Est-il nécessaire de revoir entièrement sa copie pour améliorer un produit ? Pas si l’on en croit la stratégie de VanMoof qui consiste à revenir chaque année avec un vélo, a priori semblable mais sensiblement retravaillé. Pour ses S3 et X3 (deux vélos au design différent mais aux caractéristiques techniques quasi identiques) le fabricant de cycles hollandais a écouté avec attention les critiques qui avaient été faites à l’encontre de leurs prédécesseurs et les a toutes corrigées… du moins sur le papier.
Arrivé en même temps qu’un déconfinement qui a érigé le vélo électrique en star de la ville, le S3 bénéficie à la fois d’une baisse substantielle de prix (1 500 euros de moins que le S2) et de l’existence d’aides à l’achat, qu’il s’agisse du bonus écologique ou de l’aide régionale. Avec sa fiche technique soignée, des défauts enfin gommés et un prix nettement plus accessible, le dernier né de VanMoof a tous les atout pour prétendre au meilleur rapport qualité-prix chez les VAE.
Design : de toute beauté mais sans grande évolution
Un tube légèrement plus biseauté, un petit liseré près de la selle et quelques retouches de ci de là, il faut être un fin observateur pour différencier un VanMoof S3 du S2 qui l’a précédé. Et pour cause, le design global et la géométrie sont identiques et ça vaut également pour le X3, la version au cadre « croisé » pour les cyclistes de plus petite taille, très proche du X2..
Dans le détail, les changements sont pourtant bien là, à commencer par le bloc de la transmission électrique à l’arrière qui passe de 2 à 4 vitesses, le déplacement des haut-parleurs et du port de charge sous le tube central ou encore la présence des petits réservoirs de liquide de frein fabriqués par la marque hollandaise. Et c’est sans parler des freins à disque hydrauliques qui remplacent les versions mécaniques des S2/X2. En un mot c’est dans ces quelques élément que ce nouveau S3 évolue esthétiquement car pour le reste il s’agit du même vélo très réussi d’un point de vue design.
En effet son dessin sans fioritures, la parfaite intégration des feux avant et arrière dans le tube central ou encore l’absence de soudures et de fils apparents sont les signes d’un cycle à la conception soignée. Le souci de l’esthétique chez les designers de VanMoof, c’est aussi ce qui a prévalu à certains choix techniques du vélo à commencer par l’absence de vitesse (la transmission est automatique) ou la batterie (504 Wh) non amovible. Logée comme le reste de l’électronique dans le tube central, elle ne peut être retirée que pour des besoins spécifiques de réparation. En conséquence, si vous habitez en appartement ou si vous n’avez pas la possibilité de charger votre cycle dans un local à vélo, le recours au S3 n’en deviendra que plus complexe.
Ce parti pris esthétique permet aussi à VanMoof de réduire le poids total de son S3. Malgré un gabarit imposant, il ne pèse que 19 kg bien qu’équipé de garde-boues, d’une béquille et d’accessoires de sécurité (sonnette et lumières).
Ecran matriciel, verrou kicklock et bouton boost : l’ADN VanMoof préservé
VanMoof ne s’est pas contenté de reconduire un design éprouvé sur ces précédentes générations, il a également repris les principaux ingrédients de la recette qui a fait son succès. Ainsi un rapide coup d’oeil à la fiche technique du VAE permet de retrouver les quelques spécificités qui font l’ADN du vélo hollandais connecté.
Il y a d’abord cet écran matriciel sur le dessus du tube principal. Composé de 166 LED, il permet d’indiquer la vitesse, le niveau d’assistance et quelques informations essentielles comme le niveau de charge et le verrouillage. Il remplace donc l’afficheur classique positionné habituellement de l’un ou de l’autre côté du guidon. Sa position plus basse contraint à détourner un peu le regard de la route mais dans la mesure où il n’est pas nécessaire d’avoir les yeux rivés sur son compteur de vitesse, c’est peu problématique. En revanche, sur notre version bleue (dite light) nous avons constaté quelques soucis de lisibilité, notamment au soleil. VanMoof nous a expliqué qu’il s’agissait d’un souci d’épaisseur de la peinture sur les LED qui avait été constatée sur les vélos de pré-production et qui serait déjà corrigé. Au final, bien que nous ayons l’habitude d’un afficheur classique, il n’a pas été difficile de s’adapter à l’écran matriciel de notre S3.
Le second élément de la « VanMoof touch », c’est bien évidemment le verrou kick lock. En effet, le vélo dispose d’un système antivol intégré qui se déclenche en positionnant la roue arrière d’une certaine manière et en mettant un léger coup de pied au bouton situé près du dérailleur. Dès lors le vélo se bloque et il faut alors le déverrouiller, soit à l’aide d’un code, soit avec son application. Et si une personne mal intentionné s’avisait de vouloir déplacer votre bolide celui-ci hurlerait d’un son suffisamment horripilant pour qu’on préfère le laisser sur place. Ça c’est la théorie, en pratique nous vous conseillerons de doubler cette protection logicielle d’un bon cadenas bien concret.
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Enfin, il y a le fameux bouton « boost » situé à droite du cintre et qui libère quasi instantanément les 59 Nm de couple du moteur. C’est l’une des singularités de VanMoof. En effet, si comme sur la majorité des VAE la montée en assistance est progressive, il est possible de disposer d’un surplus de puissance à la demande. Le souci du « boost » c’est qu’il devient assez rapidement addictif. Alors qu’il ne devrait servir qu’à franchir les côtes les plus raides ou à démarrer rapidement, nous nous surprenons à l’utiliser constamment afin d’atteindre au plus vite les 25 km/h réglementaires. Dès lors, il est permis de s’interroger sur la nécessité d’un bouton dédié, là où une assistance classique et maîtrisée fait parfaitement l’affaire.
