Bienvenue dans le futur. Avec son apparence de vaisseau spatial, ses inscriptions (pseudo) cryptiques, sa carlingue articulée aux mille détails et son boîtier externe, le ROG Flow Z13 ne laisse pas indifférent. Le cœur du concept est une tablette façon Microsoft Surface, avec un clavier détachable. La partie tablette embarque sa propre Nvidia RTX 3050, mais elle peut aussi se transformer un peu et profiter d’un surplus de puissance, grâce à son « ROG XG Mobile », un boîtier externe qui ajoute des prises et intègre une puissante RTX 3080 Max-Q.
La promesse est donc de pouvoir profiter d’une tablette (dans le train ou l’avion), d’un PC ultra-portable en mobilité, et d’un puissant ordinateur taillé pour la 3D et le jeu à la maison en le reliant au boîtier ainsi qu’à des écrans externes. Mais la sauce prend-elle ?
Excellente qualité de fabrication et bons composants
Du temps « glorieux » des cartes mères (dans les années 90/2000), Asus était la marque taïwanaise qui avait la meilleure réputation en matière de qualité de fabrication. Dans la bataille autour des ordinateurs portables, Asus a gardé de sa superbe. Si on peut toujours discuter du design de cette machine, il faut reconnaître qu’Asus sait fabriquer des machines au rendu premium.
Le toucher du métal est vraiment agréable, l’agencement des pièces est micrométrique, le design regorge de détails – il faut aimer, mais c’est bien fait – et la vitre qui montre des composants illuminés lorsque le PC fonctionne offre une touche de geekitude assez bien trouvée.
Gamme Republic of Gamers (ROG) oblige, le Flow Z13 produit un son de démarrage, du genre « katana laser de l’espace qui tranche » (et « fort », évidemment). Soyez prévenus, si vous avez réussi à séduire votre département informatique pour troquer votre Surface par un ROG Flow Z13, le démarrage de la machine en réunion risque de faire tiquer (préférez la sortie de veille).
Côté composants, le Core i7-12700H est issu de la toute nouvelle 12e génération de processeurs Core, comme l’indique son numéro de série. Une puce dotée de six cœurs haute performances (deux tâches chacun) et huit cœurs basse consommation, donnant ainsi à Windows 20 cœurs d’exécution. Difficile de faire ramer l’engin ! Les 16 Go de RAM (LPDDR5) sont logiquement (et malheureusement) soudés, de même que les 4 Go de GDDR6 qui épaulent la RTX 3050 Ti.
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Seule déception de notre configuration, les très chiches 512 Go de SSD. Avec le côté gaming de l’engin et la tarification élevée, il est tout simplement mesquin de ne pas avoir directement proposé 1 To – les jeux à 70 ou 100 Go sont désormais légion…
Trois puces graphiques, trois niveaux de performances
La configuration que nous avons testée consistait en un boîtier équipé d’une RTX 3080 Max Q, quand la carte graphique à l’intérieur de la machine était une RTX 3050 Ti. Ce qui nous fait non pas deux, mais bien trois puces graphiques, le processeur d’Intel intégrant en effet un GPU Xe avec 96 unités d’exécution. Cette puce offre suffisamment de performances aux ultra portables pour jouer aux jeux en 720p/1080p en niveau de détails bas. Néanmoins, nous parlons ici d’un PC portable de la gamme pour joueurs d’Asus. Donc si le bureau Windows est bien piloté par la puce Intel, dès que le moindre jeu 3D est exécuté, la seconde puce RTX 3050 Ti prend le relai.
Et le delta de performances est largement suffisant pour que le Flow Z13 soit qualifié de PC gaming. En 1920 x 1200 pixels (écran 16/10e) tous détails à fond, Horizon Zero Down tourne à 35-50 i/s. Loin, très loin de ce que peuvent proposer les autres Surface et autres clones façon PC-tablette.
Évidemment, une fois branché au boîtier, le niveau de performance augmente de manière très importante puisque la RTX 3080 entre en action. Le nombre d’images par seconde sur le même jeu passe de 60 à 120 i/s. Un jeu encore plus gourmand comme Cyberpunk 2077 est constamment au-dessus de 45 i/s, Metro Last Light Redux au-dessus de 60-70 i/s. Ce qui permet d’affirmer que le couple sera à même de faire tourner tous les jeux en qualité maximale de manière hyper confortable pendant encore quelque temps.
Ce qui ne veut pas dire que l’appareil est à même de tenir tête aux tours et autres PG gaming plus épais. Toutes les RTX 3080 ne sont pas égales. Il s’agit ici d’une version Max-Q destinée à être intégrée dans des PC portables, qui développe moins de puissance – une RTX 3080 est grosso-modo 40-50% plus puissante qu’une version Max-Q.
Pire, ici le fait que la carte soit externe au châssis fait que la puce est encore plus entravée. Si les performances sont excellentes pour le type de format d’appareil, il ne faut pas occulter que le rapport performances/prix reste très élevé, la puce ne pouvant s’exprimer pleinement.
ROG XG Mobile : le boîtier sédentaire
Outre la puissante carte graphique RTX 3080 Max-Q, le boîtier externe offre aussi un supplément de prises. Ce qui n’est pas du vol, puisque la tablette est en elle-même un peu chiche : une double prise pour connecter le boîtier (PCI-Express et USB-C pour l’alimentation), un USB-C, un USB-A, une prise jack 3,5 mm pour un casque. Ainsi qu’un emplacement Micro SD au dos de l’appareil, sous la charnière.
