Il ne fait que prolonger le succès que la photo connaît depuis son invention. Un succès populaire logique, qui va au-delà de considérations techniques ou esthétiques. Car la photo ‘ parle ‘ à tout le monde.Ce n’est pas l’outil qui compte, ni même le support ?” argentique ou numérique : c’est ce qu’ils permettent de saisir, de partager et, surtout, de ressentir. En figeant un moment fugitif, un
visage, un sourire ou une scène de famille, un cliché, même mal cadré ou surexposé, suffit à réveiller en nous des souvenirs et à susciter des émotions.Cette soif d’images soulève pourtant une question : pourquoi n’accorde-t-on pas la même importance au son ? Car, s’il semble normal de dégainer à toute occasion un appareil photo pour immortaliser un
paysage ou un anniversaire, il ne vient à personne l’idée d’enregistrer les bruits de son environnement, les voix de ses proches, les rires de ses enfants, les paroles de ses parents… Certes, l’image condense énormément
d’informations qui s’appréhendent, le plus souvent, en une fraction de seconde. Mais le son est porteur d’éléments invisibles tout aussi importants. La simple écoute d’une voix, avec son timbre, son rythme, ses nuances et
ses hésitations caractéristiques, en dit souvent beaucoup sur celui qui parle. D’ailleurs, plus que l’arrivée de la couleur, c’est le passage du muet au parlant qui a rendu le cinéma si ‘ vivant ‘.Et nous sommes tous sensibles aux émotions véhiculées par la musique comme à son effet nostalgique… Cette ‘ cécité auditive ‘ est d’autant plus curieuse que le son est bien plus facile à capter et
à transmettre que l’image, en particulier aujourd’hui, avec des baladeurs capables d’enregistrer en numérique. Peut-être est-elle seulement le signe que nous vivons dans une société focalisée sur l’image, sous toutes ses
formes…(*) Rédacteur en chef de L’Ordinateur Individuel
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