Site de référence ou vaste fatras d’articles imprécis parfois ? L’encyclopédie participative divise.
‘ Dis donc, Ascenseur pour l’échafaud, c’est de qui déjà ? Et la musique aléatoire, c’est quoi au juste ? ‘ ‘ Attends, je vérifie sur Wikipédia ‘. Nous sommes nombreux à utiliser la désormais célèbre encyclopédie collaborative Wikipédia. Mais qui connaît vraiment son fonctionnement, et surtout, faut-il s’y fier aveuglément ?D’abord, il y a les chiffres. Ils sont pharaoniques ! Wikipédia en version française, ce sont plus de 610 000 articles et pas loin de 350 000 contributeurs enregistrés. Sans oublier les deux millions d’images et plus, vidéos et extraits sonores libres, disponibles sur Wikimédia Commons.Ensuite, il y a l’éternelle controverse. Formidable outil de connaissance pour les uns, fatras désorganisé et imprécis pour les autres, l’encyclopédie collaborative multiplie en tout cas les efforts pour rendre ses articles aussi fiables que sérieux. Mais c’est un constat : des bibliothèques universitaires américaines vont jusqu’à en interdire l’usage via un panneau ‘ Just say no to Wikipedia ‘ (dites non à Wikipédia) !Ne vaudrait-il pas mieux apprendre à s’en servir intelligemment ? Recopier le contenu d’une encyclopédie, quelle que soit sa forme, n’a jamais rendu quiconque savant. En revanche, connaître le fonctionnement de Wikipédia permet de l’utiliser avec discernement et de reconnaître les articles sensibles. Et de se poser la question : comment un outil modifiable par n’importe qui peut-il être fiable ?
Des contrôles dans les règles
Si chaque contributeur peut participer à la rédaction d’articles et en modifier le contenu, ces derniers sont en fait contrôlés et corrigés, si nécessaire, par des wikinautes vigilants. Et malgré l’absence d’un comité de lecture qui validerait tous les articles, des patrouilleurs gardent un ?”il sur les modifications récentes pour vérifier s’il y a des ajouts d’erreurs et des actes de vandalisme. Certains articles sont même soumis à des experts. ‘ La femme iranienne ‘ par exemple, a ainsi perdu sa mention ‘ article de qualité ‘ après la relecture critique d’un chercheur du CNRS.Enfin, les 162 administrateurs disposent d’outils pour protéger les articles ou bloquer l’adresse IP des petits malins qui veulent vandaliser le site. En outre, médiateurs (wikipompiers) et arbitres interviennent dans les ‘ guerres d’édition ‘, et tentent de faire avancer les débats entre les contributeurs. Parmi les zones de feu, on relève, sans surprise, les origines du christianisme, le Macintosh ou la bande de Gaza.D’autres acteurs, comme les wikignomes et les wikifées veillent dans l’ombre au bon fonctionnement de l’encyclopédie en réparant les liens cassés, en corrigeant les coquilles…
Une réactivité imbattable
Après le magazine Nature, qui a publié en 2005 une étude comparative des articles de Wikipédia et ceux de l’Encyclopædia Britannica, l’hebdomadaire allemand Stern a commandé une autre étude, parue en décembre 2007, pour comparer les articles de Wikipédia à ceux de la vénérable encyclopédie Brockhaus. Résultat, les deux études attestent la fiabilité de l’encyclopédie participative gratuite. Et surtout une réactivité imbattable !Le gros atout de Wikipédia, c’est sa transparence. Pour peu qu’il soit curieux, l’internaute peut accéder à tous les débats qui ont précédé la promotion d’un article au statut ‘ d’article de qualité ‘. La consultation de l’historique permet de comparer les différentes versions de l’article, et donc de constater les modifications qui y ont été apportées au fil du temps. Autre démarche possible, la consultation des sources. Un bon article est ‘ sourcé ‘. Cela permet non seulement de vérifier sa fiabilité, mais aussi d’approfondir un sujet. Comme le souligne, à juste titre, David Monniaux, membre du conseil d’administration de l’association Wikimédia France : ‘ C’est l’usage normal d’une encyclopédie pour un travail universitaire. On ne copie jamais les informations. On lit l’encyclopédie pour avoir un aperçu, les mots-clés, les références, et ensuite, on consulte des ouvrages spécialisés. ‘