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Test de la Paper Pro : le carnet numérique de reMarkable passe à la couleur

Les tablettes n’ont pas eu la peau des liseuses. Bien au contraire : si le marché des tablettes semble stagner, celui des liseuses est toujours très vivace avec plusieurs constructeurs qui se battent comme de beaux diables pour arracher les parts de marché. Sur le segment haut de gamme des grands carnets de notes numériques, reMarkable assure ses positions avec un nouveau modèle Paper Pro doté d’un écran couleur.

L'avis de 01net.com

Paper Pro

Les plus

  • + Bel écran couleur avec sensation papier
  • + Un logiciel abouti pour la prise de notes
  • + Liseuse d'appoint
  • + Zéro distraction

Les moins

  • - La Rolls des bloc-notes numérique se paie cher
  • - Interface uniquement en anglais
  • - Zéro fonction annexe

Ecran

4 / 5

Confort d'utilisation

4 / 5

Formats et services

4 / 5

Appréciation générale

3.5 / 5

Note de la rédaction

Voir le verdict

Fiche technique

Paper Pro

Fréquence maximale 1.8 GHz
Quantité de mémoire vive (en Mo) 2000 Mo
Capacité de stockage 64 Go
Taille d'écran 11.8 "
Voir la fiche complète

Un bon gros bébé, c’est ce qui vient en tête au moment de décrire la Paper Pro. La prise en main renvoie un sentiment de solidité avec ce châssis en aluminium robuste. À cela s’ajoutent les quatre patins au dos qui empêchent la liseuse de glisser ou de bouger sur la table, contrairement aux tablettes déséquilibrées à cause de leur bloc photo.

Un écran couleur doux pour les yeux

Cela étant dit, le bloc-notes est autrement plus imposant que la reMarkable 2 avec son poids de 525 grammes (121 grammes de plus), une épaisseur de 5,1 mm (4,7 mm sur le précédent modèle) et des dimensions de 274,1 x 196,6 mm contre 246 x 188 mm pour la reMarkable 2.

Autant dire qu’il est assez difficile de dégainer la Paper Pro dans des transports en commun bondés, mais c’était aussi le cas de la reMarkable 2. Le poids est bien réparti mais la liseuse finit rapidement par peser à bout de bras, allongé dans le lit ou sur le canapé (à titre de comparaison, l’iPad 10 pèse 477 grammes).

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En contrepartie, on gagne un vaste écran de 11,8 pouces avec une résolution de 2 160 x 1 620. La définition de 229 pixels par pouce n’offre qu’un gain marginal par rapport à la reMarkable 2 (226 ppp), néanmoins le texte et les icônes y sont parfaitement définis, tout cela contribuant à donner la patine « papier » à la dalle.

La dalle, parlons-en justement. L’écran Canvas Color affiche 20 000 couleurs, c’est certes beaucoup moins que les écrans LCD ou OLED aux larges gammes de couleur ; néanmoins, les écrans couleur sur les liseuses ne sont guère répandus sur le marché. Amazon vient d’ailleurs de se lancer avec un nouveau Kindle Colorsoft, ce qui va contribuer à démocratiser l’encre électronique en couleur.

Test Paper Pro Remarkable
© 01net

L’écran de la Paper Pro repose sur la technologie Gallery 3 d’E Ink, qui intègre un système d’encre à quatre particules (cyan, magenta, jaune et blanc), qui peuvent se combiner pour créer 8 couleurs : rouge, vert, bleu, cyan, jaune, magenta, noir et blanc. Cette technologie affiche des couleurs dans chaque pixel, elle réduit aussi la latence et améliore la définition de la dalle. reMarkable est le premier constructeur à exploiter cette nouveauté d’E Ink dans un cahier numérique.

L’ajout de la couleur est le bienvenu, mais il faut bien avoir en tête que l’on reste sur un écran e-paper. Les couleurs ne « popent » pas comme sur une tablette lambda, elles se montrent en fait assez discrètes. Qu’on ne se méprenne pas : pouvoir dessiner un schéma ou surligner une phrase en couleur est plus agréable et efficace que dans des teintes de gris. Même si cet apport représente une prouesse technologique, on pourrait le considérer presque comme un bonus davantage qu’un véritable atout essentiel à l’« expérience » reMarkable.

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Cet écran s’accompagne d’un rétroéclairage que l’on peut ajuster avec une réglette disponible d’un balayage du doigt. Réduire le rétroéclairage à zéro permet de retrouver une « vraie » expérience liseuse. Le pousser à fond facilite évidemment la lecture dans un environnement sombre, en revanche on perd un peu de l’aspect papier.

La surface de l’écran est recouverte d’un revêtement dont la texture rappelle le papier au toucher. Écrire ou dessiner avec l’aide du stylet donnent aussi cette très agréable sensation. Attention cependant, il faut résister à la tentation de vouloir retirer ce qui ressemble à une protection d’écran ! Entre le système de rejet de la paume et la latence réduite entre le stylet et l’écran (12 ms contre 21 ms sur la reMarkable 2), c’est un vrai plaisir de prendre des notes sur un tel appareil.

Prise de notes au point

La prise de notes est un des points forts de la Paper Pro. Avec son écran encore plus grand que le modèle précédent et la possibilité d’utiliser des couleurs pour surligner des passages, ce cahier numérique se révèle efficace. Tout comme la fonction de conversion de texte qui, miraculeusement, signe un quasi-sans fautes avec la redoutable écriture manuscrite de votre serviteur. On a rarement vu aussi compétent en la matière ! Et cela fonctionne rudement bien en français ! Cela détonne dans une interface qui n’est malheureusement disponible qu’en anglais.

