Ati Radeon HD 5970 : la promesse
La Radeon HD5970 aurait pu tout aussi bien être estampillée 5870X2. C’est une tendance lourde de ces dernières années que de sortir à la suite d’une nouvelle puce graphique haut de gamme une version de la même carte dotée non pas de un mais de deux processeurs graphiques.
A défaut de pouvoir augmenter les fréquences de manière spectaculaire, les fabricants doublent ainsi la mise, soit en incorporant deux cartes graphiques dans un même PC (technologies SLI chez Nvidia et CrossFire chez AMD), soit en plaçant comme ici deux GPU sur un seul PCB. C’est logique, la puissance s’en trouve presque doublée.
Mais à quoipeut servir une telle débauche de moyens ? Est-ce vraiment utile dans lesjeux ? Quelles sont les précautions à prendre avant de sauter lepas ? N’est-ce finalement qu’une question de prestige pour les fabricants ouexiste-t-il un bénéfice tangible pour le joueur sur PC, fût-il fortuné ?
Ati Radeon HD 5970 : la réalité
Double ration de Radeon HD 5850
Un GPU cadencé à 725 MHz et 2 Go de mémoire GGRD5 à 1 000 MHz complètent le tableau des paramètres physiques de base. On peut remarquer que les fréquences de fonctionnement sont strictement les mêmes que celles de la Radeon HD 5850, une carte de milieu de gamme de la série des 5800. Les deux processeurs graphiques sont ici reliés entre eux par un pont PLX capable d’exploiter la norme PCI Express 2.1., tandis que la largeur de bus de l’interface mémoire est toujours limitée à 256 bits. Une économie qui risque, comme pour la HD 5870, de constituer un goulot d’étranglement pour la transmission des données entre les deux GPU et la mémoire GDDR5.
Des performances de grosse brute…
Avec ses deux GPU et sa nouvelle architecture, la carte Radeon HD 5970 bat dans la dernière ligne droite le champion actuel de Nvidia, une carte biprocesseur qui sévit sous le nom de GeForce GTX 295. L’écart au 3D Mark Vantage réglé sur le mode extrême, c’est-à-dire sur une résolution de 1 920 x 1 200 pixels, est tout de même de presque 25 % sur notre machine de référence Intel, composée comme suit : carte mère Intel X58 sur laquelle se pose un Intel Core i7 965 cadencé à 3,2 GHz et 3 Go de mémoire DDR3, l’ensemble tournant avec Windows 7 Intégrale 64 bits.
Le constructeur ATI-AMD vante aussi les mérites de la nouvelle – déjà surpuissante – en matière de surcadençage (overclocking), autrement dit sa capacité à fonctionner au-delà des fréquences d’usine tout en conservant une bonne stabilité. Le GPU est ainsi censé pouvoir encaisser au moins les fréquences de la Radeon HD 5870 et bien plus encore.
Plusieurs modèles surcadencés sont d’ailleurs prévus chez différents constructeurs pour les semaines à venir. Dans nos différents essais réalisés en conservant les réglages de voltage par défaut, la fréquence du GPU a facilement gagné une centaine de MHz tandis que la mémoire a pris sans sourciller 300 MHz de plus, soit donc respectivement 825 MHz pour le GPU et 1 300 MHz pour la GDDR5. Il n’y a toutefois pas de quoi crier au miracle, et il faudra passer par une augmentation des voltages pour aller plus loin en prenant le risque d’un usage non couvert par la garantie qui pourrait endommager le port PCI Express de sa carte mère.
…et un appétit vorace
La Radeon HD5970, on le voit, ne fait pas dans la demi-mesure. Elle dépense sans compter tant du point de vue des watts que du dégagement de chaleur, le ventilateur thermorégulé jouant malgré tout bien son rôle puisque la carte n’atteint pas 70 °C en pleine charge. Du point de vue de la consommation, AMD semble s’être montré optimiste avec les 294 W annoncés en utilisation maximale.
Nos mesures montrent en effet des pointes à 350 ou 355 W. A ce niveau-là, la carte commence à être vraiment sonore sans toutefois que le bruit soit franchement insupportable. Il y a de plus gros à parier que, à ce stade de chauffe, le jeu vidéo auquel l’utilisateur enthousiaste s’adonne affiche lui aussi une phase d’action tonitruante. En mode repos, les 42 W annoncés sont à peu près respectés, ce qui est une performance.
DirectX 11, Open CL, Eyfinity et les autres
Nous l’avions rappelé lors du test, il y a seulement deux semaines, de la Radeon HD 5870, la même carte mais en version monoprocesseur, la série 5800 d’AMD intègre les premières cartes au monde compatibles avec DirectX 11. Un bonheur ne venant jamais seul, ces modèles sont aussi conçus pour afficher une même image sur trois écrans placés en mode paysage ou portrait, à partir du moment où l’un de ces écrans possède une entrée de type DispayPort.
Cette technologie répondant au nom d’Eyefinity est évidemment prise en charge par ce modèle 5970, avec une résolution maximale de trois fois 2 560 x 1 600 points, autrement dit trois écrans configurés dans la résolution maximale autorisée sur PC. Par rapport au 5870, le double GPU prend alors tout son sens puisqu’il faut encaisser la perte de plus ou moins 40 % de performance occasionnée par le triplement de la résolution.
En pratique, ça sert à quoi ?
Hors du triple écran, quelle est l’utilité réelle de ces performances de champion du monde ? Pour répondre à cette question, nous
avons tenté de jouer à Crysis Warhead et le plus souvent nous y sommes parvenus, sur un écran de 30 pouces affichant la confortable résolution de 2 560 x 1 600 pixels. Le constat est clair, cette carte aime les plus hautes résolutions, puisque ce jeu de tir tournait correctement jusqu’au réglage Gamer des options graphiques, autrement dit l’avant-dernier avant le mode Ultra, qui montrait pas mal de saccades et une baisse du nombre d’images par seconde à 25 au mieux jusqu’à 8 ou 10 lors de certains passages. Jouable mais tout juste.
De toute façon, les joueurs invétérés ne manqueront pas de peaufiner les paramètres dans les options graphiques avancées, afin de trouver le bon compromis permettant de jouer de manière parfaitement fluide dans cette résolution extrême, ce que, une fois encore, cette carte réalise sans problème. D’ailleurs, l’utilité de l’anticrénelage à ce niveau de détail, technique censée faire disparaître les effets d’escalier sur les segments obliques des polygones, reste à démontrer tant l’image est fine…
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