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Essai Dacia Spring (2024) : faut-il acheter la moins chère des voitures électriques ?

La nouvelle version de la Dacia Spring s’améliore tout en baissant son prix. Mais est-elle toujours aussi intéréssante alors qu’elle ne peut plus bénéficier du bonus écologique ?

Quatre nouvelles versions en trois ans, si la Dacia Spring a quelques vilains défauts, on peut difficilement reprocher à son constructeur de rester les bras croisés sans tenter de les corriger. Quelques mois seulement après l’arrivée d’une version Extreme qui a fait gonfler la puissance moteur de la puce électrique, l’entreprise roumaine, filiale de Renault, s’affirme avec une nouvelle version de son seul véhicule électrique, accessoirement le moins cher du marché.

Il ne s’agit pas d’un restylage quelconque, bien au contraire. Le timing et la nature des changements sont ici primordiaux. D’une part, parce que la Spring n’est plus seule. Après avoir régné comme personne sur l’entrée de gamme électrique (150 000 unités vendues depuis 2021), la citadine électrique doit faire face à une concurrence féroce, celle de l’ë-C3 de Citroën, dans l’immédiat, mais aussi celles à venir de la R5 électrique, de l’ID.2 de VW et de la nuée de citadines électriques qui devraient envahir le marché au cours des prochains mois.

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© Le look de la Spring penche du côté du Duster

De timing, il est aussi question lorsqu’on s’attarde sur la stratégie commerciale de la Spring. Jusqu’ici, Dacia n’a pas eu grand-chose à faire pour revendiquer le titre de véhicule électrique le moins cher du marché. Même lorsqu’elle a dépassé le seuil des 20 000 euros, la Spring n’a jamais eu à affronter une concurrence et a toujours pu compter sur le bonus écologique pour booster ses ventes. Depuis le 1er janvier, elle n’y a plus droit et si la décision de l’UE se confirme, elle devra même être pénalisée de droits de douane supplémentaires à compter de novembre. Malgré cela, Dacia a confirmé des prix inférieurs à 20 000 euros pour ses deux niveaux de finition. La différence ? Le futur propriétaire ne pourra plus compter sur un coup de pouce supplémentaire pour abaisser la facture. Dans ces conditions et alors que la concurrence s’intensifie, faut-il toujours acheter une Dacia Spring ?

Design : une évolution en surface

Ne cherchez pas de choix esthétique radical ou un style vraiment nouveau. La nouvelle Dacia ressemble assez à l’ancienne et pour cause, sa révolution stylistique, Dacia et la Spring l’ont faite au printemps dernier avec l’arrivée de la finition Extreme porteuse de la nouvelle signature stylistique de la marque. Il y a bien quelques nouveautés, comme le large bandeau à l’arrière qui rend la vitre ridiculement petite. Il y a aussi une impression générale d’une voiture plus haute qui n’est pas une impression puisque désormais la Spring est chaussée de roues de 15 pouces, contre 14 précédemment.

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© Des allures de petit SUV – Dacia

Enfin, il y a un nouveau coloris, celui de notre version d’essai, qui lui va plutôt bien et qui s’inscrit dans cette nouvelle identité « outdoor » à laquelle Dacia tient tant.

Habitacle : on change tout (tant mieux) !

C’est vraiment à l’intérieur que la Spring fait ses plus grands changements et c’est tant mieux dans la mesure où son habitacle était, au mieux, sujet à critique, au pire victime de moqueries. Terminé le support de smartphone à la place de l’écran, l’affichage d’instrumentation daté et les plastiques au rabais, la nouvelle Spring fait une révolution intérieure. Attention, nous sommes toujours sur un véhicule d’entrée de gamme, mais celui-ci progresse sur tous les points, de l’aspect général aux finitions en passant par le choix des matériaux. Mention spéciale à Dacia qui a su opérer ce virage sans renier son identité, celle d’une marque robuste et sans chichis.

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© Le nouvel habitacle plus qualitatif de la Spring – Dacia

Ainsi, les deux niveaux de finition auront droit au même écran central, certes basique, mais propulsé par Android 12 et une surcouche sommaire, mais efficace. Surtout, l’OS est compatible avec Android et CarPlay en Bluetooth, il n’y a donc même plus besoin de brancher son smartphone sur l’un des deux ports USB-C en façade pour profiter d’une interface moderne, d’une application de navigation plus pertinente que Here qui est utilisée par défaut ou de quelques applications pour la route, notamment celles qui permettent de trouver les bornes de recharge aux alentours.

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© Et un nouveau volant réglable (enfin) !

Inutile en revanche de chercher un quelconque planificateur d’itinéraire, il aurait de toute façon été présomptueux compte tenu de l’autonomie limitée de la Spring (220 km dans les conditions les plus favorables).

Des aides à la conduite, enfin !