Une extension qui a de l’importance, car si on peut bien changer le SSD (via une trappe avec une seule vis), le fait qu’il emploie le tout petit format M.2 2230 limite le nombre de références disponibles pour faire évoluer le stockage interne.
Sur le boîtier externe, on profite de quatre prises USB A 3.2, d’une HDMI 2.0b, une Display Port 1.4, une prise Gigabit Ethernet et, sur une des tranches, d’un emplacement pour carte SD au standard UHS-II. Bon point pour ceux qui comptent piloter une grosse station fixe : en plus de son écran intégré, le Flow peut gérer simultanément deux écrans de plus.
À la manière d’un périphérique USB « normal », il n’y a pas besoin de procédure particulière pour relier le Flow. On branche le câble, et le logiciel d’Asus, Armoury Crate, effectue la bascule vers l’autre GPU secondaire, « éteignant » la puce RTX 3050 Ti intégrée.
Pour le débrancher en revanche, il faut cliquer sur l’icône ROG XG Mobile dans la barre d’état. Si on débranche à la hussarde, M. Windows et Mme ROG vous envoient un message protestant contre votre manque de savoir-vivre. Mais pour avoir effectué la « mauvaise » manipulation plusieurs fois sur le Bureau de Windows, rien n’a pris feu. En jeu par contre, nous ne pouvons rien vous promettre…
Notez que le ROG XG Mobile alimente parfaitement la tablette/PC à lui tout seul, le chargeur « nomade » 100 W peut rester dans votre sac à dos. Un nomade entre guillemets, car on est loin des standards des câbles des chargeurs d’ultraportables, même puissants, même 15 pouces – il s’agit d’un bloc carré dont la portabilité et l’ergonomie est sabotée par un épais câble à connectique trèfle.
Très bon écran mais une batterie dans les choux
Avec 489 cd/m², un taux de contraste mesuré de 1439:1 et une excellente fidélité des couleurs (Delta E 2000 à 1,13) la dalle 13,4’’ offre un vrai confort de travail. Au format 16/10e et avec 1920×1200 pixels, elle affiche un petit supplément de surface verticale par rapport à une banale dalle Full HD. Sa fréquence de 120 Hz la rend particulièrement adaptée au jeu vidéo, contrairement à la version 4K+ (WQUXGA en vrai, soit 3840 x 2400 pixels) qui est disponible sur une autre déclinaison de la machine. Nous sommes d’ailleurs contents de ne pas avoir testé une version plus définie : entre le processeur Core « H » (entre 35 W et 45 W) et la puce RTX 3050, cette « Surface vitaminée » consomme beaucoup d’énergie.
Si on considère ce ROG Flox 13 2022 comme un PC de gaming, il s’avère endurant puisqu’il affiche 5h58 en autonomie polyvalente et 5h21 en lecture vidéo. Le hic, c’est qu’une partie de sa mission est quand même de se la jouer ultraportable performant.
Or, si ces valeurs tournant autour de cinq à six heures et sont plutôt bonnes pour une machine de jeu, elles sont clairement à la ramasse si on les compare à de vrais ultraportables. Qui tournent plutôt autour… du double. Le prix de la puissance d’un processeur « H », d’une carte graphique supplémentaire, et du format tablette…
Concept original, réalisation impeccable… mais pour quel public ?
Croyez-le ou non, à 3 499 euros le kit, notre version du ROG Flow Z13 et ROG XG Mobile RTX3080 n’est pas le modèle haut de gamme de chez Asus. Une version de la tablette en Core i9, avec 1 To de stockage et un écran 4K+ (WQUXGA, soit 3840 x 2400 pixels) s’affiche à 3 799 euros. Autant dire qu’on est loin du meilleur rapport performances prix. Et c’est logique : il s’agit clairement d’un appareil de luxe pour ceux qui font primer la mobilité et le caractère high tech de l’appareil.
La difficulté de parler d’un tel engin, est d’imaginer la cible. Pour défendre son produit, Asus France explique qu’il s’agit d’un appareil « qui prend la forme de la tablette ultime. Le ROG Flow Z13 visent ceux qui sont fans d’innovation et qui sont à la recherche de ce format ».
Loin d’une logique de rentabilité de masse – façon Apple qui design une puce (M1) pour la servir à toutes les sauces, Asus assume son approche de défricheur et le caractère exceptionnel de l’appareil, ajoutant « qu’avec [leur] gamme ROG, entre les Strix, les Zephyrus et les Flow, il y en a pour tous les goûts ». Et aussi pour toutes les bourses…
Si avec ce concept vous avez à la fois une tablette, un PC ultraportable et un PC gamer, l’expérience reste largement inférieure à des appareils dédiés. Et le tout n’est pas forcément moins cher : à 3 500 euros le combo (machine + clavier + carte externe), il y a de quoi se payer un iPad (500 euros), un ultraportable léger et efficace à 1 000 euros et une machine gaming à un peu moins de 2 000 euros – qui carburera plus qu’une RTX 3080 MaxQ externe. Si le poids total sera à l’avantage d’Asus, chacun des appareils offrira une meilleure expérience et ergonomie que le ROG Flow. Et vous aurez plus de redondance en cas de panne.
En résumé : si nous n’avons pas de profil type pour cette machine au caractère exceptionnel, il s’agit au moins que quelqu’un qui aime la tech… et qui a les moyens.
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