Que vaut le S3 sur la route ?
La nouvelle génération de VanMoof offre-t-elle des sensations de conduite différentes ? En effet même si la géométrie du S3 et du X3 n’a pas évolué, les modifications au niveau de la transmission ou encore l’ajout de freins à disques hydrauliques change considérablement l’expérience sur le vélo.
La première sensation ressentie sur le S3, c’est d’abord cette posture qui reste assez droite et très confortable pour le cou et les bras. Des sensations renforcées lorsqu’on a plutôt l’habitude d’un VTT et de sa position sportive. Qu’il s’agisse de cette génération ou des précédentes, ce confort de façade est certes quelque peu mis à mal par l’absence totale d’un système de suspension. Là où certains comme Moustache ou Specialized privilégient des systèmes d’amorti sous ou sur le guidon, et là où d’autres se reposent tout simplement sur une fourche suspendue, VanMoof opte pour une solution minimaliste et s’en remet à ses imposants pneus Schwalbe pour encaisser les aspérités de la route. Mais ce que le S3 perd en confort, il le gagne en vitesse et c’est là une seconde sensation pour le moins grisante. Le VanMoof va vite, et cette sensation est d’autant plus forte qu’avec un léger appui sur le bouton « boost » et un bon coup de pédale on atteint les 25 km/h en un rien de temps.
Dans son comportement, ensuite, le S3 s’avère très plaisant et plutôt maniable compte tenu de son gabarit. Surtout, le VAE nous paraît particulièrement bien équilibré au niveau du poids et c’est tout à l’honneur du fabricant dans la mesure où le placement du moteur sur le moyeu de la roue avant rend cet équilibre complexe. Quant à la transmission, il convient de saluer les progrès de VanMoof sur ce point. Les à-coups constatés sur la précédente version à deux vitesses ont disparu avec ce nouveau système. En revanche, la possibilité de régler le passage des vitesses via l’application ne nous a pas convaincus. Sur le papier cela peut sembler une bonne idée, mais dans les faits, il est bien difficile de décréter de manière théorique à quel moment la transition d’une vitesse à une autre se fera. En effet, avec des dérailleurs classiques, le pilote choisi précisément ce moment en fonction du terrain, ou de sa forme du moment. À moins d’avoir le smartphone dans une main et le guidon dans l’autre cette solution est inenvisageable sur le S3. Dès lors le réglage ne peut être qu’approximatif et les résultats peu probants.
Enfin, si le choix de passer à des freins à disques hydrauliques est salutaire, le modèle choisi par VanMoof pose question. Certes, les performances en freinage sont (un peu) supérieures à ce que proposait le S2, mais à près de 2 000 euros, le consommateur est en droit d’attendre un matériel plus performant que celui présent sur le S3. C’est précisément sur ce terrain que les fabricants de vélos historiques gardent une certaine avance. Certes leur VAE sont plus chers mais le matériel utilisé justifie à bien des égards ce surcoût.
Une application efficace et discrète
Le VanMoof S3 est un vélo à assistance électrique connecté. Ce dernier détail n’est pas sans importance puisque c’est la connectivité de ses vélos qui a permis au hollandais, au même titre que son rival Cowboy, de se faire un nom dans le marché traditionnel du cycle. La première conséquence de ce parti pris c’est que le vélo doit être connecté à un compte, via l’application mobile, pour fonctionner. Le second effet, c’est que l’application iOS ou Android prend une place centrale dans l’utilisation du vélo. C’est elle qui permet de le déverrouiller, de régler le niveau d’assistance, d’allumer ou d’éteindre les feux mais aussi de le localiser.
Si l’application facilite l’ensemble de ces tâches, l’intelligence de VanMoof c’est d’avoir rendu possible la quasi totalité de ces manipulations sans passage obligé par la case smartphone. Le S3 est certes connecté mais il peut être utilisé comme un VAE classique. Une fois les réglages principaux effectués depuis l’application, le propriétaire peut complètement oublier celle-ci, à moins d’avoir envie de jeter un coup d’oeil à son historique de parcours ou d’avoir oublié où son vélo est garé.
Autonomie : la dépendance au boost, c’est le mal
Juger de l’autonomie d’un VAE n’est pas chose aisée habituellement, et c’est encore plus difficile avec le S3. Comme pour tous les vélos électriques que nous testons, il nous faut préciser que la valeur de la batterie ne suffit pas à déterminer la capacité du vélo à avaler les kilomètres. En effet, des facteurs comme le gabarit du cycliste, le niveau d’assistance, le type de parcours ou encore la pression des pneus entrent en ligne de compte et influent allègrement sur l’autonomie. Cela vaut pour tous les vélos électriques et, par extension, pour tous les véhicules équipés de batteries. Mais chez VanMoof, il y a un facteur supplémentaire, le bouton « boost ». Alors que sur la plupart des VAE l’assistance est progressive, ce bouton hautement addictif permet au modèle de VanMoof de disposer immédiatement du maximum de puissance. Très concrètement, l’usage du bouton à des conséquences assez flagrantes sur la batterie. Alors que celle-ci pourrait en théorie porter un S3 sur 80 km (dans la moyenne des VAE), elle peine à dépasser les 50 km dès lors qu’on tombe amoureux de ce boost.
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