Depuis le 18 août 2024, j’utilise le Pixel 9 Pro Fold. Assez convaincu par les Google Pixel en général, porté par l’enthousiasme du premier smartphone pliant commercialisé en France par la marque de Mountain View, je décide de retenter l’aventure du smartphone pliant au format livre à sa sortie. Après cinq mois, voici un retour d’expérience complet et un peu plus approfondi, mais aussi plus personnel, que ce que peut apporter un test classique rédigé en quelques jours.
Design encombrant
Dès le premier évènement où j’ai dû prendre des photos avec le Pixel 9 Pro Fold, cela m’a sauté aux yeux : le bougre est vraiment encombrant. Difficile de dire exactement d’où vient cette impression. Sans doute est-elle multifactorielle : la finesse de 10,5 mm (format plié), loin des meilleurs du marché (9,2 mm pour le Honor Magic V3) ; les bordures plates forcément plus massives, ou encore le poids de 257 g tout de même.
Une chose est certaine : cette impression n’a fait que se confirmer au fil des semaines. À tel point que j’ai pris pour habitude d’effectuer un léger mouvement du poignet pour déployer le smartphone pour m’éviter de le manipuler à deux mains à chaque fois que je souhaitais le mettre en position paysage pour prendre une photo ou regarde une vidéo avec l’écran externe. Pour les photos justement, on se retrouve presque toujours à le tenir à bout de bras et de doigts dans une position assez inconfortable. Dans la poche en revanche, l’animal se montre plutôt discret, je n’ai pas eu à m’en plaindre.
Récemment, j’ai pu prendre en main le Huawei Mate X6. Et s’il m’est difficile de vous le conseiller pour de multiples raisons (lisez la prise en main en attendant le test complet), s’il devait y avoir un match entre le Huawei et le Google sur le design, le smartphone de Google serait oblitéré. En tenant les deux en main, cela a confirmé l’inconfort que je ressentais avec le Pixel.
Durabilité qui questionne
Autre point que seul un test long terme peut relever et qu’il me faut souligner : j’ai quelques doutes sur la durabilité au long terme de cet appareil. Et ce pour quatre raisons.
Un doute sur la solidité des tranches
Premier point qui tend à prouver tout de même une certaine solidité aussi. Je n’en suis pas fier, j’ai fait tomber le Pixel 9 Pro Fold à deux reprises en extérieur sur ces cinq mois (je vous épargne les petites chutes du quotidien en intérieur). Mais comme le veut le proverbe, à quelque chose malheur est bon, cela m’a permis de déceler que le Pixel 9 Pro Fold marque particulièrement vite. Je m’appuie là sur mon expérience de testeur de smartphones (je teste une grosse trentaine d’appareils par an) et il m’apparait que dans le haut de gamme, la solidité a atteint un niveau impressionnant ces dernières années. Il est rare qu’une simple chute marque l’appareil dans les proportions où le Pixel a été marqué.
Cependant, on pourra aussi arguer que malgré des chutes plutôt violentes, le smartphone a tenu. C’est donc un point mi-figue mi-raisin.
Rayure sur l’écran
Deuxième arrêt concernant l’état du téléphone, l’écran en face avant. Les écrans des téléphones, eux aussi, sont de mieux en mieux protégés. En principe, le Pixel 9 Pro Fold devrait être bien servi lui aussi avec du Gorilla Glass Victus 2. Sauf que voilà, dans les cinq mois passés avec lui, je suis parvenu à lui faire une grosse rayure sur la partie basse de l’écran. Et celle-ci n’a, a priori, rien à voir avec les chutes susmentionnées, puisqu’elle est apparue soudainement.
Pour être plus précis, elle s’est invitée sur la vitre après avoir utilisé une fonction pourtant importante d’un smartphone pliant, le mode flex, c’est-à-dire lorsque l’écran est semi-replié autour de 90 degrés. Cela peut se montrer utile pour regarder une vidéo en posant son téléphone sans support par exemple. Toujours est-il que pour utiliser le smartphone en mode Flex, il n’y a pas 36 solutions, vous êtes obligés de coller l’écran avant contre votre table. Or, dans mon cas, c’est cette action qui a occasionné l’apparition d’une rayure. Sans doute une poussière un peu trop grosse s’était invitée sur mon bureau.
