Fin 2015, Apple partait à l’assaut d’une tâche démesurée, réinventer la télévision. Pour y arriver, la firme de Cupertino livrait une quatrième génération de son Apple TV, animée par une puce A8, contrôlée par une mini télécommande tactile minimaliste dopée à Siri et pleine du potentiel d’un App Store. Les plus enthousiastes y voyaient la promesse d’heures de jeux, de centaines d’appli diverses et variées portées par tvOS, un système d’exploitation nouveau et ambitieux. Le kiosque de téléchargements était surtout une brèche intéressante dans le monde très fermé du boîtier d’Apple.
Les autres ne juraient que par la Shield TV et n’avaient pas forcément tort, pour ce qui est de l’ouverture sur le monde…
Presque deux ans plus tard, Apple sort une nouvelle itération de son boîtier multimédia, qui prolonge cette voie tracée en franchissant (enfin) le seuil de l’Ultra HD 4K. Il était temps, diront ceux qui ont adopté le Chromecast Ultra, lors de sa sortie en novembre dernier. Pire, la plupart des télévisions 4K embarquent désormais des accès à certains services présents sur l’Apple TV, la rendant dispensable sauf à ce que le service fourni soit exceptionnel. Est-ce le cas ?
De la puissance à revendre
Commençons par un tour rapide du propriétaire. Si le boîtier compact et sobre demeure inchangé, on voit apparaître à sa base un ventilateur. Pourquoi ? Simplement parce qu’Apple a pris la peine de remplacer l’Apple A8, de la dernière génération, par une Apple A10X Fusion.
L’A10X n’a fait ses premiers pas qu’en juin dernier et il est fort possible que la présence du ventilateur prouve qu’Apple lui en demande plus encore que sur les iPad Pro.
N’ayant pas à disposition d’outils de bench pour l’Apple TV, nous nous référons à des tests réalisés sur d’autres plates-formes embarquant ces deux puces. Il est donc évident, d’une part, qu’il est nécessaire de prendre les résultats avec toutes les pincettes nécessaires, deux, qu’ils ne sont là que pour donner une idée du gain potentiel.
Selon toute vraisemblance, avec cette mise à jour, l’Apple TV devient l’un des plus puissants boîtiers multimédias du marché, au côté de la Shield TV, de Nvidia. De la puissance pour afficher de la 4K (en vidéo) ou même éventuellement des jeux 4K, nous assurait-on. On demande à voir. Aux développeurs de décider s’ils veulent le faire, nous laissait entendre un représentant de la société de Cupertino.
Mais cette nouvelle Apple TV ajoute également à son arc le support du standard HDR 10 et de son concurrent Dolby Vision. Une rareté pour ce genre de boîtier. Ne cherchez en revanche pas de son Dolby Atmos, on se consolera avec le Dolby Digital 5.1 (AC3) ou Plus 7.1 (Enhanced AC3). D’ailleurs, l’Apple TV de cinquième génération ne propose toujours qu’une connectique HDMI 2.0a et faites définitivement une croix sur la sortie optique du modèle de troisième génération.
Des avantages et inconvénients de la simplicité à marche forcée
Comme souvent avec les produits Apple, l’aspect technique et les réglages qui l’accompagnent sont bien cachés. En l’occurrence, l’Apple TV détecte grâce à la connexion HDMI de quoi est capable le téléviseur et prend la main pour assurer le spectacle. Et quel spectacle ! La 4K est superbe et le rendu HDR impeccable sur les différentes sources que nous avons pu essayer. Il suffit de jeter un œil à Wonder Woman ou même Deadpool en 4K HDR sur un bon téléviseur pour ne plus vouloir revenir à la HD. Tout est plus nuancé, riche, contrasté, beau. L’ajout de la HDR, ce serait presque comme passer de la SD à la HD.
Quoi qu’il en soit, cette automatisation des réglages (qu’on peut modifier en allant dans les menus, mais pas rapidement) est une bonne nouvelle pour la plupart des utilisateurs, mais pourrait être un petit regret pour ceux qui aiment affiner leurs réglages. Un regret même pour ceux qui n’ont pas basculé totalement vers la 4K.
En effet, le téléviseur, pensant recevoir de la 4K, ne prendra pas la peine d’appliquer certains traitements ou d’upscaler les flux HD, par exemple. Or, ceux appliqués par l’Apple TV sont inégaux et semblent varier beaucoup en fonction de la provenance. Si ceux qui proviennent de l’iTunes Store nous ont donné une impression de grande qualité et de propreté – Apple maîtrise bien ses algorithmes de compression (H.264 et H.265, en l’occurrence), en revanche, la qualité vidéo bien que très correcte n’était pas aussi belle pour les autres sources. C’est parfois le cas avec Molotov ou Netflix – qui proposent aussi du contenu 4K.
