On ne s’en offusquerait presque plus. Une fois encore, cette mise à jour de l’iMac est une affaire d’intérieur et non d’extérieur revisité. Pour ce qui paraît une éternité plus un jour, environ huit ans tout de même, l’iMac affiche donc ce design qu’on lui connaît si bien, trop bien, avec des bordures larges comme les colonnes d’Hercule de chaque côté de l’écran. Sans même parler du haut et du bas de l’affichage.
Mais, pour autant, cette absence de changement de design a, pour une fois peut-être, une très bonne justification, voici sans doute le dernier iMac Intel qu’Apple sortira jamais. Pourquoi gâcher un nouveau design pour une « vieille » plate-forme alors qu’une grande bascule approche ? Evidemment, ça ne saurait durer, car on imagine mal Apple continuer longtemps à éviter l’affichage sans bordure sur son iMac, qui, historiquement, est le premier Mac à avoir autant mis l’écran en avant.
Un défaut paradoxal… qui ne doit pas gâcher l’essentiel
La bonne nouvelle, c’est que ce design antique est le seul défaut majeur de ce nouveau tout-en-un. Un beau paradoxe quand on sait qu’Apple est extrêmement attentif à cet aspect de ses produits. Mais jachère et innovation ne font pas bon ménage.
C’est d’autant plus dommage que l’iMac 27 pouces 2020 propose toujours une dalle exceptionnelle. Mieux, deux dalles exceptionnelles. La définition native de 5120×2880 pixels est toujours époustouflante et la dalle de 27 pouces est donnée pour afficher un milliard de couleurs.
Nos mesures du Delta E 2000, qui calculent l’écart entre la vraie valeur d’une couleur et son rendu à l’écran, confirment d’ailleurs cette excellence. Le modèle doté d’un écran classique « brillant » affiche un Delta E de 1,02, ce qui est tout bonnement stupéfiant. Rappelons-le, plus le chiffre est proche de zéro moins la différence entre réalité et affichage est importante. La dalle nano-texturée affiche un résultat légèrement moins bon, avec un Delta E de 1,29. Et c’est vrai qu’à l’œil les couleurs ont l’air moins éclatantes. Cela vient sans doute du fait que la dalle « mate » est moins lumineuse. Pas de manière dramatique ou choquante mais suffisamment pour être notable à l’œil nu.
Ainsi, l’écran classique affiche une luminosité de 537 cd/m², tandis que la dalle mate reste à 490 cd/m². Dans les deux cas, c’est excellent, mais indéniablement l’une est plus lumineuse que l’autre. D’une certaine manière, c’est tant mieux car les reflets de la dalle classique compliquent parfois la vision, si vous travaillez dos à une fenêtre ou sous des néons, par exemple. Ce surplus de luminosité devrait vous aider. Un problème que ne rencontre pas du tout l’iMac dont l’écran est nano-traité, ce qui prouve l’efficacité du procédé. Cependant, aussi confortable que soit cet apport, son prix (625 euros) a de quoi refroidir…
Quoi qu’il en soit, comme depuis le passage aux dalles Retina 5K, afficher des images, regarder des vidéos ou les monter sur un iMac est un véritable plaisir. Même scroller dans un tableau Excel gigantesque est agréable avec un écran pareil et une surface d’affichage aussi confortable. Ceux qui ont tendance à passer leur soirée devant leur iMac pour travailler ou tuer le temps apprécieront la fonction TrueTone, qui cale la chaleur de la lumière de l’écran à celle de la pièce. Un bon moyen de moins se fatiguer les yeux. Le plaisir est d’autant plus grand que les deux iMac que nous avons testés ne manquent pas de ressources.
Le dernier processeur Intel ?
Nous avons donc testé deux versions de l’iMac 2020. Le premier est le modèle haut de gamme à 2599 euros, équipé d’un Core i7 à 3,8 GHz (Turbo Boost à 5 GHz) à huit coeurs de dixième génération, et accompagné de 8 Go de mémoire vive (Apple fournit toujours aussi peu de RAM par défaut en 2020, et c’est d’autant plus frappant qu’il est possible de monter à 128 Go de RAM en option, pour 3 000 euros, tout de même). Il embarque également une Radeon Pro 5500 XT avec 8 Go de GDDR6.
Le second iMac est une version bien plus musclée, puisqu’elle opte pour un Core i9 à dix cœurs (à 3,6 GHz et TurboBoost à 5 GHz), profite de 32 Go RAM, affiche une Radeon Pro 5700 XT avec 16 Go de GDDR6, pour un prix de 4854 euros. Excusez du peu, mais l’option verre nano-texturé pèse lourd dans l’enveloppe.
