L’Espagne se réveille, et nous sommes en retard. À Barcelone, Cupra nous tend les clés de son troisième modèle lancé sous son propre logo, depuis que la division sportive de Seat est devenue une marque à part entière. Il y a une heure que le groupe de journalistes a quitté l’aéroport pour arpenter les routes et découvrir le nouveau Tavascan. Nous arrivons les derniers, et malgré la sortie du Formentor en 2020, c’est la première fois que nous prenons le volant de cette nouvelle gamme chez Cupra, après la sortie de la Born.
Entre-temps, le message est passé, et Cupra a dépassé Seat en termes d’immatriculations. Les jeunes et les moins jeunes se tournent vers la nouvelle marque, pour s’offrir une voiture aux lignes racées à des prix qui défient la concurrence. L’Espagne se réveille, et nous rejoignons le dépose-minute pour partir au plus vite du terminal, et récupérer l’itinéraire du jour. Pas le temps de faire un tour du véhicule, on découvrira le délire de ses designers plus tard, mais déjà la console centrale annonce la couleur.
Tout laisse à penser que le design extérieur est original. Il n’y a qu’à compter le nombre de personnes qui se retournent sur ce Cupra Tavascan. À bord, le peu de visibilité sur le capot ou sur l’arrière laisse supposer que ce SUV reposant sur la très classique plateforme MEB de Volkswagen est aussi celui qui a le plus osé en matière de style. Mais nous sommes pourtant bien à bord d’une voiture électrique du groupe allemand, avec certaines de ses pièces dans l’habitacle (comme les boutons sur le volant), des batteries et des moteurs.
Un design « another way »
Vingt kilomètres au sud de Barcelone, nous quittons la route de la corniche méditerranéenne pour traverser les premiers reliefs en direction d’Igualada. Pour être honnêtes, c’est en face d’une décharge que nous finissons par nous arrêter, pour comprendre un peu plus le regard intempestif des piétons et des automobilistes sur la voiture. Le soleil est au zénith, le parking est dénué de zones ombragées, mais qu’à cela ne tienne pour le Cupra Tavascan. En le découvrant de profil, on comprend toutes les indiscrétions vers sa carrosserie.
Si l’habitacle pouvait nous rappeler les liens de parenté entre Cupra et Volkswagen, l’extérieur du Tavascan le projette tout de suite très loin de ses semblables, les Volkswagen ID.5 et Skoda Enyaq. Long de 4,64 m et haut de 1,60 m, il troque les courbes très sages pour des lignes très droites et angulaires. Un design au couteau dont le regard finit par se poser sur le pavillon arrière, fuyant façon coupé. Le coloris métallisé de notre modèle renforce les reflets, malgré une lumière écrasante.
La grande surprise commence en arrivant sur le 3/4 arrière. La ceinture de caisse du Cupra Tavascan avait déjà l’air particulièrement haute de profil, voilà que l’arrière le confirme, avec un lame entre la jonction de la lunette arrière et du panneau de carrosserie. Le tout est creusé, et termine façon spoiler. Les feux arrières forment un bandeau, qui lui-même intègre le logo de Cupra illuminé, une fois les feux diurnes enclenchés. Le tout est complété d’un diffuseur qui ne fait pas son timide non plus, renforçant l’aspect massif et sportif.
Nous continuons notre chemin pour trouver une zone à la lumière moins directe et l’arrière-plan plus présentable, pour réaliser nos photos. L’occasion de se prêter à une deuxième inspection, cette fois-ci sur l’avant. Car il est le premier à s’offrir un design inédit chez Cupra, qui ne comprend plus de liens avec Seat. Une fois encore, tout est massif. Il n’y a plus de calandre, plus de signature lumineuse façon Seat, mais une nouvelle « gueule en nez de requin ».
Quel style avoir, en Cupra Tavascan ?
