Quand un poids lourd du cyclisme débarque dans le monde très spécifique du vélo-cargo à assistance électrique, on est curieux de savoir comment il va s’en sortir. Un poids lourd, car la marque américaine est en effet devenue en 2021 la propriété du géant néerlandais Pon.Bike, un groupe tentaculaire (Gazelle, Cervélo, Kahlkhoff, Focus, Santa Cruz et d’autres) dont le chiffre d’affaires annuel dépasse désormais les 2,5 milliards de dollars. Mais pour concevoir ce modèle de type « longtail », la société de Wilton (Connecticut) s’est appuyée sur ses équipes européennes basées à Fribourg en Allemagne, plus à même de répondre à des usages bien plus répandus qu’aux États-Unis.
L’ensemble est au premier abord bien conçu et étonne d’abord par sa compacité : le vélo ne mesure que 1,85 m de longueur, la même taille que le Moustache Lundi 20 que nous avions déjà testé. À peine plus long qu’un VAE classique (voir de taille équivalente pour certains gros modèles), un argument appréciable lorsqu’il s’agit de se garer en ville.
Une performance rendue possible grâce à l’intégration de roues de seulement 20 pouces. Celles-ci ont également le mérite d’abaisser le centre gravité de la machine. Autre détail de géométrie à connaître, le tube supérieur culmine à seulement 47,5 cm de hauteur, permettant un enjambement facilité. Si l’on veut comparer encore une fois le vélo-cargo — l’un de ses concurrents directs —, il propose une hauteur d’enjambement de 63 cm. Le Trek Fetch +2 que nous avions également testé, fait quant à lui à peine moins bien que le modèle de Cannondale avec 48 cm.
Tige de selle télescopique et suspendue
Malgré ce design très ramassé, on ne se sent pas du tout au ras du bitume une fois posé sur le Cargowagen Neo 1. Sa longue tige de selle permet d’avoir une agréable position de pilotage, globalement droite sans pour autant être celle d’un typique vélo hollandais. Son étonnant cintre au dessin rappelant celui installé sur les BMX n’est pas trop éloigné et peut se rapprocher pour les personnes les plus petites. À noter que ce VAE est conçu pour des tailles allant de 1 m 50 à 1 m 90. Bon point concernant l’assise, la tige est non seulement suspendue, mais aussi télescopique. Cette fonction est presque indispensable sur un vélo-cargo souvent partagé entre deux parents. Elle permet aussi de poser le pied à terre facilement, rassurant notamment lorsque la machine est bien chargée et plus délicate à manipuler.
C’est aussi juste dessous la selle que l’on trouve l’emplacement des batteries. Si une seule est livrée (une Bosch PowerPack de 725 Wh), il est possible d’en ajouter une seconde en option depuis la dernière mise à jour logicielle du Système Intelligent de Bosch. Là encore, la disposition des accumulateurs à cet endroit est tout sauf un hasard. Elle permet elle aussi d’abaisser le centre de gravité, mais aussi de soulager l’avant du vélo par rapport à une batterie fixée au tube diagonal. Il est ainsi aisé de soulever la roue avant lorsqu’on manipule l’engin de 39 kg. Pour la recharge, on peut aussi bien retirer facilement les batteries par le haut du cadre que profiter de la prise disposée en haut du tube diagonal.
À noter que c’est un chargeur 4 A qui est fourni, permettant de charger la batterie fournie en 6 h au lieu de 11 avec un classique chargeur 2 A. Il est toujours difficile de donner une autonomie moyenne pour un vélo-cargo étant donné la multiplicité des usages et donc du poids que l’on transporte. En usage mixte (chargé et à vide), notre estimation d’utilisation oscille entre 70 et 80 kilomètres, grâce au poids du cadre contenu pour un modèle de ce type et sa grande réserve de 725 Wh. Il est donc possible de doubler la performance en achetant une batterie supplémentaire pour laquelle il faudra cependant débourser dans les 800 euros.