Pour vous donner une idée des progrès réalisés et mettre en perspective l’intérêt des deux puces Intel de dixième génération, ainsi que l’apport de la 5700 XT, nous allons systématiquement comparer les performances de ces iMac 2020 entre eux et avec le modèle (d’entrée de gamme), sorti en mai 2019, que nous avions testé.
Maintenant que les présentations de fiche technique sont faites, profitons de l’instant pour dire qu’on a face à soi sans doute le dernier iMac Intel qu’Apple sortira. La grande transhumance vers les puces Apple Silicon est engagée. Dès la fin de l’année, des portables du géant de Cupertino devraient changer de pavillon. On a donc sur son bureau un monument historique, le dernier des Mohicans en quelque sorte.
Si par le passé, on a pu un peu grincer des dents face aux puces Intel embarquées dans certains iMac, parce qu’elles chauffaient trop, faisaient ventiler la bête ou throttlaient de manière exagérée, cette dixième génération de puce réussit un sans-faute. La partie processeur assure un vrai gain de puissance.
Certes, la comparaison entre les deux générations de processeurs Intel et donc d’iMac est un peu faussée, puisque l’on compare des Core i5 (de neuvième génération à six coeurs) à des Core i7 et i9. Néanmoins, entre les deux premières puces, si on se fie à Geekbench 4, on enregistre x1,5 de performances en plus. On flirte avec un x2 quand on se tourne vers le Core i9. Il faut en l’espèce bien entendu voir dans ces écarts l’apport du saut générationnel, mais aussi celui du nombre de cœurs disponibles, respectivement six, six et dix, ainsi que leurs fréquences de fonctionnement.
Car il faut noter que nous n’avons pas pris ces nouvelles puces en défaut, elles n’ont pas throttlé, réduit de manière trop importante leur fréquence de fonctionnement. Même si le Core i9 nous a parfois un peu inquiété en s’affaissant ponctuellement avant de revenir à une fréquence plus normale. Ces puces se calent généralement sur leur fréquence nominale dans le pire des cas.
Si l’infographie ci-dessus ne s’affiche pas, cliquez ici.
Si on se réfère à un autre classique des outils de test, Cinebench 15, les ratios en faveur des nouveaux modèles sont encore plus impressionnants. En effet, le doublement des performances est atteint dès le Core i7, tandis que le Core i9 est x2,5 plus puissant. Sur ce dernier test, le nombre de cœurs (et leurs fréquences) joue évidemment en faveur du Core i9, et du Core i7.
En se tournant vers des tests, réalisés dans des applications du quotidien, on constate une même tendance, une même domination de la nouvelle génération d’iMac. L’iMac Core i7 est presque 33% plus rapide dans nos tests avec Final Cut Pro qui sollicite le CPU et pas loin de 66% plus performant pour le calcul d’un rendu assez lourd dans After Effects.
L’iMac équipé du Core i9 tire, de son côté, pleinement parti de l’optimisation multicoeur de Final Cut Pro et est plus de 50% plus performant… que le Core i7 de 2020. Autrement dit, pour ceux qui utilisent beaucoup d’applications compatibles avec les calculs parallèles et qui demandent de la puissance, choisir l’option Core i9 peut avoir tout son sens.
Précisons deux choses rapidement. La première est que les modèles d’iMac 2020, surtout celui équipé du Core i9, font parfois jeu égal ou mieux que l’iMac Pro que nous avions testé en décembre 2017 lors de son lancement, et qui n’a pas été mis à jour depuis. Cela a notamment été le cas lors de nos tests avec After Effects, qui sollicitent en l’espèce autant le processeur central que le processeur graphique… La seconde est que si cet iMac est le dernier à être vendu avec un processeur Intel, il est a priori le dernier et meilleur choix pour ceux qui ont besoin d’installer Windows sur leur Mac, via Boot Camp.
Le grand bond en avant d’AMD
Justement, si les iMac profitent des progrès des puces Intel, ils gagnent aussi à embarquer les puces AMD de nouvelle génération. Les cartes graphiques proposées dans les différents modèles reposent toutes sur l’architecture RDNA introduite l’année dernière et gravée en 7 nm.
La partie GPU n’est donc pas en reste, aussi bien pour les tâches pro que pour des activités plus ludiques. Ainsi, vous le croirez si vous voulez, il est possible non seulement de jouer en Full HD, mais nos jeux et outils de tests ont même montré qu’on pouvait pousser un peu plus loin les cartes graphiques embarquées.
En aparté, quand on voit ce qu’Apple s’apprête à laisser derrière lui, d’autant que RDNA 2 est encore plus prometteuse, on peut légitimement espérer que les puces Apple Silicon vont mettre la barre haut, très haut…
Quoi qu’il en soit, quand on compare les performances obtenues par la 570X (architecture GCN couplée à de la GDDR5), qui équipait le modèle d’iMac testé en 2019, et celles de la 5500 XT, on constate que le changement d’architecture et la quantité plus importante de mémoire joue à plein. Comme on l’a vu avec After Effects, les progrès sont bel et bien là.