C’est à se demander si malgré notre jeune âge (23 ans), ce SUV colle à notre style. Il fait partie des rares modèles où la question se pose, tellement le parti pris est radical. Le Cupra Tavascan semble vouloir dire quelque chose de nous. Au point que pour la première fois sur un essai, nous nous faisons interroger par des policiers, nous ordonnant d’aller faire nos photos ailleurs. Agressif, musclé et quelque peu radical, on croirait le Cupra Tavascan bruyant malgré qu’il soit électrique. Au look branché une fois dans les villes ou de nuit, il est jeune et ostentatoire pour ceux dont l’ordre est une fonction.
Ce n’est pourtant qu’une illusion. Aussi cool que fussent notre conduite ou nos intentions à prendre des photos sur la place d’un village, le Cupra Tavascan est un SUV à manipuler avec soin, notamment sur les routes escarpées. Sa hauteur de caisse est limitée, et pour en arriver à de telles lignes notamment sur l’avant, l’usage de plastiques est non négligeable. Il faudra faire preuve de sagesse pour ne pas qu’un caillou vienne laisser une marque indélébile sur le coloris noir laqué de la bouche disproportionnée du requin hispanique. Pour notre exemplaire d’essai aux 2300 kilomètres au compteur, c’est déjà raté.
Qu’il lui colle ou non à la peau, le look de ce Cupra Tavascan sera l’argument premier pour l’acheter. Car il faudra l’aimer, y compris à l’intérieur. Une fois encore, tout est original et tout droit sorti d’un film de science-fiction. Mais en même temps, tout n’est pas très qualitatif, que ce soit sur la partie basse avec la console centrale et son revêtement façon Néoprène (fragile et qui plus est salissant) ou encore cette pièce tubulaire venant faire le lien avec la planche de bord.
Les mains sur le volant
Si l’habitacle a le mérite d’être assez lumineux et aéré, il fait aussi le pari du minimalisme et du 100 % digital. Un écran de 15 pouces est placé au centre, légèrement orienté vers le conducteur tout de même. L’interface est légèrement différente de celle de Volkswagen, mais offre la même efficacité. Néanmoins, l’ergonomie n’est pas excellente pour le peu de boutons conservés. Ils sont capacitifs, situés sur le volant, et on aura la fâcheuse tendance à augmenter ou baisser le son, ou effectuer des commandes sur l’écran par simple contact de la paume.
Au centre, derrière le volant, c’est à bord d’une Volkswagen ID.5 que l’on se retrouve. Le petit combiné n’est pas très détaillé, et il faudra le compléter de l’option pour l’affichage tête haute afin de suivre la navigation sans quitter la route du regard.
L’ergonomie se retrouve aussi limitée du côté du commodo de commande du limiteur et du régulateur de vitesse. Pour comprendre la logique des boutons d’activation et de configuration, il faut du temps. Lors de notre essai, nous avons été particulièrement gênés à ne pas arriver à désactiver le régulateur et l’aide au maintien dans la voie. Une expérience dangereuse, surtout pour une voiture se voulant moderne et branchée.
Nous préfèrerons donc garder les mains sur le volant de la Cupra Tavascan et parier sur le plaisir de conduite que promet Cupra. Sportif ? Le SUV électrique ne l’est pas vraiment. Pour lui donner du caractère, la marque espagnole a travaillé la précision de la direction (sans qu’elle ne soit très lourde cela dit) et ajouté un surplus de puissance. Sur la version VZ, que nous avons à l’essai du Cupra Tavascan, deux moteurs sont embarqués.
Le premier moteur électrique de 286 ch est compris de base, et il est situé sur l’essieu arrière. Le second, de 109 ch, situé à l’avant, permet de nous retrouver avec 340 ch et une transmission intégrale. Le 0 à 100 km/h s’effectue en 5,6 secondes seulement. Puissant, le Cupra Tavascan l’est, mais il n’en est pas moins lourd (2,2 tonnes) et conviendra surtout pour une conduite plus cool et pour enchaîner les kilomètres. Sur les routes sinueuses, la voiture prend vite du roulis. Et le freinage n’aidera pas à oser accélérer le rythme.
