Le péage en flux libre est bien parti pour être une (r)évolution majeure dans le domaine des infrastructures autoroutières en France, même s’il fait grincer des dents à l’heure actuelle. Déployée progressivement depuis juin 2024, cette nouvelle façon de payer les autoroutes transforme l’expérience de conduite des automobilistes et supprime les traditionnelles barrières de péage. L’A14, reliant La Défense à Orgeval, a été la première à adopter ce système et elle a été suivie de près par l’A79 et l’A13. Dans les prochaines années, les péages en flux libre pourraient devenir le nouveau standard partout en France.
Pourquoi cette évolution ?
Le principe du péage en flux libre repose sur l’utilisation de technologies pour identifier les véhicules et calculer automatiquement les frais de passage : Des portiques qui sont installés au-dessus des voies de circulation sont équipés de capteurs sophistiqués et remplacent les barrières physiques des gares de péage telles que vous les connaissez : vous n’aurez donc plus besoin de vous arrêter pour payer un péage en flux libre. Ces portiques utilisent deux méthodes pour identifier les véhicules : la reconnaissance automatique des plaques d’immatriculation et les transpondeurs électroniques.
Si vous êtes un usager du (badge) télépéage, le processus est inchangé : votre badge Ulys, Fulli ou Bip&Go est automatiquement détecté par les lecteurs RFID intégrés aux portiques et vous garantissent une facturation sans intervention (vous êtes débité à la fin de chaque mois, et vous avez le relevé directement sur l’application mobile). En France, ce sont environ 10 millions de personnes (dont 6 millions ont choisi Ulys) qui possèdent l’un de ces trois badges et qui n’ont donc aucune complexité pour régler les frais sur les autoroutes avec des péages en flux libre.
La véritable nouveauté (et la vraie galère) concerne les automobilistes qui ne sont pas abonnés au télépéage : Lorsqu’un véhicule passe sous le portique, des caméras ANPR vont capturer une image de la plaque d’immatriculation. Cette image est alors traitée par un logiciel de reconnaissance optique et permet d’identifier le véhicule.
Pour s’acquitter des frais de péage, vous avez alors plusieurs options. Tout d’abord, il est possible de créer un compte en ligne sur la plateforme de l’opérateur autoroutier, comme Sanef, qui exploite certaines sections d’autoroutes avec des péages en flux libre. Ce compte permet d’enregistrer le numéro d’immatriculation du véhicule et les informations de paiement, ce qui permet alors de faciliter ainsi le prélèvement automatique à chaque passage.
Les conducteurs qui ne veulent pas créer de compte en ligne peuvent aussi régler leurs frais de péage après chaque trajet: ils ont un délai de 72 heures pour se rendre sur le site web de l’opérateur, renseigner leur numéro de plaque d’immatriculation et effectuer le paiement. Il est important de respecter ce délai, car tout retard entraîne une majoration significative. Celle-ci démarre à 10 euros, puis 90 euros au bout de 15 jours et elle peut aller jusqu’à 375 euros en cas de manquement grave.
Pour ceux qui n’ont pas accès à Internet (ou qui préfèrent un paiement en personne), un réseau de buralistes agréés Nirio a été mis en place pour payer le péage en flux libre. En 2025, ce sont 4,000 points de vente en France qui permettent à ces automobilistes de régler leurs frais de péage en espèces ou par carte, en indiquant simplement leur plaque d’immatriculation. C’est la solution la moins pratique de ce comparatif (surtout comparé à un bip pour les péages sur autoroute) mais elle a le mérite d’exister.
Fluidifier le trafic (et réduire les coûts)
Ce nouveau système de péage en flux libre offre de nombreux avantages: il permet tout d’abord de fluidifier le trafic en éliminant les arrêts aux barrières de péage et réduit les embouteillages (en particulier lors des périodes de forte affluence comme les jours de départs et retours de vacances scolaires). Cette fluidification du trafic contribue aussi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre puisque les véhicules n’ont plus à s’arrêter et à redémarrer au niveau des péages. Autre point, le système automatisé minimise les erreurs de tarification.
Du point de vue des gestionnaires d’autoroutes, le péage en flux libre permet de réduire les coûts d’exploitation liés à la maintenance des barrières physiques et à la gestion du personnel sur place. Sur les portions d’autoroutes avec des péages en flux libre, vous n’avez plus du tout les gares de péages classiques. Pour les étrangers, cette nouvelle règle peut virer au casse-tête. Ce casse-tête, on le retrouve aussi chez les défenseurs de la vie privée qui voient désormais leurs données circuler dans la nature.
La mise en place du péage en flux libre sur l’A13 qui a été achevée fin décembre 2024 a marqué une étape importante dans ce processus de modernisation : l’axe Paris-Normandie (A13-A14) est devenu le premier ensemble autoroutier existant entièrement converti à ce nouveau système. Cette transformation s’inscrit dans la continuité des expérimentations menées depuis 2019 sur l’A4, au niveau du diffuseur de Boulay-Moselle. Cette autoroute est très populaire parce que de nombreux parisiens vont en Normandie (Deauville, etc.) en week-end.
Pour payer votre péage en flux libre, la façon la plus simple est d’avoir un badge télépéage. Ce dernier est très pratique, que vous soyez un utilisateur régulier ou non des autoroutes payantes. En effet, quel que soit le badge que vous choisirez pour régler ce péage, vous ne serez facturé qu’en cas d’utilisation : il est gratuit tous les mois où vous ne l’utilisez pas. Par ailleurs, Ulys et ses homologues offrent toujours plusieurs mois de gratuité au démarrage – ce qui vous permet de ne payer aucun frais du tout, même si vous utilisez votre boitier.
Une chose est sûre : il va falloir s’habituer à voir de plus en plus d’autoroutes se mettre aux péages en flux libre – et cela devrait encore renforcer l’attrait pour les badges télépéages. En effet, s’enregistrer sur les sites des exploitants d’autoroute ou régler chez un buraliste n’est pas une solution pratique à long terme – et cela ne vaut pas le coup.
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