Quatre ans après le premier rejeton de la série « H », le X-H1, Fujifilm relance sa gamme de boîtier hybride renforcé et « sportif » avec un boîtier et demi : le X-H2s ainsi que le futur X-H2 (lire plus loin). Représentant la 5e génération d’appareil de Fujifilm depuis le lancement de la monture X en janvier 2012, le X-H2s reprend les fondamentaux de son aïeul, à savoir un boîtier à la prise en main reflex, solide et large, stabilisé mécaniquement et surtout, très nerveux. Le tout avec une fiche technique entièrement remise au goût du jour.
Nerveux, le X-H2s – le « S » signifiant vraisemblablement « Sport » – l’est sans aucun doute : si sa définition d’image reste la même que la génération précédente (26,2 Mpix), le capteur X-Trans CMOS 5 HS est tout nouveau. Non seulement il est BSI (back side illuminated) mais il est surtout « empilé » (stacked sensor), c’est-à-dire équipé de mémoire vive directement soudée à son dos. Ce qui lui confère une vitesse de transmission (vidage mémoire) ultra rapide lui permettant de proposer jusqu’à 40 images par seconde en rafale… avec suivi des sujets et sans recadrage comme cela fut le cas dans des appareils précédents. On dit merci au 64 Go de mémoire tampon embarquée dans le boîtier !
Couplé à son processeur lui aussi de 5e génération (X-Processor 5), l’appareil promet des rafales avec suivi dépassant (sur le papier) les meilleurs appareils de photo sport actuels. Le tout sans la moindre trace de rolling shutter, bénéfice d’une vitesse de lecture de capteur aussi rapide. Divisé en deux unités (une puce pour l’AF, une autre pour tout le reste du pilotage de l’appareil), cette puce avale non seulement un milliard de pixels par seconde (26,2 Mpix x 40), mais gère aussi la vidéo 6K 3/2 plein capteur à 30 images par seconde. Il a en donc sous la pédale. Mais le premier rapport que le photographe a avec son boîtier est physique. Et de ce côté-là, Fujifilm semble avoir assuré.
Une mitrailleuse sur un blindé
Sa cadence de 40 images par seconde, le X-H2s la propose dans un format de boîtier « blindé ». La cage en alliage de magnésium a entièrement été redessinée depuis le X-H1, en proposant une épaisseur minimale de 1,5 mm en tout point de l’appareil. Si on ajoute à cela les joints d’étanchéité et les boutons et molettes renforcées, on est en droit d’attendre un appareil vraiment prêt à faire face à toutes les situations. Et sans sacrifier la technique, puisque ces garanties de résistances vont de pair avec un capteur mobile car stabilisé mécaniquement – jusqu’à sept vitesses selon les optiques employées.
Ce renforcement physique se prolonge aussi dans certaines spécifications, comme cet obturateur mécanique qualifié pour encaisser un demi-million de cycles de déclenchement. Le diable étant dans les détails, même le système d’accroche de la courroie de cou est renforcé : les attaches ne sont plus basées sur des triangles externes, mais sont intégrées dans le corps de boîtier.
L’emploi de bons matériaux et la maîtrise technologique de Fujifilm sont, au passage, impressionnants quand on regarde les chiffres : plus robuste et plus performant que la génération précédente, le X-H2s est un peu plus léger et plus endurant (jusqu’à 720 images en mode éco avec la même batterie !).
Curseurs technologiques au maximum
Le souci des boîtiers modernes et notamment d’un énergumène comme le X-H2s est la longue litanie de technologies, standards, équipements qu’ils intègrent. Tant du point de vue de la connectique (USB 3.1 Gen 2 au format USB-C, HDMI Type 1 plein format, etc.) que des formats de fichier (RAW compressé ou non, JPEG ou HEIF, H.265 ou ProRes ou BMD).
Le double emplacement pour carte mémoire ? Il est bien de la partie – SD UHS-II et CF Express Type B pour les rafales photo et les modes vidéo les plus avancés. Le viseur est-il aux normes actuelles ? Avec ses 5,36 Mpix (1600 x 1200 pix), la dalle OLED répond présent. Sans parler du Wi-Fi, de la 6K plein capteur sans recadrage (et au format 3/2 natif), du F-Log 2 pour l’étalonnage automatique des flux vidéo RAW, etc.
Entre le mode 4K120p, les rafales sans recadrage, l’exhaustivité des prises, etc. le X-H2s est l’un des rares boîtiers qui, comme le Nikon Z7, fait quasiment un sans faute sur la fiche technique tellement le constructeur a eu à cœur de faire un « all-in » technologique.
Une vraie caméra de cinéma ?
Nous l’avons vu plus haut, l’appareil propose des fonctionnalités vidéo de premier plan, avec outre la prise en charge native du format Apple ProRes en interne (sur CF Express uniquement) et avec fichier proxy (s’il vous plaît !), de la 6K plein capteur, de la 4K120p sans recadrage, etc. Les formats de vidéo RAW (jusqu’à du 4:2:2 10 bits et jusqu’à 720 bit/s), la prise en charge de fichier log (F-log) et la sensibilité vidéo native de 1240 ISO permettent aux vidéastes de travailler avec ce boîtier comme avec une vraie caméra professionnelle de type « Super 35 ».
