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Test de l’EOS RP, l’hybride plein format familial selon Canon

Avec son format compact et ses beaux fichiers JPEG, l’EOS RP a comme atout de proposer le rendu plein format à prix contenu. Léger et simple d’utilisation, il souffre cependant de performances limitées et de manques technologiques majeurs.

L'avis de 01net.com

Canon EOS RP

Les plus

  • + Compact et léger
  • + Beaux fichiers JPEG
  • + Zoom 24-240 mm de qualité (en option)
  • + Compatiblité avec la monture EF (avec adaptateur)

Les moins

  • - Souffre en basses lumières
  • - Trop petit pour les grandes mains
  • - Performances médiocres (rafales, etc.)
  • - Endurance médiocre (seulement 250 images)

Qualité photo

4 / 5

Qualité vidéo

3 / 5

Réactivité

3 / 5

Ergonomie et finition

3.5 / 5

Appréciation générale

3.5 / 5

Autres critères et mesures

3.5 / 5

Note de la rédaction

Note publiée le 03/02/2020

Voir le verdict

Fiche technique

Canon EOS RP

Monture (baïonnette) Canon RF
Format de capteur Plein format 24 x 36
Définition du capteur 26.2 Mpx
Type de capteur CMOS
Sensibilité ISO min 100
Voir la fiche complète

Après un EOS R décevant, Canon a lancé un second boîtier hybride à capteur plein format un peu plus étonnant encore : l’EOS RP. Vendu 1500 euros, ce boîtier est étonnant en cela qu’il ne colle pas vraiment au line up optique que Canon produit en monture R. Entre les 85 mm f/1.2 à la formule optique de rêve, un zoom professionnel 70-200 mm f/2.8 d’une compacité jamais vue et un 50 mm f/1.2 stupéfiant, Canon préfère lancer un boîtier familial entrée de gamme pas vraiment « au niveau » de ces optiques de compétition. Heureusement, Canon a tout de même produit une optique qui colle avec la cible de l’EOS RP, un 24-240 mm inédit dans le genre. C’est avec cette optique que nous avons donc testé l’EOS RP…

Maxi capteur pour un mini boîtier… trop mini ?

Adrian BRANCO / 01net.com

Avec 485 grammes sur la balance boîtier nu (avec batterie et carte mémoire), l’EOS RP est l’un des plus petits boîtiers hybrides plein format jamais lancé. Il n’est cependant pas le plus petit : le Sony A7 premier du nom lancé en 2013 était plus léger de 11 grammes et moins large de 6 mm.

Adrian BRANCO / 01net.com

Mais l’EOS RP appartient pourtant bien à la famille des petits poucets, non seulement pour les boîtiers plein format, mais aussi pour les hybrides en général : un Fujifilm X-T3 à capteur APS-C pourtant plus petit s’affiche à 539 grammes dans la même configuration. Canon a eu recours à la course à la simplification ce qui a des retombées parfois négatives comme l’absence de trappe à carte mémoire dédiée, qui se trouve dans l’emplacement pour batterie sous l’appareil.

Adrian BRANCO / 01net.com

Comme à l’accoutumée avec Canon, on sent la construction soignée et les matériaux de qualité, même s’il faut bien regretter que le boîtier ne soit pas certifié « tous temps » comme peuvent l’être des boîtiers concurrents à ce niveau de prix. Mais le format interroge : il n’est à l’aise qu’avec une seule des deux optiques correspondant à sa « gamme », comme la focale fixe RF 35 mm f/1.8 IS Macro STM. Le 24-240 mm avec lequel nous l’avons testé est en effet un petit peu trop long et lourd pour que l’ensemble soit confortable. Canon semble ici réitérer les errements des petits Panasonic Lumix – GF3, GM1, etc. – qui furent eux aussi, en leur temps, des prouesses de miniaturisation, mais dont le format s’est avéré trop petit pour de nombreuses optiques.

Outre cette absence de prise en compte de la nature du parc optique (très pro), cette miniaturisation cache une carence : l’absence de stabilisation mécanique du capteur.

Pas de stabilisation mécanique, Eye AF médiocre, recadrage vidéo 4K

Adrian BRANCO / 01net.com

Les hybrides ont apporté une amélioration d’importance en matière de qualité et de netteté d’image : la stabilisation mécanique du capteur. Si certains reflex Pentax l’intègrent, ni Canon, ni Nikon ne proposent cette technologie dans leurs reflex. Quant aux marques hybrides, même celles qui basaient tout sur la stabilisation optique (Panasonic, Sony et Fujifilm), elles systématisent de plus en plus cette technologie complémentaire de la stabilisation optique. Complémentaire en effet, car chaque méthodologie corrige plus ou moins bien les différents mouvements parasites : la stab optique brille avec les longues focales, celle du capteur aide en grand angle et permet surtout de stabiliser peu ou prou toutes les focales fixes, qui le sont rarement. Et coupler les deux permet par exemple à Olympus de revendiquer 7,5 vitesses de stabilisation sur son OM-D E-M1X.