Assez pauvre technologiquement jusque là, la Spring a été contrainte de se mettre quelque peu au niveau. La raison ? Une législation européenne (GSR 2) plus contraignante pour les constructeurs et l’obligation d’intégrer quelques aides à la conduite (ADAS). Limiteur/régulateur de vitesse, alerte de dépassement de la vitesse, freinage automatique d’urgence… La liste est longue et intégralement intégrée à la Spring avec le même niveau de réussite que chez Renault, donc globalement bon. En outre, Dacia a eu la bonne idée d’ajouter un bouton « My Safety » qui permet de désactiver les aides que vous ne jugez pas utiles avec un simple double appui.

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© Ne faites pas ça chez vous – Dacia

La brièveté de notre essai ne nous a pas permis de passer en revue toutes ces aides à la conduite, mais il est indéniable que celles-ci apportent un niveau de sécurité supplémentaire à la Spring.

Le mode « B » qui change la donne

Toujours au rayon équipement, la nouvelle version de la Spring intègre également deux nouveautés dignes d’intérêt. La première est un mode « B » ou « brake » qui permet d’activer la récupération d’énergie au freinage et sur les décélérations. C’est une fonctionnalité très classique sur la quasi-totalité des véhicules électriques dont la Spring était étrangement dépourvue.

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© Le mode My Safety qui permet de paramétrer ses aides à la conduite

Celle-ci permet une conduite à une pédale, idéale en ville, bien que la décélération n’aille pas jusqu’à l’arrêt complet du véhicule. Malgré tout, ce mode B reste bien pratique dans bien des situations et a des conséquences non négligeables sur l’autonomie, nous y reviendrons.

L’autre nouveauté, réservée à la finition Extrême mais sans surcoût, c’est la V2L ou, plus trivialement, la possibilité de charger n’importe quel produit pourvu d’une batterie (smartphone, tablette ou trottinette électrique) en utilisant la batterie de la voiture. Dacia fournit l’adaptateur nécessaire. Libre au propriétaire de juger si cette option peut s’avérer utile ou non.

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© Le nouveau coloris beige est du plus bel effet.

Enfin, afin d’être tout à fait complet, il faudrait ajouter que la Spring est désormais pourvue d’un système de pré-conditionnement de l’habitacle et de programmation de la charge accessibles via l’application Dacia. Deux options que nous n’avons pas pu essayer.

La nouvelle Dacia Spring, ça vaut quoi sur la route ?

Bien que le moteur, le châssis et la batterie n’aient pas changé, la Spring peut se targuer d’un comportement routier modifié. La raison ? De plus grandes roues, un volant et un arbre de direction modifiés et un nouveau réglage de la direction assistée. Mais qu’en est-il vraiment ?

Si une amélioration est notable, le bilan global de la Spring en matière de conduite et de tenue de route est toujours assez terne. Certes, la taille des roues a pris un pouce, mais les pneus ne sont toujours pas au niveau, ce qui donne une tenue de route limite, même sur sol sec. Sur ce point, le choix de Dacia d’insister avec le même choix de manufacturier, le chinois Linglong, est plus que discutable.

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En revanche, le choix des pneus en 15 pouces améliore quelque peu l’amortissement de la Spring ce d’autant plus que la citadine reste l’un des seuls véhicules sous la tonne (984 kg précisément). Enfin, si le volant est désormais réglable en hauteur, la direction reste assez molle. En revanche, la petite Roumaine profite d’un excellent rayon de braquage (4,80) ce qui la rend très à l’aise dans les manœuvres.

Enfin, côté confort, la filtration des bruits extérieurs est plutôt correcte pour un modèle d’entrée de gamme, ce qui rend d’autant plus dommageable le bruit hallucinant de la climatisation qui fait parfois oublier que nous sommes dans un véhicule électrique, rappelant le petit ronronnement d’un moteur thermique.

Au final, sur les sensations de conduite et le confort à bord, la Spring est aussi en progrès. De gros défauts persistent sur la tenue de route et le freinage et ils peuvent à priori être imputés en grande partie aux pneus. Toutefois, dans la grande majorité des usages classiques, les qualités relatives de la Spring parviennent à effacer ses carences.

Autonomie : super efficiente, extrêmement limitée

Sur le papier, les 26,8 kWh de la batterie de la Dacia Spring ne pèsent pas bien lourd au moment où elle doit être jugée sur l’autonomie. Et pour cause, avec 220 km de rayon d’action estimé, la petite citadine électrique ne peut décemment prétendre à autre chose qu’un usage essentiellement urbain. De toute manière, avec une vitesse péniblement limitée à 130 km/h, elle aurait bien du mal à faire la loi sur autoroute, sans compter sa consommation qui la limiterait encore davantage. Mais c’est justement en optimisant sa consommation sur son usage principal, en ville et sur le réseau secondaire, que la Spring parvient à tirer son épingle du jeu.

