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Sécurité à grande vitesse

Définir la vitesse des trains, actionner les aiguillages, tout est géré au poste de commande à distance de Pagny.

Près d’une centaine de TGV circulent désormais chaque jour à quelque 320 km/h. Le poste de commande à distance (PCD) de Pagny-sur-Moselle (Meurthe-et-Moselle) a été créé pour assurer la sécurité sur la nouvelle ligne TGV Est. Cette véritable tour de contrôle ferroviaire centralise les fonctions d’aiguillage et de régulation tout au long des 300 kilomètres de ligne qui placent désormais Strasbourg à seulement 2 h 20 de Paris.Grâce aux 30 m2 du tableau de contrôle optique, tous les agents de circulation du PCD sont en mesure de localiser en temps réel chacun des trains circulant sur les deux voies constituant la ligne à grande vitesse du réseau Est.

Procédures d’urgence

Problème dans la zone 2 de la ligne, la plus proche de Nancy : l’aiguillage de Vandières (54) que doit traverser le train 26024 ne répond plus aux commandes. Sur le tableau de contrôle, le voyant lumineux correspondant refuse de s’éteindre. L’agent de circulation en charge de cette portion de la ligne prend très vite la décision d’arrêter le train en pleine voie. Deux agents de maintenance sont dépêchés sur le terrain, tandis que tout le trafic dans la zone est interrompu.C’est grâce au système de transmission voie-machine (relayé par un courant électrique de faible intensité parcourant les rails), que le PCD de Pagny est informé en temps réel de la position et de la vitesse des trains. Confrontées à la position des autres trains, ces données permettent de calculer à chaque instant la vitesse des TGV.Les consignes de signalisation et de vitesse envoyées s’affichent sur le tableau de bord du poste de conduite. Et pour cause : il est impossible de lire la signalisation extérieure au-delà de 160 km/h.

Un réseau de détecteurs

A terme, 80 % des itinéraires des TGV seront programmés depuis le PCD, les postes d’aiguillage et la signalisation étant alors actionnés automatiquement. Sauf en cas d’incident, car c’est alors l’agent de circulation qui reprend la main.Le bon fonctionnement de la ligne TGV est aussi assuré par ses systèmes d’alarmes. Répartis tous les 40 kilomètres le long des voies, des détecteurs donnent l’alerte si la température des dispositifs entourant les essieux des roues vient à dépasser les 100 ?’C. Une information qui transite aussi par le PCD : le train est alors arrêté automatiquement, et le conducteur va faire une inspection. De même, six détecteurs de vents latéraux ont été implantés aux points stratégiques de la ligne. Le but : ralentir le train jusqu’à 30 km/h en cas de vents perpendiculaires trop forts. Il y a aussi des détecteurs de chute de véhicule sur 80 % des ponts enjambant les voies ferroviaires, et des détecteurs de givre sur les caténaires.

Plusieurs niveaux de décision

A la tête du PCD, le chef de circulation, Georges Richard, fait l’interface avec le Centre national des opérations, à Paris, où se trouve le coordonnateur, le seul habilité à prendre les décisions importantes : suppression d’un train, passage prioritaire d’un autre, transfert de passagers. C’est aussi lui qui décide de faire passer un train d’une voie à une autre pour qu’il conserve son avance sur l’horaire, ou pour éviter au contraire qu’un retard important n’ait de répercussions sur les autres trains.A fond de cale, la salle des machines du PCD est impressionnante. Les armoires informatiques du ‘ cerveau ‘ s’alignent sur cinq rangées. Outre une salle de maintenance, où chaque application nécessaire au bon fonctionnement du PCD est consultable, un serveur a été dédié à la sécurité : le Sicam (système informatisé centralisé d’aide à la maintenance). ‘ En se branchant sur ce serveur, les agents de maintenance peuvent visualiser l’ensemble de la ligne avec l’état de chacune des alarmes ‘, explique Philippe Parisot, le responsable des équipements et de la maintenance du PCD. Les problèmes sont alors réglés sur le terrain. ‘Et en cas d’attaque virale paralysant tous les systèmes informatiques ? ‘ Aucun problème, assure Philippe Parisot. Grâce à des agents placés au niveau des postes de changement de voie, les TGV pourraient continuer à rouler sans même avoir besoin de ralentir. ‘ En manuel !

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Judith Bregman