En faisant l’impasse sur la stabilisation mécanique du capteur au profit d’une « électronique qui se sert des gyroscopes internes des optiques et du boîtier » – fonctionnant mal, soyons franc – Canon n’aide pas les photographes. Ainsi, de nombreuses images à vitesse pourtant plus que satisfaisante et qui avaient l’air net sur l’écran se sont avérées légèrement floues, comme avec l’EOS R. En 2019/2020, la stabilisation du capteur n’est pas un luxe, elle devrait être de série sur tous les hybrides plein format.

Autre manque technologique : une détection de l’œil efficace. Sony, Panasonic, mais aussi Olympus et Fujifilm offrent désormais cette fonction qui permet de maintenir le point (et donc la netteté) sur l’œil d’un sujet, garantissant des portraits qui « claquent ». Si Canon a bien développé une mise à jour du firmware qui offre cet Eye AF, son implémentation est largement inférieure à la compétition. Et loin, très loin de Sony, champion de la catégorie.

Finalement on reproche à cet EOS RP un recadrage vidéo en 4K à la limite de l’absurde : à quoi bon avoir une focale grand angle 24 mm si c’est pour se retrouver avec un 40 mm lorsque l’on filme ?

Héritier technologique de l’EOS 6D Mark II

Adrian BRANCO / 01net.com

S’il est équipé d’un processeur Digic 8 et non d’un Digic 7, l’EOS RP est pourtant bien l’héritier de l’EOS 6D Mark II, un reflex lancé il y a deux ans et demi. Un boîtier lui aussi de moyenne gamme dont le RP semble récupérer le capteur 26 Mpix : même définition, même technologie Dual Pixel, même nombre de zones AF, même plage dynamique et même plage ISO.

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Comme le 6D mark II, l’EOS RP est un petit boîtier dans sa catégorie, comme lui il gère Bluetooth et Wi-Fi, comme lui, son écran est une dalle LCD tactile de 1,04 Mpix. Il doit lui aussi se contenter d’un obturateur mécanique au 1/4000e. La grâce soit rendue au Digic 8, il peut filmer en 4K, mais malheureusement, comme pour l’EOS R, au prix d’un recadrage des plus violents.

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Le petit nouveau n’égale cependant pas l’original dans tous les domaines. De l’endurance de la batterie, à la résistance du boîtier jusqu’à la rafale, le 6D Mark II, pourtant bien plus vieux, domine son héritier dans de nombreux domaines.

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Les deux boîtiers s’affichent au même prix de 1499 euros, le choix entre les deux appareils se fera sur le parc optique (avantage 6D Mark II), sur la résistance ou l’endurance (avantage 6D mark II) ou sur la compacité (avantage EOS RP) plutôt que sur la qualité d’image, sensiblement similaires. Une qualité d’image de très bonne tenue, notamment en JPEG.

Qualité d’image : belles images en plein jour, lissage important de nuit

Le traitement JPEG par défaut de l’EOS RP est très bon, ce qui lui permet de remplir sa mission de produire de bons clichés sans le passage des fichiers dans un logiciel de développement RAW. Le rendu d’image est typique du monde du reflex, c’est à dire des images moins ciselées que celles produites par les Sony et autres Panasonic. Impossible de discerner la moindre différence entre un cliché de cet EOS RP d’un 6D Mark II, les transitions sont plutôt douces, les détails précis mais pas acérés.

Le rendu JPEG par défaut (Style d’image A dans les réglages) est un vrai passe-partout, avec des tons doux et chauds et des contrastes flatteurs. Il se perd en revanche un peu sous des ciels très denses et gris – des verts qui pètent un peu trop – mais c’est le lot de presque tous les appareils concurrents (Fujifilm excepté).

Les fichiers RAW, eux, n’offrent pas une plage dynamique aussi large que la concurrence, la faute à la structure des photosites du capteur Dual Pixel. On récupère moins de détails dans les ombres, notamment lorsque l’on shoote en basses lumières.

Puisqu’on parle de la nuit, si la cohérence colorimétrique est bonne par défaut, les zones d’ombres sont toujours sujettes à une forme de banding – des artéfacts qui dégradent l’image – et le lissage très important des détails aplatit un peu trop les détails. Ce qui qui conduit à des images très « plates », avec moins de relief.  Mais Canon oblige, les couleurs sont justes et la qualité des clichés en plein jour excellente.

Rapidité : bilan en demi-teinte

Le capteur Dual Pixel conçu et fabriqué par Canon qui équipe ses reflex et ses hybrides depuis plusieurs générations, est généralement loué pour sa vitesse de mise au point. En mode single AF, il est vrai que l’appareil accroche rapidement la zone sélectionnée. Mais au final, la technologie de Canon ne fait – au mieux – qu’égaler ce que peut proposer Sony côté autofocus simple… Et reste loin, très loin en matière de rapidité d’acquisition de sujets en mouvement, de cadence de rafale, etc.

