Canon EOS 5DS : la promesse
Si la course aux mégapixels n’a plus beaucoup de sens tant les appareils photo actuels sont suffisamment dotés, certains domaines restent sensibles aux hautes définitions comme la photo de studio (comprendre la pub ou la com’) ou encore les photographes de paysage/architecture. C’est d’ailleurs dans ces domaines que les reflex cèdent la place aux appareils dits « moyen format », aux capteurs non seulement plus grands, mais aussi plus richement dotés en pixels. Enfin ça c’était avant. Avant l’arrivée du Canon EOS 5D, un reflex format standard au capteur de 50,6 Mpixels…
Canon EOS 5DS : la réalité
Cinquante mégapixels sur un capteur plein format : plus qu’un record, c’est presque une débauche ! Si Nikon était venu titiller les appareils à capteur moyen format de l’époque avec son premier D800 en 2012, Canon égale ici carrément le standard actuel de la photo studio. Mais dans un format bien plus facile à manipuler que les gros moyens formats et avec un parc optique autrement plus varié.
Beaucoup de pixels = beaucoup d’espace disque
18 fichiers RAW, 1,04 Go, tout va bien…
Cette définition record de 50 Mpixels va obliger quelques photographes à faire évoluer leur flux de travail. Rappelons que jusque-là, le boîtier le plus dense en pixels de Canon était le 5D Mark III qui comptait « seulement » 22 Mpixels. La différence de poids c’est que si ce dernier boîtier génère des fichiers RAW de 25-30 Mo, le nouveau 5Ds, avec une définition plus que deux fois supérieure, enregistre des RAW allant de 50 à 75 Mo ! De quoi non seulement saturer plus rapidement cartes mémoires et disques durs, mais aussi faire souffrir les processeurs d’ordinateur les plus lents. Comme les D800/D810 de Nikon en leur temps, la super définition du 5Ds entraîne quelques dommages techniques collatéraux. Vous voilà prévenus !
Ergonomie classique
La prise en main du 5Ds n’a rien de révolutionnaire : tout « canoniste » trouvera ses marques en quelques minutes. Le mode de navigation des menus, la forme des boutons, etc. sont la marque d’un Canon pur jus, au grand plaisir de certains. Le boîtier est très bien construit, tout en rondeurs et s’il est un peu lourd, il faut se rappeler que jadis les boîtiers « s » étaient au format 1D c’est-à-dire à grip intégré. Le 5Ds est en cela un boîtier compact qui devrait beaucoup plaire aux photographes de studio qui se cassent les poignets à manipuler de gros boîtiers moyen format.
Studio et le paysage
Une telle définition d’image a un très grand intérêt dans la photo de paysage et de studio, deux disciplines qui voient leur production tirer en très grands formats. Même en recadrant sauvagement une image, on reste bien souvent autour de 20 à 30 Mpixels, soit la définition maximale des autres appareils ! Avec un très grand angle, on peut créer un panorama en coupant juste le haut et le bas de l’image comme ici avec notre Tamron 15-30 mm f/2.8 que nous avons en test. N’hésitez surtout pas à vous rendre sur notre album Flickr pour télécharger les fichiers Jpeg haute définition issus du boîtier.
Côté montée en ISO la limite maximale est à 6400 ISO de base et peut être étendue à 12 800. Canon a joué la prudence : on travaille très bien jusqu’à 1600 ISO, à 3200 ISO les artéfacts sont contenus. De 6400 à 12 800, les détails se font un peu la malle, mais le contenu de l’image et les informations de couleurs se maintiennent. On est loin des 400 000 ISO d’un Sony A7S, mais il y a 38 millions de pixels en plus !
Pas taillé pour le reportage sauvage
Les 36 Mpixels du D800 de Nikon, lancé il y a presque 3 ans, ont apporté une définition jamais vue dans le reflex… une définition qui a ses limites. La première est la qualité des optiques, qui devient critique au-delà de 24 Mpix. Mais il y a aussi la netteté des images, plus difficile à atteindre sans stabilisation. Quand le sujet bouge un peu à 12 Mpix, ce n’est pas trop grave. Mais avec 50,6 Mpix, le moindre écart du photographe ou du sujet se perçoit.
Il faut penser à travailler à des vitesses plus rapides, ou ben monter en ISO ou encore choisir des optiques très bien stabilisées. Tous ces facteurs font que le 5Ds est plus difficile à gérer en photoreportage : les photographes de news passeront leur tour et préféreront les boîtiers moins riches en pixels.
Largué en vidéo
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis le succès du 5D Mark II, un boîtier qui a notamment séduit par sa capacité à tourner en Full HD. Mais en termes de technologie, la marque nippone réserve ses innovations vidéo pour le marché pro et les modèles « photo » comme ce 5Ds sont désormais à la traîne. Jugez plutôt : l’EOS 5Ds dispose du même mode vidéo Full HD 30p que le vénérable 5D Mark II sorti en 2009. Pas de 4K, pas de modes 60 voire 120 i/s, pas d’AF rapide en vidéo, pas d’écran orientable et/ou tactile, pas de mode de compression avancé, etc. Canon a clairement perdu son titre de champion de la vidéo. Les créateurs d’images fixes et animées préfèrent désormais Panasonic qui, avec ses G7, GX8 et GH4 propose une qualité d’image 4K extra pour une fraction du prix des boîtiers Canon.
Le 5Ds est donc un boîtier « photo only », c’est ainsi qu’il faut le concevoir – mais nous ne pouvions pas fermer les yeux sur ce mode vidéo daté.
Un « s » qui veut dire hautes définitions
Les boîtiers affublés du suffixe « s » ont toujours été équipés de capteurs denses en pixels. Et pour cause : ce « s » signifie officieusement « studio » et les appareils de cette lignée (1Ds, 1Ds Mark II, 1Ds Mark III) ont toujours été les reflex les plus généreux de leur époque. On ne peut donc reprocher à cet EOS 5Ds sa rafale limitée en vitesse et en nombre (5 i/s, 14 RAW+Jpeg consécutifs max) puisque son rôle est d’offrir la plus grande définition d’image possible dans un boîtier reflex. Notons au passage que les anciens 1Ds étaient des boîtiers gros format, c’est à dire dont le corps intégrait un grip tandis que ce 5Ds reprend les dimensions des 5D/5D Mark II/5D mark III. Plus compact, il vient s’opposer frontalement au D810 qui n’affiche plus « que » 36 millions de pixels.
Notons pour finir que haute définition ne veut pas dire haute résolution d’image ni super piqué d’image. Offrant pourtant 35 Mpix de plus que le Sigma DP3 Merrill, le Canon EOS 5Ds n’arrive pas à égaler son piqué d’image alors qu’il était pourtant équipé de l’excellent EF 24-70 mm f/2,8 L II USM. Plus de pixels n’égale pas forcément plus de qualité d’image !
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