Compter sur les disques à interface Serial ATA pour doper les performances des PC actuels serait une erreur. Mais cette nouvelle interface constitue un bon investissement pour l’avenir.
Après plus de vingt ans de bons et loyaux services, la très vénérable interface IDE, utilisée pour les disques durs et les lecteurs-graveurs de CD/DVD, va disparaître. Ses déclinaisons actuelles, l’Ultra ATA/100 et l’Ultra ATA/133, s’effaceront au profit du Serial ATA (Serial Advanced Technology Attachment), qui servira lui aussi à connecter des périphériques de stockage.Il faut dire que l’IDE, qui remonte au début des années 80, est à bout de souffle. Certes, son débit (seulement 5 Mo/s à l’origine !) a été multiplié par plus de 25 au fil des ans. Mais les câbles, les connecteurs, le brochage des circuits et la tension des signaux véhiculés n’ont presque pas changé. Et ils ne conviennent plus aux matériels actuels. Comme si on demandait aux baladeurs MP3 de s’accommoder des composants des vieux amplis à lampes ! Et c’est justement pour libérer les ordinateurs de ces entraves que le Serial ATA (ou SATA, plus court) a été développé.Avec cette nouvelle interface, les périphériques sont reliés à la carte mère par des câbles fins, plus faciles à manipuler que les larges nappes IDE. Et tandis que l’IDE est réservé aux périphériques internes, on trouvera des disques et des graveurs Serial ATA externes qui pourront être branchés et débranchés sans éteindre le micro, comme avec l’USB et le FireWire. De plus, les conflits entre périphériques disparaissent, car chaque élément est relié à la carte mère par une prise distincte. Autre intérêt, le Serial ATA simplifiera la fabrication des contrôleurs de périphériques, ces circuits intégrés sur les cartes mères qui pilotent les disques et les graveurs : avec le Serial ATA, les informations sont véhiculées par des signaux électriques de 0,5 volt, contre 5 volts avec l’IDE. Les semi-conducteurs d’antan auraient été incapables de différencier des informations avec une aussi faible variation de signal ; mais les modèles actuels le peuvent et ils préfèrent se passer du 5 volts, qui martyrise leurs minuscules transistors.
Un potentiel qui n’est pas encore pleinement exploité
Ce qui permet au Serial ATA de se contenter de câbles fins, c’est un changement de mode de communication entre les périphériques de stockage et les contrôleurs. On passe d’un mode de transmission parallèle, dans lequel on envoie simultanément plusieurs informations élémentaires (des bits) sur différents fils, à un mode de transmission série, où l’on transmet les bits les uns à la suite des autres. Pour prendre une image, une nappe IDE correspond à une route à seize voies de circulation à double sens, alors que le Serial ATA offre seulement deux voies à sens unique… sur lesquelles les ‘ véhicules ‘ roulent beaucoup plus vite ! Avec l’IDE, les informations circulent à une cadence de 66 MHz, tandis que le Serial ATA propulse les données à 1,5 GHz, soit environ 22 fois plus rapidement. Avec un débit maximum de 150 Mo/s, le Serial ATA est même un peu plus rapide que l’Ultra ATA à 133 Mo/s, la version IDE la plus rapide.Toutefois, bien qu’il soit au point depuis deux ans, le Serial ATA n’apporte pas encore de bénéfices sensibles. D’abord, parce qu’il se limite aujourd’hui aux seuls disques durs (il n’existe pour le moment qu’un graveur de CD/DVD muni de cette interface, le PX-712SA de Plextor). Ensuite, parce que l’architecture des PC actuels ne permet pas d’en tirer pleinement parti. De fait, quand on échange des données avec un périphérique de stockage, les informations transitent par le bus PCI, passage obligé entre la mémoire centrale et le contrôleur disque. Las ! le débit de ce bus (133 Mo/s) est inférieur aux 150 Mo/s du Serial ATA et il est partagé avec d’autres composants (carte graphique, interfaces, etc.), ce qui forme un véritable goulet d’étranglement.Ce problème devrait bientôt disparaître avec l’arrivée des premiers ordinateurs munis du nouveau bus PCI Express. Son débit de 312 Mo/s est en effet adapté au Serial ATA. La vitesse de lecture et d’écriture des gros fichiers progressera alors de 13 % par rapport à l’Ultra ATA133. Certes, c’est peu, mais patience : en 2005 ou 2006, avec un débit de 300 Mo/s, la version II du Serial ATA devrait offrir des gains spectaculaires (voir encadré ci-dessus). En attendant, on appréciera que le passage de l’IDE au Serial ATA I s’effectue en douceur. Aucun pilote spécifique n’est nécessaire, la première version de la nouvelle interface ne changeant rien d’un point de vue logiciel. Il en ira autrement avec le Serial ATA II qui exigera des Bios et des systèmes d’exploitation adaptés (ou, à défaut, des pilotes) pour fonctionner à plein régime. Le Serial ATA est promis à un bel avenir : il a été conçu pour durer. Ses concepteurs ont pris soin de le bâtir d’une manière qui facilite les évolutions. Il transmet les données sous forme de paquets qui s’apparentent à plusieurs égards à ceux véhiculés sur les réseaux et Internet. Dans les années qui viennent, les industriels n’auront pas besoin de toucher à la structure de ces paquets pour doper le débit ; il leur ‘ suffira ‘ de changer les systèmes de codage et de modulation des signaux utilisés pour les transmettre. La démarche est éprouvée : elle a permis aux réseaux Ethernet de passer sans douleur de 10 Mbit/s à 100 Mbit/s, puis 1 Gbit/s, et maintenant 10 Gbit/s.