Les premières expériences de diffusion de programmes télévisés sur terminaux mobiles vont commencer au Japon. L’objectif des constructeurs : offrir une bonne qualité d’image, même en déplacement, et autoriser une personnalisation des contenus en fonction du téléspectateur.
Les passagers du métro japonais pourraient passer pour des autistes. Les yeux rivés sur leur téléphone mobile, ils semblent étrangers au monde qui les entoure. Aujourd’hui, ils jouent. Demain, ils regarderont la télévision. Après avoir vu naître l’Internet mobile, le Japon sera bientôt le premier pays au monde à diffuser des émissions télévisées sur des terminaux de poche. Les procédés techniques sont (presque) au point et l’affaire devrait être très rentable pour les opérateurs de téléphonie mobile. Utilisation simple, nombreux contenus, marché de masse : la télévision interactive mobile se présente comme un nouvel Eldorado. De quoi pousser les laboratoires des constructeurs à travailler vite… Et de quoi titiller les Européens qui, eux aussi, s’intéressent de près à ce type de services.Pourtant, il ne suffit pas d’équiper un téléphone portable d’un module de réception TV pour le transformer en téléviseur. En effet, les réseaux existants (voie hertzienne ou satellite pour la télévision, GSM ou GPRS pour la téléphonie mobile) ne sont pas adaptés à la diffusion de programmes vers des terminaux mobiles. Techniquement, ils ne permettent pas d’offrir une réception stable en déplacement. De plus, les tuners TV consomment énormément d’énergie et nécessitent des antennes démesurées par rapport aux téléphones portables.Première obligation : la numérisation. L’objectif est de diffuser simultanément de nombreux programmes audiovisuels selon une transmission dite hiérarchique, c’est-à-dire en intégrant des paramètres différents (compression, débit, qualité) en fonction des types de récepteurs visés (large téléviseur fixe, petit terminal mobile). Les signaux envoyés doivent, par exemple, être adaptés aussi bien à un écran géant posé sur la façade d’un immeuble qu’à un téléphone mobile tenant dans la poche d’un pantalon.
Services enrichis et personnalisés
Autres exigences : l’ajout d’informations supplémentaires et le cryptage. En effet, pourquoi se contenter de diffuser des programmes télévisés alors qu’on peut les enrichir d’éléments interactifs, comme la possibilité de choisir et de commander une pizza pendant un spot publicitaire, en cliquant directement sur une zone de l’écran. Pour cela, il faut que les données soient envoyées en même temps que les programmes, et que les informations transmises en retour transitent par les réseaux de télécommunication mobile (GSM, GPRS ou UMTS). Et pour pouvoir facturer les ‘ mobilonautes ‘ en fonction de leur consommation et éviter le piratage, le cryptage est essentiel.Enfin, tous ces développements visant à transformer les terminaux en téléviseurs interactifs doivent préserver la simplicité d’usage, l’autonomie (durée des batteries) et la portabilité (poids, dimensions), trois critères essentiels aux yeux des utilisateurs. Et justement, en matière de télévision mobile, les Japonais ont pris une longueur d’avance. Ils ont, en effet, profité du lancement de la télévision numérique terrestre (TNT) pour créer une norme qui puisse être à la fois utilisée par les téléviseurs classiques et par les terminaux mobiles. La norme européenne de TNT, elle, n’est pas adaptée à la diffusion nomade. Elle doit donc être modifiée. Résultat : les Japonais profiteront de la télévision sur leurs téléphones dans quelques mois, alors qu’en France, on ne verra rien, ou pas grandchose, avant fin 2005.