Apple iPad Pro 128 Go Wi-Fi + 4G : la promesse
Fruit de bien des fantasmes et de rumeurs, l’iPad Pro a enfin été lancé par Apple avec une lourde et complexe mission. Elle consiste à redoper les ventes de tablettes de la société californienne mais aussi à proposer aux utilisateurs un iPad haut de gamme. Suffisamment haut de gamme pour, selon Tim Cook, remplacer les PC portables de « très nombreux utilisateurs ». Dans les faits, qu’en est-il ?
Apple iPad Pro 128 Go Wi-Fi + 4G : la réalité
Depuis novembre 2012 et l’arrivée de l’iPad mini, la gamme des iPad suivait un cycle de mises à jour assez classique tendant vers plus de puissance et de finesse, sans changement de facteur de forme. Avec l’iPad Pro, Apple sort de son train-train et agrandit considérablement la taille maximale de ses tablettes.
Plus fin et un peu plus lourd que le premier iPad
Pourtant, ce nouveau boîtier n’a rien de massif. Il ne mesure que 6,9 mm d’épaisseur, soit seulement 0,8 mm de plus que l’iPad Air 2, qui détient le record de finesse actuellement pour les formats 9,7 pouces chez Apple. On est loin des 13,4 mm d’épaisseur de l’iPad de première génération. D’ailleurs, pour ce qui concerne le poids, l’iPad Pro s’en sort également bien. S’il pèse 276 g de plus que l’iPad Air 2, il paraît paradoxalement plus léger quand on le soupèse à la main.
D’ailleurs son poids ne nous a jamais semblé problématique au cours de notre utilisation. On évitera seulement de le tenir à une main, comme l’iPad mini, quand on s’en sert pour lire. Il faut dire que malgré sa taille, il est à peine plus lourd que l’iPad premier du nom, avec 713 g sur la balance contre 690 g pour son ancêtre.
Un grand écran
La taille de cet iPad est vraiment impressionnante, et on ne s’en rend vraiment compte qu’une fois la tablette en main. Quand on la place en mode paysage, on obtient presque la surface d’affichage de deux iPad Air 2 juxtaposés et tenus verticalement. Il faut dire que la dalle de 12,9 pouces appelle à quelques superlatifs. Plus grande que celle proposée sur le plus compact des portables de la marque, elle se paie le luxe, avec ses 5,6 millions de pixels affichés, d’offrir une meilleure résolution que celle du MacBook Pro Retina 15 pouces, dont on ne peut pas dire qu’elle démérite. Tous les usages habituels d’un iPad s’en trouvent magnifiés.
L’écran s’avère assez lumineux, et satisfait tous les usages malgré une luminosité mesurée de seulement 409 cd/m2. Côté contraste en revanche, pas de doute, nous avons relevé un taux impressionnant de 1573:1.
La dalle de l’iPad Pro nous a particulièrement séduit pour deux usages. Pour visionner des films dans un train ou au lit, tout d’abord. Sa taille et son taux de contraste sont parfaits – même si le ratio 4:3 implique la présence de grosses bandes noires. D’autant que les quatre haut-parleurs intégrés fournissent un son puissant et plutôt précis. Disposés aux quatre coins de l’iPad Pro, ils répartissent le son intelligemment selon l’orientation – les basses sortent sur les quatre speakers, tandis que les aigus et mediums ne sont poussés que par les haut-parleurs du haut.
Le second usage pour lequel l’écran s’avère idéal est la lecture – de sites Web, bien sûr ou de livres –, mais surtout de bandes dessinées. La surface d’écran correspond quasiment à celle d’une BD de format classique franco-belge. La qualité d’image est telle qu’on oublie rapidement qu’on n’a pas à faire à du papier. C’est assez incroyable.
Assez de puissance pour tout faire…
Mais limiter l’iPad Pro à ses deux usages serait sans doute gâcher son potentiel. L’A9x, la troisième génération de puces 64 bit d’Apple, affiche une fréquence oscillant entre 2,2 et 2,6 GHz selon les besoins, et est épaulé par 4 Go de mémoire vive. C’est le seul iPad à en embarquer autant.
Evidemment, les performances sont à la hauteur de ce déploiement de puissance. Avec Geekbench 3 nous avons ainsi enregistré des résultats pour l’iPad Pro 77% supérieurs à ceux de l’iPad Air 2, équipé d’un A8x. Mais l’écart se creuse encore quand on s’intéresse à la prestation graphique du processeur de l’iPad Pro. Avec Basemark Metal, outil qui mesure les performances du GPU avec Metal, le nouvel outil graphique d’Apple, l’iPad Pro est 2,4 fois plus puissant que l’iPad Air 2. Le nouvel iPad grand format est un peu moins de deux fois plus performant que l’iPhone 6s, qui est équipé d’un Apple A9.