Si Canon a bien ajouté un autofocus sur l’œil – Eye-AF – façon Sony, le niveau de performances n’a absolument rien à voir. Quand la capture et le suivi des hybrides Sony de troisième génération est à la fois rapide et implacable dans le maintien du focus, la technologie de ce Canon RP fleure bon la tentative. Ce n’est pas ce que l’on attend du numéro 1 mondial de l’image.

Quant à la rafale, Canon a largement castré son appareil d’entrée de gamme – une pratique courante dans le milieu – qui plafonne à 4 images par secondes…

Gamme optique en inadéquation totale avec les boîtiers

À la photokina de 2018, un haut cadre de Canon nous confirmait que l’EOS R n’était pas un boîtier professionnel pour la marque, mais un boîtier « enthousiaste ». Mille euros moins cher, l’EOS RP est un boîtier amateur/familial ce qui fait que Canon ne dispose pas de boîtier « Pro » en monture RF.

Pourtant, quand on jette un regard sur la gamme optique RF de Canon on est en droit d’être perdu : mis à part le RF 35mm F1.8 MACRO IS STM et le RF 24-240mm F4-6.3 IS USM, les huit (sept plus une variante) autres optiques sont des zooms et focales fixes haut de gamme… voire très haut de gamme. Le RF 28-70mm F2L USM à 2900 euros est ainsi le zoom le plus lumineux de son genre jamais conçu, le RF 85mm F1.2 L USM DS est un bijou qui allie douceur des flous et piqué d’image pour « seulement » 3500 euros, etc. En clair : si vous mordez au système en monture RF de Canon en achetant cet EOS RP, mis à part les deux optiques susmentionnées qui s’affichent à respectivement 600 et 1000 euros, il vous faudra casser le PEL pour vous équiper d’autres « cailloux ».

Adrian BRANCO / 01net.com

Heureusement, Canon oblige, la qualité optique est au rendez-vous. Et ce, aussi bien dans le haut de gamme que sur les zooms plus familiaux comme le 24-240 mm.

RF 24-240 mm F4-6.3 IS USM : excellente optique familiale

Adrian BRANCO / 01net.com

Sur le papier, le RF 24-240MM F4-6.3 IS USM n’est pas le bijou de précision qui fait rêver les amateurs de « belle optique ». C’est un zoom x10 adapté aux usages du très grand public à la recherche d’un zoom à tout faire, loin des prétentions des focales fixes à 3000 euros de la gamme RF. Mais si cette optique n’est pas très lumineuse à cause du grand écart optique qu’elle se doit d’offrir – f/6.3 en bout de zoom – l’optique se comporte parfois de manière fabuleuse.

Adrian BRANCO / 01net.com

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Sa capacité à générer des flous d’une grande douceur et avec du caractère est la marque d’un travail en profondeur des ingénieurs opticiens de Canon.

Outre ses qualités optiques intrinsèques (bon piqué d’image, homogénéité convenable pour un tel zoom, corrections logicielles intégrées dans les fichiers), Canon a eu à cœur de travailler la « signature » de son optique. Une chose rare pour une optique à 1000 euros qui se la joue « super zoom x10 pour reflex plein format ».

L’EOS RP dépassé par le « vieux » Sony Alpha 7 Mark II

Si Canon a voulu frapper fort en proposant un appareil plein format à 1500 euros boîtier nu, le souci pour Canon c’est que son EOS RP doit faire face à un boîtier encore moins cher : le Sony A7 Mark II. Lancé en 2015, ce boîtier s’affiche à 1099 euros nu et 1299 euros avec un 28-70MM f/3.5-5.6 et ce, en tarif officiel, dans les « vraies » boutiques photo. Et hors promos exceptionnelles du type Black Friday où il est descendu encore plus bas.

Même s’il est plus ancien que le modèle de Canon, l’Alpha A7 Mark II a pour lui de sacrés atouts en plus de son prix encore plus agressif. Son capteur stabilisé lui permet de produire bien plus de clichés nets avec les focales fixes, sa batterie est plus endurante (350 clichés contre 250 pour le RP), son obturateur mécanique va jusqu’au 1/8000e (1/4000e pour le RP), son parc optique natif est bien plus large et son mode vidéo est sans recadrage (et la compression de meilleure qualité). enfin, il tient mieux en main avec les optiques un peu plus lourdes.

L’EOS RP a pour lui la vidéo 4K, mais au prix d’un recadrage aberrant (x1.8 !), sa plus grande légèreté et un écran LCD tactile.

Sur le papier comme en pratique, l’Alpha A7 Mark II est un bien meilleur choix pour un photographe souhaitant s’équiper d’un hybride à capteur plein format. Sony profite ici de la stratégie gagnante de laisser en gamme ses boîtiers le plus longtemps possible afin de coller à tous les budgets. Face à lui, Canon ne peut opposer qu’une maigre résistance technique. Mais le géant a toujours comme atout d’avoir un public d’utilisateurs fidèles qui, eux, apprécieront la totale compatibilité de leurs optiques avec l’EOS RP. Même si cela se fait au prix d’une prise en main médiocre.

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