Donald Trump va-t-il tuer Huawei ? Malmenée depuis de longs mois par le président américain, la plus célèbre des entreprises high-tech chinoises traverse actuellement une période compliquée, pour ne pas dire cauchemardesque.
Même si les derniers produits de Huawei frôlent l’excellence (comme le P40 Pro+ que nous avons récemment testé), les États-Unis ne cessent de renforcer leurs sanctions contre l’entreprise et la priveront bientôt des puces indispensables à la conception de smartphones. Ces contraintes, en plus des problèmes logiciels de Huawei, étouffent de plus en plus l’entreprise.
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Jusque-là épargné en France (Huawei ne cesse de démentir les publications relatant la chute de ses ventes et ses profonds problèmes), le constructeur chinois commence à subir les conséquences des sanctions américaines. 01net.com a pu consulter plusieurs rapports détaillés sur les ventes de smartphones en France depuis le début d’année, confirmant en effet un début d’essoufflement. Pour protéger nos sources, nous avons décidé d’arrondir certaines des valeurs présentées dans cet article.
Des ventes en baisse de 21%
Depuis plusieurs mois, les spéculations sur la chute de Huawei vont bon train. Des rapports, comme ceux de Canalys, souvent relayés par Xiaomi, annoncent que l’entreprise aurait perdu 70% de parts de marché. C’est faux. Ces données ne représentent pas les ventes réelles marque par marque qui, vous allez le voir, restent tout de même solides.
De janvier à juin 2020, Huawei a vendu plus de 1.306.000 smartphones en France. Cela représente 19,2% de parts de marché et permet à la marque chinoise de conserver sa troisième place derrière un Samsung en légère baisse et un Apple en grande forme.
Ces chiffres, que l’on pourrait supposer bons, sont inférieurs à ceux de la même période en 2019 où Huawei avait écoulé plus de 1.672.000 smartphones, ce qui représentait alors 21,3% du marché français.
Certes, le coronavirus est passé par là, mais il n’explique pas tout. Xiaomi, de son côté, est lui passé de 3,2 à 7,7% de parts de marché, récupérant une grande partie des ventes de Huawei.
Chez les opérateurs, Huawei est passé de 23,7% à 20,9% de parts de marché entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2020. Ici, c’est Apple, Xiaomi et Oppo qui se partagent les miettes.
Paradoxalement, le mois de juin a été très bon pour Huawei (+27% par rapport à l’année dernière). Les nombreuses opérations de promotion/déstockage menées par l’entreprise lui auront permis de booster ses parts de marché semestrielles.
Sur le haut de gamme, Huawei disparaît
Révélatrices des difficultés émergentes de Huawei, les parts de marché dissimulent en réalité la partie immergée de l’iceberg : le chiffre d’affaires. L’activité smartphones de Huawei France, qui rapportait 538,6 millions d’euros au premier semestre 2019 (soit deux fois moins qu’un Apple ou un Samsung) n’en rapporte plus que, tout est relatif bien sûr, 361,9 millions d’euros au premier semestre 2020. Cette baisse du chiffre d’affaires, de 32%, est colossale. La marque chinoise souffre plus que Samsung (-17,8%) et Apple (-2,49%). Xiaomi, de son côté, affiche une insolente croissance de 105%. Nuançons là cependant, ses 61,9 millions d’euros de revenus sont loin de ceux de Huawei.
Pour comprendre ce phénomène, nous avons comparé les ventes de smartphones par tranches de prix. L’addition est salée pour Huawei, la marque chinoise, dont les smartphones haut de gamme représentaient 6,6% du marché des appareils à plus de 800 euros en 2019 pèse désormais… moins de 1%. À l’exception du secteur des 100-200 euros, où Huawei est passé de 24 à 28% de parts de marché, tout le reste de l’empire chinois chute. Peu à peu, les consommateurs semblent se tourner vers d’autres marques.
Moins de 10% à Noël ?
Selon nos informations, Huawei a informé certains de ses partenaires les plus importants d’une baisse significative des ventes dans les prochains mois alors que ses stocks de P30 Pro avec services Google commencent à se vider.
Le chiffre de 10% de parts de marché nous a été communiqué, ce qui voudrait dire que Huawei s’attend à vendre deux fois moins sur ce second semestre 2020. Toujours selon nos informations, les marques concurrentes de Huawei se réjouiraient de cette situation. Certaines d’entre elles auraient même commencé à discuter avec les opérateurs pour récupérer les emplacements de ventes actuellement réservées aux mobiles haut de gamme de la marque.
Cette situation, complètement inédite, risque de renforcer le duopole de Samsung et Apple, désormais seuls sur le haut de gamme. Sur le long terme, la chute de Huawei pourrait faire du mal au marché et à l’innovation. Xiaomi, souvent présenté comme le remplaçant de Huawei, ne doit son succès qu’à l’entrée de gamme et ne progresse que très peu au dessus des 400 euros.
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