Les smartphones pliants ne sont pas une nouveauté en soi. Cela fait déjà plusieurs années que Samsung a défriché le terrain, avec sa gamme Fold, puis la famille Flip. D’autres marques se sont depuis lancées avec des téléphones au format pliable, comme Motorola ou Google, mais les ventes, quoiqu’en progression, n’ont jamais vraiment décollé. La raison ? Le prix, souvent supérieur à 1 000 euros et qui rebute une bonne partie des consommateurs.
C’est là qu’arrive Blackview avec son modèle Hero 10. La promesse du constructeur est de proposer un smartphone pliant à moins de 500 euros. Sur le papier, on ne peut que se réjouir qu’un concurrent casse les prix et permette à plus d’utilisateurs de découvrir les avantages du smartphone pliant. Seulement, une question nous taraude : quelles sont les astuces, ou les concessions, opérées par la marque pour diviser la facture de son produit par plus de deux ?
Prix du Blackview Hero 10
Le Blackview Hero 10 se négocie actuellement à 479,90 €. Il est disponible en deux coloris : noir et rose.
Il est disponible sur Amazon et AliExpress.
Design : un simili Flip, qui passe près du flop
Les ingénieurs de Blackview n’ont pas cherché l’inspiration très loin. Le Blackview Hero 10 ressemble très fortement à un Samsung Galaxy Z Flip, avec son format rappelant le téléphone à clapet qui sent bon le début des années 2000. Le format semble avoir la préférence des consommateurs, bien contents de pouvoir profiter d’un large écran dans un appareil qui se range facilement dans la poche. Le BlackView propose donc ici un écran principal de 6,9 pouces, ainsi qu’un écran externe d’une taille de 1,19 pouce, destiné à afficher les notifications et quelques widgets.
Le smartphone est réalisé en aluminium, et les deux faces sont habillées d’un revêtement en similicuir qui donne un aspect un peu premium à l’appareil, et évite aussi les traces de doigts après quelques minutes. Avec une épaisseur de 16 mm une fois le smartphone plié, pour un poids à peine inférieur à 200 grammes, le Hero 10 est assez agréable en main.
Le capteur d’empreintes est logé dans un bouton dédié sur la tranche droite du téléphone. Bien placé, il tombe sous le doigt lorsque le smartphone est fermé et permet d’accéder aux notifications et aux alertes affichées sur l’écran avant de l’appareil. Dommage qu’il soit un peu lent à la détente, avec une petite seconde de délai entre l’appui du doigt et la reconnaissance par le système.
La charnière de la peur
Si d’apparence le Hero 10 fait donc illusion, on ne peut pas en dire autant de la fabrication et des finitions, très approximatives. Lorsque l’on tient le smartphone pliant dans la main, on peut, en le manipulant, sentir les deux parties de l’appareil bouger de quelques millimètres. La charnière manque clairement de rigidité et semble d’ailleurs assez fragile. Même constat quand le smartphone est déplié. En l’agitant, on remarque que les deux pièces reliées par la charnière ne sont pas vraiment stables. Prudence donc à l’utilisation.
Les angles proposés par la charnière sont également limités. Il est possible de placer l’écran à 90°, pour regarder une vidéo ou faire une visio en posant le smartphone sur une surface plane… et c’est tout. Le manque de rigidité de la charnière empêche de placer l’écran du Hero 10 comme on le souhaiterait. À 45° par exemple, la partie supérieure de l’écran chute à la moindre secousse. Frustrant.
Écrans : des dalles bien calibrées, mais si lentes à la détente
Comme bon nombre de smartphones pliants, le Blackview Hero 10 dispose de deux écrans, l’un principal et l’autre situé en façade pour l’affichage des widgets et des alertes.
Écran principal : un joli affichage qui manque de réactivité
L’écran principal du Blackview Hero 10 est composé d’une dalle AMOLED de 6,9 pouces, avec une résolution de 2500 x 1080 pixels, pour un taux d’affichage de 94 %. Nous avons testé la luminosité moyenne de l’écran à 771 CD/m2, une valeur très moyenne qui permet un bon confort de lecture en intérieur. L’écran est néanmoins très sensible aux reflets et peut être plus difficile à utiliser en extérieur, notamment en plein soleil.
La dalle principale du Blackview Hero 10 profite néanmoins d’une bonne restitution des couleurs, avec un Delta E 2000 moyen à 3,31. Dans les faits, les couleurs proposées par le smartphone restent neutres et fidèles à la réalité. Blackview n’a pas cédé à la tentation de pousser les potards pour flatter la rétine de ses utilisateurs, et on l’en remercie grandement.
