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Windows s’incruste au rayon loisirs

Après avoir envahi le bureau, Microsoft cherche à s’imposer dans le salon et, plus généralement, dans les loisirs numériques. Ses armes ? Des versions spéciales de Windows estampillées Media Center, pour les PC mais aussi pour les baladeurs audio-vidéo.

Microsoft voit grand. Et loin. Après avoir fait de Windows le système d’exploitation pour PC le plus utilisé au monde, la firme de Bill Gates entend bien le décliner à toutes les sauces. En l’espace de trois ans, elle a déjà réussi à en imposer une version allégée (Windows Mobile) dans les assistants numériques (les Pocket PC) et les téléphones mobiles. Aujourd’hui, elle ambitionne de le placer au c?”ur des loisirs numériques, aussi bien dans les PC de salon que dans les baladeurs audio-vidéo.Pour la maison, Microsoft mise sur Windows XP Media Center Edition, un système d’exploitation enrichi de fonctions audio et vidéo visant à transformer le PC familial en ‘ centre multimédia domestique ‘. Branché au téléviseur du salon ou à un grand écran, relié à un système d’amplification audio (du simple ampli stéréo au kit multicanal de type home cinéma), l’ordinateur remplace toutes les platines du salon : il permet d’écouter de la musique (CD et fichiers audio), de voir des films (DVD et fichiers vidéo, et de regarder des photos numériques. Et comme il est équipé d’un tuner TV, il peut aussi recevoir la télévision et enregistrer des émissions sur son disque dur, faisant office de magnétoscope numérique ! Le tout se pilote à la télécommande, du canapé du salon, à travers une interface ultrasimplifiée, les menus, icônes et textes étant adaptés à l’affichage sur téléviseur.Sortie à l’automne 2004, la première version de Media Center a connu des débuts prometteurs. Mais Microsoft compte faire encore mieux avec l’édition 2005 de Media Center, présentée officiellement le 12 octobre dernier. Fonctionnant toujours sous Windows XP (avec le Service Pack 2 et Windows Media Player 10 installés d’office), elle incorpore en effet des fonctions qui manquaient cruellement à son aînée, telle que la gestion des cartes TV à double tuner ou la gravure de DVD-vidéo (voir ci-contre).En outre, alors que Microsoft avait surtout réservé son premier Media Center aux grandes marques (comme HP ou Packard Bell), l’édition 2005 est accessible aux assembleurs. Et si l’année dernière, seul Unika proposait des PC Media Center, des intégrateurs comme Medion, GranVille, JLB-O, EID et Cyber-tech sont aujourd’hui de la partie. Attention toutefois, les innovations de Media Center 2005 sont réservées aux PC disposant d’une carte TV à double tuner (pour enregistrer une émission pendant que l’on en regarde une autre) et d’un graveur de DVD (pour sauvegarder les vidéos et les enregistrements TV). Cette double contrainte explique sans doute pourquoi Microsoft ne distribue pas de mise à jour de la version 2004 à la 2005. L’éditeur laisse le soin aux constructeurs de proposer cette mise à jour à leurs clients, mais les risques de dysfonctionnements et d’incompatibilités devraient les en dissuader. Grande nouveauté cette année : l’apparition d’une déclinaison de Windows Media Center pour appareils portables, et plus précisément pour les baladeurs audio-vidéo, qui servent aussi bien à écouter de la musique qu’à regarder des photos et des films grâce à leur écran intégré (voir encadré page précédente). Baptisé Windows Mobile pour appareils Portable Media Center (PMC), ce système d’exploitation est dérivé de Windows Mobile, qui équipe déjà des téléphones portables (comme les SPV d’Orange) et les assistants numériques Pocket PC. Son interface ressemble beaucoup à celle de Windows Media Center. Un menu très simple permet de naviguer entre les vidéos, les musiques et les photos stockées sur le disque dur de l’appareil. On trouve même un bouton Windows, pour revenir au menu de démarrage, comme sur les télécommandes des PC Media Center ! Est-il besoin de préciser qu’un baladeur PCM préférera toujours communiquer avec un PC doté de Windows Media Center 2005 : une simple synchronisation et les émissions de télé enregistrées sur le PC sont transférées sur le PCM !Là encore, Microsoft ­ qui ne fabrique pas de baladeurs ­ s’appuie sur plusieurs constructeurs pour mener son offensive. Creative et Samsung ont déjà présenté des modèles estampillés PMC. iRiver, Sanyo et ViewSonic suivront dans les prochaines semaines. La déferlante, prévue pour Noël, s’étendra jusqu’au début de l’année prochaine. Ces baladeurs seront très similaires, Microsoft ayant imposé des spécifications techniques aux constructeurs : processeur Intel Xscale à 400 MHz avec 64 Mo de mémoire vive, disque dur de 20 ou 40 Go, écran LCD couleur de 3,5 à 4 pouces (de 8,9 à 10,2 cm) offrant une définition de 320 x 240 points, sorties audio et vidéo (pour l’affichage sur une télé). En outre, pour la synchronisation des fichiers, tous ces baladeurs nécessiteront un PC équipé de Windows XP avec Windows Media Player 10.Très simples d’utilisation, comme nous avons pu le constater, les premiers baladeurs PMC seront relativement abordables : le Creative Zen PMC est vendu à 500 euros environ, soit 100 euros de moins qu’un baladeur audio-vidéo utilisant un système d’exploitation propriétaire. Mais ils risquent d’être handicapés par le choix du tout Microsoft, notamment à cause des limitations imposées par le lecteur Windows Media Player 10. Ainsi, en l’absence de codec approprié, ils ne pourront pas lire de DivX, ce qui refroidira plus d’un acheteur potentiel… D’autant qu’un constructeur comme Archos (voir ci-contre), qui a une indiscutable expérience en la matière, fabrique des baladeurs acceptant plus de formats, tout aussi simples d’utilisation et qui, pour certains, peu-vent faire office de magnétophones-magnétoscopes grâce à un encodage MP3 ou Mpeg4 en temps réel.Nul doute que si les PC et Portable Media Center séduisent les consommateurs, Microsoft ira encore plus loin. Son objectif n’est-il pas d’incorporer son système d’exploitation à un nombre toujours plus important d’appareils électroniques ? Aux Etats-Unis, la société Akimbo (www.akimbo.com) commercialise ainsi depuis la rentrée un lecteur audio-vidéo de salon d’un genre nouveau : connecté directement à Internet, il permet de télécharger, sur catalogue, des films et des émissions télévisées. Son interface ressemble à celle de Windows Media Center. Et pour cause: ce lecteur fonctionne sous le système d’exploitation Windows CE.net ! C’est clair : Microsoft voit grand. Et loin…

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Stanislas Odinot et Alexandre Salque