Splendeur de l’art roman, l’abbaye de Cluny, en Bourgogne, a connu, au Moyen-Age, un rayonnement politique, culturel et artistique inégalé dans toute l’Europe. Au XIIIe siècle, son abbatiale était la plus grande
église d’Occident, avec ses 187 mètres de long et ses quatre clochers, dont le plus haut culminait à plus de 30 mètres. Ce qui frappe aujourd’hui les visiteurs, c’est qu’il ne reste qu’à peine 10 % du majestueux ensemble architectural ?”
notamment la partie sud du grand transept avec son clocher.Pour que l’abbaye à son apogée s’impose sans effort aux yeux et dans l’imagination des visiteurs, Cluny a entrepris de recréer virtuellement les édifices disparus, en nouant un partenariat avec sa voisine, l’Ecole nationale supérieure
des arts et métiers.Sous la houlette de Jean-Michel Sanchez et de Julien Roger, les ingénieurs de l’Ensam ont ainsi développé différents procédés. Depuis l’été dernier, ils présentent au public le premier résultat de leurs travaux : un film en
relief qui restitue l’ensemble architectural de Cluny telle qu’il était au XIIIe siècle.D’autres reconstructions numériques vont être réalisées grâce à différentes technologies de traitement de l’image : représentation en relief rétroéclairée, projections polychromes, diffusion sur écran mobile de vues en réalité
augmentée (voir encadré pages suivantes). D’ici à 2009, plusieurs lieux dans l’abbaye seront équipés afin que les visiteurs puissent juger sur pièce (virtuelle) la magnificence de Cluny à son apogée et fêter ainsi son
1 100e anniversaire !
L’abbaye à reconstituer
Cette maquette montre l’abbaye telle qu’elle était à son apogée. Grâce au partenariat avec l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers, installée dans les bâtiments du XVIIIe siècle, l’ensemble architectural
de Cluny est progressivement reconstitué virtuellement.
En 3D et en grandeur réelle
La visite de l’abbaye commence par la projection du film en relief Maior Ecclesia (la Grande Eglise, du nom de l’abbatiale) dans la salle de restitution virtuelle. Quatre projecteurs (deux pour la droite de
l’écran, deux pour la gauche) forment une Image en haute définition sur l’écran de six mètres par trois. Deux PC gèrent la synchronisation, la superposition et le flux des Images. Durant neuf minutes, les visiteurs, munis de lunettes polarisées,
assistent à la reconstruction numérique en 3D et en grandeur réelle de l’édifice au XIIIe siècle. La simulation (en accéléré) des changements de lumière, du lever au coucher du soleil, facilite la perception des volumes et des
espaces.
La nef en trompe-l’oeil
Le passage Galilée, que les moines empruntaient pour se rendre à l’office, débouche sur une porte ouvrant sur un mur (à droite). En juin, une image numérique auto relief (de 3 m x 2 m) représentant la nef y sera
fixée. Semblable, en plus grand, à ces cartes pour enfants qui changent de tableau selon leur orientation, elle fera découvrir aux visiteurs la nef selon différentes perspectives (ci-dessous).
Le grand transept ressuscité
Sur la photo en bas à gauche, les visiteurs admirent la partie sud du grand transept, seul vestige en élévation de l’abbatiale du Moyen-Age. Sur la photo de droite, en bleu, on peut voir le prolongement du grand transept à travers la
nef jusqu’à son extrêmité nord : il a été recréé par les ingénieurs de l’Ensam en images de synthèse. Pour que les reconstitutions virtuelles soient aussi fidèles que possible, ils puisent dans une base de données qui regroupe tous les
documents sur l’abbaye (textes anciens, gravures, relevés des architectes et des archéologues).
Des chapiteaux polychromes
La sobriété des édifices romans fait oublier que ces églises abritaient des polychromies étonnantes. Grâce à un partenariat entre le Centre des monuments nationaux et l’Ensam, ces chapiteaux, provenant de la grande nef, retrouveront
en 2007 des couleurs grâce à des projections de lumières pilotées par ordinateur.
Réalité augmentée
Au cours d’une expérimentation menée l’été dernier, l’abbaye a été filmée et l’image, diffusée en temps réel sur un écran, a été enrichie (augmentée) par une maquette numérique des édifices disparus. Grâce à un capteur de luminosité,
ces bâtiments virtuels sont éclairés comme les édifices réels. Notre photo montre ce dispositif. En 2008, les vues extérieures des parties manquantes de l’église seront toutes numériquement reconstituées.
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