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Lors de notre essai, sur les routes de Gironde, essentiellement en nationale, notre consommation a oscillé entre 12 kWh/100 km et 12,7 kWh/100 km, soit un score inférieur aux 13,5 kWh/100 km (WLTP) sur lesquels communique le constructeur. Sur ce point, l’arrivée du mode « brake » est salutaire. En conséquence, les 220 km d’autonomie annoncés par Dacia sont tout à fait possibles, à condition d’avoir une conduite relativement douce, des conditions météo favorables (c’était notre cas) et de rester éloigné des autoroutes. C’est d’ailleurs le cas de la majorité des utilisateurs de Spring qui se contenterait de 37 km quotidiens selon les chiffres internes à Dacia. Soulignons par ailleurs que la Spring améliore son efficience tout en augmentant la taille de ses roues (de 14 à 15 pouces), ce qui n’est pas une mince affaire.

Comme ses prédécesseures, la nouvelle Spring répond donc parfaitement à un besoin, celui de trajets d’appoint ou quotidiens, dans un rayon d’action limité et essentiellement en ville ou aux alentours des centres urbains.

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© Notre autonomie (et un joli bug à côté)

Quant à la recharge, elle est assez classique sur le Spring puisque celle-ci embarque un chargeur de 7,4 kW de série, ce qui est suffisant pour un usage classique puisque le plein peut être effectué en une douzaine d’heures sur une prise domestique. On vous conseillera de passer sur l’option du chargeur DC à 30 kW facturé à 500 euros tout de même. La Spring n’est tout simplement pas faite pour ça.

La Dacia Spring face à la concurrence

Dotée d’une fiche technique mesurée (moteur de 65 ch et batterie de 26,8 kWh), mais qui n’a pas évolué depuis l’an dernier, la Spring s’est surtout attachée dans cette nouvelle version à combler ses failles. L’arrivée d’aides à la conduite utiles, d’un mode B ou encore le changement d’habitacle justifieraient presque à seuls qu’on la recommande sans sourciller. Ce d’autant plus qu’elle a su contenir son prix qui a pu dépasser les 20 000 euros par le passé. Oui, mais ce que la Spring avait pour elle, c’est-à-dire un boulevard au niveau de la concurrence, elle ne l’a plus en 2024. Non seulement certains modèles à venir (comme la Fiat Panda ou l’ID.2) représentent des alternatives de choix, mais elle a déjà en face d’elle un épouvantail, la Citroën ë-C3, meilleure sur tous les points ou presque.

Lire : Dacia Spring vs Citroën ë-C3 : quelle voiture électrique pas chère choisir ?

Pourtant, sur le papier et si on se contente du tarif officiel, la Dacia Spring reste la voiture électrique la moins chère du marché. Elle sera disponible en deux versions, à 18 990 euros et 19 990 euros. Mais la perte du bonus lui est sans doute fatale. Avec le coup de pouce gouvernemental, la Spring aurait pu avoisiner les 15 000 euros (14 990 euros précisément). Sans, elle est concurrencée par presque toutes les voitures électriques à moins de 25 000 euros éligibles au bonus. Ça fait toute la différence.

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© Dacia Spring 2024

Verdict du test :

C’est indéniable, la Dacia Spring a progressé. Que ce soit sur la conduite (légèrement), sur le niveau d’équipement (beaucoup) ou sur les aides à la conduite (inexistantes jusqu’ici), le bilan de la citadine électrique est en nette amélioration. Si l’on ajoute à cela que son prix a baissé et que l’offre s’est resserrée sur deux finitions très cohérentes, le bilan semble parfait. Malheureusement pour Dacia, il est en trompe-l’œil. En effet, les progrès sont réels, mais la perte de compétitivité de la Spring aussi. La petite citadine du groupe Renault a mis les formes, mais elle est rattrapée depuis quelque temps par une concurrence qui, même si elle est plus chère en apparence, dispose d’un atout dont la Spring ne profite plus : le bonus écologique. En définitive, la Spring s’est améliorée sur bien des points, mais son rapport qualité/prix, celui-là même qui lui a permis de s’écouler en 150 000 exemplaires en trois ans n’est plus aussi intéressant. Malgré tous ses efforts, la Spring n’est plus le modèle que nous recommandons dans l’entrée de gamme électrique. Naturellement, notre choix se portera sur la Citroën ë-C3.

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Votre opinion
  1. J’ai une Spring de 2021. Elle a déjà le freinage régénératif, la puissance en lâchant l’accélérateur varie en fonction de la vitesse (plus on va vite plus la régénération est forte), et en effleurant la pédale de frein on arrive à 11kw de puissance de régénération quasi quelque soit la vitesse et jusqu’à arriver vers les 10km/h. Par ailleurs en roulant tranquille (urbain et périurbain sans voie rapide) et en optimisant la régénération au freinage je suis à 8,8 kwh/100km, ce qui fait que je peux dépasser les 300 km théoriquement. En hiver c’est plutôt 200 et c’est largement suffisant pour ce qu’elle est prévue à la base.

  2. C’est sûr que quand les autres ne veulent plus payer une partie de vos achats c’est moins intéressant. Quand l’aubaine n’existe plus, l’effet d’aubaine disparait.

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