Le stylet Marker, fourni en standard (on peut opter pour un modèle Plus avec une zone active à l’opposé de la pointe qui fait office de gomme), est actif. Cela permet au périphérique de communiquer plus rapidement avec le carnet et donc, de réduire la latence. Il se recharge et se transporte en le déposant sur la tranche magnétique de la tablette, à la manière de l’Apple Pencil sur un iPad.

Le hic, c’est qu’il est impossible d’utiliser le stylet du précédent carnet ou n’importe quel autre stylet à technologie passive. Mieux vaut ne pas égarer le Marker…

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Le nouveau bloc-notes ne se contente pas d’un écran couleur : reMarkable a également amélioré le moteur avec une puce à 4 cœurs (Cortex-A53) cadencé à 1,8 GHz, 2 Go de RAM et 64 Go de stockage — mais toujours pas de slot SD. Des performances largement en hausse par rapport à la reMarkable 2 avec sa puce deux cœurs 1,2 Ghz, 1 Go de RAM et 8 tout petits gigas de stockage. Écran E Ink oblige, passer d’une page à une autre demande toujours un peu de temps, la réactivité de l’interface est loin d’égaler celle d’une tablette, mais globalement les manipulations sont agréables.

En termes d’autonomie, la Paper Pro vise large avec une batterie d’une capacité de 5 030 mAh, ce qui représente jusqu’à 14 jours d’utilisation régulière. C’est la même autonomie que la reMarkable 2, qui se contente d’une batterie de 3 000 mAh (mais d’un écran monochrome…).

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Du point de vue technique, la Paper Pro est donc une avancée majeure par rapport à la reMarkable 2. Ce qui ne change pas, c’est la philosophie de l’appareil : on reste sur du cahier numérique pour prendre des notes et griffonner. Certes, on peut aussi lire des livres numériques sur l’appareil, mais c’est une fonctionnalité finalement assez secondaire qui a peu évolué en quatre ans.

Les amateurs de bande-dessinées devront peut-être se tourner vers un autre appareil pour profiter pleinement de leur lecture : les couleurs de la Paper Pro sont quelque peu délavées en comparaison d’une tablette, et malgré le gain de performances, le zoom sur une case reste un exercice difficile pour un écran e-paper. Mais sachez tout de même que c’est possible… pour peu que le fichier PDF ou ePub ne dépasse pas les 100 Mo.

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La Paper Pro est plus à son aise avec les livres traditionnels, qui sont techniquement moins exigeants. La liseuse comprend les options de base pour lire à son aise, comme la taille et le choix des polices (la sélection reste limitée), l’interlignage, la justification du texte, ou encore les marges. La fonction d’annotation est disponible en tout temps, via un système de calques qui s’ajoutent par-dessus le document original ; il est ainsi possible d’ajouter autant de calques que désiré, ou d’en masquer certains.

Néanmoins, on ne peut pas dire que la Paper Pro soit parfaitement adaptée à la lecture : il manque des fonctions de base comme un marque-page, même si les tags peuvent faire l’affaire ; les vignettes des bouquins sur la page d’accueil de la bibliothèque n’affichent pas leurs couvertures, mais l’aperçu de la page ouverte, ce qui n’est guère pratique ni joli ; et au bout du compte, l’appareil est trop lourd et encombrant pour être vraiment à l’aise dans ce rôle.

Un bloc-notes numérique spartiate

Le principal usage de la Paper Pro reste donc la prise de notes et plus particulièrement de texte. Les différents outils de gestion des notes, qu’il s’agisse des calques à afficher ou à masquer, ou les tags, ont fait la preuve de leur utilité.

Les formules mathématiques griffonnées à la main peuvent être converties, mais uniquement les plus basiques. Dès que ça commence à devenir un peu compliqué, le bloc-notes perd les pédales. On regrette amèrement l’absence de calculatrice ; reMarkable nous a indiqué que rien n’était prévu dans ce domaine, malheureusement. Il n’existe pas non plus de dictionnaire ni de fonction de correction orthographique, et encore moins de fonction de résumé par IA.

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La Paper Pro se destine donc à un public bien spécifique, qui n’a pas besoin de faire des calculs, d’enregistrer des mémos vocaux ou d’accéder à internet pour vérifier une information. Il n’y a pas non plus de boutique d’applications qui permettrait d’élargir les compétences du carnet numérique. L’avantage de ce concept, c’est qu’il est impossible d’être distrait de son travail et pour beaucoup d’utilisateurs potentiels, c’est un très sérieux argument de vente.

Cela ne veut pas dire que la Paper Pro soit complètement coupée du monde. Elle peut importer des fichiers depuis Google Drive, OneDrive et Dropbox, et il est possible de partager des fichiers par email en PDF, SVG, PNG ou au format texte. Les applications pour smartphones et de bureau permettent d’accéder aux notes créées sur le cahier numérique, on peut également diffuser des notes depuis la Paper Pro vers un appareil externe, toujours grâce à l’app.

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reMarkable commercialise aussi un clavier externe rétroéclairé, le Type Folio, qui fait par ailleurs office de protection une fois replié. C’est un clavier complet qui comprend une touche ESC et une rangée de touches de fonction. La frappe est dynamique et agréable, mais à 249 €, c’est un sérieux investissement. Inutile de vouloir connecter un clavier quelconque, il ne sera pas reconnu.

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