Ce tsunami de puissance permet à l’iPad Pro de lire des fichiers 4K et même de les éditer dans iMovie. Le montage est fluide et aisé, les rendus sont calculés sans peine. Seule l’exportation est un peu plus ardue. Les jeux fonctionnent tous sans l’ombre d’un ralentissement. Il est difficile de prendre en défaut l’iPad Pro concernant sa puissance de feu. Même en multitâche, il affiche fidèlement tout ce qu’on lui demande en scindant son écran en deux. En définitive, ces performances mesurées et ressenties donnent envie de les comparer à celles des MacBook sortis récemment.
Sans grande surprise, le MacBook Retina 12 pouces est balayé, lui qui était un peu à la peine avec des usages assez basiques du quotidien car il souffrait de quelques limites en termes de chevaux sous le capot. Nos historiques de résultats avec Geekbench, outil de tests multi-plateformes, mettent en avant, de manière plus surprenante, que l’iPad Pro est au coude à coude avec le dernier Macbook Air (13 pouces) introduit en mars dernier. Il le supplante même pour ce qui est des résultats obtenus avec un seul coeur du processeur. Enfin, le MacBook Pro 13 pouces domine logiquement le dernier iPad d’Apple. De peu pour les tests avec un coeur et d’un peu moins de 30% en multicoeur.
Apple fait au passage la démonstration que les puces ARM peuvent tenir tête aux puces Intel, ou ne sont pas loin derrière.
Une autonomie, comme on en voudrait plus souvent
Non seulement l’A9x va taquiner les puces Intel en termes de puissance mais il semble qu’Apple a réussi à faire en sorte qu’elle ne soit pas trop gourmande en énergie. Le travail sur l’optimisation de la dalle, qui se rafraîchit moins quand elle détecte qu’elle affiche une image fixe et plus quand on joue, par exemple, sert très certainement lui aussi les autonomies enregistrées.
En surf, connectée en Wi-Fi, la tablette affiche 10h30 et presque 11h40 en lecture vidéo. Bien au dessus de la barre habituelle fixée par Apple à 10h pour ce genre d’usages sur ses tablettes. Nos tests d’autonomie polyvalente, qui sollicitent beaucoup la configuration dans son ensemble, lui accordent presque 8h. Le Macbook Retina 12 pouces rendait l’âme au bout de 6h50 dans ce même test, tandis que le MacBook Air 13 pouces, sorti cette année, met 30 minutes dans la vue de l’iPad Pro.
L’iPad Pro a donc des arguments à opposer aux portables de la société californienne en termes d’autonomie également.
Un remplaçant de votre PC portable ?
On est alors tenté de vouloir remplacer son ordinateur par l’iPad Pro, exclusivement. Aussi bon et complet soit-il, vu la largeur de l’écran, le clavier virtuel de l’iPad Pro doit alors vite être remplacé par le clavier physique conçu par Apple, qui sert également de support à la tablette dont l’inclinaison n’est hélas pas ajustable.
Vendu 179 euros, il est indispensable à qui entend avoir un usage professionnel un peu intensif de son iPad Pro. Alimenté par les connecteurs spéciaux placés sur le côté gauche de l’iPad Pro, il fait payer son dû à la batterie mais nous épargne ainsi la relative corvée du jumelage Bluetooth. Une fois connecté, il est immédiatement opérationnel. Le confort de frappe est plutôt bon si vous aimez une course de touches plutôt ferme et courte. Le clavier est recouvert d’un matériau tissé, donné pour être résistant à la poussière et à l’eau, ce qui confère un toucher assez étrange à l’ensemble. On ne peut pas dire que ce soit désagréable, juste inhabituel. Par ailleurs, le bruit produit par les touches n’est pas forcément engageant. Les plus réticents pourront se tourner vers le clavier conçu pour l’iPad Pro de Logitech, plus massif, mais bien plus classique dans sa conception et son toucher. Le clavier Logitech a en outre l’avantage de se fixer à l’iPad, ce qui évitera à ce dernier les risques de chutes si vous utilisez l’ensemble clavier et tablette en équilibre sur vos genoux.
Quoi qu’il en soit, le principal défaut du clavier d’Apple est, outre son prix, qu’il n’est disponible pour l’instant qu’en Qwerty. C’est à se demander si les ingénieurs de la firme de Cupertino ne rencontrent pas des difficultés à placer tous nos accents et autres cédilles sur un clavier Azerty allégé.