Un comportement routier exemplaire
Le reste de l’équipement est à la mesure de l’utilisation. La fourche avant suspendue est un modèle Suntour offrant 80 mm de débattement. Fixé à elle, un antivol de roue Abus se déverrouille avec la même clé que celle nécessaire à la sécurisation des batteries. Les pneus de 20 pouces sont des Schwalbe Pick-Up de 50 mm de section. Cannondale n’a pas lésiné non plus côté freins avec des disques de 180 mm à l’avant et 200 mm à l’arrière, arrêtés par des étriers Shimano à quatre pistons. Enfin, la transmission se fait par chaîne à un moyeu Enviolo Heavy Duty. Il suffit donc de tourner une poignée intégrée à celle de droite pour changer de rapport de manière continue, même à l’arrêt sans pédaler.
Avec tout cet équipement haut de gamme et son poids limité, nous n’avons donc pas été surpris de nous régaler au guidon de se Cargowagen Neo 1. Les roues de 20 pouces sont préservent la maniabilité de la machine. À vide, on a tout simplement l’impression de piloter un VAE classique. Agile, il se faufile facilement partout. Et sur les rudes pavés des Champs-Élysées, il ne moufte presque pas, filtrant les aléas du revêtement de manière étonnante. Une fois bien chargé (avec une caisse d’une vingtaine de kilos), on ressent bien entendu que le centre de gravité s’est relevé. Avec cette masse à l’arrière, le train avant se fait irrémédiablement plus flou et moins précis, mais le comportement reste exemplaire et une fois intégré ce changement, on se retrouve après quelques minutes à filer aussi vite qu’à vide. Enfin, le confort est préservé grâce à la tige de selle suspendue.
Le meilleur de Bosch en version Système Intelligent
Ce comportement de cadre bien né et en plus aidé par l’excellente intégration du moteur central Bosch Cargo Line de dernière génération en version Système Intelligent. Il prodigue une assistance de 400 %, grâce à une puissance nominale continue de 250 W et maximale de 600 W. Et avec 85 Nm de couple, autant dire qu’il ne rechignera pas faire avancer un vélo bien chargé ou s’attaquer aux montées les plus raides. Nous avons ainsi pu monter une pente d’environ 15 % en mode d’assistance Cargo sans forcer, certes à une vitesse comprise entre 15 et 20 km/h selon l’effort.
Pour commander cela, Cannondale a choisi un excellent écran Kiox 300, en couleur et lisible en toute circonstance couplé à un contrôleur LED Remote. Le tout peut bien entendu être connecté à l’application de Bosch eBike Flow, pour affiner les niveaux d’assistance ou encore profiter d’un guidage GPS. Cerise sur le gâteau, ce moteur est doté d’un très sécurisant système anti-recul et d’une plus classique aide à la marche.
Bien entendu, toutes ces qualités seraient peu de choses si l’aspect utilitaire n’avait pas été respecté. C’est même là que l’on attend le plus Cannondale. Que la marque fabrique un excellent cadre, ce n’est pas étonnant étant donné son savoir-faire. En revanche, concevoir un vélo-cargo ne repose pas seulement sur son comportement routier, mais aussi sur sa praticité. Premier bon point, le tube supérieur est garni d’un pratique vide-poche où l’on peut par exemple placer son smartphone, ses gants ou tout autre objet que l’on désire garder sous la main. À l’arrière, un carter protège évidemment la roue arrière pour éviter que les enfants ne s’y coincent les doigts. Les marchepieds sont amovibles pour accéder plus facilement à la mécanique cachée derrière elle. Côté gauche, c’est même une partie du carter que l’on peut dévisser facilement pour donner rapidement accès au disque et à l’étrier.
Toute une série d’accessoires est proposée pour personnaliser l’usage du vélo. Le porte-bagage peut accueillir jusqu’à deux coussins (35 euros l’un), une sacoche de chaque côté (130 euros), deux porte-bagage avant différents (100 et 125 euros) ou encore une barrière d’encerclement (260 euros). Cette dernière sert aussi bien à maintenir de grands enfants qu’à installer une caisse de transport à la norme Euro (80 kg de charge maximale à l’arrière, 15 kg à l’avant et 200 kg en tout). Enfin, il est également possible d’installer deux sièges enfant standard l’un derrière l’autre.
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