Huit, dix, douze millions ! La course aux pixels ne s’arrêtera pas. Mais les fabricants ont enfin compris que pour séduire les utilisateurs, il fallait avant tout corriger les erreurs de jeunesse, et notamment améliorer la qualité d’image. Il était temps.
Cela fait combien de temps que vous n’avez pas changé d’appareil photo numérique ? Trois, quatre ans, plus peut-être ? En réalisant ce comparatif, nous nous sommes amusés à comparer les caractéristiques et les performances des nouveaux modèles par rapport à ceux testés en juillet 2004. A cette époque, les compacts numériques de milieu de gamme intégraient un capteur CCD de 3 mégapixels et coûtaient de 190 à 450 euros. La majorité d’entre eux offrait une bonne qualité d’image… sauf lorsque l’appareil poussait automatiquement la sensibilité du capteur à 400 Iso pour pallier le manque de luminosité. Le bruit numérique devenait alors particulièrement visible, entraînant une importante dégradation de l’image.L’autre défaut commun aux anciens appareils concernait les latences à la mise au point et à la prise de vue. Si vous possédez un vieux modèle, vous l’aurez sans doute constaté : plusieurs dixièmes de seconde séparent la pression sur le déclencheur de la photo. Un défaut vraiment agaçant, qui a fort heureusement quasiment disparu aujourd’hui, grâce à l’amélioration du processeur d’images intégré aux compacts de nouvelle génération, toujours plus petits, plus design et plus étoffés.
Tout ça grâce au processeur d’images En photo numérique en effet, l’électronique fait des miracles. Qui aurait pu imaginer il y a encore quatre ans que les fabricants de compacts oseraient placer des capteurs alignant 12 millions de photosites (cellules sensibles à la lumière) sur une surface d’à peine 9,5 mm de diagonale ? Et cela alors qu’ils ne parvenaient pas à l’époque à contrôler le bruit numérique à 400 Iso sur des appareils dotés de capteurs de 3 mégapixels… Pourtant, les résultats sont là : les trois meilleurs modèles de notre comparatif en termes de qualité d’image intègrent un capteur de 12 mégapixels. Mais le plus spectaculaire, c’est que les deux premiers, le Canon Ixus 960 IS et le Panasonic Lumix DMC-FX100, obtiennent aussi la meilleure note pour la gestion du bruit numérique. La raison s’explique aisément. Plutôt que d’intégrer un capteur CCD de grande taille, moins sensible au bruit numérique mais plus cher à fabriquer, les constructeurs ont opté pour la solution électronique. Ainsi, le processeur d’images constitue désormais la pièce maîtresse d’un compact numérique. Il est sollicité pour corriger les défauts non seulement du capteur mais aussi des optiques.
Gommage des défauts et détection des sourires Comme nous l’avons constaté dans ce comparatif, c’est au niveau de la gestion du bruit numérique en intérieur par faible luminosité que les progrès sont les plus notables. Les images gagnent en netteté et ne présentent plus ce ‘ moutonnement ‘ caractéristique qui gomme les détails dans les zones sombres. Parmi les dix modèles testés, seul le Sony Cybershot DSC-T2 obtient une note inférieure à la moyenne sur ce point.Le processeur d’images se charge également de corriger les défauts des optiques souvent bas de gamme qui équipent les compacts numériques. Et là encore, les résultats sont étonnants. La distorsion, l’aberration chromatique (voir ci-dessous) ou le vignettage (l’assombrissement des coins de l’image) sont moins prononcés que par le passé, alors que la qualité des optiques est restée la même.L’électronique a apporté par ailleurs les dernières innovations en matière de photo numérique : détection des visages et même des sourires, suppression des yeux rouges au moment de la prise de vue, correction localisée des sous ou surexposition… Vous n’avez qu’à déclencher pour obtenir presque à coup sûr une photo nette et correctement exposée. Il ne vous reste plus qu’à peaufiner le cadrage et la composition… pour le moment tout du moins. Nul doute que les fabricants réfléchissent à la manière de vous aider à réaliser une image répondant aux critères esthétiques en vigueur… Mais doit-on s’en réjouir ?
Les défauts fréquents Afin de garantir des images nettes lorsque les conditions lumineuses sont défavorables, certains compacts poussent au maximum la sensibilité du capteur (jusqu’à 3 200 Iso pour certains). Cela a pour conséquence de réduire le temps d’exposition et d’éviter ainsi les flous de bougé. Ce procédé, très improprement nommé ‘ stabilisation numérique ‘ par les constructeurs, entraîne une dégradation considérable de la qualité de l’image et ne doit être utilisé qu’en dernier recours.
Due à l’optique, la distorsion se traduit par une altération des formes géométriques dans l’image, des lignes droites devenant courbes sur la photo. Le phénomène est souvent plus accentué sur les bords de l’image.