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L’iMac haut de gamme de série est ainsi plus de 42% plus rapide que le modèle 2019 selon le test Car Chase, de GFXBench Metal. Tandis que le modèle 2020 équipé de la Radeon Pro 5700 XT à 16 Go de RAM est plus de deux fois plus performant que son aîné et, logiquement, 1,5 fois plus puissant que le modèle haut de gamme sans option…
Si on se réfère au même outil de bench mais à un test plus exigeant (Aztec Ruins), la tendance est évidemment la même et les différences entre les modèles 2020 et 2019 se creusent. L’iMac 2020, équipé du Core i7 et de la Radeon Pro 5500 XT à 8 Go de RAM, est 63% plus rapide que son aîné, tandis que le modèle, qui tourne avec un Core i9 et une Radeon Pro 5700 XT, s’avère 2,4 fois plus performant.
Les applications professionnelles ou grand public qui utilisent Metal sous macOS devraient donc véritablement bénéficier de cette montée en gamme des cartes AMD. Si on regarde les jeux, on constate que les deux nouveaux venus devraient permettre de jouer sans encombre, en poussant et les réglages et la définition d’affichage.
Ainsi, Tomb Raider, qui n’est pas un jeu extrêmement récent, il est vrai, est presque jouable en réglages élevé et en 5120×2880 pixels, soit la définition maximale affichée par cet écran 27 pouces hors norme. Il est donc envisageable de jouer à des titres plus récents en se limitant à la Full HD, et en ajustant éventuellement les réglages graphiques…
Clairement, en matière de configuration, ces deux iMac sont vraiment solides. D’autant que les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là.
SSD enfin en standard… et quel standard
L’année dernière, nous pointions du doigt le fait qu’Apple continuait à glisser des disques hybrides (Fusion Drive) dans ces iMac 27 pouces. Pour des machines de ce standing et très souvent appelées à affronter des besoins professionnels, ce point nous semblait très problématique.
Cette année, Apple a enfin sauté le pas et tous ces iMac grand format intègrent des SSD par défaut. Les 256 Go sur le modèle d’entrée de gamme sont sans doute un peu légers pour un ordinateur fixe, mais devraient couvrir l’essentiel des besoins. Nos deux modèles testés affichaient une capacité différente. Le premier, modèle haut de gamme sans option, intégrait un SSD de 512 Go. Le second, un support SSD de 1 To.
Cette précision a son importance, car nous avons déjà pu le constater sur les MacBook Pro notamment, opter pour un stockage plus important s’accompagne souvent de meilleurs débits en lecture et écriture. Une constatation d’autant plus appréciée que les débits passent alors d’extrêmement bons à purement excellents.
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Evidemment, quand on compare les résultats obtenus avec nos trois iMac, le modèle 2019 est bien à la peine. Avec BlackMagic Disk, on constate une vitesse de lecture x2,4 plus rapide a minima entre les deux générations, tandis que le gain en écriture est de x3,7… On note aussi qu’effectivement le SSD de 1 To affiche de meilleures performances dans les deux sens de traitement des données.
Il est également intéressant de jeter un œil aux résultats obtenus avec Aja System Test Lite. On y remarque de meilleures performances de la part de l’iMac 2019. C’est lié au fait que ce test a sollicité le petit module flash du disque dur hybride. Autrement dit, on voit ce que donnait la partie la plus performante du disque Fusion Drive. Malgré cela, l’iMac 2020 le moins rapide est tout de même plus de trois fois plus performant en écriture et x1,7 plus rapide en lecture. Autrement dit, le SSD s’impose sans surprise comme une bien meilleure alternative.
Une Webcam pour un monde malade
Enfin, pour conclure, ce tour d’horizon des progrès des iMac, difficile de ne pas saluer les progrès de la Webcam intégrée dans le tout-en-un d’Apple. On ne s’appesantira pas sur cette nouveauté, mais il est bon dans un monde où les visioconférences débordent le cadre de rares sessions de chat avec la famille de voir que les iMac passent à une Webcam qui filme en 1080p. La qualité est indiscutablement meilleure. Apple indique que la puce T2 y est pour quelque chose, notamment dans la gestion des basses lumières. Elle intègre un coprocesseur d’images qui gérera le flux en provenance de la caméra au mieux. Heureusement, car il est parfois difficile d’être bien éclairé face à une machine qu’on ne peut pas bouger aussi facilement qu’un portable.
L’iMac embarque aussi le système de triple micro introduit avec le MacBook Pro 16 pouces, ce qui améliora la qualité de la prise de son, évidemment. Tout dépendra ensuite de la bande passante pour éviter les déformations sonores pendant vos sessions de chat.
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