C’est bien beau de vouloir devenir le BMW de la trottinette, mais est-ce seulement raisonnable ? Quoi qu’on en pense, c’est le but que s’est fixé Egret, une société allemande, surtout connue des initiés, et qui s’enorgueillit de faire de trottinettes comme les Allemands font des voitures, c’est-à-dire haut de gamme, performantes et durables dans le temps.
Il y a une dizaine d’années, lorsque le marché de la trottinette électrique a explosé, Egret figurait déjà parmi ses acteurs les plus ambitieux. Le constructeur proposait alors les modèles les plus rapides du marché. Depuis, la législation s’est chargée de niveler la proposition des constructeurs, Egret s’est éclipsé du marché français, et un mastodonte chinois, Xiaomi a tout raflé sur son passage, ne laissant que des miettes à ses concurrents.
Mais en 2022, Egret veut croire que la donne peut changer. Le fabricant signe son retour dans l’Hexagone et espère faire son trou dans un segment sur lequel Xiaomi n’est pas compétitif, celui des trottinettes haut de gamme. Le prix de son modèle Pro, ne dit pas autre chose, mais qu’en est-il des performances de ce modèle trois fois plus cher qu’un Mi Scooter Pro 2 ?
Enfin un design différent des Xiaomi
Avec son modèle Pro, Egret ne révolutionne pas le design des trottinettes électriques, mais il apporte tout de même des éléments distinctifs par rapport aux modèles traditionnels. Commençons par l’essentiel. Le modèle du fabricant allemand est particulièrement bien conçu, assemblé avec grand soin et fabriqué avec des matériaux de qualité. Il suffit de poser sa main sur les poignées en caoutchouc ou d’analyser la structure du deck pour s’en convaincre.
Quant à l’attention portée au détail, elle transparaît partout ou presque : la moindre vis dispose d’un cache en plastique pour être protégée de la pluie, le cache de la trappe de chargement est aimantée pour se rabattre facilement, et même le système de pliage de la trottinette est étudié pour être à la fois simple et sécurisé. En effet, il s’active via deux commandes.
La première sert à verrouiller ou déverrouiller le dispositif. Elle est nécessaire pour démarrer la procédure. Dès lors, il suffit de rabattre dans un sens ou dans l’autre le large levier au pied du tube principal pour enclencher le pliage ou à l’inverse amorcer le dépliage de la bête.
Afin d’être complet sur cet aspect esthétique, il convient de souligner la qualité des optiques et la présence d’un feu de stop à l’arrière qui rassure lors de chaque trajet. Quant au deck, il est suffisamment large et confortable pour ne pas avoir à choisir la position dans laquelle il faudrait y placer ses pieds.
Compte tenu du prix de l’Egret Pro, on aurait pu s’attendre à ce que celle-ci intègre une suspension à l’avant. Il n’en est rien et le constructeur l’assume complètement, expliquant qu’en dehors de faire grimper le prix davantage encore, ce dispositif ne serait pas nécessairement indispensable aux petits trajets à vitesse limitée. Comprenez qu’en plus d’alourdir la trottinette, l’amortisseur se révélerait plus utile sur les modèles plus rapides. Nous vous laissons juges de la qualité de l’argumentaire, pour notre part même si l’Egret Pro s’avère confortable nous n’aurions pas été offusqués par l’ajout d’une suspension.
Rapide, dynamique et confortable
Nous avons parcouru un peu plus de 300 km avec l’Egret Pro. Au terme de cette expérience, il apparaît que la trottinette électrique allemande offre une très bonne expérience tant en matière de sensations sur la route que de confort. Comment ? En maîtrisant avec précision la puissance de son moteur « coupleux », 27 Nm tout de même, et en offrant un comportement dynamique.
En effet, il ne faut que quelques minutes pour se sentir à l’aise sur cette trottinette. Dès lors, celle-ci invite immédiatement à jouer. Que ce soit par ses accélérations grisantes ou sa direction précise, elle met rapidement en confiance. Cette confiance pourrait être entamée au freinage, il n’en est rien. Les freins à disque hydrauliques de l’Egret Pro sont tout simplement les meilleurs que nous ayons testés sur ce type de bolides. Progressifs, faciles à doser et particulièrement mordants lorsque cela s’avère nécessaire.
Ce qui nous paraît également parfaitement réussi sur l’Egret Pro, c’est la façon dont l’assistance est gérée. En effet, la trottinette dispose de trois niveaux qu’il est possible de sélectionner à l’aide d’une commande sur le guidon. Mais contrairement à certains concurrents qui se contentent de plafonner la vitesse maximale de chacun des modes (à 10, 15 et 25 km/h par exemple), Egret préfère jouer sur le couple.
En conséquence, il est possible d’atteindre la vitesse max de 25 km/h quel que soit le niveau d’assistance choisi. En revanche, c’est le temps pour arriver à cette vitesse qui varie d’un mode à l’autre. Sur un terrain plat, il ne faut que 5 à 6 secondes en niveau 3, le plus élevé. En revanche, si vous souhaitez épargner votre batterie et rouler tout en souplesse, le niveau 1 nécessitera une bonne vingtaine de secondes pour vous mener à la même vitesse. Plus intelligente, cette modulation offre également plus de latitude à l’utilisateur.
Jusqu’à 80 km d’autonomie, vraiment ?
Il est bien difficile de juger l’Egret Pro sur l’autonomie. Comme pour les autres modèles de trottinettes et, par extension, les vélos, voitures et autres engins à batterie électrique, celle-ci varie en fonction de plusieurs facteurs. Il y a bien sûr le niveau d’assistance, le gabarit du pilote, le type de parcours effectué, la météo et même la pression des pneus.
Il est évident qu’un pilote petit et léger, roulant avec le plus faible niveau d’assistance sur une route plate en été obtiendra de bien meilleurs résultats qu’un gabarit imposant profitant du troisième niveau d’assistance de l’Egret Pro sur une route vallonée par températures négatives. Voilà pour l’évidence, mais qu’en est-il dans les faits et comment avons nu pu constater un tel écart entre les 80 km d’autonomie annoncés par le constructeur et nos 40 km péniblement atteints ?
Nous avons interrogé Egret sur les conditions dans lesquelles leur test d’autonomie avait été réalisé. Le constructeur admet volontiers qu’il ne s’agit pas de conditions de roulage classiques et qu’en disant qu’il est possible d’atteindre « jusqu’à 80 km d’autonomie », il n’engage sa trottinette que dans un scénario idéal. Ce test justement, il est réalisé sur une piste d’athlétisme par temps favorable, avec le niveau d’assistance le moins gourmand et avec une seule accélération, celle du démarrage. Inutile de préciser que vous aurez du mal à reproduire ce type de conditions. En revanche, même si atteindre 80 km est illusoire, il convient de saluer les performances de la batterie à base de cellules Samsung de l’Egret Pro qui réalise tout de même de très belles performances, bien au-dessus de la concurrence.
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Un système de verrouillage intégré
Egret a également réfléchi à un système pour empêcher sa trottinette d’être volée. Bien que la Pro dispose d’une application, certes en bêta, il ne s’agit pas d’un système de localisation à la manière des vélos électriques VanMoof ou Cowboy.
Il existe un système de verrouillage via l’application certes, mais le système le plus dissuasif est tout simplement physique. Il s’agit plus précisément d’un cadenas intégré au cadre qui permet d’attacher sa trottinette. Celui-ci est fabriqué en Allemagne et devrait être vendu dans la partie Accessoires du magasin en ligne. Pour l’instant, il n’est pas encore commercialisé et son prix n’est pas connu.
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