Car le SmartKeyboard a presque tout d’un clavier Mac, mais il lui manque quelques touches qui font parfois perdre du temps. On pense notamment à la touche Fonction, si pratique pour transformer le Retour en arrière en Supprime. En lieu et place de cette touche, on trouve celle qui permet de changer la langue du clavier virtuel d’une pression. Il n’est donc pas rare qu’on se retrouve à faire apparaître le clavier virtuel des émoticones alors qu’on voulait juste effacer une lettre. Le clavier d’Apple ne propose pas non plus de régler le volume sonore ou la luminosité de l’iPad, contrairement au clavier de Logitech. Ce dernier est également rétroéclairé, alors que le clavier d’Apple ne l’est pas. Au temps pour ceux qui saisissent du texte en oiseau nocturne.
En revanche, Apple a eu la bonne idée de prévoir des raccourcis clavier qui s’adaptent en fonction des applications utilisées. Ils sont généralement identiques à ceux qu’on connaît sur Mac OS X. Presser Command et Espace active la recherche Spotlight, Option et Tabulation permettent de passer d’une application à une autre, etc.
Des limites d’iOS 9 et de l’iPad Pro en tant que PC
En connectant le clavier, iOS prend des airs de Mac OS X en mode Plein écran et on s’y laisserait prendre tant qu’on reste dans une même application suffisamment longtemps à saisir un mail ou un texte. Mais iOS ne devient pas pour autant un système d’exploitation de bureautique, malgré les derniers efforts et évolutions introduites par iOS 9 et malgré une abondance d’applications.
Le « multitâche » d’Apple prend tout son sens et permet d’afficher une application sur le côté droit de l’écran ou de faire se côtoyer deux fenêtres. C’est un vrai progrès. Et une fois encore on pourrait se croire sur un système d’exploitation « de bureau ». Si ce n’est que toutes les applications n’ont pas droit à ce traitement, ainsi Hangouts ne peut partager la vedette avec une autre application. Google ne l’ayant pas encore « rendu compatible » avec cette nouveauté. En définitive, cette expérience montre les limites d’iOS en tant qu’OS de production et offre deux leçons.
La première, c’est que le bureau, popularisé par le Macintosh, sur lequel on peut déplacer des fenêtres, les redimensionner à l’envi, les superposer partiellement, les cacher, etc., a été et est toujours une superbe trouvaille, qui permet une véritable liberté d’organisation de son espace de travail. Le mode multitâche n’en est qu’un ersatz insatisfaisant dès qu’on cherche à vraiment travailler. Il démontre également que l’absence de Finder, déporté dans d’innombrables applications, nuit gravement à la fluidité des usages. Ne serait-ce que parce qu’il n’est pas facile de retrouver aisément un fichier dans un répertoire, par exemple, sans passer par… une application.
Le second apprentissage qu’on retient de cette expérience iPad Pro équipé d’un clavier, c’est que, même dans l’univers Apple, combiner clavier physique et écran tactile n’est pas impossible et désagréable. Mieux, ce pourrait être ponctuellement utile sur un MacBook… Ce serait évidemment une révolution qu’Apple ne semble pas prêt à fournir.
Le tactile, le stylet et votre doigt
Car, cet usage hybride de l’iPad Pro est encore bien dominé par le tactile. Il rappelle à chaque instant que la tablette est avant tout… une tablette. En conséquence de quoi, vos doigts resteront les meilleurs moyens d’interaction.
L’Apple Pencil, vendu 109 euros et qui a tant fait sourire lors de son annonce, n’est effectivement qu’un périphérique optionnel, dispensable, qui n’aura d’intérêt que pour quelques usages bien précis. On citera évidemment tout ce qui touche à la création graphique – le fait de pouvoir dessiner en situation de mobilité sur sa tablette, sans tablette graphique peut être un plus, sans doute. Le Pencil est très performant, précis, réactif et agréable à utiliser, même si nous n’avons pas les compétences, en dessin par exemple, pour pousser ce stylet dans ses retranchements.
Et deuxième usage évident, la prise de notes à la main. Premier défaut qu’on trouve immédiatement à l’Apple Pencil, il est trop lisse pour ne pas glisser entre les doigts pendant de longues sessions d’écriture. Ensuite, on remarque qu’en définitive l’application par défaut n’est pas vraiment adaptée à la rédaction de notes avec un stylet. Outre que son interface condamne les gauchers à systématiquement effacer ce qu’ils sont en train d’écrire. Il faudra se tourner vers OneNote, de Microsoft, par exemple, pour pouvoir prétendre suivre une réunion en saisissant des notes à la main ; et encore manque-t-il la possibilité de transformer nos pattes de mouche en caractères d’imprimerie.
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