 d’autonomie polyvalente (test qui simule différents usages quotidiens), dans la moyenne des tablettes que nous avons testées récemment. Elle fait par ailleurs un excellent score en autonomie vidéo, avec 11 h 58 de diffusion avant de rendre l’âme. C’est franchement bien.
Google propose aussi une coque qui remplit bien sa mission protectrice, et qui permet d’attacher la tablette au dock sans le moindre souci. Mais elle n’est pas dénuée de défauts. Elle rend le capteur d’empreinte difficilement accessible. Et surtout, elle est trop chère : 99 euros !
Oubliez la Pixel Tablet pour la photo
On passera rapidement sur la partition photo ! Avec son capteur unique de 8 Mpix à l’arrière, la Pixel Tablet ne fait pas honneur aux smartphones qui partagent sa marque, et qui excellent en la matière. Vous n’obtiendrez avec ce module que des clichés peu glorieux, peu définis, baveux. A vrai dire, peu importe : on utilise rarement sa tablette pour cela.
Google propose en revanche un capteur en façade (lui aussi de 8 Mpix) tout à fait honnête, en tout cas largement suffisant pour des visioconférences réussies.
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