Au bureau comme à la maison, en ville comme à la campagne, nous baignons dans un véritable bouillon d’ondes électromagnétiques. Des ondes générées principalement par les émetteurs de télévision, de radio, de téléphonie mobile (GSM),
mais aussi, depuis quelques années, par les téléphones d’intérieur sans fil (les modèles Dect), les interfaces Wi-Fi, les périphériques Bluetooth ou encore les interphones pour bébé… Et contrairement aux antennes de TV ou de GSM, placées sur
les toits des bâtiments, ces nouveaux émetteurs et récepteurs sont situés au c?”ur même de nos habitations. Nous collons même nos oreilles ou nos mains sur certains d’entre eux plusieurs fois par jour ?” quand ce n’est pas à longueur de
journée ! Mais alors que beaucoup se focalisent sur le danger potentiel des antennes-relais de téléphonie mobile, rares sont ceux qui se soucient de ces ondes qu’ils côtoient pourtant quotidiennement, et de très près…Qu’ils soient produits par des installations collectives (antennes, émetteurs, etc. ) ou des appareils domestiques, les champs électromagnétiques sont soumis à diverses réglementations. En France, le décret du 3 mai 2002
(transposition en droit français d’une directive européenne de juillet 1999) fixe de manière très précise les limites d’exposition du public aux champs électromagnétiques, en fonction de la fréquence des ondes (voir encadré
ci-contre). Le seuil officiel est ainsi fixé à 41 V/m pour le GSM900 (900 MHz), 58 V/m pour le Dect ou le GSM1800 (1 800 MHz) et 61 V/m pour les ondes Wi-Fi ou Bluetooth, dont la fréquence dépasse les
2 GHz.
Pas de principe de précaution
Ces limites sont-elles trop élevées ? On peut légitimement se poser la question quand on sait que certains appareils électriques et électroniques (notamment les appareillages médicaux, comme les pacemakers, par exemple…)
peuvent ne plus fonctionner normalement au-delà de 3 V/m. Ou quand on les rapproche des seuils arrêtés par certains de nos voisins européens, comme l’Italie ou le Luxembourg, qui sont respectivement de 6,1 V/m et 3 V/m…Le législateur français semble donc avoir plus tenu compte de l’absence d’étude scientifique prouvant que ces ondes présentent un risque pour la santé (voir encadré page suivante) que du principe de
précaution ; c’est en tout cas ce que pensent certains élus et de nombreuses associations écologistes, qui militent pour abaisser ces valeurs. Certains ont obtenu gain de cause. A Paris, le maire a signé, en 2003, une charte entre la ville et
les opérateurs de téléphonie mobile obligeant ceux-ci à contenir à 2 V/m le niveau moyen d’exposition des Parisiens…Que ces seuils soient jugés trop élevés ou pas, les valeurs réelles des champs électromagnétiques générés par les antennes-relais GSM restent toutefois assez faibles en pratique ?” d’autant qu’ils diminuent très rapidement avec
la distance ?”, comme en témoignent les mesures effectuées par divers organismes spécialisés (l’intégralité des résultats sur toute la France est disponible sur le site
www.cartoradio.fr) : elles dépassent rarement 5 V/m à 2 m, et tombent en dessous de 1 V/m à 50 m de distance. Des mesures par ailleurs corroborées par nos propres tests,
effectués à l’aide d’un analyseur spécialisé ; nous avons ainsi relevé 0,8 V/M à 80 m et seulement 0,3 V/m à 500 m de distance d’une antenne GSM en pleine campagne.En revanche, les champs générés par les combinés GSM en communication sont nettement plus importants : ils atteignent en général 100 V/m à 1 cm (quand l’appareil est plaqué contre l’oreille). Il en va de même pour les
téléphones d’intérieur sans fil Dect : nous avons relevé 100 V/m à 1 cm lors de nos tests ! Et posée sur un bureau, la base d’un téléphone Dect génère un champ permanent de plus de 10 V/m à 20 cm.
‘ Alors qu’aucun risque n’a été identifié au niveau des antennes-relais, personne ne se soucie des téléphones Dect. La base de ces appareils émet pourtant, en permanence, un champ électromagnétique important. Nous conseillons
d’ailleurs de placer les bases Dect derrière une cloison ou à l’intérieur d’un meuble ‘, note le docteur Dixsaut, directeur de l’unité des nouvelles technologies de l’AFSSET (Agence française de sécurité sanitaire de
l’environnement et du travail).Les téléphones sans fil ne sont pas les seuls objets high-tech de notre quotidien à induire d’importants champs. Une simple souris sans fil, sur laquelle notre main reste posée toute la journée, génère 30 V/m à 1 cm, selon
nos mesures. Et le module Wi-Fi d’un ordinateur portable peut produire 6 V/m à 50 cm. Des valeurs bien supérieures à celles d’antennes-relais. D’autant que les champs électromagnétiques produits par plusieurs sources se
cumulent…En pratique, toutefois, il semblerait que le Wi-Fi pose moins de problèmes que le GSM. Ainsi, selon une étude publiée récemment dans le London Time, l’organisme britannique Health Protection Agency révèle que
l’exposition pendant un an aux ondes d’une borne Wi-Fi équivaut à une conversation de vingt minutes avec un téléphone GSM collé à l’oreille !
Wimax : la prise de consience ?
Curieusement, pourtant, les fabricants de téléphones mobiles sont quasiment les seuls à fournir les mesures du DAS (ou débit d’absorption spécifique, exprimé en watt par kilo) de leurs produits, contrainte à laquelle ils sont soumis
légalement. Le DAS indique la quantité d’énergie qu’une source d’ondes électromagnétique transmet au corps humain. Comme le stipule le décret du 3 mai 2002 (considéré comme ‘ laxiste ‘ par les
‘ anti-ondes ‘), le DAS ne doit pas dépasser 0,08 W/kg sur l’ensemble du corps et 2 W/kg pour la tête et le tronc. En pratique, ‘ les seuils relevés respectent les
limites légales ‘, comme nous l’a confirmé Martine Hours, médecin épidémiologiste à l’INRETS (Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité), qui participe en tant qu’experte à plusieurs études sur le
sujet (dont le projet européen Interphone).Mais aucun DAS ne figure sur les produits Wi-Fi, par exemple. Certes, ‘ leur puissance est bien inférieure à celle des téléphones mobiles ‘, explique Martine Hours. Peut-être la
généralisation du Wimax, bien plus puissant en terme de rayonnement électromagnétique que le Wi-Fi ou le Bluetooth, amènera-t-elle nos élus mais aussi le grand public à s’interroger sur la prolifération de ces ondes, incitant les constructeurs des
appareils sans fil à faire figurer, de façon évidente et en termes clairs, les valeurs d’émissions sur les emballages de leurs produits…Si l’OMS (Organisation mondiale de la santé) ainsi que de très nombreuses associations suivent de près les problèmes liés à la téléphonie mobile, la Fondation Santé et Radiofréquences, un organisme français reconnu d’utilité publique
(www.sante-radiofrequences.org), se consacre quant à elle exclusivement à l’étude des effets de ces ondes électromagnétiques sur la santé en général. Souhaitons que, comme le stipule la mission
qu’elle s’est fixée, elle informe objectivement les citoyens des risques potentiels que ceux-ci encourent.
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