Prenez une caisse enregistreuse de supermarché. Arrachez-lui (doucement) son imprimante thermique et choisissez le meilleur papier pour tickets de caisse – la catégorie dont les pigments peuvent tenir jusqu’à dix ans.
Achetez maintenant un capteur photo cheap et une optique tout aussi bas de gamme. Tassez ça dans un appareil au look enfantin et « voilà », vous obtenez le Realikids.
Le seul appareil photo instantané qui ne vous ruinera pas quand vos monstres shooteront à tout va cartes Pokémons, troncs d’arbres, cailloux et autres pieds de chaise. Autant de sujets « supers intéressants » (non) qui vous auraient coûté une fortune en Instax, de Fujifilm – qui sont mille fois plus beaux, mais c’est une autre histoire.
Ne soyez pas effrayés par cette liste de composants « bas de gamme » : le Realikids n’est pas un bijou. A 59 euros, il ne le prétend même pas. Les équipes françaises, qui gèrent la licence Agfa Photo, ont écumé les usines asiatiques pour trouver le bon équilibre entre un design sympa, un prix d’achat acceptable par les ménages, des technologies stables et une bonne reproduction des images.
En comptant la marge du distributeur, de l’entreprise, des usines – et sans même parler des coûts de transport, qui ont explosé ces deux dernières années – on comprend directement qu’il ne va pas remplacer votre Nikon Z9. Mais il réussit là où on l’attend : il amuse les enfants sans ruiner les parents.
Une âme de caisse enregistreuse
Comme nous vous en parlions dans notre actualité, le Realikids utilise la même technologie que les imprimantes des caisses enregistreuses. Il n’y pas d’encre, ni de chimie couleur complexe comme dans les Instax, ou les films Zink.
C’est tout bêtement le papier qui, revêtu d’une pellicule chimique simple, noircit quand on le chauffe. Il n’y a qu’à le dérouler face à des micro-buses chauffantes et les splendides clichés apparaissent en lieu et place de la valeur des produits de votre panier de courses.
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Point de capteur plein format 61 Mpix stabilisé mécaniquement comme le Sony Alpha A7R Mark IV. Non, il s’agit d’un des composants les plus modestes et cheap du marché. Mais si ces performances ne donnent pas grand-chose en couleurs, le résultat s’avère très ludique sur papier noir & blanc pour les enfants.
Chauffe Marcelle (et en avant la photo)
Technologie rustique oblige, comptez deux trois déclenchements avant que le Realikids ne chauffe assez pour produire des noirs intenses. Et non, son capteur 1 Mpix, qui interpole en 5 Mpix, ne vous permettra pas de faire des tirages de qualité en 20×30 cm – vous pouvez mettre une carte Micro SD pour conserver les clichés – mais le voulez-vous vraiment ?
D’ailleurs c’est en mettant une carte dans l’emplacement prévu, qu’on se rend compte que l’appareil capture en réalité deux images différentes, une pour l’impression et l’autre pour le stockage.
Avec un tel capteur, attention aux basses lumières et n’espérez pas une plage dynamique étendue sur un papier blanc si fin. Mais les clichés s’enchaînent rapidement et les fonctions ludiques renforcent la dynamique. Tout droits sortis de l’imagination médiocre d’un graphiste débutant (soyons honnêtes), de nombreux cadres et effets que les adultes qualifieront objectivement de « un peu pourris » sont, aux yeux des chérubins (testés sur monstres de cinq et six ans) « vraiment cools ».
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Et vous voilà immortalisé.e, dans une photo au cadrage parfaitement raté, avec un chapeau de cowboy mal placé sur la tête ou faisant glouglou dans un sous-marin. Génial ? Oui, quand on a cinq ans.
3 cents la bêtise, 10 euros l’orgie de papier
Ne vous inquiétez pas, au bout d’un moment la batterie, qui se recharge avec le câble Micro USB livré, se vide quand même. Au bout de combien de temps ? Et bien… à la louche, quand vous vous retrouvez avec une pleine poignée de « phokets » (contraction de « photos » et de « tickets », remerciez-moi pour le néologisme).
Des « phokets » qui sont soit découpées à chaque prise de vue (et qui traînent partout), soit sous la forme d’interminables rouleaux d’images vraiment intéressantes (non).
Comme mentionné plus haut, la double beauté de l’appareil est qu’il amuse vraiment les enfants – attendez-vous à de potentiels coloriages a posteriori –, sans saboter vos finances.
Avec un budget de 10 euros, vous achetez une recharge de trois rouleaux de papier de qualité « 10 ans ». Ce qui permet à une horde de monstre de faire 300 œuvres d’art (peu probable).
Pour la même somme, vous avez seulement dix photos couleurs avec une recharge Instax Mini. Autant dire que la messe est vite dite : en dessous de 10 ans (sauf qualités artistiques avérées), le Realikids est le seul appareil que l’on peut conseiller à des parents dont les revenus sont dans la moyenne.
Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un appareil photo qui est testé, mais un jouet qui permet de s’amuser en faisant des photos. S’il est bien perçu comme ça, le Realikids est tout simplement une merveille.
Qui amuse aussi les parents – je l’admets bien volontiers – une fois les enfants au lit.
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