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Tous pirates, et sans complexes !

La copie illégale d’?”uvres numériques est devenue un phénomène de masse. Inutile de le nier. Honnêtement, connaissez-vous beaucoup d’utilisateurs d’informatique qui n’aient jamais possédé au moins…

La copie illégale d’?”uvres numériques est devenue un phénomène de masse. Inutile de le nier. Honnêtement, connaissez-vous beaucoup d’utilisateurs d’informatique qui n’aient jamais possédé au moins une chanson ou un logiciel
illégalement copié ? Hum… Certes, les chiffres pharamineux du manque à gagner annoncés par les éditeurs sont contestables. D’abord, parce que personne ne connaît les vrais chiffres du piratage. Ensuite, parce qu’il est absurde d’affirmer
qu’une copie illégale est forcément une vente de moins : entre ceux qui n’auraient pas acheté faute de moyens, et ceux pour qui la copie est juste un sport ­ on télécharge, on s’amuse un peu, puis on abandonne le fichier dans un coin du disque
dur ­ on est loin du compte. Reste une question plus intéressante : pourquoi personne ­ même celui qui n’a jamais volé un bonbon ­ ne se sent-il pas vraiment coupable en copiant un logiciel ou en téléchargeant un morceau de musique ? La
principale raison tient sans doute au caractère immatériel de l’?”uvre. Nous avons du mal à considérer un fichier comme un objet ; et s’il n’y a pas d’objet du délit… il n’y a pas de délit. Dès lors, si l’on peut se servir facilement,
pourquoi se priver ? C’est le deuxième élément de la réponse : la facilité. Les graveurs et les logiciels de copie sont en vente libre, les systèmes de peer-to-peer ne peuvent être interdits ­ puisque les uns et les autres peuvent aussi
servir à autre chose ­, Internet est à peu près incontrôlable… Et cela devient toujours plus facile, toujours plus rapide, avec une qualité toujours plus impressionnante. Bref, l’innovation technologique est un pousse-au-crime ! Mais
c’est aussi, on nous le répète assez, le principal moteur de la croissance.Dès lors, les conflits d’intérêt sont inévitables, et d’autant plus difficiles à réguler que le marché est mondial. On peut faire un parallèle avec l’automobile : on sait que la vitesse tue, mais aucun pays n’impose une
limitation de la puissance des voitures ; ce serait trop risqué pour l’économie. On préfère faire appel au civisme et multiplier les contrôles de police. C’est là que s’arrête la comparaison. Comme le piratage ne tue personne et ne semble léser
que les riches, difficile de culpabiliser le public ; et comme il est plus facile de mettre des radars sur les routes que sur les autoroutes de l’information, le sentiment d’impunité reste fort. Morale de l’histoire ?Eh bien, justement, on la cherche…

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Bernard Montelh