Le Cupra Tavascan convient donc surtout à une famille, et on oubliera vite d’utiliser les différents modes de conduite mis en avant par les deux boutons raccourcis situés sur le volant (d’ailleurs, pourquoi en avoir mis deux alors qu’ils réalisent la même fonction ?) pour rester en mode confort.
Que veux-tu, Cupra Tavascan ?
Alors oui, face à lui, peu de concurrence encore. Sur le marché, le nouveau Cupra Tavascan s’attaque à des marques plus premium, comme Audi avec son Q4 e-tron, Volvo avec son C40, et évidemment Volkswagen avec son ID.5. Mais que propose donc le SUV coupé électrique espagnol, autrement qu’un style ? Il y a un prix d’abord : 46 990 euros, ou 51 990 euros en version VZ. Fabriqué en Chine, le modèle n’obtiendra pas de bonus écologique, mais reste légèrement plus attractif. Les Volkswagen ID.5 et Volvo C40 démarrent tous deux à 50 500 euros.
Côté autonomie, avec sa batterie de 77 kWh, le Cupra Tavascan VZ pourra parcourir 395 km sur les parcours mixtes, et dans les 420 kilomètres en ville, selon nos mesures. Pour obtenir un rayon d’action plus large, il faudra choisir la version dotée d’un seul moteur. Les consommations seront plus maîtrisées, alors que nous avons tout de même mesuré 19,5 kWh sur notre parcours en version VZ. L’avantage, c’est que le Cupra Tavascan ne fera pas moins bien qu’un ID.5 de même configuration, en finition Pro ou Pro Life, avec 286 ch et la batterie de 77 kWh également.
Il n’aura rien à envier non plus à l’ID.5 côté recharge, tant les deux sont limités à 135 kW en puissance max. Sur ce point, on aurait aimé voir Cupra (et le groupe Volkswagen plus globalement) faire un effort et proposer quelque chose de plus rapide en 2024. Chez la concurrence asiatique notamment, ou chez les Français, les 180 kW sont devenus une norme. Chez Tesla aussi, un Model Y recharge à 170 kW. Côté recharge en courant alternatif, la Cupra Tavascan accepte jusqu’à 11 kW.
À vivre, le Tavascan ne propose pas la même habitabilité qu’un ID.5, mais il n’est pas loin. Son coffre affiche une capacité de 540 litres quand celui de l’ID.5 atteint 550 litres. Le score reste honorable et devrait largement convenir à une famille quand l’on sait que d’autres SUV coupé ne dépassent pas les 500 litres. En revanche, Tesla reste maître en la matière avec 854 litres et un coffre à l’avant.
Conclusion : la recette design + prix du Cupra Tavascan
À Madrid, quelques semaines avant nos essais de la Tavascan à Barcelone, Cupra conviait presse et people dans à une soirée dans un cadre prestigieux, au Palais de Cybèle. L’illustration même de la puissance marketing que le groupe Volkswagen a décidé de fournir à Cupra. La jeune marque lancée en 2018 est rapidement devenue « l’enfant gâté » du groupe, mais dévoilait de belles marges l’année dernière, qui contrastait avec la crise de la maison-mère.
Pourtant, c’est avant tout ce qu’est Cupra : un produit marketing, qui n’hésite pas à se définir comme « la nouvelle génération automobile ». Avec son Tavascan, il est clair que la démarcation est franche côté design avec un ID.5. Mais pour le reste, on se satisfera de ce que le groupe Volkswagen sait faire. Si la recette fonctionne, c’est parce que le SUV coupé a le mérite de s’afficher moins cher, ce qui n’est pas plus mal en vue des matériaux utilisés dans l’habitacle.
Il n’en reste pas moins un modèle destiné aux familles et à ceux qui peuvent se décider à acheter un modèle à plus de 50 000 euros. Mais il dévoile déjà ce que les Formentor et Leon proposeront avec leurs nouvelles versions restylées récemment présentées. Ces derniers ne seront pas 100 % électrique cela dit, et c’est certainement tant mieux pour la marque vu la difficulté des volumes de ventes actuels pour les modèles dénués de moteur thermique.
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