Là encore, il convient de souligner que ce souci peut être la faute à pas de chance, et c’est parfaitement recevable. Mais nous avons tout de même été surpris par l’apparition d’une aussi grande rayure sur l’appareil. Nuançons cependant un point : si la rayure se sent sous le doigt, elle ne nuit en rien le visionnage de l’écran lorsqu’il est bien lumineux.
Pixels morts sur l’écran interne
Troisième élément, et ce coup-ci autrement plus inquiétant pour la durabilité de l’appareil : celui que je teste a déjà le droit à son lot de pixels morts au milieu de l’écran pliant. Ceux-ci sont apparus soudainement, sans aucun coup de semonce et a priori, sans raison apparente. S’ils s’oublient facilement en cas d’utilisation de toute la surface de l’écran, dès qu’ils se retrouvent au milieu d’un aplat noir (c’est le cas lorsque l’on regarde un film par exemple) difficile de les ignorer. Sachant que le Pixel 9 Pro Fold coûte 1900 euros à sa sortie et que le coût de la pièce peut être estimé à 900 euros, espérons que s’il vous arrive la même aventure, Google voudra bien vous laisser faire jouer la garantie.
Une batterie déjà limite
Dernier point gênant pour un usage au long terme du Pixel, son autonomie. Le Pixel 9 Pro Fold, comme tous les Pixel récents, sera mis à jour pendant 7 ans. C’est une bonne chose. Mais sera-t-il vraiment possible de l’utiliser durant toute cette période ? Car après près de 6 mois, sa batterie montre déjà des petits signes de faiblesse. Dans une journée type, après 3 heures d’utilisation le matin (majoritairement sur données mobiles), je tutoie généralement les 50 % d’autonomie restante à midi. Résultat, si je ne passe pas par la case charge, j’ai tendance à terminer la journée non loin des 0 %. À une époque où l’autonomie des téléphones haut de gamme est redevenue excessivement bonne pour certains modèles, cette contre-performance ressemble à un retour en arrière.
Photos façon Pixel
Passons sur un autre élément qui ne m’a pas semblé au niveau attendu pour un Google Pixel haut de gamme : la photographie. Les Pixel sont pourtant reconnus pour être de bons photophones, que l’on aime ou pas leur style, dans leur propre style bien précis, ils parviennent assez bien à tirer leur épingle du jeu. Mais le Google Pixel 9 Pro Fold m’a paru un cran en dessous.
Quand le Pixel s’en sort très bien.
Un point m’a particulièrement gêné : les photos prises en appuyant sur l’icône X2 de l’appareil photo en basse lumière m’ont souvent paru partager un même problème. Le post-traitement, très connu des Pixel, va venir accentuer les microcontrastes. Mais dans le cas précis précité, je me retrouvais avec de larges aplats de bruit, des plaques complètement ratées et bien absentes des scènes que je cherchais à photographier. J’ai constaté également en vidéo des résultats assez bruités, avec des artefacts de compressions peu ragoutants.
De façon plus générale, j’ai été marqué par une différence de qualité nette avec le Pixel 9 Pro XL, que j’ai utilisé pendant une partie du mois d’octobre. Le smartphone pliant souffrait de la comparaison sur le piqué, le niveau de netteté, mais aussi sa vitesse d’obturation et sa gestion du HDR. De trop nombreux clichés sont sortis avec une esthétique douteuse de mon temps passé avec le Fold, là où d’autres smartphones s’en sortaient bien mieux dans les mêmes conditions.
Alors attention, nous sommes un peu tatillons ici. La qualité photo du Pixel 9 Pro Fold demeure néanmoins au-dessus de la masse. On retrouve bien une partie de ce qui fait le charme des photos de Pixel, la colorimétrie chaude, l’instance sur les microcontrastes, un mode portrait plutôt réussi, etc. Mais à y regarder de plus près, et après 5 mois d’utilisation, le niveau de qualité en photo n’est pas aligné sur le tarif demandé, loin de là.
