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Voix sur IP : Internet libère le téléphone

En utilisant le réseau Internet pour véhiculer les communications vocales, la technologie de voix sur IP permet de téléphoner moins cher dans le monde entier. Mais fournisseurs d’accès et opérateurs télécoms doivent porter une attention
de tous les instants à la qualité sonore.

Réduire de façon significative sa facture téléphonique sans pour autant limiter ses appels, c’est le rêve de milliers de bavards, frustrés de devoir regarder leur montre pour ne pas trop dépenser. Depuis quelques mois, ce rêve est
devenu réalité : fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et opérateurs télécoms proposent des offres permettant, pour quelques euros par mois, de téléphoner sans compter vers les numéros fixes en France et de bénéficier de tarifs extrêmement
attrayants vers les mobiles et l’étranger. Comment font-ils pour proposer des tarifs aussi intéressants ? Leur secret s’appelle Voix sur IP ou VoIP (Voice over Internet Protocol), une technique qui consiste à véhiculer les
communications vocales sur le réseau Internet. La voix est numérisée (transformée en une suite de 0 et de 1) puis découpée en paquets (qui contiennent environ 20 millisecondes de conversation). Elle est ensuite transmise sur Internet (où transitent
aussi les données Web, les courriels, etc.) en mode paquet : le canal de communication est partagé entre tous les ordinateurs connectés au réseau. Mais, si une saturation temporaire de ce dernier est tolérable lorsque l’on télécharge un fichier
sur le Web (l’opération dure seulement plus longtemps), elle est rédhibitoire pour la voix : la conversation devient hachée et certains mots sont tronqués. En téléphonie classique, en revanche, la voix transite en mode circuit : un canal
de communication est réservé pendant toute la durée de l’appel entre les deux interlocuteurs ; il ne peut donc pas y avoir de ralentissement. L’intérêt de passer par le réseau Internet, moins fiable, est de réduire le coût de transmission des
communications qui ne sont plus facturées en fonction de la distance parcourue, comme sur les réseaux de téléphonie classique.

Deux manières de téléphoner par le biais d’Internet

En pratique, pour communiquer en VoIP, il existe deux méthodes. La première consiste à installer un logiciel spécifique sur chacun des ordinateurs des deux interlocuteurs puis à communiquer par l’intermédiaire d’un microcasque. Hormis
les coûts de connexion à Internet, les communications sont alors entièrement gratuites. Cette technique, qui existe depuis une dizaine d’années ­ Net-meeting de Microsoft fut l’un des premiers logiciels de téléphonie via Internet ­, a connu des
débuts difficiles. En effet, la plupart des utilisateurs étant connectés en bas débit à Internet, la qualité des communications s’en ressentait fortement…Le développement récent du haut débit, avec une bande passante plus importante, a résolu une bonne partie du problème. Aujourd’hui, ces logiciels, tel Skype, l’un des plus connus, permettent même d’appeler vers des numéros fixes et
des mobiles, c’est-à-dire des personnes ne disposant pas d’un ordinateur. Dans ce cas, la communication n’est pas entièrement gratuite puisqu’une connexion avec le réseau de téléphonie classique est nécessaire (et facturée par l’opérateur télécom du
destinataire) mais son coût est bien en deçà des tarifs habituels, une partie du trajet s’effectuant sur Internet. La seconde méthode pour communiquer en voix sur IP ne nécessite, elle, aucun logiciel. Proposée par les fournisseurs d’accès ADSL ­
Free a été pionnier ­, elle repose sur l’utilisation d’un modem particulier (les fameuses Freebox, Neuf Box, Livebox, etc.) intégrant des fonctions de téléphonie. L’abonné doit simplement brancher un combiné téléphonique sur ce boîtier ­ et pas
directement sur une prise classique ­, pour téléphoner normalement, sans même se rendre compte qu’il passe par Internet et sans avoir à utiliser le moindre ordinateur, tout en profitant de divers services téléphoniques (messagerie, renvoi d’appels,
présentation du numéro, etc.). Seules différences, les communications sont transmises en voix sur IP, d’où leur prix réduit (les appels vers des postes fixes en France sont même souvent totalement gratuits), et l’abonné dispose d’un numéro de
téléphone spécifique pour cette nouvelle ligne (parfois de type 08 7x xx xx xx). De plus, le dégroupage (partiel ou total) permet aux FAI de maîtriser le réseau jusqu’à la prise téléphonique de l’abonné et donc d’améliorer la qualité ­ du service en
général et plus particulièrement du son. Les paquets de voix peuvent même être prioritaires vis-à-vis des paquets de données, le modem les faisant passer avant pour éviter les phénomènes de communications tronquées. Il devient alors difficile de
distinguer la qualité d’un appel en VoIP d’un appel filaire. Mais il ne faut pas oublier que l’ADSL n’existerait pas sans le réseau téléphonique classique. Les bons vieux fils de cuivre ont encore de beaux jours devant eux !

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Stéphanie Molinier