Espérons que les choses évolueront vers le mieux, avec un traitement égal pour tous les flux. Apple proposera peut-être un changement rapide entre deux modes d’affichage, 4K native et HD optimisée.
Précisons en passant que les vidéos 4K (HDR) de YouTube sont encodées grâce au codec VP9 de Google, et que l’Apple TV ne le supporte pas. C’est bien dommage, car YouTube est une source constante et riche dans ce genre de contenus.
La force de l’offre iTunes
Les personnes intéressées par l’Apple TV ne sont généralement pas les collectionneurs de Blu-ray les plus acharnés et ont souvent franchi le cap de la dématérialisation. Sur ce point, Apple abat une belle carte.
Outre que son « catalogue » de films et séries TV est assez conséquent, le géant américain a réussi à faire en sorte que le prix des films en 4K ne flambe pas trop par rapport à celui pratiqué pour les films HD. Mieux, vos films en HD achetés sur le Store passeront automatiquement à l’Ultra HD quand la version remasterisée sera disponible. C’est donc un très bon moyen de se constituer une collection 4K à moindre frais.
Un bien pour mal ? Effectivement chaque achat vous attache un peu plus à un système fermé. Contrairement à la plupart des boîtiers multimédias, l’Apple TV ne permet pas de brancher une clé USB, par exemple. Comme nous le disions plus haut, la seule ouverture se trouve dans les applications disponibles et leur interaction avec le reste de votre réseau.
Côté réseau justement, le Wi-Fi proposé est toujours du 802.11ac double bande. Si votre connexion/routeur est proche et/ou de bonne qualité, vous devriez pouvoir streamer de la 4K sans ralentissement ni dégradation de l’image affichée. Evidemment, pour être totalement sûr, vous pouvez toujours connecter un câble Ethernet afin d’assurer les meilleurs débits possibles.
L’attention aux détails
Passons quelques secondes sur la télécommande de l’Apple TV 4K, légèrement modifiée. Ceux qui ont adopté la génération précédente ont dû se retrouver plus d’une fois dans le noir à se demander dans quel sens la tenir sans arriver à distinguer le bouton Menu des autres. Apple l’a désormais entouré d’un petit cercle blanc en léger relief, qui permet de le sentir du bout du doigt et de savoir sur quoi on appuie. On localise ainsi également plus facilement le bouton Siri, qui est toujours aussi utile et servira notamment à débusquer rapidement des contenus 4K.
Pour le reste, la télécommande demeure toujours une manette trop minimaliste pour être sérieuse, même si elle dépanne et convient pour certains jeux aux exigences de jouabilité réduite. Pour tous les titres plus sérieux, qui ont peuplé l’App Store de l’Apple TV peu à peu (et sont souvent gratuits si vous avez la version iOS), il faudra trouver une manette Bluetooth pour vraiment en profiter. La configuration est toujours aisée et c’est tant mieux, car l’Apple TV n’est qu’une console de circonstance. On joue quelques dizaines de minutes, le temps que tout le monde soit là pour la séance du samedi soir ou en attendant l’apéritif.
Où est le futur ?
L’Apple TV 4K est clairement tournée vers la vidéo, toutefois, il nous semble qu’elle manque encore un peu le coche pour incarner la télévision de demain. Les applications de divers services en dessinent des contours encore trop éclatés et informels. L’arrivée prochaine d’une application Amazon Prime pourrait enrichir son attrait, si l’on considère qu’on peut déjà accéder à de beaux catalogues avec des applications comme myCANAL ou OCS.
Néanmoins, il manque un cadre à tout cela. L’application Apple TV, déjà disponible aux Etats-Unis, et qui devrait arriver en France d’ici un ou deux mois, pourrait changer un peu la donne en concentrant les flux auxquels vous pouvez accéder.
D’une certaine manière, il est dommage que cette application ne soit pas disponible en France en même temps que cette Apple TV 4K. Car, c’est bien sur l’interface et l’ergonomie que la firme de Cupertino a quelque chose à apporter. En l’occurrence, l’interface de son boîtier passe à la 4K, avec des icônes beaucoup plus soignées et détaillées, en un mot 4K. Ceux qui en ont le goût ou apprécient le souci du détail pourront s’extasier sur les économiseurs d’écrans animés 4K fournis par Apple.
Mais pour le reste, on continue de trouver qu’il manque un sentiment d’unicité à l’usage, malgré Siri, qui reste une version allégée de celle qu’on connaît sur iOS. Cette continuité dans la navigation et dans les usages, on espère la trouver dans l’appli Apple TV. Peut-être à tort.
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