Lorsqu’un liseré de couleur (en général violet) apparaît sur un contour qui se détache du fond, on parle d’aberration chromatique. Ce phénomène d’optique se produit sur les zones à fort contraste (bord de toiture ou branches d’arbres sur ciel couvert, par exemple).
Ce qui est important La qualité des clichés dépend de l’optique, du capteur et du processeur d’images. Contrairement à une idée reçue, une définition de capteur plus élevée n’est pas toujours un gage de qualité. Ainsi, un modèle à 7 mégapixels peut être meilleur qu’un autre à 8 mégapixels si son optique et son processeur sont supérieurs. En revanche, la taille du capteur exprimée en pouce (2,54 cm) est généralement un bon indicateur : plus il est grand, plus il est efficace.
Certains compacts ont un dispositif de stabilisation optique. De minuscules gyroscopes intégrés à l’objectif analysent le mouvement de l’appareil et transmettent les informations au processeur. Celui-ci active des petits moteurs qui déplacent les lentilles de l’objectif dans le sens inverse du mouvement. Ainsi, à main levée et sans flash, avec des conditions de lumière défavorables, pas besoin de trop pousser la sensibilité.
Pour ne pas rater une photo prise sur le vif (quand un enfant souffle les bougies de son gâteau d’anniversaire, par exemple), il est important d’avoir un appareil réactif. Plus que le temps de mise en route (allumage), c’est la latence à la mise au point de l’autofocus qu’il faut surveiller (elle doit être inférieure à 0,5 s). De même, il ne faut pas négliger la latence entre deux photos consécutives, qui peut être pénalisante dans certaines situations.
Le confort d’utilisation d’un appareil photo est conditionné par deux éléments : les menus sur l’écran LCD et les boutons d’accès aux fonctions. La présence d’une molette de sélection des modes de prise de vue est un plus. En cas d’absence, il faudra souvent passer par les menus de l’appareil photo, parfois peu intuitifs. On apprécie la tendance des fabricants à troquer les boutons de réglages traditionnels contre des écrans ou des zones tactiles.
Comment nous avons testé Le temps entre la pression sur le déclencheur et la prise de vue est mesuré en photographiant un écran cathodique affichant un chronomètre numérique associé à une électronique externe de déclenchement. Une mesure effectuée au centième de seconde près en réglant l’écran à une fréquence de rafraîchissement élevée (120 Hz). L’ingénieur et le journaliste évaluent ensuite l’ergonomie des boutons d’accès aux fonctions, la clarté des menus et la qualité du viseur optique et de l’écran LCD de chaque appareil (voir photo 1) .
Les ingénieurs mesurent le pouvoir séparateur du couple optique-capteur, qui détermine la précision de l’image en photographiant une mire Iso constituée de traits extrêmement fins et convergents vers un point. Cette mesure rend ainsi compte de l’aptitude des appareils à discerner les lignes très rapprochées. Puis on évalue le flou, la distorsion (déformation de l’image), les aberrations chromatiques (apparition de franges colorées) et le vignettage (assombrissement des coins) des images à l’aide du logiciel DXO Analyser et d’une mire spécifique. La fidélité des couleurs est analysée via une mire Gretag Macbeth.
Pour évaluer le bruit numérique à la sensibilité minimale et à 400 Iso, en haute et basse lumière, le logiciel Matlab est utilisé. Un nouveau test a été ajouté pour ce comparatif afin de déterminer la différence de précision entre une image prise à 400 Iso en basse lumière et une image prise à la sensibilité minimale en haute lumière. En effet, le processeur d’images applique un filtre en haute sensibilité, de manière à lisser les pixels et masquer le bruit numérique. Cette opération entraîne une perte plus ou moins importante des détails. Pour la mesurer, une mire de précision spécifique est photographiée (voir photo 2) .
Les choix de l’Ordinateur individuel Ixus 960 IS Canon : champion de l’ergonomie
Facile à prendre en main, élégant et offrant une bonne qualité d’image, l’Ixus 960 IS mérite sa place de numéro un de notre comparatif. Plus que tout autre modèle, il démontre les progrès réalisés par les fabricants en termes de gestion du bruit numérique. Mais c’est aussi le plus cher (400 euros).
Lumix DMC-FX100 Panasonic : polyvalent et performant
Classé deuxième du comparatif, le DMC-FX100, équipé d’un capteur de 12 mégapixels, a obtenu la meilleure note pour la qualité d’image. Nous avons aussi apprécié son zoom optique stabilisé, le seul de la sélection à disposer d’une focale grand angle, équivalente à un 28-100 mm au format 24 x 36. Le tout pour 330 euros.