Taille | 6,9 " |
Ratio | |
Définition | 2560 x 1080 |
Résolution | 403 ppp |
Luminosité de l'écran | 771 cd/m² |
Fidélité des couleurs (delta E 2000 moyen) | 3,31 |
Cet écran, si bien calibré soit-il, a néanmoins quelques défauts, et le plus important est le manque de réactivité de la dalle. Une petite latence désagréable vient s’ajouter à chaque mouvement ou à chaque appui et il faut une demi-seconde de traitement pour voir s’accomplir l’action demandée. À la longue, cette lenteur à la détente est fatigante.
Concernant la pliure de l’écran, impossible de la rater. Elle se voit en permanence, sauf à afficher une interface très claire, et même dans ce cas de figure les reflets soulignent à nouveau sa présence. Est-ce dérangeant à la longue ? Non. Après quelques heures d’utilisation, on se fait à cette pliure, il faut le dire, un peu disgracieuse, qui entre dans notre quotidien. C’est davantage sa profondeur qui pose problème, avec une sensation un peu désagréable lorsque l’on doit balayer l’écran de haut en bas, ou inversement.
Enfin l’écran au format 22:9 ne plaira pas à tout le monde. Le smartphone est plus haut et plus étroit qu’un smartphone classique. Il s’adapte mal aux vidéos 16:9, avec des bordures assez prononcées, et rend difficile l’utilisation à une main, notamment pour atteindre les éléments en hauteur.
Écran externe : un gadget trop limité
L’écran en façade du Blackview Hero 10 affiche en premier lieu l’heure en tapotant dessus deux fois. Pour des raisons d’économie d’énergie, il s’éteint après quelques secondes. Blackview n’a pas fait le choix d’un écran Always-On, plus pratique, mais aussi plus cher, afin de garder un prix de vente agressif.
En déverrouillant le smartphone à l’aide du capteur d’empreintes, on peut ensuite faire défiler quelques rares widgets proposés par le constructeur, dont la météo du jour, le lecteur multimédia associé à son application de musique en ligne, ou le nombre de pas réalisé dans la journée. Cet écran externe sert également à afficher les alertes et autres messages reçus sur le smartphone, mais impossible d’y répondre sans avoir besoin de déplier l’appareil.
Dernier raccourci : la prise de photos en mode selfie avec le capteur principal du smartphone. L’aperçu apparait dans l’écran afin de se cadrer rapidement et de prendre une photo en appuyant sur la touche tactile. Une bonne idée en soi, mais pas simple à mettre en pratique. Impossible en effet de prendre une photo d’une main, le doigt passant devant l’objectif photo. Il faut absolument tenir le smartphone d’une main et utiliser l’autre pour déclencher l’appareil photo.
L’écran externe du Blackview Hero 10 est donc rapidement dispensable, et nous avons, au cours de notre test, rapidement oublié son existence. On peut tout de même souligner les efforts de la marque pour personnaliser cet affichage, avec un grand nombre de cadrans, d’horloges et de design.
Performances : loin d’être une bête de course
Le Blackview Hero 10 intègre un processeur octo-core MediaTek Helio G99, associé à 12 Go de RAM. La puce, sortie il y a maintenant plus de deux ans, n’est plus de toute première fraicheur, et cela se ressent dans nos différents benchmarks, avec des performances en deçà des modèles équivalents en termes de prix.
À l’usage, le Blackview Hero 10 est un smartphone qui demande une certaine patience aux utilisateurs. Le démarrage est probablement l’un des plus longs que nous ayons pu voir ces derniers mois, et il faut près d’une minute et trente secondes au téléphone pour afficher l’écran de verrouillage. Une fois l’OS chargé et opérationnel, les mauvaises surprises ne s’arrêtent pas là.
Le système Android et les applications tournent correctement, mais mettent un petit temps à se lancer et l’on ne parle pas de jeux vidéos gourmands, mais bien de messageries instantanées ou de réseaux sociaux. Même chose avec l’application Appareil Photo, pataude au moindre changement de capteur ou de mode.
Photo : un duo de capteurs moyen
Les smartphones pliants ne sont pas connus pour leurs capacités photo, et le Blackview Hero 10 en est un nouvel exemple. Ce modèle est composé d’un capteur grand-angle et d’un ultra grand-angle. La configuration est la suivante :
- Un capteur photo principal grand angle 108 Mpx, ouverture ƒ/1.9 1/1.67″ pouce ;
- Un ultra-grand-angle 8 Mpx
Le capteur principal délivre des images au niveau de détails moyen, à la colorimétrie un peu fade. Comme pour le calibrage de l’écran, Blackview semble vouloir opter pour une certaine neutralité, et dont les couleurs pourront être rehaussées a posteriori dans Google Photos ou n’importe quelle application de retouche. Le capteur grand-angle, malgré la présence d’un mode HDR, a bien du mal à gérer les contre-jours, avec des blancs rapidement « crâmés » et des noirs obstrués. Le capteur montre également ses limites en mode macro, avec un bruit fort présent autour du sujet.