Les avantages sont là malgré tout…
À lire les points cités jusqu’ici, on pourrait croire que je ne regretterai pas le Pixel 9 Pro Fold pour un sou. Mais s’il y a bien un point que je regretterai, ce sont ses écrans, et en particulier le pliant bien sûr.
Déjà l’écran en façade, pour un smartphone pliant, se montre très efficace. Je n’ai pas eu à souffrir d’un ratio d’écran trop étroit comme c’est toujours le cas sur le Samsung Galaxy Z Fold 6. J’ai peut-être un peu grogné sur les bordures épaisses autour de l’écran, mais on finit par s’y habituer.
L’écran interne, celui qui se plie, m’a totalement convaincu lui. Il va m’être très compliqué de revenir sur un smartphone classique tant je me suis habitué à ouvrir le smartphone en deux pour regarder des photos, consulter un tableau Excel, lire un article un peu long, ou consulter mon compte en banque.
Pour regarder du contenu aussi, le contrat est en grande partie rempli. L’écran Oled, ses couleurs vibrantes, sa grande luminosité, ses contrastes infinis ont fait du Pixel 9 Pro Fold un petit téléviseur portatif au quotidien. En cela, la promesse de remplacer une tablette pour YouTube ou quelques séries est remplie. En revanche, comme pour tout smartphone pliant au format livre, il me semble toujours que le ratio de l’écran interne n’est pas le meilleur pour regarder du contenu vidéo, puisqu’il laisse souvent beaucoup d’espace à des bordures noires. En revanche, comme dit plus haut, pour tout ce qui est productivité, c’est un grand oui.
L’interface Pixel Experience vient d’ailleurs beaucoup aider sur ce front. Celle-ci est agréable, fluide, avec des animations léchées et un travail d’unicité sur la couleur, sur l’utilisation du compte Google à tous les étages. Bref, ce qui est une force sur les Pixel traditionnels l’est tout autant sur un Pixel pliant. La firme de Mountain View d’ailleurs ajouté une petite barre de raccourcis plutôt fonctionnelle. Le mode multitâche, bien que limité à deux applications, est très facile à utiliser.
Seul point que l’on pourrait regretter : il est impossible de créer deux mises en page différente pour l’écran externe et l’écran interne, chose que les Samsung Galaxy Fold proposent. Mais cela n’est pas indispensable pour autant.
…mais une mauvaise impression d’early adopter
Pour conclure ce retour plus long terme durant lequel nous n’avons pas cherché à être exhaustif, mais plutôt à souligner les points saillants, le Pixel 9 Pro Fold, c’est triste à dire, ne nous a pas convaincu autant qu’il l’aurait dû.
Avec un tarif à 1900 euros, c’est pourtant l’inverse que nous sommes ne droit d’attendre. Lorsqu’on verse une telle somme dans un appareil, il devrait nous convenir largement, et ce pour de longues années.
Il paye ici le prix des nombreux doutes sur sa solidité. Bien que nous ne puissions pas totalement écarter la malchance, le Pixel Fold accumule les problèmes précoces. Pire encore, son gabarit protubérant a fini par nous lasser, nous fatiguer. Le moment le plus gênant étant sans doute lorsque je prenais des photos, le tout pour un résultat parfois moyen, dans des conditions difficiles certes.
Ce gabarit ne saurait être mis sur le seul compte du format choisi. En effet, il existe des smartphones pliants au format livre beaucoup plus agréable à manipuler au quotidien.
À l’arrivée, l’expérience n’était pas si désagréable. J’aurais d’ailleurs du mal à revenir en arrière pour toute l’interface une fois le smartphone déplié. C’est donc un bilan mitigé que je vous livre.
Mais pour en revenir au prix, c’est sans doute là son plus gros problème. Il ne s’agit que d’un produit de deuxième génération pour Google et cela se sent. Résultat, on peut vite avoir l’impression de payer un surcoût en tant qu’early adopter, le tout pour essuyer les pots cassés. S’il est normal d’accepter quelques concessions, celles relevées dans ce test paraissent rédhibitoires. Du moins à 1900 euros. Si vous trouvez le Pixel Fold à un tarif plus accessible, l’aventure peut quand même valoir le coup d’être tentée. Pensez simplement à mettre une coque et une protection d’écran à l’avant.
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