Et si le plein format 24×36 a ses atouts, il a aussi ses défis, notamment en termes de contrôle de la profondeur de champ, diminué ici par la plus petite taille de capteur. Il faut aussi noter que Fujifilm a des optiques cinéma (les MKX 18-55 et 59-135 mm) en monture X et annonce aussi ce jour une optique vidéo unique en son genre. Le XF18-120 f/4 LM PZ WR (éq. 27-183 mm) est en effet la première optique parafocale sans focus breathing et avec moteur de mise au point électronique de la gamme.
Outre son poids plume (460 g) elle est aussi lancée à un prix vraiment accessible compte tenu de ses fonctionnalités (999 euros). Il reste à voir si les cinéastes piquouzés aux boîtiers Sony, Canon ou Panasonic iront jeter un coup d’œil du côté de Fujifilm et de sa science des couleurs.
Petit détail amusant : pour éviter (ou plutôt repousser) la surchauffe vidéo inhérente à tous les boîtiers modernes qui avalent de la 4K, le X-H2s dispose d’un ventilateur en option qui se visse au dos de l’appareil (écran déplié). Une astuce à 200 €, mais qui étend d’une demi-heure la durée de tournage à 40°C (on passe de 20 min à 50 min). Durée de tournage qui est llimitée à 20°C tant du point de vue technique (moins de chauffe), que légal puisque depuis le 1 janvier 2022 la taxe supplémentaire sur les appareils enregistrant plus de 30 min de vidéo est devenue caduque.
Face aux boîtiers sports : les atouts du prix et du poids
De manière générale, la taille des capteurs hiérarchise (un peu trop) les tarifs des boîtiers, les clients non renseignés ayant la fâcheuse tendance de se limiter aux mégapixels et à la surface du capteur pour juger des qualités des appareils. Aussi, le tarif de 2749 € peut surprendre pour un appareil à capteur APS-C. Outre le fait que l’appareil a des équipements (viseur OLED 5,36 Mpix, etc.), des garanties et résistances ainsi que des fonctionnalités professionnelles, il est aussi, grâce à sa rafale et son suivi AF, sur le terrain des boîtiers sports. Tout en proposant, grâce à son capteur plus petit, un système bien plus léger que l’équivalent en plein format.
Dans cette arène de la photo de sport, ces 2749 €, c’est au moins deux fois moins cher de que la concurrence. Si les appareils auxquels cet appareil s’attaque (Nikon Z9, Canon EOS R3 et Sony Alpha A1) sont à capteur plein format, vu l’efficacité de l’AF et la qualité d’image de la présérie que nous avons eu brièvement eu en main, Fujifilm a des arguments côté boîtier. Des arguments qui devront être transformés par plus d’effort dans les optiques : si le XF 200 mm f/2.0 (éq. 300 mm) est un bijou, il manque à Fujifilm des super téléobjectifs de qualité professionnelle (équivalents 200-400 mm, 400 mm, 600 mm, 800 mm) pour aller prendre des places dans le cœur des photographes de stade.
Si le 150-600 mm f/5.6-8 R LM OIS WR (éq. 229-914 mm) va dans le sens de l’histoire, avec son zoom interne et sa stabilisation optique native de 5 stops à 600 mm (7 stops avec le boîtier), il n’est pas encore de la classe qu’attendent les photographes de l’Équipe ou l’AFP. À 2199 euros, c’est bien logique, les optiques des photographes de sport oscillant plutôt entre 6000 et 13000 euros ! Mais pour conquérir ce marché, Fujifilm va devoir accélérer sur le développement d’optiques plus haut de gamme (et en moins cher que la concurrence si possible).
Deux grips sinon rien (et un futur frangin)
Le X-H2s disposera non pas d’un mais de deux grips à son lancement. Le plus classique est le VG-XH qui offre deux emplacements pour batteries ainsi que les commandes déportées en prise en main verticale. En plus de ces fonctions, le FT-XH ajoute une prise RJ45 (limité à 600 mbit/s pour éviter la surconsommation énergétique) pour la transmission en direct des images sur un réseau (FTP, sFTP) comme dans les stades, d’un Wi-Fi a/c amélioré (2×2 antennes). Ce grip permet en outre un contrôle à distance de jusqu’à 4 boîtiers simultanés en Ethernet comme en Wi-Fi via une page web (pas besoin d’application).
Ces deux grips devraient aussi être parfaitement adaptés pour un second boîtier appelé… H-X2.
Dépourvu de “S”, ce second boîtier qui devrait arriver plus tard dans l’année serait moins centré sur la vitesse de la rafale, mais plutôt sur la définition d’image. Exit le capteur empilé de 26,2 Mpix, le X-H2 dont Fujifilm donnera plus d’informations dans les mois qui viennent profitera d’un capteur de 40 Mpix. Et peut-être, qui sait, d’un mode multishoot pour porter plus haut cette définition – même si cela n’est pas une obligation, Fujifilm ayant aussi les GFX à son catalogue.
Le Fujfufilm X-H2s sera disponible début juillet à 2749 € boîtier nu.
Le grip classique VG-HX sera lancé à 449 €.
Le grip avec connectivité RJ45 FT-XH sera à 1099 € (ouch).
Côté optique, le XF150-600 mm f/5.6-8 R LM OIS WR sera lancé à 2199 €.
Le XF 18-120 mm f/4 LM PZ WR sera disponible à 999 €.
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