A notre avis : Sans bruit et sans reproche L’un des principaux défauts inhérents aux compacts numériques est en passe d’être résolu. En effet, les fabricants sont parvenus à faire disparaître, ou tout du moins à limiter, le bruit numérique qui se manifeste en augmentant la sensibilité du capteur pour compenser le manque de lumière.
Qui n’a pas pesté en constatant que ses photos prises en intérieur et qui paraissaient réussies sur l’écran LCD de l’appareil photo s’avéraient en fait complètement ratées ? Pixels parasites, détails gommés, effet de ‘ moutonnement ‘ … autant de défauts qui dégradent une image et ne peuvent être corrigés avec un logiciel de retouche.
Les fabricants d’appareils photo ont enfin pris conscience de la frustration des utilisateurs et se sont attachés à résoudre ce problème. Nous avons pu constater lors de nos tests qu’ils y sont parvenus. Monter la sensibilité à 400 Iso ne pose ainsi aucun problème pour la grande majorité des appareils de notre sélection. A tel point que cela nous donne le droit d’être encore plus exigeants. Par exemple, les photos du reportage ‘ En images ‘ de ce numéro ont été réalisées à l’aide d’un reflex numérique, à main levée, avec une sensibilité de 800 Iso : à quand un tel rendu sur un compact ?
Ixus 960 IS – Canon : Champion de l’ergonomie Classé premier du comparatif, l’Ixus 960 IS se distingue par son ergonomie particulièrement soignée. L’accès aux menus et aux réglages avancés est à la fois aisé et rapide. Le capteur de 12 mégapixels, épaulé par le zoom optique 36-133 mm stabilisé optiquement, génère des images très précises, même si nous avons noté une légère distorsion en grand angle. Le bruit numérique est remarquablement limité, y compris lorsque la luminosité est faible (400 Iso). Le système autofocus de l’appareil est efficace. En revanche, le mode rafale est peu convaincant. A noter, le Ixus 960 IS est le seul appareil de la sélection à disposer d’un viseur optique. Certes minuscule et peu précis, il permet tout de même de shooter correctement lorsque le soleil éblouit l’écran LCD.
Points forts
Qualité des images Gestion du bruit Stabilisateur optique Ergonomie
Point faible
Lenteur du mode rafale
Prix
400 euros
NV8 – Samsung : Notre coup de c?”ur Dire que le NV8 est beau tient de l’euphémisme. Ce compact est une ?”uvre d’art bourrée de technologie innovante. A commencer par ses deux rangées de boutons sensitifs qu’on effleure du doigt pour parcourir les menus et qu’on presse pour valider son choix. Bluffant ! Le NV8 intègre un zoom optique d’amplitude 34-102 mm et un capteur de 8 mégapixels. La qualité des images est très correcte, avec notamment une bonne gestion du bruit numérique (jusqu’à 400 Iso). Dernier atout, il est proposé à un prix très sage au regard de ses caractéristiques.
Points forts
Design Ergonomie Bonne qualité d’image Prix bas
Point faible
Précision perfectible
Prix
200 euros
Easyshare V1253 – Kodak : Il filme en HD Avec le V1253, Kodak a vu les choses en grand : non seulement cet appareil arbore un immense écran LCD panoramique de 7,9 cm de diagonale, mais il peut aussi enregistrer des vidéos haute définition en mode 720p (1 280 x 720 points avec affichage progressif ). Le résultat est convaincant ; dommage que le zoom optique 37-111 mm ne soit pas utilisable durant l’enregistrement. Autre petit reproche, les boutons de réglage situés à droite de l’écran sont vraiment minuscules, ce qui peut s’avérer handicapant pour certains. La qualité d’image est très correcte et le bruit numérique reste assez discret à 400 Iso. Autre point fort, l’appareil effectue la mise au point en seulement 0,3 s. Pratique pour capter une expression fugace.
Points forts
Mode vidéo HD Taille et format de l’écran Rapidité de l’autofocus et du mode rafale
Point faible
Boutons de réglages très petits
Prix
250 euros
DSC-T2 – Sony : Foudre de guerre Disponible en cinq couleurs (blanc, bleu, rose, vert et noir), cet élégant Cybershot se glisse aisément dans un sac à main ou une pochette. Pour allumer l’appareil, il faut faire glisser le capot de protection vers le bas. Apparaît alors un zoom classique d’amplitude 38-114 mm qui, couplé au capteur de 8 mégapixels, délivre des images d’une précision moyenne présentant d’importantes aberrations chromatiques. Le système autofocus du DSC-T2 est en revanche une réussite, capable d’effectuer la mise au point en seulement 0,26 s. Enfin, il bénéficie d’une mémoire interne de 4 Go permettant de prendre plus de 1 000 photos en qualité maximale, sans recourir à une carte mémoire. Impressionnant !
