Créé à l’origine pour les universitaires et les militaires, Internet est aujourd’hui utilisé aussi bien pour surfer sur le Web et échanger des mails que pour téléphoner et diffuser des vidéos. Pour adapter le réseau planétaire à ces
nouveaux usages, les chercheurs essaient de le faire muter… en douceur.
Le réseau Internet compte aujourd’hui près de 65 millions de sites Web, parcourus chaque jour par plus d’un milliard d’internautes, connectés dans le monde entier. Une prouesse, car il repose encore sur des technologies anciennes et rarement mises à jour. Le protocole de communication TCP/IP, fondement même d’Internet, date ainsi de 1978. En fait, Internet atteint progressivement ses limites, même s’il a été extrêmement bien conçu et intelligemment étendu. Ses pères fondateurs s’accordent à dire qu’il ne sera pas capable ?” en l’état ?” de supporter les nouvelles applications actuellement en développement dans les cellules de recherche et développement des Yahoo, TF1, Orange, Wanadoo, etc., comme le téléenseignement, la médecine à distance, la diffusion de vidéos en haute définition et la généralisation des appareils mobiles ?” téléphones, baladeurs, etc. ?” connectés en permanence.
Plus assez d’adresses pour tout le monde dès 2010
‘ Pour construire l’Internet du futur, il faut imaginer ce qu’on en fera. Réponse : de la voix, de la vidéo, en mobilité ‘, prédit Jean-Michel Planche, président de la FING, une association de constructeurs et d’éditeurs qui scrute en permanence l’évolution du réseau.Mais pas question de tout changer du jour au lendemain. L’évolution doit être progressive pour laisser aux constructeurs et aux éditeurs le temps d’adapter leurs produits. Ainsi, le protocole IP qui contrôle le transport des données en attribuant à chaque terminal (ordinateur, téléphone, organiseur) une adresse, a entamé une lente mutation. Sa version 4, actuellement utilisée, est limitée ; elle ne permet d’attribuer ‘ que ‘ 4,29 milliards d’adresses différentes. Dès 2010, il n’y aura plus assez d’adresses pour tout le monde. Résultat : la version 6 du protocole IP est mise en place petit à petit sur le réseau, parallèlement à la version 4.
Diffusions en temps réel vers des millions d’internautes
Mais d’autres évolutions seront plus complexes. Car le fonctionnement intrinsèque du réseau a été conçu pour des communications d’individu à individu sans contrainte de délai d’acheminement. Le mail, l’un des premiers services disponibles sur Internet, correspond bien à cette conception : un expéditeur envoie un message à un ou plusieurs destinataires. Le délai de distribution, qui peut varier d’une seconde à plusieurs minutes, n’est pas pénalisant pour le fonctionnement du service. En revanche, la diffusion d’une émission de télévision implique d’autres contraintes. Pas question que plusieurs images du flux vidéo soient bloquées dans un ‘ bouchon ‘ sur le réseau : la diffusion doit s’effectuer en temps réel ?” sans latence ?”, ce qui nécessite une vitesse de transmission élevée. Mais le débit ne suffit pas, le réseau doit aussi être capable de transmettre une grande quantité d’informations en même temps, c’est-à-dire disposer d’une bande passante importante. Enfin, le transfert des données doit être optimisé pour la diffusion d’un seul expéditeur vers des milliers, voire des millions d’expéditeurs…