Le capteur ultra-grand-angle est quant à lui plus limité, avec la présence de bruit numérique dans les images, même prises en plein jour, et un manque de précision général. Les couleurs sont aussi plus baveuses qu’avec l’objectif 108 mégapixels. À utiliser donc avec parcimonie quand la situation s’y prête.
À l’avant enfin on retrouve un capteur selfie 32 mégapixels qui fait plus que le job avec des images nettes et précises. Le Blackview Hero 10 propose en outre de nombreux modes sous l’appellation à la mode « AI », avec une bonne dose de machine learning pour affiner les visages, ou les rendre plus lisses. Ces différentes options sont des gadgets aux résultats à peine visibles ; on les oubliera vite.
Une interface Android lorgnant (mal) sur l’iPhone
Le Blackview Hero 10 est accompagné d’Android 13, avec une surcouche DokeOS conçue par le constructeur. La marque n’a pas trop chargé le logiciel, avec une interface globalement neutre, et seuls quelques bloatwares préinstallés sur l’appareil et, il faut le souligner, impossibles à supprimer.
Parmi les logiciels proposés par Blackview, on peut citer un espace professionnel pour séparer les infos privées des applications professionnelles, ou un logiciel Santé, qui regroupe les données recueillies par le smartphone ou des applications et objets connectés.
Si l’esthétique du Blackview Hero 10 s’inspire grandement d’un Samsung, c’est vers Apple que les yeux des designers se sont tournés pour développer l’interface de DokeOS avec ses icônes carrées et aux visuels parfois très ressemblants, notamment le bouton d’accès aux paramètres pour ne citer que cet exemple.
Blackview a également puisé dans les grandes largeurs la Dynamic Island des iPhone 14 Pro et iPhone 15. Pour rafraichir la mémoire de ceux n’ayant pas vu un iPhone depuis quelques années, la Dynamic Island est une zone interactive qui masque l’encoche du smartphone d’Apple. Celle-ci affiche de l’information contextuelle, comme un minuteur en marche ou les contrôles de la musique, avec un jeu d’animations très agréable à l’œil.
Lorsqu’on lance un morceau sur le Blackview Hero 10, la même pastille apparait en haut de l’écran. Appuyer dessus lui permet de se déployer pour accéder aux contrôles de la lecture. C’est pratique, certes, mais les designers du constructeur ne sont pas allés au bout du pillage. Impossible de modifier le volume ou de parcourir le morceau depuis la zone. On peut mettre en pause, reprendre la lecture et passer au morceau suivant et c’est à peu près tout. La marque promet d’autres usages, comme le minuteur ou la lampe torche, mais nous avons été incapables de les reproduire.
Durant notre essai, nous avons également pu rencontrer des difficultés avec le Play Store pour télécharger et installer des applications, marquées comme indisponibles. On ne parle pas d’obscurs logiciels, mais des apps comme Sosh, McDonald’s ou AirBnb. Il faut alors se tourner vers un navigateur pour rechercher l’application, et qui nous rédigera ensuite vers le Play Store. Par cette astuce, enfin l’on pourra télécharger le logiciel. Ce bug provient probablement de la ROM installée et l’on attend vivement un correctif de la part de Blackview.
Le constructeur indique sur son site officiel trois années de mises à jour, jusqu’à Android 16, soit bien moins que les sept années promises par Google ou encore Samsung. Faudrait-il encore que le Blackview Hero 10 adopte Android 14, à moins que la marque ne souhaite enjamber cette version pour passer à Android 15 ? Mystère.
Une autonomie rachitique en 2024
Le Blackview Hero 10 est l’un des smartphones les moins endurants que nous avons pu avoir entre les mains depuis longtemps. Le smartphone, équipé d’une batterie de 4 000 mAh, affiche une durée d’utilisation de 12 h 37 selon notre test d’autonomie.
C’est presque trois heures de moins que le Samsung Galaxy Z Flip5, et on ne parle même pas du dernier Motorola Razr 50 Ultra qui atomise littéralement le modèle de Blackview.
La recharge complète s’effectue quant à elle en 2 h 14 à l’aide du chargeur inclus.
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