Points forts
Très grande mémoire interne Vivacité de l’autofocus
Point faible
Aberrations chromatiques élevées
Prix
310 euros
Exilim EX-Z77 – Casio : Tout en finesse Comme tous les modèles de la gamme Exilim, les dimensions du EX-Z77 sont comparables à celles d’une carte de crédit et son poids est riquiqui (à peine 132 g). Le couple capteur 7 mégapixels/zoom 38-114 mm produit des images moyennement précises : nous avons noté une légère distorsion en grand angle, mais pas de vignettage. Le bruit numérique est peu marqué à 400 Iso en extérieur, un peu plus gênant en intérieur par faible luminosité. L’EX-Z77 se distingue surtout par la vivacité de son autofocus : la mise au point s’effectue en seulement 0,4 s.
Points forts
Rapidité de l’autofocus Encombrement et poids Petit prix
Point faible
Lenteur du mode rafale
Prix
200 euros
Lumix DMC-FX100 – Panasonic : Polyvalent et performant Classé deuxième du comparatif, le DMC-FX100, doté d’un capteur de 12 mégapixels, a obtenu la meilleure note pour la qualité d’image. Les photos sont précises et ne présentent ni vignettage, ni distorsion. Le bruit numérique est très discret à 400 Iso en extérieur, et reste tout à fait acceptable en intérieur par faible luminosité. Ce compact à la fois léger et peu encombrant est le seul de notre sélection à intégrer un zoom à stabilisation optique doté d’une focale grand angle : un argument de poids si vous comptez photographier souvent en intérieur. Par ailleurs, l’appareil s’avère réactif. La latence au déclenchement est imperceptible et la cadence de prise de vue en rafale atteint 1,5 image par seconde. Seul reproche, la navigation dans les menus n’est pas très intuitive.
Points forts
Qualité des images Zoom grand angle Gestion du bruit Stabilisateur optique
Point faible
Ergonomie perfectible
Prix
330 euros
Coolpix S51C – Nikon : Trop lent à la détente Malgré des atouts certains tels son large écran de 7,6 cm de diagonale, son stabilisateur optique et son adaptateur Wi-Fi intégré (pour transférer ses photos sans sortir la carte ou brancher l’appareil en USB), le S51C peine à convaincre. Si la qualité des images est convenable, sans plus, l’appareil pèche surtout par sa lenteur de fonctionnement. Il lui faut 4,21 s pour s’allumer et 0,71 s pour faire la mise au point. Plus grave, 1/5 s sépare la pression sur le déclencheur de la prise de vue effective. C’est beaucoup trop !
Points forts
Interface réussie Richesse des fonctions Compatibilité Wi-Fi très pratique
Point faible
Lenteur de fonctionnement
Prix
300 euros
µ 790 SW – Olympus : Pour les baroudeurs Disponible en quatre couleurs dont le très élégant jaune métallisé, le ‘ Miou ‘ 790 SW résiste aussi bien à une chute de 1,5 m de haut qu’à une immersion jusqu’à 3 m de profondeur. Et pourtant, ce compact tout terrain est entièrement en métal ! Les photos manquent de précision mais ne présentent ni vignettage (assombrissement des coins), ni aberration chromatique. Un bémol, le mode vidéo est limité à 10 s par prise.
Point fort
Etanche et antichoc
Points faibles
Précision des images moyenne Vidéos limitées à 10 s Utilise des mémoires xD-Card, coûteuses
Prix
300 euros
Optio S10 – Pentax : Léger en tous points Ce compact est un vrai poids plume. Il ne dépasse pas les 128 g, soit le poids d’un smartphone. C’est malheureusement le seul point remarquable de cet appareil. Bien qu’intégrant un capteur de 10 mégapixels, l’Optio S10 réalise des images à peine plus précises que celles d’appareils dotés de capteurs de 8 mégapixels. La faute sans doute à un zoom optique bas de gamme. Dommage.
Points forts
Compacité et poids Tarif séduisant
Points faibles
Performances optiques très moyennes Caractéristiques peu attrayantes
Prix
200 euros
Finepix Z100fd – Fujifilm : En dessous de la moyenne Cet ultracompact à l’esthétique particulièrement réussie (il est disponible en quatre couleurs : rose, chocolat, métal ou noir et blanc) intègre un zoom optique 5x équivalent à un 36-180 mm. Si la mise en route s’avère un peu lente (il faut faire glisser manuellement le clapet de protection pour allumer l’appareil), le Z100fd se montre ensuite très véloce pour la mise au point. Malheureusement, les photos manquent de précision et souffrent dimportantes aberrations chromatiques, ce qui explique sa dernière place dans le classement.
Points forts
Amplitude du zoom Esthétique réussie
Point faible
Qualité des images décevante
Prix
220 euros
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