Où que vous soyez, faites attention à ce que vous dites et à ce que vous faites, les vidéastes vous guettent ! Enfin, peut-être pas vous, ni moi ; mais les ‘ people ‘, à coup
sûr. Dernier en date, Alain Duhamel en a fait les frais. Le plus drôle, c’est que ce sont les jeunes de l’UDF eux-mêmes qui ont cru malin de mettre en ligne le passage du débat où celui-ci disait son intention de voter pour Bayrou. Dans ce cas,
contrairement à d’autres vidéos ‘ volées ‘ et mises opportunément en ligne, il ne s’agissait même pas de nuire mais, au contraire, de faire mousser le candidat… sans réfléchir aux possibles
conséquences pour le journaliste. Discuter le bien fondé de sa suspension d’antenne n’est pas notre propos. Mais cette histoire, qui n’est ni la première, ni la dernière du genre, confirme la disparition de toute zone floue entre sphère publique et
sphère privée, celle-ci étant restreinte à la portion congrue. En clair : dès que vous n’êtes plus seul chez vous, vous êtes en public, susceptible d’être filmé et affiché sur Internet. On me répondra que la transparence est un progrès de la
démocratie. Certes, certes… Mais un personnage public ?” politique, journaliste ou autre ?” a aussi le droit de se lâcher dans une réunion, d’émettre des idées qu’il renoncera finalement à défendre, ou de faire des confidences.
Enfin, il en avait le droit, comme vous et moi. Désormais, il doit se surveiller en permanence, sous peine qu’une image, souvent sortie de son contexte, soit érigée en preuve à charge.C’est, à proprement parler, de la garde à vue généralisée. Et à bien y réfléchir, cela nous concerne aussi, vous et moi. Ainsi, si vous sortez des plaisanteries débiles au cours d’une soirée entre collègues, qu’est ce qui vous
garantit que vos exploits discrètement filmés par un portable ne vont pas finir sur le PC du patron ? Pire : c’est terriblement tentant, pour chacun d’entre nous, de jouer les Zorro en vidéo. La guichetière qui me parle comme à un chien,
tiens, je vais sortir mon portable et envoyer le film à son chef et/ou la jeter en pâture aux internautes. Et le policier qui brûle un feu rouge sans raison mais vous colle un PV si vous faites pareil, n’auriez-vous pas envie de le dénoncer sur
DailyMotion ? Surtout qu’on ne prend pas de risque ; sur le Web, personne ne nous voit. Remarquez, avant, ça existait déjà : on appelait ça les lettres anonymes. Mais en images, la délation, c’est encore plus fort. Enfin,
j’exagère : la transparence, des fois, c’est bien pour la démocratie, aussi…
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