Certains d’entre vous ont vivement réagi à ma chronique du mois dernier. Je m’en doutais un peu : proposer de ‘ taxer ‘ de cinq ou six euros par mois même les internautes qui ne
rapatrient jamais de films ou de musique contre… le droit de télécharger librement, voilà de quoi faire grincer des dents ! Levons tout d’abord une ambiguïté : dans mon esprit, cette redevance ne s’appliquait qu’aux abonnés au haut
débit, pas à ceux qui sont quasiment interdits de téléchargement par une connexion à 56 kbit/s. Mais l’essentiel de vos critiques, c’est qu’on vous obligerait ainsi à ‘ engraisser ‘ les majors du
disque et les artistes qui, déjà, ‘ s’en mettent plein les poches ‘. Réaction paradoxale, puisque ceux-là sont justement les opposants les plus virulents à la licence globale ! Mais dans ce débat,
on n’est pas à une contradiction près. Ainsi, lorsque le CD a supplanté le vinyle, maisons de disques, chanteurs et distributeurs ont trouvé normal de nous revendre sous une autre forme ce que nous avions déjà acheté. Là, il leur plaisait, le
progrès technique. En revanche, quand Internet et le MP3 nous permettent de récupérer ces mêmes morceaux déjà achetés pour graver nos CD ?” en payant, notez-le bien, une redevance sur les CD vierges et même, éventuellement, une licence globale
?”, il ne leur plaît plus du tout, le progrès ! Paradoxe, encore, l’invocation systématique de la défense des droits d’auteurs, censés protéger l’art contre la ‘ marchandisation ‘, alors que
c’est justement cette marchandisation qui s’organise (le parallèle fait par certains entre les morceaux de musique et les baguettes de pain en dit long), moins au profit des auteurs que de tous les autres maillons de la chaîne, auxquels il faudra
désormais ajouter les producteurs de DRM, tels Apple et Microsoft, qui n’ont rien à faire de l’art et des artistes. Paradoxe, enfin : personne n’incrimine ce système des droits d’auteurs, archaïque et injuste, parce c’est un acquis de la
Révolution. Mais le gouvernement, dans la dernière mouture (provisoire) de son projet de loi, n’hésite pas à remettre en cause pour les DVD le droit à la copie privée. Lequel était pourtant, dès la Révolution, un corollaire au principe des droits
d’auteur. Que le débat soit compliqué, c’est une évidence. Que la licence globale ne soit pas la meilleure solution à terme, c’est possible. Mais, en l’état actuel, je persiste à penser que c’est la seule permettant aux artistes de recevoir une
rémunération sur les échanges numériques tout en évitant et le flicage du Net… et la poursuite de la fraude.
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