Passer au contenu

Voici Nao le petit robot français

Larguée en robotique, la France ? Une start-up parisienne lance un robot surdoué, qui ambitionne de succéder à Aibo, le chien de Sony.

Aldebaran Robotics est heureuse de vous annoncer la naissance de Nao, robot humanoïde de 60 centimètres de haut pesant environ 6 kilos. Ce gros bébé a déjà fait ses premiers pas à une vitesse inférieure à 1 km/h. Il devrait bientôt franchir de petites marches de 5 centimètres de hauteur. Début 2009, vous pourrez l’adopter moyennant 3 000 euros.Dans les locaux au bord du périphérique parisien où s’entassent les 35 géniteurs-ingénieurs, Nao est pour l’instant un robot humanoïde ordinaire : un assemblage de moteurs ultraprécis monté sur deux jambes qui se balancent pour marcher. Mais ses créateurs ont de plus hautes ambitions : rendre Nao intelligent afin qu’il évolue librement et communique avec les humains. Dans ce but, Nao a vu le jour avec quatre micros pour écouter, une caméra pour voir, deux haut-parleurs pour s’exprimer, plusieurs capteurs à ultrasons pour éviter de se cogner, et une centrale inertielle pour garder l’équilibre.Ainsi équipé, quels services pourra-t-il rendre ? Ses concepteurs espèrent, qu’à terme, il pourra distraire les enfants en jouant aux échecs, voire taper doucement dans un ballon, égayer une fête en racontant des blagues, puis en prenant quelques photos publiées immédiatement sur un blog, surveiller la maison grâce à son antenne Wi-Fi et en rendre compte par Internet. Nao devrait être capable de lire vos courriels et votre journal Web, tenir une petite discussion, surveiller une personne âgée et donner l’alerte en cas de problème. Rien de bien spectaculaire, comparé aux robots habiles, intelligents et autonomes de nos dessins animés. ‘ Tempérons nos fantasmes à l’égard des robots ! ‘, prévient Aldebaran Robotics. Nao marchera donc lentement et péniblement, ne saisira pas de petits objets et ne tiendra que des conversations superficielles. Pour le moment, il est loin d’être terminé. ‘ La partie physique est achevée. Nous attaquons le développement de l’intelligence artificielle ‘, confie Bastien Parent, responsable de la communication. Un vrai casse-tête avec deux défis majeurs : la reconnaissance vocale et la reconnaissance des formes (se repérer dans l’espace et reconnaître quelques émotions sur le visage de son maître d’après la forme de sa bouche). Le travail de programmation s’annonce long et difficile. Et le temps presse ! Les premiers exemplaires doivent être livrés en mars 2008. Presque vierges de capacités, ils seront achetés par la Robot Cup (voir l’encadré). Si tout va bien, une deuxième vague de Nao sera livrée cet été : 50 exemplaires destinés aux fans du robot. Les bases de l’intelligence artificielle seront posées, mais le robot ne les exploitera pas encore. Ce n’est qu’en 2009 qu’Aldebaran Robotics espère commercialiser Nao en grande série, incluant certains services mentionnés plus haut.

Un marché encore balbutiant

Le bout du tunnel pour la start-up ? Lancée dans cette folle aventure depuis 2005, date de sa fondation par Bruno Maisonnier, ingénieur X-Télécom passionné de robotique, Aldebaran Robotics n’a dépensé que 1,5 million d’euros en 2 ans pour développer six prototypes. Bruno Maisonnier espère trouver 5 millions d’euros dans les prochaines semaines pour lancer la fabrication industrielle du robot. Pour survivre, la société devra vendre plus de 10 000 exemplaires de Nao. Réaliste ou utopique ? Le marché de la robotique personnelle est balbutiant, le coût précis de fabrication du robot n’est pas encore fixé. Les incertitudes sont si nombreuses que les grands groupes (iRobot, Hitachi, Honda, Nec, Sanyo, Toyota) gardent leurs prototypes dans les cartons. Pour eux, il n’y a pas encore de marché pour le robot personnel : les services rendus sont trop modestes par rapport aux attentes du public alors que le prix reste dissuasif. Sony, seul géant à avoir tenté l’aventure, a abandonné la commercialisation du robot-chien Aibo, ‘ non rentable ‘, et stoppé le développement de Qrio, dont s’inspire Nao.

Fans de Nao, au travail !

La start-up française peut-elle donc réussir là où Sony a échoué ? Deux atouts jouent en sa faveur. Grâce à l’explosion du marché des appareils mobiles en 2007, les composants nécessaires à la fabrication de Nao sont beaucoup moins chers et plus efficaces qu’il y a cinq ans, idem pour les logiciels de reconnaissances vocale et visuelle. De plus, Nao devrait être extrêmement facile à programmer grâce au langage robotique ouvert Urbi (voir l’encadré). Dès les premières livraisons, Aldebaran encouragera ses clients à créer de nouvelles fonctions. ‘ Un jeu d’enfant ‘, revendique Bastien Parent. Par exemple, programmer Nao pour qu’il prenne des photos des visiteurs et les publie sur Internet. ‘ Il suffit d’associer quatre blocs : déplacement aléatoire, détecter les visages, photographier, publier sur Internet. ‘ Les meilleures applications seront sélectionnées par Aldebaran, puis envoyées automatiquement à tous les Nao en Wi-Fi. La start-up espère ainsi rendre Nao plus évolutif, plus riche et moins lassant que le robot-chien Aibo en comptant sur sa communauté de passionnés pour abattre une partie du travail. Reste à savoir s’ils seront au rendez-vous.www.aldebaran-robotics.com/pageProjetsNao.php

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Nicolas Six